Ce qui bloque la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), signé le 4 mars 2007 pour une sortie de crise en Côte d’Ivoire, ce sont principalement deux points: la bagarre autour du fichier électoral, qui a engendré la double dissolution le 12 février dernier, du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (Cei), ainsi que la revendication
matricielle du camp présidentiel, le désarmement avant les élections.
Sur cette seconde question, les choses semblent bouger dans le bon sens avec l’opération d’encasernement des ex-combattants que les Forces nouvelles ont entamée le mardi 15 juin 2010. Elle permettra, à terme, de regrouper dans quatre casernes (Bouaké, Korhogo, Séguela et Man)
quelque 5000 ex-rebelles, qui intégreront les effectifs des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci).
Cet événement suscite beaucoup d’espoir quant à la tenue prochaine des élections sans cesse reportées depuis décembre 2005. Pour autant, on ne peut pas se laisser aller dans un optimisme béat vu que les anciens combattants ne perdront pas facilement leur arme de négociation, les
armes au sens propre du terme.
Au sujet du fichier électoral, en dépit des négociations directes entre le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, et ses opposants et des déclarations de bonne intention, faites de part et d’autre, les lignes n’ont pas sensiblement bougé. C’est dans ce contexte qu’a éclaté au grand jour
une crise au sein du Front populaire ivoirien, parti au pouvoir : en effet, le président de l’Assemblée nationale, si on peut encore l’appeler ainsi, Mamadou Koulibaly, 3e vice-président du parti, a accusé publiquement et dans la presse le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, de nager
pleinement dans la corruption et le népotisme dans le cadre du concours de la police.
Pour le n°3 du Fpi, son camarade du parti a posé des actes aux antipodes de la bonne gouvernance, dévoyant ainsi “la lutte pour l’instauration d’un socialisme vrai” en Côte d’Ivoire, en favorisant les membres de sa tribu à ce concours. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une bataille rangée au sein du parti, dont les caciques se sont retrouvés, selon la presse
ivoirienne, à l’initiative du président du parti, Pascal Affi N’Guessan, pour éteindre le feu dans la maison commune.
Peine perdue, la rencontre a fait plus de mal que de bien, avec les propos du genre venant de l’accusé : “Koulibaly n’est rien, il n’est que dans la théorie, et ce n’est pas ce qui va faire gagner Gbagbo”. Connu pour être de l’aile dure du pouvoir, Koulibaly a, avec ses partisans, maintenu les
accusations au grand dam du président du parti, qui exigeait des excuses. Le professeur a même menacé de reprendre la craie pour enseigner et militer à la base au cas où Affi le démettrait.
Il est soutenu dans sa position par le collectif de militants de base du Fpi, les secrétaires généraux de section et les secrétaires généraux de fédérations membres du comité central, qui ont publié, à cet effet, une déclaration dans la presse. Modéré qu’il est, Affi N’Guessan n’a pas apprécié les critiques de son troisième vice-président à l’égard de l’Accord politique de Ouagadougou. Pourtant, les partisans de ce dernier enfoncent le clou : “Dire que l’Accord politique de Ouagadougou a été un échec est une contre-vérité ? Autant Marcoussis a été un échec, autant l’Accord politique de Ouaga est un échec’’.
Nous avions tous espéré aller aux élections le plus vite possible, mais voici 3 ans que nous attendions... nous étions dans l’impasse, n’eurent été les conseils du président Wade, qui ont suscité un dialogue interivoirien en cours d’expérimentation”. Comme on le voit, l’échec de l’Apo est de plus en plus évoqué au sein du parti au pouvoir. Si ce n’est que de la malhonnêteté intellectuelle et du mépris à l’égard du Facilitateur Blaise Compaoré, qu’est-ce que le président sénégalais a bien pu faire de mieux que lui qui s’est investi des années durant pour la sortie de crise ?
Faut-il penser que Gbagbo veut payer son homologue en monnaie de singe et donner ainsi raison aux sceptiques quant à sa sincérité en venant chercher l’appui de Ouagadougou ? Ce qui est sûr, avec cette crise dans sa propre maison, le mari de Simone prendra encore du temps
pour éteindre le feu dans sa famille politique en renvoyant aux calendes grecques les élections. Entre faucons et colombes, à lui de savoir choisir, parce que ni les Ivoiriens ni la communauté internationale n’assisteront indéfiniment à ce chaos, qui n’a que trop duré.
