25 juin 2009-25 juin 2010, un an déjà que décédait la pop star Michael Jackson. Le royaume du Sanwi, qui, l’année dernière, a organisé des obsèques pour celui qu’il considère comme son prince, prévoit de procéder à la levée de deuil, conformément à la tradition Akan. Mais pour l’instant, rien n’a encore été décidé. Reportage.
Krindjabo, siège du royaume Sanwi est à 9 Km d’Aboisso. Ce mercredi, le village s’est réveillé comme d’habitude. Sauf qu’une fine pluie ralentit quelque peu les activités. Aux abords de la route principale menant au village, des vendeuses placent leurs étals sous des hangars pour les abriter d’intempéries. Les cultivateurs sont partis aux champs. Les jeunes restés au village s’adonnent à diverses occupations. Certains gèrent des cabines téléphoniques. D’autres vendent des tickets de loterie. Un groupe de garçons assied sous un arbre, commente encore le match Côte d’Ivoire-Brésil. Autre lieu, autre décor. Au cœur du village, l’ancienne cour royale, souvenir du passé glorieux des Agni du Sanwi, règne un calme plat. Les notables n’ont pas travaillé aujourd’hui. Ils se sont rendus, pour la plupart, à Aboisso pour des affaires administratives. Une partie du bâtiment, rénové à moitié, sert de parlement à la gestion des affaires courantes du royaume. A l’entrée se trouvent deux vieux canons, symboles de la présence des Français, avant l’indépendance du pays. Dans l’arrière-cour, c’est la maison de la famille proche, dit-on, de Michael Jackson. C’est la famille Aoussi. Elle appartient à la lignée royale. La maison principale est un bâtiment R+3, de couleur rouge bordeaux. A l’intérieur de la cour, il y a un autre bâtiment peint en blanc. Ici, on est plutôt branché sur la coupe du monde de football. On attend impatiemment le premier match de la journée qui oppose un des représentants africains, l’Algérie à l’équipe des Etats-Unis. La question de la commémoration de l’anniversaire de décès du prince Michael Jackson n’est pas à l’ordre du jour. René Aoussi, l’aîné du groupe et arrière petit-fils d’Amalaman Anoh, un des princes du Sanwi dont le nom a été donné à la pop star, revient sur l’organisation des obsèques de l’artiste de l’an dernier. Puis, il s’est montré réservé quant à la commémoration de ce deuil. « Je ne me sens pas concerné. Les jeunes se sont mobilisés, l’année dernière, autour des obsèques. Mais, nous avons été remerciés autrement », se plaint-il. Mais personne ne veut donner de détails. Les autres membres du groupe acquiescent de la tête. Il faut laisser ces fans de foot suivre leur match.
On attend toujours
Direction, le quartier Assaoutoua, où d’autres jeunes préfèrent jouer au loto. Le plus bavard du groupe, Assemien Kadji alias secréto, qui se réclame neveu de Michael Jackson, accepte de se confier à nous. « En pays Akan, lorsqu’on fait les funérailles d’un prince, on présente l’héritier. C’est ce dernier qui se charge d’organiser la levée de deuil en accord avec la famille. Le roi du royaume Sanwi a été choisi comme héritier de l’un de nos princes, Michael Jackson. Il lui revient d’organiser les festivités liées à la levée de deuil. Pour l’heure, aucun jeune n’est informé de la tenue d’une telle activité. Nous attendons. Nous, jeunes, ne pouvons pas prendre le devant des choses. L’année dernière, lors des obsèques, nous avons été mobilisés, avant d’être mis à l’ écart par les organisateurs eux-mêmes », précise-t-il.
Ses propos suscitent un tonnerre d’applaudissement du groupe. Kadja Assalé s’empresse de parler. Il en a gros sur le cœur. La promesse des organisateurs de construire un monument pour l’artiste n’est pas encore tenue. Contrairement à ses amis, Charles Amangoua ne reviendra pas sur les ratés des obsèques de l’année précédente. Pour lui, il faut que le village se mobilise pour organiser la levée de deuil du défunt prince : «il est bon que nous fassions la levée de deuil de Michael Jackson, mais il faut d’abord une réunion des dignitaires qui, ensuite, vont informer les cadres, avant de décider ce qui doit se faire » Ajoutant que la levée de deuil peut se tenir au-delà d’une année.
Du côté de la cour royale, rien de précis n’est encore prévu, mais la possibilité de la tenue d’un rituel n’est pas à écarter. Adingra Bilé, conseiller de sa majesté Amon N’Douffou IV, chargé des finances, est plutôt affirmatif. « Nous allons faire la levée de deuil à la date choisie. Les dignitaires du royaume doivent d’abord se réunir. A l’issue de la réunion, ils vont contacter les cadres pour dire ce qui doit être fait. Le roi est certes le chef du trône, mais il ne décide pas seul. Lorsqu’une décision sera arrêtée nous aviserons la famille de notre prince qui est de l’autre côté de la mer (Ndlr : aux Usa). Elle ne connaît pas nos traditions, mais nous allons la lui expliquer comme nous l’avons fait lors de la visite de Jesse Jackson à qui nous avons même remis le film des obsèques que nous avons organisées ici», révèle-t-il. Le notable souhaite une implication de l’ambassade des Etats-Unis en Côte D’Ivoire. Car, déplore-t-il, «l’année précédente, des courriers adressés à cette ambassade sont restés sans suite. Alors que d’autres ambassades avaient répondu favorablement ».
