Lauréat du Prix Ivoire 2009 avec son œuvre « Mémoire d’une tombe », l’écrivain Tiburce Koffi a présenté officiellement le mercredi 30 juin, au Conseil Economique et Social au Plateau, ladite œuvre d’un volume de 514 pages. De toutes les œuvres de l’écrivain, a expliqué le critique Henri N’koumo, « Mémoire d’une tombe » est la plus aboutie. Qui l’admet : « C’est mon livre le plus abouti. Je le reconnais ». Du regard de l’auteur, « Paradis infernal » comparé à « Mémoire d’une tombe », est plus fort sur le plan de l’écriture car « il y a beaucoup de maturité biologique ». Sans toutefois marquer l’épuisement dans sa création, Tiburce rassure son auditoire : « Un écrivain ne peut pas savoir jusqu’où il ira dans le métier de la création. Je suis convaincu que j’irai au-delà de Mémoire d’une tombe ». Sur son écriture « torrentielle et voluptueuse faussement démesurée » – dixit N’Koumo – l’auteur Tiburce fait savoir : « Je n’invente rien, c’est mon continent qui me l’impose. J’ai écrit ce texte avec beaucoup d’amour ». Avec une grande « admiration pour les militaires », selon la remarque de Venance Kacou DG de Nei Ceda, Tiburce Koffi révèle être habité par le rêve des icônes qui ont façonné sa vie : Che Guevara et Thomas Sankara « l’ami ». S’il a été un des proches de Sankara, le journaliste-écrivain ne raconte certes pas le défunt président du Burkina Faso, mais il s’est inspiré de son histoire. « Ce n’est pas son histoire que je raconte mais, je m’en sers », a-t-il expliqué. « Thomas Sankara, c’est quelqu’un que j’ai vraiment aimé. Je n’ai pas hésité à adhérer à sa cause. J’ai souffert de sa mort », a-t-il témoigné. Cependant, de l’appréciation du lecteur Paul Arnaud – ami de Tiburce, « nul ne peut produire une œuvre d’un tel volume s’il n’est sachant ». Incarcéré avec des (ses) amis à la prison de Séguéla, au Nord de la Côte d’Ivoire, sous le règne de Félix Houphouët-Boigny, Tiburce, mieux logé que les autres parce que journaliste et écrivain pouvait exprimer la volonté du groupe, pour servir de témoignage. Dans Mémoire d’une tombe, les cibles sont de trois générations : celle des années 60, la génération actuelle et celle à venir. « Il fallait qu’on écrive d’une manière ou d’une autre. Il fallait que je témoigne de cette histoire d’une manière ou d’une autre », a fait entendre le bagnard de Séguela qui réfute la thèse que Lumumba est un révolutionnaire. « C’est un emmerdeur, un faux héro. Mais, Sankara en est un. Il a un parcours et représente une voie pour l’Afrique parce qu’il a vaincu le pouvoir de l’argent », fait-il remarquer. Tiburce Koffi ne manque cependant pas de lancer des piques à Bernard Dadié, ministre de la culture sous Félix Houphouët-Boigny. Du temps du théâtre scolaire, se souvient Tiburce, Dadié qui a « donné l’ordre de censurer » toutes ses œuvres écrites « ne peut pas dire qu’il était contre Houphouët ». « Je suis contre. Dadié est un imposteur. Je ne crois pas en la thèse des innocents de 63. Ils n’étaient pas aussi innocents qu’ils le disent », a-t-il dit. « L’Afrique manque de rêveur. Tous nos leaders sont de petits plaisantins. Tant qu’on n’aura pas de rêveur, on ne s’en sortira pas…Les leaders africains ne savent jamais quand finit leur rôle. Quand ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes, ils doivent partir. En Côte d’Ivoire, beaucoup ont fini leur rôle. Laurent Gbagbo a fini, il est là parce qu’il y a l’argent. On ne produit pas, on vole». Et de reconnaître le mérite du Guinéen Sekouba Konaté : « Sekouba tient parole. Ça existe de bons militaires. Je crois en ce continent. C’est possible ». En exemple à Mémoire d’une tombe, l’auteur fait savoir : « mon héro réussit sa mission. Le pays émerge et est respecté ». Aussi valorise-t-il dans son œuvre le travail bien fait. « Je crois au travail, tant qu’on ne travaille pas, on ne s’en sortira pas ». Poète, musicien, journaliste, romancier, Tiburce Koffi rassemble dans Mémoire d’une tombe, toutes ses qualités d’artiste
Koné Saydoo
Koné Saydoo