L`Observateur Paalga 18/06/2010
matricielle du camp présidentiel, le désarmement avant les élections.
Sur cette seconde question, les choses semblent bouger dans le bon sens avec l’opération d’encasernement des ex-combattants que les Forces nouvelles ont entamée le mardi 15 juin 2010. Elle permettra, à terme, de regrouper dans quatre casernes (Bouaké, Korhogo, Séguela et Man)
quelque 5000 ex-rebelles, qui intégreront les effectifs des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci).
Cet événement suscite beaucoup d’espoir quant à la tenue prochaine des élections sans cesse reportées depuis décembre 2005. Pour autant, on ne peut pas se laisser aller dans un optimisme béat vu que les anciens combattants ne perdront pas facilement leur arme de négociation, les
armes au sens propre du terme.
Au sujet du fichier électoral, en dépit des négociations directes entre le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, et ses opposants et des déclarations de bonne intention, faites de part et d’autre, les lignes n’ont pas sensiblement bougé. C’est dans ce contexte qu’a éclaté au grand jour
une crise au sein du Front populaire ivoirien, parti au pouvoir : en effet, le président de l’Assemblée nationale, si on peut encore l’appeler ainsi, Mamadou Koulibaly, 3e vice-président du parti, a accusé publiquement et dans la presse le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, de nager
pleinement dans la corruption et le népotisme dans le cadre du concours de la police.
Pour le n°3 du Fpi, son camarade du parti a posé des actes aux antipodes de la bonne gouvernance, dévoyant ainsi “la lutte pour l’instauration d’un socialisme vrai” en Côte d’Ivoire, en favorisant les membres de sa tribu à ce concours. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une bataille rangée au sein du parti, dont les caciques se sont retrouvés, selon la presse
ivoirienne, à l’initiative du président du parti, Pascal Affi N’Guessan, pour éteindre le feu dans la maison commune.
Peine perdue, la rencontre a fait plus de mal que de bien, avec les propos du genre venant de l’accusé : “Koulibaly n’est rien, il n’est que dans la théorie, et ce n’est pas ce qui va faire gagner Gbagbo”. Connu pour être de l’aile dure du pouvoir, Koulibaly a, avec ses partisans, maintenu les
accusations au grand dam du président du parti, qui exigeait des excuses. Le professeur a même menacé de reprendre la craie pour enseigner et militer à la base au cas où Affi le démettrait.
Il est soutenu dans sa position par le collectif de militants de base du Fpi, les secrétaires généraux de section et les secrétaires généraux de fédérations membres du comité central, qui ont publié, à cet effet, une déclaration dans la presse. Modéré qu’il est, Affi N’Guessan n’a pas apprécié les critiques de son troisième vice-président à l’égard de l’Accord politique de Ouagadougou. Pourtant, les partisans de ce dernier enfoncent le clou : “Dire que l’Accord politique de Ouagadougou a été un échec est une contre-vérité ? Autant Marcoussis a été un échec, autant l’Accord politique de Ouaga est un échec’’.
Nous avions tous espéré aller aux élections le plus vite possible, mais voici 3 ans que nous attendions... nous étions dans l’impasse, n’eurent été les conseils du président Wade, qui ont suscité un dialogue interivoirien en cours d’expérimentation”. Comme on le voit, l’échec de l’Apo est de plus en plus évoqué au sein du parti au pouvoir. Si ce n’est que de la malhonnêteté intellectuelle et du mépris à l’égard du Facilitateur Blaise Compaoré, qu’est-ce que le président sénégalais a bien pu faire de mieux que lui qui s’est investi des années durant pour la sortie de crise ?
Faut-il penser que Gbagbo veut payer son homologue en monnaie de singe et donner ainsi raison aux sceptiques quant à sa sincérité en venant chercher l’appui de Ouagadougou ? Ce qui est sûr, avec cette crise dans sa propre maison, le mari de Simone prendra encore du temps
pour éteindre le feu dans sa famille politique en renvoyant aux calendes grecques les élections. Entre faucons et colombes, à lui de savoir choisir, parce que ni les Ivoiriens ni la communauté internationale n’assisteront indéfiniment à ce chaos, qui n’a que trop duré.
L`Observateur Paalga 18/06/2010