Emmanuelle Kanga, envoyée spéciale à Krindjabo
Krindjabo, siège du royaume Sanwi est à 9 Km d’Aboisso. Ce mercredi, le village s’est réveillé comme d’habitude. Sauf qu’une fine pluie ralentit quelque peu les activités. Aux abords de la route principale menant au village, des vendeuses placent leurs étals sous des hangars pour les abriter d’intempéries. Les cultivateurs sont partis aux champs. Les jeunes restés au village s’adonnent à diverses occupations. Certains gèrent des cabines téléphoniques. D’autres vendent des tickets de loterie. Un groupe de garçons assied sous un arbre, commente encore le match Côte d’Ivoire-Brésil. Autre lieu, autre décor. Au cœur du village, l’ancienne cour royale, souvenir du passé glorieux des Agni du Sanwi, règne un calme plat. Les notables n’ont pas travaillé aujourd’hui. Ils se sont rendus, pour la plupart, à Aboisso pour des affaires administratives. Une partie du bâtiment, rénové à moitié, sert de parlement à la gestion des affaires courantes du royaume. A l’entrée se trouvent deux vieux canons, symboles de la présence des Français, avant l’indépendance du pays. Dans l’arrière-cour, c’est la maison de la famille proche, dit-on, de Michael Jackson. C’est la famille Aoussi. Elle appartient à la lignée royale. La maison principale est un bâtiment R+3, de couleur rouge bordeaux. A l’intérieur de la cour, il y a un autre bâtiment peint en blanc. Ici, on est plutôt branché sur la coupe du monde de football. On attend impatiemment le premier match de la journée qui oppose un des représentants africains, l’Algérie à l’équipe des Etats-Unis. La question de la commémoration de l’anniversaire de décès du prince Michael Jackson n’est pas à l’ordre du jour. René Aoussi, l’aîné du groupe et arrière petit-fils d’Amalaman Anoh, un des princes du Sanwi dont le nom a été donné à la pop star, revient sur l’organisation des obsèques de l’artiste de l’an dernier. Puis, il s’est montré réservé quant à la commémoration de ce deuil. « Je ne me sens pas concerné. Les jeunes se sont mobilisés, l’année dernière, autour des obsèques. Mais, nous avons été remerciés autrement », se plaint-il. Mais personne ne veut donner de détails. Les autres membres du groupe acquiescent de la tête. Il faut laisser ces fans de foot suivre leur match.
On attend toujours
Direction, le quartier Assaoutoua, où d’autres jeunes préfèrent jouer au loto. Le plus bavard du groupe, Assemien Kadji alias secréto, qui se réclame neveu de Michael Jackson, accepte de se confier à nous. « En pays Akan, lorsqu’on fait les funérailles d’un prince, on présente l’héritier. C’est ce dernier qui se charge d’organiser la levée de deuil en accord avec la famille. Le roi du royaume Sanwi a été choisi comme héritier de l’un de nos princes, Michael Jackson. Il lui revient d’organiser les festivités liées à la levée de deuil. Pour l’heure, aucun jeune n’est informé de la tenue d’une telle activité. Nous attendons. Nous, jeunes, ne pouvons pas prendre le devant des choses. L’année dernière, lors des obsèques, nous avons été mobilisés, avant d’être mis à l’ écart par les organisateurs eux-mêmes », précise-t-il.
Ses propos suscitent un tonnerre d’applaudissement du groupe. Kadja Assalé s’empresse de parler. Il en a gros sur le cœur. La promesse des organisateurs de construire un monument pour l’artiste n’est pas encore tenue. Contrairement à ses amis, Charles Amangoua ne reviendra pas sur les ratés des obsèques de l’année précédente. Pour lui, il faut que le village se mobilise pour organiser la levée de deuil du défunt prince : «il est bon que nous fassions la levée de deuil de Michael Jackson, mais il faut d’abord une réunion des dignitaires qui, ensuite, vont informer les cadres, avant de décider ce qui doit se faire » Ajoutant que la levée de deuil peut se tenir au-delà d’une année.
Du côté de la cour royale, rien de précis n’est encore prévu, mais la possibilité de la tenue d’un rituel n’est pas à écarter. Adingra Bilé, conseiller de sa majesté Amon N’Douffou IV, chargé des finances, est plutôt affirmatif. « Nous allons faire la levée de deuil à la date choisie. Les dignitaires du royaume doivent d’abord se réunir. A l’issue de la réunion, ils vont contacter les cadres pour dire ce qui doit être fait. Le roi est certes le chef du trône, mais il ne décide pas seul. Lorsqu’une décision sera arrêtée nous aviserons la famille de notre prince qui est de l’autre côté de la mer (Ndlr : aux Usa). Elle ne connaît pas nos traditions, mais nous allons la lui expliquer comme nous l’avons fait lors de la visite de Jesse Jackson à qui nous avons même remis le film des obsèques que nous avons organisées ici», révèle-t-il. Le notable souhaite une implication de l’ambassade des Etats-Unis en Côte D’Ivoire. Car, déplore-t-il, «l’année précédente, des courriers adressés à cette ambassade sont restés sans suite. Alors que d’autres ambassades avaient répondu favorablement ».
Emmanuelle Kanga, envoyée spéciale à Krindjabo