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Art et Culture Publié le vendredi 2 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

Denis Kah Zion (président du Gepci) : “Attention, tous les journalistes ne sont pas pris en compte dans cette convention !”

Vous venez de signer un protocole d'accord sur la Convention collective. Quel est le contenu de ce protocole d'accord ?
Je voudrais dire qu'il y a une Convention collective annexe des journalistes professionnels et des professionnels de la communication de la presse privée en Côte d'Ivoire qui avait été signée le 12 février 2008 suite à des mois de négociations. Mais quand nous avons signé cette convention en annexe, il y avait un document qui disait clairement qu'il y a des mesures d'accompagnement qui devaient venir de l'Etat de Côte d'Ivoire. Ce sont donc ces mesures qui pouvaient nous permettre à nous éditeurs de presse d'appliquer cette convention, donc de faire face à l'amélioration salariale de nos travailleurs. L'Etat, n'ayant pas fait sa part, nous, éditeurs de presse, nous avions dénoncé la convention. Nous avions dit que nous n'étions plus en mesure d'appliquer cette convention parce qu'on ne peut pas appliquer le contenu d'une convention signée par nous, les ministres de la Fonction publique et de la Communication qui ont pris sur eux la responsabilité de faire entendre nos voix au conseil des ministres pour que des décisions soient prises dans le cadre de l'amélioration de nos différentes trésoreries. Cela n'ayant pas été fait, nous n'avons pas été en mesure d'appliquer cette convention. Entre-temps, le Synapp-Ci qui croyait que les éditeurs de presse ne voulaient pas appliquer la convention, avait saisi le tribunal du travail. Nous nous sommes rencontrés au Tribunal du travail et c'est au vu de la situation que le ministre de la Communication a désigné le Cnp (Conseil national de la presse) pour une médiation. La médiation a duré plus d'un an et aujourd'hui, nous sommes arrivés enfin à un accord. C'est un protocole d'accord qui n'est pas une nouvelle convention. C'est pourquoi, dans le document, il est bien dit qu'il n'y a pas d'innovation. La convention existe, mais nous prenons une partie de la convention que nous allons appliquer maintenant. Ce qui peut attendre va attendre. Ce sur quoi nous sommes convenus et qui fait partie des décisions contenues dans ce protocole d'accord, il y a deux points principaux. Le premier point, c'est que dans la Convention collective, nous avions convenu en 2008 que le point soit à 1900. Le point, c'est que pour un journaliste professionnel, il est à l'échelon 100. Les 1900 multipliés par 100, vous avez le salaire de base d'un journaliste. Cela fait cent quatre-vingt dix mille (190.000) Fcfa. Nous avons dit qu'au jour d'aujourd'hui, là où le chef de l'Etat lui-même dit qu'il ne peut pas augmenter les salaires des travailleurs, nous éditeurs de presse, nous sommes dans le même paysage économique, nous ne pouvons pas faire ces efforts. Nous avons convenu avec le Synapp-ci de ramener le point de 1900 à 1400. Donc, le journaliste que vous prenez aujourd'hui, son salaire de base, c'est 140.000Fcfa. C'est-à-dire 1400 multipliés par 100. Vous savez qu'un employeur a aussi une obligation de payer à son travailleur la prime mensuelle de transport. Aujourd'hui, ce n'est pas le ministère de la Communication qui l'a décidé, ni nous, c'est l'Etat de Côte d'Ivoire qui a décidé qu'à Abidjan, la prime de transport soit de 25.000Fcfa, pour le privé. Donc 140.000f plus 25.000f, vous avez déjà 165.000Fcfa. Nous avons aussi dit que, comme dans la convention, il était question de payer l'indemnité de logement, au lieu de payer cette indemnité dans sa globalité qui est de 15%, nous avons négocié avec le Synapp-ci pour obtenir pour l'instant 6%. Mais les 6%, c'est sur les 140.000Fcfa. Ce n'est pas sur 140.000Fcfa plus les 25.000Fcfa. C'est sur les 140.000 de salaire de base. Voilà les éléments nouveaux. Il faut aussi noter que ce que nous avons signé prendra effet à partir au 1er septembre 2010. C'est-à-dire fin septembre, tous les journalistes professionnels doivent être payés sur cette base. Au demeurant, tous ceux qui ont déjà des salaires au-delà le conservent. Un salaire, c'est un acquis, on ne peut pas diminuer le salaire. C'est aussi contenu dans ce document. Si quelqu'un avait déjà ses cinq cent mille francs (500.000) Fcfa dans une rédaction, il aura toujours ses 500.000Fcfa. S'il n'avait pas 140.000Fcfa, on est tenu de lui payer aujourd'hui les 140.000f. Mais je précise, il s'agit des journalistes détenteurs de la carte d'identité de journaliste professionnel et des professionnels de communication, c'est-à-dire les photographes et les correcteurs. Ils ont leur point à eux, ils n'ont pas le même échelon que les journalistes. Les photographes sont à 72. Donc vous prenez 1400 que vous multipliez par 72 plus 25.000F de transport plus les 6% de 108.000Fcfa, vous avez le salaire d'un professionnel de la communication qui est photographe.

