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Société Publié le mardi 29 juin 2010 | L’expression

Accès à l’eau potable à Abidjan - Comment les quartiers précaires en souffrent

L’accès à l’eau potable à Abidjan est devenu un véritable parcours du combattant dans les quartiers précaires. L’obtention de l’eau propre relève chaque jour d’un miracle pour les foyers.
Tenin et sa cousine Irène, respectivement 12 et 9 ans, sont en vacances. Dans le quartier d’Abobo Sagbé où ces deux adolescentes vivent avec leurs parents, la fin des classes rime déjà avec activités ménagères. Et dans la petite maisonnée située à quelques encablures des rails, l’on leur a trouvé un tremplin pour le temps que dureront les vacances. Aller chercher de l’eau à quelques mètres de la maison, deux à trois fois par jour, dans des bassines dont leurs frêles corps supportent difficilement le poids. Une tâche qui s’annonce naturellement difficile. Comme ce lundi 28 où les deux écolières se disputaient du poids de la charge, après que la première ait rempli la cuvette d’eau et intimé l’ordre à sa cousine de se faire chargé. « Heeee ! C’est beaucoup moi je ne peux pas prendre ça, diminue », lance Irène à sa cousine qui lui intime l’ordre de transporter l’eau à la maison. Dans ce sous quartier de la commune du maire Toungara Adama, c’est le quotidien des familles, modestes pour la plupart. Ici le compteur de Sodeci (Société ivoirienne de distribution d’eau), ne pousse pas devant la concession de tout le monde. C’est presque un luxe de l’avoir. Et généralement, ceux qui en ont, sont pour beaucoup des personnes qui à la recherche d’un terrain pour bâtir un « chez soit » ont atterris dans le quartier, nous dit-on. Parce que les terrains y sont relativement abordables. Pour les moins chanceux, c’est un casse-tête quotidien pour avoir l’eau potable à la maison comme le souligne Kady B. « Nous sommes obligés d’aller acheter l’eau pour remplir les barriques et à la fin de la journée, il faut remplir encore les barriques puisque elles sont vides au bout de quatre ou cinq heures», souligne-t-elle. De l’eau qu’elles vont chercher souvent à 5 km, lorsqu’il advient des coupures dans leur entourages proches. « Nous n’avons pas le choix, parce qu’on ne peut pas tout faire avec l’eau du puits, pour les repas il faut forcement l’eau de robinet », ajout-elle, non sans ajouter que les coupures sont fréquentes à Abobo Sagbé. Cependant, Abobo Sagbé n'est pas un cas singulier dans cette question de l'accès à l'eau potable qui est devenu un véritable problème nationale. Yopougon, Koumassi et bien d’autres communes ont leur quotidien de candidats à la chasse à l’eau potable. Et fleurant la bonne affaire, certains saisissent l’occasion pour en faire le commerce. Des robinets installés devant leurs concessions, ils sont devenus presque des ‘’sous-traitants’’ de la Sodeci. Seulement qu’ils ne reversent rien aux services de Marcel Zadi Kessy, (Directeur général de la Cie-Sodeci). Ces revendeurs d’eau qui, pour la majorité n’ont aucune autorisation, ne semblent pas se soucier des ces exigences de règle vis-à-vis de la loi. Ils vous diront « comme les gens n’ont pas de compteurs chez eux, nous leur venons en aide.» Comme M. Drame qui s’est trouvé une vocation de mécénat. L’eau est vendue par bassine à des tarifs qui varient de 25 à 50 Fcfa. Si ces prix sont jugés intéressants par les ménages qui font la navette, les revendeurs eux arborent le sourire. A Anoumabo, alors que Delma, ne supporte plus de voir son épouse courir derrière l’eau, Dame Traoré Oumou s’est résignée elle à son sort . Elle, partage sa cours commune avec une trentaine de familles. Aucune d’entre elles, selon elle, n’a de compteur de Sodeci. Toute la troupe a recours au revendeur d’eau le plus proche. Et ce dernier, selon la dame, est débordé lorsqu’il y a des coupures d’eau. Mais pour elle, si elle doit faire la course à l’eau, c’est la faute à la Sodeci. La ménagère trouve, en effet, les coûts d’abonnement et de branchement élevé. Et explique que ses maigres économies ne lui permettent pas de se faire installé un compteur. Déjà qu’elle n’est même pas encore à bout des charretiers qui en cas de pénurie d’eau vont en chercher à Marcory ou Treichville pour le revendre. Mais pour le directeur régional de la Sodeci Abidjan Nord Ouest, Kinimo Hilaire, la société de distribution d’eau ne cesse de déployer les moyens pour que toute la population ait accès à l’eau potable. Et à l’en croire, des étapes ont été franchies dans ce sens. Notamment les tarifs sociaux pour l’abonnement et le branchement qui sont respectivement de 26 000 FCFA et 150 000 FCFA. Mais pour lui, un autre fait explique le manque d’accès à l’eau potable pour une partie de la population. Nombre de quartier n’ont pas de canalisation. Ce qui rend impossible les branchements. Mais ce n’est pas pour autant, selon lui, que la Sodeci a baissé les bras. Elle s’active. Et l’Etat à dans ce sens bénéficié récemment de 20 milles branchements sociaux d’une valeur de 14 milliards FCFA réalisés par la Banque mondiale. Sur la question de la revente de l’eau dans certains quartiers, Kinimo Hilaire pense que « c’est un mal nécessaire. C’est par faute de moyens que les gens vont acheter l’eau avec ceux qui ont les compteurs et qui veulent revendent», souligne-t-il. Mais ce n’est pas une raison, ajoute-t-il, pour laisser quiconque s’adonner à la revente de l’eau. Et dans cette perspective la Sodeci a décidé depuis peu de traquer les revendeurs clandestins. Ces derniers n’hésitent pas, à en croire, le directeur régional à truquer les compteurs rendant ainsi la Sodeci déficitaire. Cette mafia de l’eau qui grossit, contrôle 60% de la quantité d’eau qui normalement devrait être vendue par la Sodeci.
Kuyo Anderson
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