Sept heures de débats houleux souvent passionnés. Un vote à l’arrachée marqué par un résultat tout aussi serré. Par 15 voix contre et 13 pour, la Commission des affaires culturelles et sociales de l’Assemblée nationale a rejeté hier, la proposition de résolution portant création d’une commission d’enquête parlementaire sur les soupçons de fraudes organisées au concours d’entrée à l’Ecole de Police, appelé communément affaire Tagro. Dix-neuf députés sur vingt neuf que compte la commission étaient présents à la séance d’examen de la proposition de résolution déposée par les trois groupes parlementaires que sont le PDCI, l’UDPCI et Solidarité. Après l’adoption de l’ordre du jour, le président de la Commission, l’Honorable Kobénan Adjoumani, a invité les groupes parlementaires à se prononcer sur la question. Le président du groupe parlementaire Solidarité été le premier à prendre la parole. Après avoir fait observer que la proposition de son groupe rejoignait celle faite par le PDCI-RDA, il a retiré la sienne. Dan Ouélo Michel président du groupe parlementaire UDPCI, a évoqué une raison d’efficacité du débat, pour motiver à son tour, le retrait de la proposition de résolution de son groupe. Quant au groupe Loyauté, par la voix de son porte-parole, Sékongo Yaya, il a évoqué l’inopportunité de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Car, a-t-il indiqué, «la seule priorité pour tous est l’élection. Ce sont les élections qui mettront fin à la crise. Ce sont les élections qui créeront les meilleurs conditions de moralisation de la vie publique». Williams Attéby au nom du groupe parlementaire FPI, a reconnu la pertinence de proposition des groupes parlementaires PDCI, UDPCI et Solidarité. Toutefois, il a évoqué le contexte inapproprié et une certaine ambivalence que créerait la mise sur pied d’une commission parlementaire entre l’Exécutif et le Parlement. Après ce premier tour de table, le président de la commission des affaires culturelles et sociales a rappelé, conformément à la Constitution, les prérogatives des députés. Le débat s’est animé entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Chacun y est allé de ses commentaires et de ses arguments. Dans un premier temps, le groupe Fpi et ses alliés, ont accepté le principe mais, ils ont souhaité que les enquêtes s’étendent jusqu’en 1960, aux premières heures de l’indépendance du pays. Pourquoi ce retour en arrière ? L’argument du groupe FPI est qu’« il y a eu des surfacturations des complexes sucriers dans ce pays, les affaires de 18 milliards, etc.» Le groupe PDCI a alors répliqué en soutenant que la période de 2005 à 2010 est raisonnable pour tenir compte des « délais de conservation des documents administratifs, qui est de cinq ans». Après un long débat sur l’exposé des motifs, est venu l’heure de son adoption. Les positions furent tranchées sur la méthode pour l’adoption du texte. Les esprits se sont alors chauffé. Chacun voulant faire valoir sa ou ses positions. Il s’en est suivit un tohu-bohu indescriptible. L’un des députés du FPI d’Abobo, du nom de Ahoké Patrice a failli porté main au président de séance, Adjoumani, bloquant ainsi les travaux pendant une vingtaine de minutes. Les députés Fpi se montrèrent de plus en plus menaçants. Des membres du service protocole ont formé une ceinture de sécurité pour protéger Adjoumani et ses collègues de la table de séance. Le secrétaire général de l’Assemblée nationale a été appelé en rescousse pour départager les deux positions. Finalement, il a décidé de procéder au vote à mains levées, après lecture de tout le dispositif légal. Le résultat fut sans ambages. La commission a rejeté la proposition, au grand soulagement du groupe FPI et ses alliés.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté