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Économie Publié le mardi 29 juin 2010 | Le Mandat

Interview/ Dette intérieure - Evariste Méambly (Opérateur économique): «J’ai des solutions pour les fournisseurs»

Jeune opérateur économique très actif dans la micro-finance, Evariste Méambly, dans cette interview qu’il nous a accordée, livre le secret de sa réussite.

Comment êtes-vous arrivé à cette étape de votre vie ?
J’ai d’abord commencé par le commerce du riz et ensuite de l’oignon parce que j’avais un marché avec le gouvernement nigérien auquel je livrais de façon régulière, plus de 300 tonnes de riz chaque quinzaine. J’ai acheté des taxis dont les bénéfices recueillis ont servi à la construction de l’hôtel Méambly qui est une de mes initiatives. Puis, avec l’apport financier d’une grande banque de la place, j’ai pu constituer ma société de transit et d’importation pour commencer à importer la tomate et des spaghettis d’Italie pour l’alimentation en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, je suis à la tête d’une structure de financement appelée ‘’structure d’affacturage’’ qui peut racheter la dette d’une société. Je suis également dans le domaine de l’élevage. Voilà résumées mes activités.

Aujourd’hui, peut-on dire que M. Méambly est un homme riche ?
Ma plus grande richesse serait de voir chaque ivoirien de mon âge à la tête d’au moins trois (3) entreprises. Si vous me voyez me battre partout, c’est parce que je suis malheureux pour la jeunesse ivoirienne. Car, bien que titulaires d’un doctorat, certains jeunes gèrent des cabines téléphoniques. Quand je vais à Abobo ‘’derrière rail’’ et que je rencontre mes condisciples d’hier et qui sont à la recherche d’un premier emploi, j’ai mal au cœur. Donc ma richesse, pour moi n’est pas réelle tant que les jeunes comme moi sont assis à ne rien faire.

Quel a été l’impact de la guerre sur les activités du groupe Méambly ?
Lors de la guerre, j’ai dû procéder à la fermeture de mes bureaux de l’aéroport, de Noé et certaines activités telles des Western union. J’ai mis en veilleuse certaines activités parce que je ne pouvais pas employer tout ce monde car, il n’y avait plus de marché. Donc, j’ai réduis mon personnel. J’attends que les choses se développent pour réembaucher les jeunes Ivoiriens parce que j’ai des milliers de demandes d’emploi ici et ai vraiment mal au cœur de ne pas pouvoir les satisfaire.

Quels sont vos rapports avec le Trésor public ivoirien ?
J’ai des rapports comme tout ivoirien avec l’administration du Trésor. Par contre, mes rapports avec les fournisseurs de Côte d’Ivoire sont au beau fixe parce que j’ai eu à les rencontrer ; en particulier leur président Gré Faustin qui avait le souci que les fournisseurs ivoiriens soient payés. suite à une rencontre avec les fournisseurs, j’ai fait une proposition au ministre de l’Economie et des Finances. Le courrier est là et il est clair.

Peut-on en connaître la teneur ?
Dans le cadre de la proposition de mobilisation de ressources, en vue de palier le déficit de finances de la loi 2006 qui se chiffre à 30 milliards de F Cfa, j’estime que nous pouvons nous-mêmes dégager une épargne locale pour résoudre les problèmes des fonctionnaires, pour relancer l’économie ivoirienne, trouver des Ivoiriens capables d’apporter une caisse de 30 milliards et prêter cet argent en vue de régler des problèmes de la dette intérieure des Ivoiriens. De sorte que les fournisseurs, en prenant ces 30 milliards, puissent créer et injecter ces fonds dans le tissu économique. Ce qui permettra à l’Etat de souffler un peu. Ces opérateurs ivoiriens qui auraient prêté cet argent seront remboursés en 2 ou 3 ans. Mais ma proposition n’a pas eu de suite favorable.

A quel niveau se situe le blocage ?
Je suppose que la proposition n’a pas connu de suite parce que l’Etat n’était pas intéressé.

