Tout feu tout flamme, le président de la Jeunesse du Mouvement des Forces de l’Avenir (JMFA), Diomandé Mamadou Noël, n’a pas la langue de bois. Pour lui, seul une prise de responsabilité de la Jeunesse pourra sauver la Côte d’Ivoire. Une vision qu’il nous explique dans cette interview.
Patriote : L’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire est marquée par ce que l’on pourrait appelé « l’affaire Tagro ». Quelle lecture en faites-vous ?
Diomandé Mamadou Noël : Pour nous, il y a deux lectures à faire de cette affaire. D’abord, il faut saluer le Pr. Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée Nationale, pour avoir eu le courage de parler de ce problème. Bien avant, tous en parlaient en Côte d’Ivoire. Tous savaient ce qui se passait. Mais il a fallu que Mamadou Koulibaly, personnalité du FPI, en parle pour que le problème ait une autre portée. A l’ENA, tout le monde savait qu’il y avait des fraudes au profit du FPI. Pour preuve, tous les jeunes candidat au concours d’entrée à l’ENA se disent : « je vais prendre ma carte de militant FPI pour être sûr d’être admis ». Et c’est la même chose au niveau des concours d’entrée à la Police et à la Gendarmerie. Que Mamadou Koulibaly soulève cela, c’est normal. Cependant, nous ne sommes pas aussi surpris que le problème soit encré jusqu’à ce point. Le ministre Désiré Tagro, dans sa logique, ne répond qu’à la volonté du Chef de l’Etat Laurent Gbagbo, qui n’a pas manqué un jour de dire ouvertement : « le PDCI a fait 40 ans. C’est notre temps, laissez-nous aussi manger ». Cela veut tout dire. Désiré Tagro n’est qu’un poulain de Laurent Gbagbo. En recrutant seulement les gens de sa région à la Police, peut-être qu’il a trop accentué, mais il n’a fait que mettre à nue ce qu’a dit Laurent Gbagbo. Donc, si Tagro est coupable, ce qui ne relève d’aucun doute, c’est que Gbagbo est bien son complice parce qu’il est l’initiateur du projet de fraude. Alors, que le Chef de l’Etat parle aujourd’hui d’assainir la vie publique n’est pas juste, parce que nous considérons que c’est lui-même qui a initié et encouragé la corruption.
LP : Vous accusez le Chef de l’Etat, mais il se trouve que c’est lui qui a demandé qu’une enquête judiciaire soit faite sur cette affaire. Cela n’est-il pas rassurant ?
DMN : Je ne le pense pas. En tout cas, pour nous, cela n’est pas du tout rassurant. Que l’instruction au procureur de la République vienne de lui, cela n’est pas du tout rassurant. Laurent Gbagbo était en voyage. Et c’est seulement à son retour qu’il saisit le procureur Tchimou afin qu’il se saisisse du dossier. Mais pour un problème national qui se posait déjà, qu’attendait Tchimou pour s’autosaisir comme il le fait d’habitude ? Il a attendu que Laurent Gbagbo revienne de son voyage pour des instructions auprès de lui. Ce qui veut dire pour nous que c’est le même Laurent Gbagbo qui lui dictera les résultats de l’enquête. Pour rappel, nous avons tous vu ce qui s’est passé avec l’enquête sur le problème des déchets toxiques. Les mêmes personnes qui ont été inculpés dans cette affaire ont été réinstallées par Laurent Gbagbo. Gossio, Amondji et Gnamien Konan ont tous été réinstallés avant même que l’enquête n’arrive à terme. Ces personnes n’ont même pas été inquiétées. Seul le ministre Innocent Anaky Kobena a été débarqué du gouvernement. Toute chose qui a démontré que l’objectif de l’enquête, c’était d’atteindre le président du MFA qui, il faut le dire, dérange beaucoup Laurent Gbagbo. Alors, que le Chef de l’Etat nous parle d’enquête, cela ne nous rassure pas. Demandez-vous pourquoi Désiré Tagro, jusque-là ne s’inquiète pas. C’est parce qu’il sait qu’il n’y aura rien. Nous pensons même qu’il s’agit d’une comédie, une manœuvre pour nous endormir et perdre le temps.
LP : Mais l’Assemblée Nationale, les députés proches de l’opposition réclament aussi une enquête parlementaire sur cette affaire. Est-ce à dire que malgré cela, vous restez pessimistes ?
DMN : Nous restons pessimiste, tout en encourageant cette demande d’enquête parlementaire. Avec l’enquête parlementaire, nous aurons un peu d’espoir quant au fait que la responsabilité de chacun doit être située. En demandant cette enquête parlementaire, les députés des groupes parlementaires PDCI, UDPCI et Solidarité veulent certainement donner une leçon.
