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Politique Publié le vendredi 25 juin 2010 | Nord-Sud

Commission d`enquête parlementaire - Comment la guerre des clans au Fpi menace la procédure

Les députés du Front populaire ivoirien (Fpi) accepteront-ils de participer à l'enquête que compte ouvrir Mamadou Koulibaly, parallèlement à celle diligentée par le procureur de la République, Raymond Tchimou ?

Mamadou Koulibaly ne veut pas s'en laisser conter. Comme s'il n'avait pas entièrement confiance à la procédure engagée par le chef de l'Etat via le procureur de la République, l'homme par qui le scandale est venu, c'est-à-dire le président de l'Assemblée nationale, 3e vice-président du Front populaire ivoirien (Fpi), a décidé de rester est dans sa logique. Mercredi, il a convoqué pour le mardi prochain, les présidents de commissions du parlement aux fins de mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire. Evidemment, celle-ci viserait à enquêter sur les actes de mal gouvernance imputés au ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro. « Il se raconte que c'est le ministre de l'Intérieur qui a proposé au chef de l'Etat de saisir le procureur, Raymond Tchimou pour faire la lumière sur les faits qui lui sont reprochés. Dès lors, Mamadou Koulibaly est persuadé que cette enquête ne donnera rien, sinon qu'à blanchir Désiré Tagro et à le remettre en selle », confient certaines indiscrétions au sein du camp présidentiel. C'est donc visiblement pour donner toutes les chances à ''sa vérité'' d'éclater que le président de l'Assemblée nationale à recours à la commission d'enquête parlementaire. Mais au-delà de l'initiative en elle-même, jusqu'où peut aller le président de l'Assemblée nationale dans sa volonté de démontrer que ses accusations portées le 2 juin dernier contre son ''camarade Tagro'' ne sont pas gratuites ? La question mérite en effet d'être posée quand on sait que la bataille procédurale se déroule sur fond de guerre interne dans le parti au pouvoir. Dans ces conditions, aura-t-il tous les soutiens nécessaires pour mettre sur pied ''sa commission d'enquête''? Rien n'est moins sûr. Le premier soutien de Koulibaly devrait venir des députés de l'opposition. « Les trois groupes parlementaires Pdci-Rda, Udpci et Solidarité, regroupés au sein de la Mouvance Parlementaire pour la Réconciliation et la Paix, exigent, sans délai, une enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces faits pour situer les responsabilités en vue de prendre les sanctions qui s'imposent, demandent au chef de l'Etat Laurent Gbagbo, de relever, à titre conservatoire, de ses fonctions, le ministre Désiré Tagro, demandent sa comparution devant les juridictions compétentes pour atteinte grave à la sûreté de l'Etat », ont-ils indiqué dans une déclaration rendue publique le 18 juin dernier. Logiquement, eux devraient soutenir donc la démarche de Mamadou Koulibaly. Mais, la guerre des clans qui fait rage au camp présidentiel pourrait s'inviter très vite dans l'hémicycle. Koulibaly, on le sait, joue dans la même équipe que la présidente du groupe parlementaire-Fpi, Simone Ehivet Gbagbo et certains caciques du parti qui veulent la peau de Tagro. Mais, de là à obtenir l'unanimité de ses collègues du parti, il faudra sans doute l'implication personnelle du président de la République. Déjà le 17 juin dernier, à l'initiative du groupe parlementaire Fpi, un atelier portant sur « Les institutions de la République dans la consolidation d'un Etat et évolution du Parlement ivoirien », s'est tenu à l'Assemblée nationale. Rencontre boycottée par les députés de l'opposition. Selon certains observateurs, la crainte de voir toute initiative d'enquête sur les allégations du président Mamadou Koulibaly tuée dans l'œuf serait également à l'origine du refus poli opposé par les groupes parlementaires de l'opposition à Sébastien Dano Djédjé, député de Gagnoa et président du comité d'organisation. Une crainte subtilement confirmée par le député Fpi de Yopougon, Dago Koudou, qui estime que les parlementaires ivoiriens ne sont pas suffisamment outillés pour mener des enquêtes. Comme lui, d'autres parlementaires murmurent leur vœu d'avoir les conclusions des enquêtes déjà ouvertes par le parlement (notamment celles concernant le massacre de Guitrozon en 2005 et la répression de la marche du G6 en 2004) avant toute nouvelle saisine.
Il est vrai que dans cette guerre des clans, certaines sources au sein de la Majorité présidentielle, sont persuadées que le chef de l'Etat serait sur la même longueur d'onde que Mamadou Koulibaly. En quête d'un second mandat, le chef de file de la refondation veut se vêtir du manteau de la lutte contre la mal-gouvernance. Si le rapport de forces venait à pencher du côté des pro-Koulibaly, la tentation serait grande pour lui de récupérer la balle au bond. Tout comme les ''amis'' d'hier qui croupissent en prison dans le cadre de l'opération ''mains propres'' dans le café cacao, Désiré Tagro pourrait être sacrifié sur l'autel de cet enjeu capital pour la conservation du pouvoir. Hypothèse d'autant plus réaliste que d'une pierre, Gbagbo ferait deux coups. En effet, en marge des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement, tenues à Abidjan en mai dernier, les bailleurs de fonds ont clairement indiqué qu'Abidjan n'atteindrait le point d'achèvement de l'initiative PPTE d'allègement de sa dette qu'au prix d'une vraie opération de moralisation de la vie publique. La lutte contre la corruption en étant le symbole le plus visible. Bien sûr, on en est pas encore à cette issue extrême pour le ministre de l'Intérieur. Mais, il lui faudra battre le rappel de tous ses fidèles et alliés dans cette partie d'échecs et parer les coups qui pleuvent. S'il n'arrive pas à retourner la situation en sa faveur, il s'en voudra certainement d'avoir soutenu l'enquête de Tchimou, avec l'espoir que celle-ci le blanchirait.

Marc Dossa
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