Jetés à la rue depuis vendredi, les populations de la Riviera Bonoumin ‘’ aux chevaux ‘’, ne savent plus où donner de la tête. Vivant toujours sur le site, leur quotidien est rendu difficile par le manque d’un endroit où coucher et par la nourriture qui se fait rare.
Couchée sous un manguier, hier matin, Wari Kognikron, ne cache pas son désarroi. Depuis vendredi, cette sexagénaire, dont la maison a été détruite, à l’instar de celles des habitants du quartier de la Riviera Bonoumin ’’aux chevaux’’, dort à la belle étoile. Comme elle, les habitants du secteur qui se sont organisés après la destruction de leurs maisons, affichent des mines de tristesse et d’angoisse. Sur le site hier à 11h, l’on pouvait apercevoir des débris de tôles, des planches, des ustensiles de cuisines usagées, des placards et des fauteuils en morceaux. Sur cet espace dégarni, des femmes font la lessive et essaient de sécher les vêtements sur les cordes à linges. A coté, les enfants, bâton et pneu en main, s’adonnent à leur jeu. Toute chose qui donne l’impression que la vie reprend tout doucement son cours. Mais tout ceci, selon Hira Souleymane, Iman de la Mosquée du quartier qui a été miraculeusement épargnée, n’est qu’une trompeuse apparence. «On n’a nulle part où aller. On est donc obligé de rester sur ces lieux en attendant que les autorités nous trouvent d’autres habitations. Nos frères qui habitent les autres quartiers ne peuvent pas nous prendre chez eux, parce qu’il n’y a pas de place. On s’est donc organisé pour que certaines des vieilles personnes du quartier et certains enfants dorment dans la mosquée et fassent leurs toilettes dans la douche attenante à la mosquée qui a été épargnée aussi», explique-t-il. Effectivement, dans ce lieu de prière, l’on peut distinguer une vingtaine de nattes étendues à même le sol. Et ce, selon Hira Souleymane pour une centaine de personnes. Cependant, le plus pénible pour ces populations, reste la survie au quotidien et le gîte pour ceux qui ne peuvent profiter de la Mosquée. Ainsi, W. Kognikron et les siens couchent à la belle étoile sous le manguier qui se trouve dans les ruines de la cour de leur maison. «Nous dormons sous le manguier de notre maison depuis vendredi. Dieu merci, il n’a pas encore plu. Mais c’est très difficile de trouver à manger. Avant le déguerpissement, je vendais des condiments devant ma cour. Mais maintenant, personne n’a les moyens ne serait-ce que pour payer un cube Maggi. Ce sont mes sœurs qui nous rendent visite, qui nous envoient un peu de nourriture. Mais cette nourriture ne suffit pas car il faut partager avec l’entourage. On ne peut pas manger sans les autres», explique-t-elle les larmes aux yeux. La question de la nourriture et la quête d’un endroit où passer la nuit, restent donc une préoccupation pour les habitants de ce quartier. D. Fatoumata, mère de quatre enfants, ne sait plus à quel saint se vouer. Depuis, vendredi, cette résidente ne s’est encore rien mis de solide sous la dent. « C’est grâce à la bonne volonté de certains de mes parents qui m’ont envoyé des boîtes de sardines et la voisine qui partagent les restes de sa nourriture à mes enfants, que nous survivons. Mais nous ne savons combien de temps cela va durer. ( …). Je vendais des jus grâce à mon réfrigérateur. Mais le bulldozer a tout détruit. On ne nous a pas laissé le temps de prendre nos affaires. On a sauvé très peu de choses. Et quand on voulait forcer pour prendre quelques affaires, les policiers nous battaient. Actuellement, je dors avec mes enfants dans le kiosque à café du quartier», déplore-t-elle.