LP : Laquelle ?
DMN : Donner de la voix et situer les responsabilités. Voila pourquoi nous saluons cette initiative. Tout en déplorant également le fait que quand il s’est agi de l’affaire des déchets toxiques, l’Assemblée Nationale est restée presque muette.
LP : Cette situation, vous l’avez brossé tout à l’heure, a quelque peu mis en veilleuse le processus électoral. La liste électorale définitive n’est toujours pas disponible. La date de la Présidentielle n’est toujours pas connue. Est-ce à dire que les élections en Côte d’Ivoire ne sont pas pour maintenant ?
DMN : Vous savez, quand on fait l’historique de la Côte d’Ivoire, même au temps du parti unique, Houphouët-Boigny faisait des élections. Laurent Gbagbo nous a dit qu’il est un enfant des élections. Mais nous savons bien qu’il n’est pas enfant des élections, parce que cela fait 10 dix ans maintenant qu’il est au pouvoir sans élection. Cela fait 10 ans qu’il fuit les élections. Il se dit démocrate. Mais la démocratie, c’est d’abord la liberté d’expression. Et la marche en Côte d’Ivoire est autorisée par notre Constitution. Mais quand les jeunes de l’opposition ont décidé de faire une marche le 15 mai, c’est lui Laurent Gbagbo qui a mis tout en œuvre pour contraindre certains de nos présidents, au niveau du RHDP, à reporter cette manifestation. Et jusqu’à aujourd’hui, le constat est là. On se rend effectivement compte que Laurent Gbagbo ne veut pas aller aux élections. Et c’est clair qu’il n’ira jamais aux élections tant qu’il ne sera pas sûr de les gagner. Rappelez-vous qu’après le report de la marche du 15 mai, Gbagbo est allé rencontrer le président Alassane Dramane Ouattara à qui il a promis la date des élections dans les prochaines semaines. Mais je pense que les Ivoiriens doivent apprendre maintenant à mieux connaître Laurent Gbagbo. Lorsqu’il a parlé de la fin du film « western », il ne nous a pas dit quand et comment ce film va se terminer. Laurent Gbagbo gère le film selon son scénario à lui. En insistant sur « prochaines semaines », Gbagbo savait bien ce qu’il visait. C’est que « prochaines semaines » veut dire autant de semaines que l’on veut. Cela peut être 10, 20, 30 et même 100 semaines. C’est clair, Gbagbo n’organisera rien. Pour preuve, il ne donne jamais une date précise. Il donne toujours une période ouverte. Face à cela, si nous voulons l’amadouer, nous n’aurons rien.
LP : Selon vous, que faire maintenant pour qu’il y ait ces élections ?
DMN : Nous, nous avions trouvé la solution. C’était de le contraindre à organiser les élections. C’est l’objectif que visait notre marche du 15 mai. C’est-à-dire, rester dans la rue jusqu’à ce que Laurent Gbagbo se décide à nous donner les élections. Un objectif que d’aucuns n’ont pas compris en parlant plutôt de « marche insurrectionnelle ». Et parlant d’insurrection, vous savez, Laurent Gbagbo a donné tellement d’occasion aux Ivoiriens de l’enlever au pouvoir. L’affaire des déchets toxiques était une occasion de l’enlever au pouvoir. Les blocages successifs de l’opération d’identification et de l’enrôlement étaient une occasion de l’enlever du pouvoir. Il a dissout de façon arbitraire la CEI et le Gouvernement. C’était là une occasion de l’enlever du pouvoir. Le 15 mai, nous voulions être dans la rue. Mais on nous a dit de reporter notre marche parce que la BAD venait. Mais de vous à moi, combien d’Ivoiriens ont profité de ce passage de la BAD ? Vous pensez que la pauvre dame qui vend des tomates au marché d’Adjamé a senti cette présence de la BAD ? Pas du tout. Le peuple continue de souffrir et nous sommes là comme si de rien n’était. Et finalement, nous sommes en train d’aller vers une situation de laquelle seul Dieu fera un miracle pour nous sortir. En tout état de cause, la jeunesse de l’opposition ivoirienne, notamment celle du MFA, va bientôt prendre ses responsabilités.
LP : En quoi faisant ?
