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Afrique Publié le mardi 6 juillet 2010 | Le Patriote

C entre d’interet - Ouganda : raid sur entebbe

Il y a 34 ans, Israël libérait les otages du vol d’Air France
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976, un commando israélien lançait un assaut sur l’aéroport international d’Entebbe, l’ex-capitale Ougandaise. Libérant cent otages du vol 139 d’Air France des mains des terroristes. De sombres souvenirs que l’Ouganda s’efforce d’oublier. Le Patriote revient sur le souvenir douloureux d’un raid qui a marqué l’histoire de ce pays d’Afrique centrale. Nous avons revisité pour vous le théâtre des opérations. Reportage.

Lorsque nous débarquons à Entebbe, sur les rives du lac Victoria le 25 mai 2010, nous avons une vague idée de l’aéroport où il y a 34 ans, l’armée Israélienne menait un raid contre des preneurs d’otages et les hommes de l’armée d’Idi Amin Dada. L’évènement, on s’en souvient, avait fait le tour du monde dans les médias. A notre arrivée, nous cherchons des signes d’un passé qui a marqué l’histoire de ce pays. Mais, à vrai dire, il n’ y avait rien de spécial. Tout était normal. Mais en remontant l’histoire, notre émotion est grande à la vue de ce vieil aéroport construit entre 1928 et 1929.
En effet, ce mercredi 25 mai 2010, l’ancienne tour de contrôle de l’aéroport international d’Entebbe, construite elle, en 1958, se dresse à notre vue, aussi impressionnante qu’elle ne l’était il y a plus de trois décennies. En dépit des années passées, ce monument historique qui a vécu le raid israélien conserve tout son symbole. A proximité, l’ancien terminal qui accueillait autrefois les passagers et qui a servi de site de détention des otages du vol 139 d’Air France, est un bâtiment encore assez solide.
Sur le tarmac, quelques Transat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC), estampillés du sceau des Nations-Unies sont stationnés sous une fine pluie. La piste d’atterrissage asphaltée et longue de 3300 mètres sert, aujourd’hui, à la MONUC qui a établi sa base arrière sur cet aéroport. En soutien à ses opérations dans la république du Congo démocratique voisine. Ce sont donc les soldats des Nations Unies qui tiennent aujourd’hui le site qui fut le théâtre, il y a 34 ans aujourd’hui, du raid le plus réussi et le plus médiatisé au monde.

Les motivations des terroristes

C’est que dans la guerre que se livraient Israël et la Palestine à propos de l’occupation des territoires, tous les moyens étaient bons pour faire plier l’échine à l’adversaire. C’est dans cette optique que le 27 juin 1976, deux membres du Front Populaire de Libération de la Palestine et deux Allemands de la fraction armée rouge, détournent l’airbus A 300 du vol Air France 139 reliant Tel-Aviv à Paris. Le détournement a eu lieu à l’escale d’Athènes en Grèce. A bord du gros porteur, 244 passagers et 12 membres d’équipage. Après un périple en Lybie, les preneurs d’otage atterrissent, finalement, à l’aéroport international d’Entebbe en Ouganda avec la complicité de l’ex- Président Ougandais, Idi Amin Dada. A Entebbe, les preneurs d’otage ne trouveront pas d’autres lieux que le hall de transit du vieux terminal de l'aéroport pour maintenir leurs prisonniers. Là, ils choisissent de relâcher les passagers des autres nationalités et de ne garder que cent sept otages, essentiellement des Israéliens et des Juifs. Ce tri fait, ils font savoir alors leurs exigences à l’Etat d’ Israël. Ils exigeaient la libération de quarante activistes Palestiniens emprisonnés en Israël et de treize autres détenus au Kenyan, en France, en Suisse et en Allemagne. Ces revendications palestiniennes, sont jugées très lourdes, par Israël qui n’avait pas l’intention de céder au chantage.
Cependant, le fait de savoir les otages sous le contrôle de terroristes imprévisibles ne rassurait guère Israël quant à une issue heureuse. En se référant aux archives que nous avons collectés, selon la Voix de l’Ouganda dans sa parution du 20 juillet 1976: «Dès le deuxième jour de la prise d’otage, le Lieutenant Morde chai Gur, Chef d’état-major de la Force israélienne de l’époque avait déjà mis en place un comité militaire de réflexion. » Mais comment survoler l'Afrique sans se faire repérer par les radars? Où trouver un point d'appui? Comment éviter les chasseurs Ougandais, très actifs à l’époque dans les airs? Comment éviter qu’il y ait des pertes parmi les otages? Voici autant de questions qui ont retenu l’attention de ce comité militaire.
En réalité, l’armée Israélienne, selon les informations disponibles sur ce raid, avait plusieurs atouts pour lancer une opération militaire. Non seulement cet aéroport a été construit par une entreprise israélienne, en l’occurrence Soleh Bonh, mais aussi le Pentagone avait mis à la disposition de Tsahal une antenne satellite de reconnaissance de l’aéroport d’Entebbe. L'invasion israélienne a été bien planifiée et préparée, avec la pleine collaboration de certains pays limitrophes de l’Ouganda, notamment le Kenya. Aussi rapporte-t- on que des agents secrets israéliens avaient pénétré clandestinement Entebbe et avaient mis en évidence des informations essentielles dont avait besoin Israël.