Une quête difficile pour le gîte et le couvert
A 12h 45, une animation fébrile règne brusquement dans le quartier. Les parents de certains déguerpis, venus d’Attécoubé, de Treichville et de Cocody apportent de la nourriture. C’est l’occasion pour certains habitants du quartier de se restaurer et apaiser la faim qui les tenaille depuis deux jours. Mais malheureusement, la nourriture n’est pas suffisante pour tout le monde. « Quand on fait la cuisine, c’est seulement pour nos parents et amis. C’est donc normal que cela ne suffise pas. De plus, c’est dommage qu’ils ne puisse pas venir chez nous pour manque de place», explique une parente sous le sceau de l’anonymat. Cependant, une voisine compatissante, habitant dans les maisons cossues proches du secteur, apporte de la nourriture, à la grande joie des enfants du quartier. «J’essaie d’aider ces habitants dans la mesure de mes moyens. Je trouve que ce qui s’est passé est injuste. J’ai entendu les policiers dire que c’étaient bien fait qu’on casse enfin les maisons de ces étrangers. Il y a des villas qui sont dans le même secteur qui ont été épargnées et qui appartiennent à des Ivoiriens. J’ai donc pris sur moi de les aider. J’ai accepté qu’ils mettent leurs affaires chez moi et je continuerai à leur apporter à manger », explique celle-ci. Mais selon le porte-parole des habitants du quartier, Bakayoko Ladji, le calvaire des populations est loin de prendre fin. Ce dernier rapporte qu’après une brève rencontre avec les autorités, la prise en charge de leur situation reste incertaine. « Ce matin (hier matin, Ndlr), à 9h, nous avions rendez-vous avec Sam Etiassé, préfet du district d’Abidjan, mais nous avons été reçus à la volée par un de ses émissaires. Celui-ci nous a fait comprendre que les fonds d’accompagnement n’étaient pas à leur disposition. Et dès que ce sera le cas, il nous fera signe. Il nous a aussi déclaré que les fonds d’accompagnement n’étaient pas des fonds de dédommagement et pour que cela arrive rapidement, il faut que nous quittions les lieux pour de bon. Nous lui avons dit que nous n’avons nulle part où aller. Il a promis de nous faire signe dès qu’il y aurait du nouveau », dévoile le porte-parole. Et pendant ce temps, les populations livrées à elles-mêmes souffrent et prient pour qu’il n’y ait pas de pluie.
Napargalè Marie
Légende : les déguerpis, livrés à eux-mêmes couchent à la belle étoile et ne mangent pas à leur faim.
Couchée sous un manguier, hier matin, Wari Kognikron, ne cache pas son désarroi. Depuis vendredi, cette sexagénaire, dont la maison a été détruite, à l’instar de celles des habitants du quartier de la Riviera Bonoumin ’’aux chevaux’’, dort à la belle étoile. Comme elle, les habitants du secteur qui se sont organisés après la destruction de leurs maisons, affichent des mines de tristesse et d’angoisse. Sur le site hier à 11h, l’on pouvait apercevoir des débris de tôles, des planches, des ustensiles de cuisines usagées, des placards et des fauteuils en morceaux. Sur cet espace dégarni, des femmes font la lessive et essaient de sécher les vêtements sur les cordes à linges. A coté, les enfants, bâton et pneu en main, s’adonnent à leur jeu. Toute chose qui donne l’impression que la vie reprend tout doucement son cours. Mais tout ceci, selon Hira Souleymane, Iman de la Mosquée du quartier qui a été miraculeusement épargnée, n’est qu’une trompeuse apparence. «On n’a nulle part où aller. On est donc obligé de rester sur ces lieux en attendant que les autorités nous trouvent d’autres habitations. Nos frères qui habitent les autres quartiers ne peuvent pas nous prendre chez eux, parce qu’il n’y a pas de place. On s’est donc organisé pour que certaines des vieilles personnes du quartier et certains enfants dorment dans la mosquée et fassent leurs toilettes dans la douche attenante à la mosquée qui a été épargnée aussi», explique-t-il. Effectivement, dans ce lieu de prière, l’on peut distinguer une vingtaine de nattes étendues à même le sol. Et ce, selon Hira Souleymane pour une centaine de personnes. Cependant, le plus pénible pour ces