Quelle est la durée de vie de ce protocole d'accord ?
Nous venons de signer le protocole aujourd'hui. Nous n'allons pas immédiatement l'appliquer. Nous nous sommes donné deux mois pour essayer de vulgariser le contenu du document. Que le Syndicat comprenne, que les patrons comprennent. Que l'employé comprenne. Que le travailleur comprenne. Le 1er septembre, le top départ va être donné et à la fin du mois de septembre, les salaires doivent être sur cette base. Et rien d'autre. Je dis bien rien d'autre. Si vous n'appliquez pas cet accord, il ne sera pas évident que vous soyez pris en compte en ce qui concerne le fonds de soutien et de développement à la presse. Pour postuler au conseil de gestion du fonds, il y a des conditionnalités. Et la question de l'application de la Convention collective fait partie des conditionnalités majeures. Si vous n'appliquez pas la Convention collective, vous n'allez pas bénéficier du fonds. Je peux aussi ajouter que le Cnp veille parce que ça fait partie des obligations d'un employeur vis-à-vis de l'Etat de Côte d'Ivoire. C'est la loi qui le dit. Autant vous devez avoir un récépissé pour sortir votre journal, déclarer votre entreprise aux Impôts, déclarer vos employés à la Cnp, autant vous avez l'obligation de respecter ce protocole d'accord qui est là et qui est une partie de la Convention collective que nous demandons à tous d'appliquer. Ce sont tous les patrons de presse qui se sont réunis au moins dix fois et le bureau exécutif qui a fait des analyses pointues avec le Cnp et tous ces éditeurs de presse, toutes sensibilités éditoriales confondues, périodicités confondues, qui ont accepté que, moi, je paraphe ce document. Ce n'est pas Kah Zion qui signe. Je n'ai qu'une procuration. J'ai signé au nom de tout le monde. Tous aujourd'hui, nous sommes obligés d'appliquer ce protocole d'accord.

Monsieur le président, quelle sera la situation de ceux qui avaient la carte et puis au dernier moment, on la leur a arrachée ?
Non, ce ne sont pas des gens à qui on a arraché la carte. Il s'agit plutôt des demandeurs de cartes qui étaient titulaires de Bts à qui la commission paritaire de la carte d'identité de journaliste a attribué des cartes. Alors qu'ils n'en ont pas droit Parce que la loi dit qu'il faut être titulaire d'une licence ou d'une maîtrise. Il y a eu donc une affaire qui a opposé le Gepci à la commission paritaire. Le Cnp et le Cnca sont les structures qui ont mandaté tous ceux qui siègent à la commission paritaire. Les deux structures se sont donc saisies de l'affaire et ont tranché en faveur du Gepci, c'est-à-dire que si vous êtes titulaire d'un Bts, la loi dit que vous ne pouvez pas pour l'instant avoir la carte d'identité de journaliste. Donc, si par erreur, on vous a attribué une carte d'identité de journaliste professionnel, vous ne pouvez pas brandir cette carte d'identité aujourd'hui pour bénéficier des avantages liés à la Convention collective. Vous avez votre carte, vous pouvez la mettre dans votre poche, là où vous voulez si la commission paritaire ne vous l'a pas arrachée, mais vous ne pouvez pas bénéficier des avantages liés à la Convention collective annexe. Ça, c'est clair. C'est devant le Cnp que, nous avons signé ce document ; c'est le même Cnp et le Cnca qui l'ont dit, ce n'est pas le Gepci qui l'invente. C'est pour cela qu'à la cérémonie, j'ai tenu à le dire pour ne pas qu'il y ait un autre débat. Aussi, voudrais-je ajouter que si vous êtes journaliste ou professionnel de la communication dans une rédaction et que vous n'avez pas encore la carte d'identité vous ne bénéficierez pas non plus des avantages liés à cette convention.