Etes-vous amer ?
J’ai fait des propositions à l’Etat de Côte d’Ivoire, c’est-à-dire au ministre de l’Economie et des Finances. Il ne m’a pas répondu. Je suppose qu’il a ses raisons. je ne suis pas débiteur de ces fournisseurs, mais l’Etat de Côte d’Ivoire l’est. J’ai des partenaires capables d’acheter la dette. Je suis l’intermédiaire de ces partenaires. Je fais mes propositions à l’Etat de Côte d’Ivoire. Si on me répond, je fais venir mes partenaires. On négocie, ils apportent leurs fonds et on aide l’Etat. J’ai écrit au ministre de l’Economie et des Finances qui est le premier argentier de ce pays et c’est lui qui doit me répondre. S’il ne l’a pas fait, je suppose qu’il n’est pas intéressé.

En tant qu’opérateur économique, quels sont vos conseils à l’endroit de la jeunesse ivoirienne en quête d’emploi ?
Je suis peiné que jusque-là, cette jeunesse soit à la recherche de modèle. Ce que nous pouvons faire pour l’aider, c’est d’abord lui demander de faire sa mue. Tant qu’elle ne comprendra pas que l’Etat-providence est fini, la jeunesse va toujours avoir des visions erronées de son épanouissement. Non ! Il faut qu’elle puisse être capable de faire de petits métiers, vendre du riz malgré son diplôme d’ingénieur commercial. Un sac de riz, c’est aujourd’hui 100 francs Cfa de bénéfice. Aller vendre des oignons, du charbon, du piment. C’est petit à petit qu’elle pourra faire partie désormais des hommes d’affaires de ce pays. J’en suis un exemple précis. J’ai tissé ma toile en vendant du riz et je gagnais 100 francs Cfa par sac de riz. Aujourd’hui, je parle de milliards et j’ai des partenaires avec qui je peux discuter d’égal à égal parce que je suis parti d’en bas pour arriver là où je suis. Donc je demande à la jeunesse de se jeter dans l’informel. On peut être dans les agoras et puis vendre son charbon. On peut faire tout ce qu’on veut en étant dans des jeunesses politiques. C’est la règle première de la réussite.

Président, on ne peut pas vous quitter sans parler de l’actualité politique du moment, notamment sur les fraudes et les corruptions. Quel est votre avis ?
C’est une décision du président de la République. Il a confié cette tâche à l’institution majeure qu’est la Justice. Elle a commencé l’enquête. Nous sommes tous obligés d’applaudir et serons heureux de la voir aboutir et qu’enfin, nous puissions avoir un pays qui se porte bien à un niveau de son économie afin que les bailleurs de fonds puissent courir et investir dans le pays.

Un message à l’endroit des opérateurs économiques qui évitent la destination Côte d’Ivoire ?
Je pense que le pays nous appartient tous. Nous pensons que c’est maintenant que tout Ivoirien doit se mettre au travail pour renforcer l’unité nationale. Nous devons nous, opérateurs économiques, demander à nos partenaires qui nous soutiennent en Europe, de venir investir dans notre pays. En les incitants à venir investir, ils vont créer des emplois et embaucher nos jeunes frères. Voilà pourquoi j’ai tenu à faire des propositions idoines à l’Etat ivoirien, en demandant au ministre de l’Economie et des Finances de nous permettre, en tant qu’Ivoirien, de lever des fonds pour résoudre des problèmes. Les Ivoiriens ont de l’argent dans leurs banques. On peut leur demander 30 à 40 milliards pour aider l’Etat et en retour, ils seront ainsi remboursés. A ce moment-là, on choisit une banque et les Ivoiriens peuvent prêter l’argent à leur pays. C’est cela ma mission, mon véritable objectif. Je pense que je peux convaincre des Ivoiriens d’y adhérer.

Interview réalisée par
Evariste Nguessan et
Zéguedoua Tano
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