DMN : En prenant des décisions et en posant des actes sans trop tenir compte de l’avis de nos responsables. Vous savez, ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire, toutes les souffrances dont on parle, c’est nous les jeunesses qui sommes les premières victimes. C’est donc notre vie et notre avenir qui sont en jeu. C’est pourquoi, à la JMFA, nous avions proposé, comme l’a fait notre président, le ministre Anaky Kobena, qu’on mette en place un nouvel ordre institutionnel en Côte d’Ivoire. Un nouvel ordre institutionnel sans Laurent Gbagbo.
LP : N’est-ce pas là un coup d’Etat qui ne dit pas son nom?
DMN : Je ne le pense pas. Il s’agit de mettre Laurent Gbagbo au même niveau que les autres candidats à l’élection présidentielle. C’est-à-dire qu’on désigne quelqu’un qui n’est pas candidat pour gérer les affaires courantes de l’Etat et conduire les Ivoiriens à des élections justes, transparentes et équitables. De cette façon, ce serait d’ailleurs une manière pour Laurent Gbagbo de sortir par la grande porte, très grandi.
LP : Vous insistez sur Laurent Gbagbo, pourtant c’est à la CEI que revient le droit de fixer la date des élections…
DMN : Effectivement. Il faut reconnaître que la CEI et son président sont aussi responsables de la situation de blocage du processus électoral. Si Laurent Gbagbo leur a donné un lit pour dormir, on se rend compte qu’ils n’arrivent plus à se réveiller. Mambé n’arrangeait pas le système Gbagbo. C’est pourquoi, le FPI a tout fait pour l’enlever. Mais avec Bakayoko, on sent que le FPI est plutôt à l’aise. Alors, il faut que la CEI et son président, M. Youssouf Bakayoko, aient le courage de prendre leurs responsabilités pour parler au peuple. Que M. Bakayoko nous dise exactement ce qui se passe. Et très bientôt, la jeunesse du MFA ira lui demander, pour qu’il nous dise ce qui se passe exactement. Qu’il nous dise à quel niveau ce trouve le problème. En ce moment-là, nous saurons à quoi nous en tenir.
LP : En parlant des prochaines actions, vous vous limitez à celles de la JMFA. Mais au sein de la jeunesse houphouëtiste, quelles sont les activités au menu ?
DMN : Effectivement, au RJDP, nous sommes en contact les uns avec les autres. Chaque jour, tous les quatre présidents de Jeunesse, nous nous appelons. Et bien naturellement, nous aurons bientôt des actions à mener ensemble. Mais pour l’instant, souffrez que je ne vous en dise pas plus. Au moment opportun, vous saurez ce que nous préparons.
Réalisée par Diawara Samou
Patriote : L’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire est marquée par ce que l’on pourrait appelé « l’affaire Tagro ». Quelle lecture en faites-vous ?
Diomandé Mamadou Noël : Pour nous, il y a deux lectures à faire de cette affaire. D’abord, il faut saluer le Pr. Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée Nationale, pour avoir eu le courage de parler de ce problème. Bien avant, tous en parlaient en Côte d’Ivoire. Tous savaient ce qui se passait. Mais il a fallu que Mamadou Koulibaly, personnalité du FPI, en parle pour que le problème ait une autre portée. A l’ENA, tout le monde savait qu’il y avait des fraudes au profit du FPI. Pour preuve, tous les jeunes candidat au concours d’entrée à l’ENA se disent : « je vais prendre ma carte de militant FPI pour être sûr d’être admis ». Et c’est la même chose au niveau des concours d’entrée à la Police et à la Gendarmerie. Que Mamadou Koulibaly soulève cela, c’est normal. Cependant, nous ne sommes pas aussi surpris que le problème soit encré jusqu’à ce point. Le ministre Désiré Tagro, dans sa logique, ne répond qu’à la volonté du Chef de l’Etat Laurent Gbagbo, qui n’a pas manqué un jour de dire ouvertement : « le PDCI a fait 40 ans. C’est notre temps, laissez-nous aussi manger ». Cela veut tout dire. Désiré Tagro n’est qu’un poulain de Laurent Gbagbo. En recrutant seulement les gens de sa région à la Police, peut-être qu’il a trop accentué, mais il n’a fait que mettre à nue ce qu’a dit Laurent Gbagbo. Donc, si Tagro est coupable, ce qui ne relève d’aucun doute, c’est que Gbagbo est bien son complice parce qu’il est l’initiateur du projet de fraude. Alors, que le Chef de l’Etat parle aujourd’hui d’assainir la vie publique n’est pas juste, parce que nous considérons que c’est lui-même qui a initié et encouragé la corruption.
LP : Vous accusez le Chef de l’Etat, mais il se trouve que c’est lui qui a demandé qu’une enquête judiciaire soit faite sur cette affaire. Cela n’est-il pas rassurant ?