populations, reste la survie au quotidien et le gîte pour ceux qui ne peuvent profiter de la Mosquée. Ainsi, W. Kognikron et les siens couchent à la belle étoile sous le manguier qui se trouve dans les ruines de la cour de leur maison. «Nous dormons sous le manguier de notre maison depuis vendredi. Dieu merci, il n’a pas encore plu. Mais c’est très difficile de trouver à manger. Avant le déguerpissement, je vendais des condiments devant ma cour. Mais maintenant, personne n’a les moyens ne serait-ce que pour payer un cube Maggi. Ce sont mes sœurs qui nous rendent visite, qui nous envoient un peu de nourriture. Mais cette nourriture ne suffit pas car il faut partager avec l’entourage. On ne peut pas manger sans les autres», explique-t-elle les larmes aux yeux. La question de la nourriture et la quête d’un endroit où passer la nuit, restent donc une préoccupation pour les habitants de ce quartier. D. Fatoumata, mère de quatre enfants, ne sait plus à quel saint se vouer. Depuis, vendredi, cette résidente ne s’est encore rien mis de solide sous la dent. « C’est grâce à la bonne volonté de certains de mes parents qui m’ont envoyé des boîtes de sardines et la voisine qui partagent les restes de sa nourriture à mes enfants, que nous survivons. Mais nous ne savons combien de temps cela va durer. ( …). Je vendais des jus grâce à mon réfrigérateur. Mais le bulldozer a tout détruit. On ne nous a pas laissé le temps de prendre nos affaires. On a sauvé très peu de choses. Et quand on voulait forcer pour prendre quelques affaires, les policiers nous battaient. Actuellement, je dors avec mes enfants dans le kiosque à café du quartier», déplore-t-elle.
Une quête difficile pour le gîte et le couvert
A 12h 45, une animation fébrile règne brusquement dans le quartier. Les parents de certains déguerpis, venus d’Attécoubé, de Treichville et de Cocody apportent de la nourriture. C’est l’occasion pour certains habitants du quartier de se restaurer et apaiser la faim qui les tenaille depuis deux jours. Mais malheureusement, la nourriture n’est pas suffisante pour tout le monde. « Quand on fait la cuisine, c’est seulement pour nos parents et amis. C’est donc normal que cela ne suffise pas. De plus, c’est dommage qu’ils ne puisse pas venir chez nous pour manque de place», explique une parente sous le sceau de l’anonymat. Cependant, une voisine compatissante, habitant dans les maisons cossues proches du secteur, apporte de la nourriture, à la grande joie des enfants du quartier. «J’essaie d’aider ces habitants dans la mesure de mes moyens. Je trouve que ce qui s’est passé est injuste. J’ai entendu les policiers dire que c’étaient bien fait qu’on casse enfin les maisons de ces étrangers. Il y a des villas qui sont dans le même secteur qui ont été épargnées et qui appartiennent à des Ivoiriens. J’ai donc pris sur moi de les aider. J’ai accepté qu’ils mettent leurs affaires chez moi et je continuerai à leur apporter à manger », explique celle-ci. Mais selon le porte-parole des habitants du quartier, Bakayoko Ladji, le calvaire des populations est loin de prendre fin. Ce dernier rapporte qu’après une brève rencontre avec les autorités, la prise en charge de leur situation reste incertaine. « Ce matin (hier matin, Ndlr), à 9h, nous avions rendez-vous avec Sam Etiassé, préfet du district d’Abidjan, mais nous avons été reçus à la volée par un de ses émissaires. Celui-ci nous a fait comprendre que les fonds d’accompagnement n’étaient pas à leur disposition. Et dès que ce sera le cas, il nous fera signe. Il nous a aussi déclaré que les fonds d’accompagnement n’étaient pas des fonds de dédommagement et pour que cela arrive rapidement, il faut que nous quittions les lieux pour de bon. Nous lui avons dit que nous n’avons nulle part où aller. Il a promis de nous faire signe dès qu’il y aurait du nouveau », dévoile le porte-parole. Et pendant ce temps, les populations livrées à elles-mêmes souffrent et prient pour qu’il n’y ait pas de pluie.
Napargalè Marie
Légende : les déguerpis, livrés à eux-mêmes couchent à la belle étoile et ne mangent pas à leur faim.