Les péripéties
d’un raid historique

Toujours est-il que le samedi 3 juillet 1976 autour de 23 heures, trois hercules israéliens survolent les rives du lac Victoria et atterrissent à Entebbe pour tenter la mission de sauvetage. Mubiru, médecin à l’hôpital général de Kampala, avait à peine 17 ans à l’époque. Il se rappelle qu’il y a eu beaucoup de morts dans les rangs de l’armée ougandaise cette nuit-là. «Il y avait certainement beaucoup de tireurs d’élite dans le commandos qui a lancé l’assaut. Ils n’ont raté aucune de leur cible. Or il y avait plus de cent soldats qui veillaient nuit et jour à la sécurité de l’aéroport », rapporte-t-il. Ce dernier pense que la réussite du raid est due à la maitrise du terrain par Israël. «Israël s’est servi des renseignement de tous ceux qui ont servi en Ouganda avant d’être expulsés par le président Idi Amin Dada. Ils savaient même où chaque éléments des forces Ougandaises était positionné. Je crois que ce qu’ils ignoraient était le nombre des preneurs d’otages et où ils se tenaient exactement dans l’aérogare », témoigne-t-il. Mais selon ce médecin Ougandais, c’est l’utilisation du sosie d'Idi Amin Dada qui aura permis aux Israélien de se rapprocher du terminal. «Les Soldats n’ont pas tout de suite ouvert le feu à cause de cette confusion. Ils n’avaient eu aucune information d’un déplacement du Président, et le voir arriver les a un peu hypnotisés. Beaucoup ont été ainsi fusillés sans rien comprendre à ce qui se passait », rapporte notre interlocuteur.
Une chose est sûre, c’est que le nombre des membres du commando qui a donné l’assaut cette nuit-là, reste à ce jour inconnu. L’on évoque entre 100 et 200 soldats. En revanche, selon diverses sources concordantes, le raid qui s’est déroulé en 90 minutes a fait 53 morts. Les pertes subies dans les rangs israéliens font état d’un mort, deux otages tués. Coté Ougandais on a noté, 45 morts et six otages abattus. Plusieurs rapports sur ce raid ont aussi relevé la destruction des avions de chasse de l’armée Ougandaise stationnés à l’aéroport. Il s’agit des chasseurs MIG 19 et MIG 21. Les autorités Ougandaises d’alors ont protesté, en vain, auprès de l’Onu contre ce qu’elles ont qualifié de violation de leur souveraineté nationale. En 90 mn, l’armée israélienne avait fait tomber le mythe de l’ex-Président Ougandais qui ne s’en remettra pas de cette defaite jusqu’à sa chute en 1979.
En effet, le raid d’Israël a été relaté sous plusieurs aspects, parfois dramatique. Il s’agit entre autre des films tels que «la Victoire à Entebbe en 1976», réalisé par Marvin J. Chomsky et «Raid sur Entebbe en 1977», réalisé par Irvin Kershner. Plusieurs livres ont également été publiés sur cette opération, notamment celui de Gérard de Villiers.
34 ans après le raid, l’autorité de l’aviation civile Ougandaise veut transformer l’ancienne tour de contrôle en un musée. La distance qui sépare l’ancien aéroport d’Entebbe au nouveau équivaut à la même distance, en Côte d’Ivoire, entre l’aéroport Félix Houphouët Boigny et l’ex-GATL. En revisitant donc le théâtre des opérations du raid israélien, ce mercredi 25 mai, l’émotion était à son comble. Aussi mémorable qu’est l’histoire de ce raid, cette visite restera pour le visiteur, un souvenir inoubliable.
Reportage réalisé en Ouganda par Alexandre Lebel Ilboudo
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