Depuis le mercredi 02 juin dernier, le Front populaire ivoirien (Fpi) est secoué par une grave crise. Le N°3 de ce parti au pouvoir, en l’occurrence le professeur Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, a ouvert le feu sur l’un des hommes de confiance du chef de l’Etat, Koudou Laurent Gbagbo, le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro. C’était au cours du colloque qui s’est tenu à l’Assemblée nationale sur les 20 ans du multipartisme en Côte d’Ivoire. Désiré Tagro a été accusé d’avoir recruté massivement à l’école nationale de police, les ressortissants de sa tribu d’origine et d’avoir négocié l’Accord politique de Ouagadougou qui aurait échoué. Depuis, c’est la division au Fpi. Les pro- Mamadou Koulibaly et le pro-Désiré Tagro, se livrent une véritable bagarre. L’ex-premier ministre Pascal Affi N’Guessan, président du Fpi a même pris position. Toutes les tentatives de laver le linge sale en famille se sont achevées en queue de poisson. Chaque ‘’Parlement’’ et ‘’Agora’’ anime des meetings pour soutenir le leader de son clan. L’affaire a pris une véritable ampleur, à telle enseigne que le chef de l’Etat, dès son retour d’un séjour au Maroc, a saisi aussitôt le Procureur Raymond Tchimou pour diligenter une enquête. Depuis plus d’un mois maintenant, le Fpi est dans la tourmente. Pour ne pas couler seul, le ministre de l’Intérieur aurait cité l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, la première Dame Simone Ehivet Gbagbo et l’honorable Sokouri Bohui d’être les bénéficiaires de quotas aux concours d’entrée à l’Ecole de police. Tandis que le clan Koulibay exige une enquête parlementaire, les supporters du duo Affi-Tagro préfèrent une enquête judiciaire. Du coup, la guerre de clans au Fpi s’est déportée à l’intérieur du pays. Les camarades de ce parti qui n’a fait que semer tristesse et désolation depuis plus de dix (10) ans, affichent désormais leur appartenance à tel ou tel clan. La preuve, il n’existe plus une réunion du Fpi dans les localités à l’intérieur du pays sans que les militants ne se frappent à coup de chaises et de tables. Dans le département de Bloléquin, les proches du Directeur départemental de campagne du candidat Koudou Laurent Gbagbo, Jean Gervais Tchéidé et ceux du Directeur général du Port Autonome d’Abidjan, ne parlent plus le même langage. Il en est de même à Duékoué et à Danané où, si le chef de file de la campagne du candidat du Fpi est proche de l’un des deux actuels antagonistes, ses activités sont fortement perturbées par les partisans de l’autre. Très souvent, comme la semaine dernière à Yopougon, à l’université, Sompohi, non loin du camp des sapeurs pompiers au quartier Toit rouge, les réunions s’achèvent dans la bagarre. L’opposition doit comprendre que même si cette affaire, au départ était une mise en scène pour fuir, comme d’habitude, les élections, elle a véritablement fragilisé le camp présidentiel, surtout le Fpi. Au lieu de rester à tenir des réunions internationales dans des salles fermées, le Pdci-Rda, le Rdr, l’Udpci et le Mfa, devraient s’en saisir pour animer des meetings partout, afin de montrer au peuple qui souffre, combien de fois les actuels tenants du pouvoir ont spolié les Ivoiriens et démontrer aussi, leur incapacité à gérer le pouvoir d’Etat. Le Fpi dans l’opposition, telle situation aurait été une occasion pour remuer tous les trois.
Etienne Lemistick
Etienne Lemistick