DMN : Je ne le pense pas. En tout cas, pour nous, cela n’est pas du tout rassurant. Que l’instruction au procureur de la République vienne de lui, cela n’est pas du tout rassurant. Laurent Gbagbo était en voyage. Et c’est seulement à son retour qu’il saisit le procureur Tchimou afin qu’il se saisisse du dossier. Mais pour un problème national qui se posait déjà, qu’attendait Tchimou pour s’autosaisir comme il le fait d’habitude ? Il a attendu que Laurent Gbagbo revienne de son voyage pour des instructions auprès de lui. Ce qui veut dire pour nous que c’est le même Laurent Gbagbo qui lui dictera les résultats de l’enquête. Pour rappel, nous avons tous vu ce qui s’est passé avec l’enquête sur le problème des déchets toxiques. Les mêmes personnes qui ont été inculpés dans cette affaire ont été réinstallées par Laurent Gbagbo. Gossio, Amondji et Gnamien Konan ont tous été réinstallés avant même que l’enquête n’arrive à terme. Ces personnes n’ont même pas été inquiétées. Seul le ministre Innocent Anaky Kobena a été débarqué du gouvernement. Toute chose qui a démontré que l’objectif de l’enquête, c’était d’atteindre le président du MFA qui, il faut le dire, dérange beaucoup Laurent Gbagbo. Alors, que le Chef de l’Etat nous parle d’enquête, cela ne nous rassure pas. Demandez-vous pourquoi Désiré Tagro, jusque-là ne s’inquiète pas. C’est parce qu’il sait qu’il n’y aura rien. Nous pensons même qu’il s’agit d’une comédie, une manœuvre pour nous endormir et perdre le temps.
LP : Mais l’Assemblée Nationale, les députés proches de l’opposition réclament aussi une enquête parlementaire sur cette affaire. Est-ce à dire que malgré cela, vous restez pessimistes ?
DMN : Nous restons pessimiste, tout en encourageant cette demande d’enquête parlementaire. Avec l’enquête parlementaire, nous aurons un peu d’espoir quant au fait que la responsabilité de chacun doit être située. En demandant cette enquête parlementaire, les députés des groupes parlementaires PDCI, UDPCI et Solidarité veulent certainement donner une leçon.
LP : Laquelle ?
DMN : Donner de la voix et situer les responsabilités. Voila pourquoi nous saluons cette initiative. Tout en déplorant également le fait que quand il s’est agi de l’affaire des déchets toxiques, l’Assemblée Nationale est restée presque muette.
LP : Cette situation, vous l’avez brossé tout à l’heure, a quelque peu mis en veilleuse le processus électoral. La liste électorale définitive n’est toujours pas disponible. La date de la Présidentielle n’est toujours pas connue. Est-ce à dire que les élections en Côte d’Ivoire ne sont pas pour maintenant ?
DMN : Vous savez, quand on fait l’historique de la Côte d’Ivoire, même au temps du parti unique, Houphouët-Boigny faisait des élections. Laurent Gbagbo nous a dit qu’il est un enfant des élections. Mais nous savons bien qu’il n’est pas enfant des élections, parce que cela fait 10 dix ans maintenant qu’il est au pouvoir sans élection. Cela fait 10 ans qu’il fuit les élections. Il se dit démocrate. Mais la démocratie, c’est d’abord la liberté d’expression. Et la marche en Côte d’Ivoire est autorisée par notre Constitution. Mais quand les jeunes de l’opposition ont décidé de faire une marche le 15 mai, c’est lui Laurent Gbagbo qui a mis tout en œuvre pour contraindre certains de nos présidents, au niveau du RHDP, à reporter cette manifestation. Et jusqu’à aujourd’hui, le constat est là. On se rend effectivement compte que Laurent Gbagbo ne veut pas aller aux élections. Et c’est clair qu’il n’ira jamais aux élections tant qu’il ne sera pas sûr de les gagner. Rappelez-vous qu’après le report de la marche du 15 mai, Gbagbo est allé rencontrer le président Alassane Dramane Ouattara à qui il a promis la date des élections dans les prochaines semaines. Mais je pense que les Ivoiriens doivent apprendre maintenant à mieux connaître Laurent Gbagbo. Lorsqu’il a parlé de la fin du film « western », il ne nous a pas dit quand et comment ce film va se terminer. Laurent Gbagbo gère le film selon son scénario à lui. En insistant sur « prochaines semaines », Gbagbo savait bien ce qu’il visait. C’est que « prochaines semaines » veut dire autant de semaines que l’on veut. Cela peut être 10, 20, 30 et même 100 semaines. C’est clair, Gbagbo n’organisera rien. Pour preuve, il ne donne jamais une date précise. Il donne toujours une période ouverte. Face à cela, si nous voulons l’amadouer, nous n’aurons rien.