Est-ce que cet accord introduit quelque chose de nouveau dans la Convention collective ?
Ce qui est nouveau, c'est que c'est une base salariale homologuée. Sinon, je peux vous dire que les éditeurs de presse, face à un salaire de base de 140.000Fcfa, je ne dirais pas qu'ils en ont ri, mais les efforts qu'ils font déjà, c'est même le double ou le triple de ce qui est là. Je peux certifier que ce que nous payons aujourd'hui, contrairement à ce qui se dit sur les antennes de télévision, de radio et même dans les journaux, nous ne payons pas les journalistes avec des bons d'essence. Nous ne payons pas les journalistes à la tête du client. Nous n'emmenons pas les journalistes en mission pour aller escroquer les gens. Je pense qu'aujourd'hui depuis 2004 avec la nouvelle loi, le secteur est en train d'être viabilisé. Et ce qui est fait, c'est qu'au moins, il y a un minimum qui est donné. Ce minimum, c'est ce qu'il faut améliorer. C'est pour cela que nous sommes d'accord qu'il y ait une nouvelle convention. Sinon, je peux vous dire sur la base des 1900 qu'on a négocié et qu'on a obtenu, il y a des entreprises qui sont déjà à 2000 et plus. Je connais des entreprises aujourd'hui où des journalistes ont un salaire de base de 250.000Fcfa, sans la prime de responsabilité et autres. Qu'on ne vienne pas nous dire qu'on vient nous imposer quelque chose. C'est ce que nous faisons déjà. 90% des entreprises respectaient déjà ce qui est là. Vous me direz, et les 10% ? Mais les 10%, souvent il y a des journaux qui naissent que nous, nous ne maîtrisons pas. Qui ne respectent même pas les règles et qui, souvent, ont des difficultés. Ils ne se mettent même pas d'accord avec leurs travailleurs sur ce qu'ils doivent payer comme salaire. Autant nous avons des efforts à faire, autant nous voulons qu'un travailleur qui va vers un employeur pour travailler, les deux doivent convenir du minimum. Et ce minimum, c'est ce qui est là aujourd'hui. Nous demandons donc à tous ceux qui ont envie de créer des journaux qu'aujourd'hui la base salariale est au minimum de 140.000 plus les 25.000 Fcfa de prime de transport et les 6% sur les 140.000F d'indemnité de logement. Pour une question de clarté, nous demandons au Cnp la veille pour que chaque nouvelle entreprise puisse se mettre dans les normes régissant nos activités de journalistes et de professionnels de la communication. Nous tenons à préciser qu'il ne s'agit pas de tous les travailleurs qui doivent être bénéficiaires de la Convention collective. Il s'agit des journalistes professionnels et des professionnels de la communication. Pour les autres employés, chacun a son statut et chacun est payé en fonction de son statut.

Vous venez de concéder beaucoup d'avantages aux journalistes. Alors, qu'attendez-vous en retour de vos employés et surtout de leur syndicat, le Synapp-ci ?
Je demande d'abord et surtout au syndicat qu'il bavarde moins. Nous faisons un travail d'intellectuel, on n'a pas besoin de bruit pour travailler. Les problèmes que nous avons en interne comme en externe, si nous nous asseyons, nous pouvons les résoudre. Il ne faut pas revendiquer pour revendiquer. Je rappelle que le chef de l'Etat a déclaré à la face du monde qu'il n'a pas d'argent pour augmenter le salaire des travailleurs. Dans cette même période, nous faisons ce sacrifice. Ce n'est pas un défi que nous lançons au chef de l'Etat. C'est parce que nous savons que nous faisons un travail d'intellectuel qui demande beaucoup d'effort et beaucoup de sacrifices. Et pour ceux qui font des sacrifices, il faut aussi faire des sacrifices pour eux. C'est en cela que nous avons donné notre accord de principe. Sinon, il n'y a aucune pression. Quand on avait dit "non", on était resté ferme sur notre position. On pouvait ne même pas signer aujourd'hui. On a accepté de signer. Nous demandons que les syndicalistes bavardent moins. Nous souhaitons que l'amélioration de l'environnement économique de nos entreprises soit l'affaire de tous. Si les travailleurs pensent que ce que l'Etat doit, c'est à nous patrons seulement qu'il doit, c'est une erreur. Nous disons que quand, au conseil de fonds, on discute des avantages qu'on doit accorder aux patrons de presse, que le Synappci se mette d'accord avec le représentant du Gepci pour parler de la même voix. Puisque ce que nous allons obtenir tombera dans la trésorerie de nos entreprises. C'est fort de cela que nous serons en mesure d'améliorer encore leur statut social. Si nous n'avons rien, nous ne pourrons rien leur verser. Donc nous avons encore des rencontres avec le gouvernement parce qu'il y a encore les mesures d'accompagnement, par exemple, la fiscalité, il y a une exonération qui nous avait été accordée. Mais ça prendra fin en 2011. On fait quoi ? Il faut renégocier. Il faut qu'ils soient à nos côtés. Nous avons la question de la Cnps. Beaucoup d'entreprises ne peuvent pas aujourd'hui avoir une attestation parce qu'elles ont accumulé des arriérés avant 2004. Et arrivées en 2004 avec la nouvelle loi, elles ne peuvent pas aujourd'hui faire face à ce qui est là. Nous sommes en train de taper à la porte du Dg pour négocier pour qu'il y ait un peu de dégressif. Le Synappci doit nous y accompagner. Quand nous allons discuter des questions de l'imprimerie, de la distribution de nos journaux et même du contenu de la convention de Florence, avec l'exonération sur papier, quand nous allons discuter avec le Dg des douanes pour négocier les facilités qu'on peut nous attribuer. Même quand nous allons discuter avec le Dg des Impôts pour une fiscalité spécifique au secteur de la communication, il faut que le Synappci soit à nos côtés. Ils doivent nous appuyer partout où nous serons. Il s'agit de la vie de nos entreprises communes. Le patron a son entreprise qui est aussi l'entreprise du travailleur. Sans eux, nous ne pouvons pas mettre en place une entreprise, mais si nous n'avions pas créé d'entreprise, eux, n'auraient pas de boulot. Donc nous sommes obligés de travailler la main dans la main. Nous voulons leur demander de mettre balle à terre et qu'ils fassent preuve de compréhension et de discuter. Si le dialogue est rompu, qu'ils essaient d'approcher le Gepeci pour qu'on puisse échanger. Mais nous entendons beaucoup de choses, du genre " on paye les journalistes avec des bons d'essence ". Mais je dis, si vous venez vers moi, que je vous demande de travailler et que vous savez qu'à la fin du mois, je vous paierai avec des bons d'essence, mais vous démissionnez, vous partez d'où vous êtes venu. On ne peut pas vivre d'un bon d'essence. Il faut donc que nous soyons solidaires pour que nos problèmes soient résolus. Les charges aujourd'hui des patrons de presse sont nombreuses. Les factures d'eau, d'électricité, le matériel informatique, même le transport, le déplacement. Voilà un pays où depuis quinze ans, le prix d'un quotidien est de 200f. Pendant que le coût de transport augmente. On était à 5.000f de prime mensuelle de transport, aujourd'hui nous sommes à 25.000f. Les charges à l'imprimerie sont énormes et les journaux sont mal vendus, pas parce que le produit n'est pas bon, mais parce que l'Ivoirien n'a plus rien en poche, parce que le pays est toujours divisé en deux. Face à tout ceci, il faut que nous soyons solidaires pour poser nos problèmes. Il y a eu des entreprises où il y a eu des grèves du Synappci, ces entreprises ont fermé. Aujourd'hui, les journalistes se retrouvent à la rue. Ils ne travaillent plus. Et quand vous faites faillite, vous n'avez pas de prime à payer à qui que ce soit. Je parle au nom de tous les éditeurs de presse, à nos travailleurs pour leur demander d'être compréhensifs. Les efforts que nous faisons, c'est parce que nous sommes conscients qu'ils ont aussi besoin d'un minimum pour travailler. Le minimum, nous le leur donnerons. Il faut qu'ils fassent un effort pour être plus aptes du point de vue de la professionnalisation, en termes de respect de l'éthique et de la déontologie, en termes de tout ce qui peut améliorer l'image de nos entreprises. Les jérémiades, les critiques, les attaques, ça ne sert à rien. On a beau le faire, ça ne donne pas un salaire. Quand on va au travail vous savez comment ça se termine. Je voudrais donc lancer cet appel à l'endroit des travailleurs que nous avons encore des négociations avec l'Etat, qu'ils soient à nos côtés. D'ailleurs, cela est dans le contenu de ce protocole d'accord. Mieux, à 6 mois de l'expiration de ce protocole d'accord, nous devrions nous retrouver pour faire le point. Si les mesures d'accompagnement ne sont pas acquises, il n'est pas évident que nous puissions passer à un autre stade.
Interview réalisée par François Konan

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