Il était attendu à la barre hier. Il a brillé par son absence. Le procès a donc été reporté au grand dam de la partie civile. Il s’agit du Docteur Tagro Gouali Nicodème, présenté comme le frère cadet du ministre Désiré Tagro. Le médecin est accusé d’avoir abusé de 33 candidats au concours d’entrée à l’école de police. Ce sont plus de 30 millions Fcfa que ces derniers ont perdus dans cette opération que le frère cadet du ministre a montée avec trois intermédiaires, qui séjournent actuellement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca). « Ils se prénomment Noël, Dallo et Alexis. Comme nous, ils étaient aussi candidats au concours. Ce sont eux qui nous ont donné toutes les assurances nécessaires de notre succès au concours d’entrée à l’école de police. Mais après les résultats, grande a été notre surprise de constater que nous n’avons pas été retenus. Notre conviction est que l’argent n’a pas servi à régler notre concours », expliquent dépitées un groupe de victimes. Toujours, selon nos sources, les trois intermédiaires depuis la Maca ont aussi esté en justice contre Tagro Nicodème. De bonnes sources, l’enquête aurait été menée par le commissariat du 3e arrondissement. Les éléments de cette unité au cours d’une perquisition aux domiciles des trois intermédiaires ont pu mettre la main sur de nombreux documents compromettant dont une liste de 40 personnes parmi lesquelles les 33 malheureux candidats qui ont saisi la justice. Comme par un tour de prestidigitation, des sources proches du dossier soutiennent que les preuves obtenues par les agents du 3e arrondissement auraient disparu du dossier, le premier jour du procès. Qui a pu mener une telle opération ? La question reste posée. A tort ou à raison, les victimes portent des soupçons sur le patron du 3e arrondissement qui aurait des atomes crochus avec le ministre de l’Intérieur. Une accusation que nous n’avons pu vérifier. Ce qui déclenche l’ire des 33 victimes, c’est qu’elles se disent convaincues que Tagro Nicodème aurait pris le pactole pour investir dans le transport et dans le secteur de l’assurance. « C’est sur notre misère qu’il veut faire fortune, ça ne marchera pas et ses liens avec le ministre Tagro Désiré ne nous feront pas reculer. Certains d’entre nous se sont endettés pour payer ce qu’il nous a réclamé, on a le dos au mur, pour rien au monde on ne va reculer », martèlent nos interlocuteurs. Non sans difficulté, nous avons joint la clinique où Dr Tagro Gouali Nicodème est censé exercer. On nous déclare qu’il n’est pas connu là bas. Vérité ou tentative de ne pas associer son image à la clinique ? On l’ignore pour le moment. Dans l’après-midi du lundi, nous obtenons des victimes le numéro du Dr Tagro après avoir décliné notre identité. « Je ne peux rien dire sur ce sujet, qui est devant le juge actuellement, tout simplement parce que je ne veux pas me substituer à la justice », se justifie-t-il. En dépit de notre forte insistance, le médecin reste raide dans ses bottes. « Pour le moment, je ne veux pas parler. Si vous tenez tant à me faire réagir, je vous demande d’attendre mardi prochain, je serai de retour d’un voyage que j’effectue demain (ndlr mardi passé). Dans le cas contraire, vous êtes libre d’écrire ce que vous voulez ». A la question de savoir s’il allait se présenter à la barre hier comme prévu, il déclare que c’est plutôt son conseil qui le représentera. De la à faire dire aux victimes qu’il a quitté le pays pour se soustraire à la justice, il n’y a qu’un pas qui a été vite franchi par ses adversaires. Quant aux trois intermédiaires qui séjournent à la Maca, certains de leurs proches nous révèlent qu’ils s’estiment aussi victimes du Dr Tagro et non ses complices et espèrent que la justice va les blanchir dans les meilleurs délais en les élargissant. Voilà une autre affaire qui tombe au plus mauvais moment pour le premier flic du pays déjà en difficulté.
Mamadou Doumbes
Mamadou Doumbes