L'agence Sodeci de Yopougon-Sicogi a été assiégée hier par des habitants en colère du quartier Niangon Coprim. De 8h 30 à 10h, la voie passant devant l'église Saint-André a été fermée à la circulation par des manifestants, des femmes pour la plupart, brandissant des pancartes hostiles à la Sodeci. Malgré la présence de deux cargos de police et de la gendarmerie. “Nous avons marché dans les rues de Yopougon depuis Niangon pour exprimer notre ras-le-bol contre la Sodeci qui refuse de nous indemniser à la suite de la contamination de l'eau du quartier résultant d'un branchement malveillant d'un ouvrier de la Sodeci. D'un mort en mars, nous sommes aujourd'hui à 13 décès dans le quartier Coprim. Voudrait-on voir l'extermination de tous les habitants à la suite de la consommation de cette eau avant de réagir?”, s'est interrogée Mme Rebecca Kouakou, porte-parole des manifestants qui s'est offusquée du fait que les responsables de la Sodeci qui les ont reçus hier, aient demandé de déterrer les corps pour une autopsie justifiant leurs accusations. “Ces responsables ont soutenu que les résultats des analyses de l'eau se trouvent à l'ONEP (ndlr : office national de l'eau potable) et non à la Sodeci. Pour d'autres points, ils ont dit de voir leur assurance. Nous constatons le mépris avec lequel la Sodeci traite notre dossier, elle fuit ses responsabilités pour ne pas nous indemniser. Si rien n'est fait dans une semaine, nous reviendrons ici pour une réaction dont nous n'assumerons pas les conséquences”, a averti Mme Anne Diby, une habitante visiblement excédée. Tout en reconnaissant la manifestation de protestation du jour. M. Jacob Angofi, directeur d'exploitation Abidjan à la Sodeci, s'est évertué en revanche à soutenir que l'eau distribuée par son entreprise est de bonne qualité et ne saurait être à la base des malaises des habitants de Coprim. “L'eau est potable partout. Nous avons une seule usine qui dessert les populations de Yopougon, plus d'un million. C'est un incident qui est clos parce que la Sodeci a rétabli l'eau potable qui répond aux règles de l'OMS. Cette procédure (d'indemnisation) court avec l'assurance et non avec la Sodeci. Ce dossier est aux mains des assureurs et du collectif des habitants c'est ce collectif qui n'est pas là aujourd'hui qui peut donner des informations là-dessus. Ce qui est de la santé de ces habitants, c'est le ministère de la Santé, les médecins qui peuvent répondre, ainsi que la question de l'autopsie qui n'est pas de notre ressort”, a indiqué M. Angofi qui a appelé les manifestants à laisser travailler leurs agents dans leur quartier. M. Hilaire Kinimo Assandé, directeur régional Abidjan Nord-Ouest de la Sodeci, a relevé, pour sa part que la procédure sur la question de la contamination de l'eau courante à Coprim suit son cours chez le procureur de la République. “Le président Zadi Kessy avait rendu visite à la famille de la jeune fille décédée en mars à la demande des populations. C'était humain, notre visite dans le quartier sans savoir les causes du décès. C'était un geste de solidarité africaine”, s'est défendu M. Kinimo Assandé. Didier Keï
Société Publié le mardi 29 juin 2010 | Notre Voie