LP : Selon vous, que faire maintenant pour qu’il y ait ces élections ?
DMN : Nous, nous avions trouvé la solution. C’était de le contraindre à organiser les élections. C’est l’objectif que visait notre marche du 15 mai. C’est-à-dire, rester dans la rue jusqu’à ce que Laurent Gbagbo se décide à nous donner les élections. Un objectif que d’aucuns n’ont pas compris en parlant plutôt de « marche insurrectionnelle ». Et parlant d’insurrection, vous savez, Laurent Gbagbo a donné tellement d’occasion aux Ivoiriens de l’enlever au pouvoir. L’affaire des déchets toxiques était une occasion de l’enlever au pouvoir. Les blocages successifs de l’opération d’identification et de l’enrôlement étaient une occasion de l’enlever du pouvoir. Il a dissout de façon arbitraire la CEI et le Gouvernement. C’était là une occasion de l’enlever du pouvoir. Le 15 mai, nous voulions être dans la rue. Mais on nous a dit de reporter notre marche parce que la BAD venait. Mais de vous à moi, combien d’Ivoiriens ont profité de ce passage de la BAD ? Vous pensez que la pauvre dame qui vend des tomates au marché d’Adjamé a senti cette présence de la BAD ? Pas du tout. Le peuple continue de souffrir et nous sommes là comme si de rien n’était. Et finalement, nous sommes en train d’aller vers une situation de laquelle seul Dieu fera un miracle pour nous sortir. En tout état de cause, la jeunesse de l’opposition ivoirienne, notamment celle du MFA, va bientôt prendre ses responsabilités.
LP : En quoi faisant ?
DMN : En prenant des décisions et en posant des actes sans trop tenir compte de l’avis de nos responsables. Vous savez, ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire, toutes les souffrances dont on parle, c’est nous les jeunesses qui sommes les premières victimes. C’est donc notre vie et notre avenir qui sont en jeu. C’est pourquoi, à la JMFA, nous avions proposé, comme l’a fait notre président, le ministre Anaky Kobena, qu’on mette en place un nouvel ordre institutionnel en Côte d’Ivoire. Un nouvel ordre institutionnel sans Laurent Gbagbo.
LP : N’est-ce pas là un coup d’Etat qui ne dit pas son nom?
DMN : Je ne le pense pas. Il s’agit de mettre Laurent Gbagbo au même niveau que les autres candidats à l’élection présidentielle. C’est-à-dire qu’on désigne quelqu’un qui n’est pas candidat pour gérer les affaires courantes de l’Etat et conduire les Ivoiriens à des élections justes, transparentes et équitables. De cette façon, ce serait d’ailleurs une manière pour Laurent Gbagbo de sortir par la grande porte, très grandi.
LP : Vous insistez sur Laurent Gbagbo, pourtant c’est à la CEI que revient le droit de fixer la date des élections…
DMN : Effectivement. Il faut reconnaître que la CEI et son président sont aussi responsables de la situation de blocage du processus électoral. Si Laurent Gbagbo leur a donné un lit pour dormir, on se rend compte qu’ils n’arrivent plus à se réveiller. Mambé n’arrangeait pas le système Gbagbo. C’est pourquoi, le FPI a tout fait pour l’enlever. Mais avec Bakayoko, on sent que le FPI est plutôt à l’aise. Alors, il faut que la CEI et son président, M. Youssouf Bakayoko, aient le courage de prendre leurs responsabilités pour parler au peuple. Que M. Bakayoko nous dise exactement ce qui se passe. Et très bientôt, la jeunesse du MFA ira lui demander, pour qu’il nous dise ce qui se passe exactement. Qu’il nous dise à quel niveau ce trouve le problème. En ce moment-là, nous saurons à quoi nous en tenir.
LP : En parlant des prochaines actions, vous vous limitez à celles de la JMFA. Mais au sein de la jeunesse houphouëtiste, quelles sont les activités au menu ?
DMN : Effectivement, au RJDP, nous sommes en contact les uns avec les autres. Chaque jour, tous les quatre présidents de Jeunesse, nous nous appelons. Et bien naturellement, nous aurons bientôt des actions à mener ensemble. Mais pour l’instant, souffrez que je ne vous en dise pas plus. Au moment opportun, vous saurez ce que nous préparons.
Réalisée par Diawara Samou