Aujourd’hui, plus personne ne reste indifférent à l’affaire Tagro, et ce depuis que l’on tente d’éclabousser le Premier ministre, qui se trouve être le chef d’orchestre de la sortie de crise ivoirienne. Les Forces Nouvelles dont Guillaume Soro est le patron, ne supportent plus de voir leur chef régulièrement dans le viseur de ceux qu’ils accusent de « vouloir retarder les élections ». Elles ont donc décidé de s’inviter dans le débat pour prévenir les risques de dérapage susceptibles de mettre à mal l’accord politique de Ouagadougou. C’est du moins la nouvelle donne qui prévaut chez les hommes de Guillaume Soro du coté du tout nouveau groupement d’instruction IV, celui de Korhogo. Déjà, le lundi 28 juin dernier, le délégué général des Forces Nouvelles à Korhogo, Soro Kanigui Mamadou, tenait un point de presse pour dénoncer la « dangereuse démarche du camp présidentiel qui veut distraire les Ivoiriens avec cette affaire Tagro, qui est loin d’être l’attente des Ivoiriens qui ne veulent rien d’autre que les élections. » Pour Soro Kanigui, cette affaire n’aurait jamais dû s’étendre au Premier ministre. Il explique ce point de vue par le fait que lorsque le président de l’Assemblée Nationale, Mamadou Koulibaly, formulait les accusations faites à l’encontre du ministre Désiré Tagro, il n’avait nullement évoqué un chapitre relatif à Sagem ou au Premier Ministre. Dans la foulée, il avait annoncé une grande réunion le samedi 03 juillet entre tous les délégués des Forces Nouvelles de la région des Savanes, les responsables de la structure financière qui est la centrale, les représentants des Forces Nouvelles à la CEI (commission électorale indépendante) et à la CLSI (commission locale de supervision de l’indentification), les responsables de l’intendance et ceux des structures des démobilisés. Une réunion finalement reportée au samedi 10 juillet prochain. Pour l’enfant de Sirasso (nord de la Côte d’Ivoire) on ne peut pas se permettre à ce stade de gripper le processus électoral avec une « banale affaire de parti politique». Ses camarades et lui veulent donc en appeler à la vigilance de l’opinion nationale et internationale sur ce qu’attend le peuple ivoirien. « Là où le peuple ivoirien attend ses dirigeants, c’est qu’on lui dise quel est le corps électoral, qu’on donne aux citoyens leurs cartes d’identité et qu’on donne la date des élections. (…) Si on n’en parle pas aujourd’hui, demain dans la même veine, des palabres ou des soi disant palabres de familles vont s’achever et on va ouvrir la vanne de procès de cadres politiques et peut-être d’adversaires politiques en vue d’éloigner les gens de l’essentiel. Ce jour-là, il faudra que l’opinion sache que c’est quelque chose qui avait été savamment orchestré. » Avant la réunion de Korhogo, le dimanche dernier, les Forces Nouvelles de l’ex-zone 09 à Boundiali, ont invité les populations à un grand meeting pour dénoncer la mal gouvernance du Président Gbagbo et pour apporter leur soutien au Premier ministre Guillaume Soro dans l’exécution de l’accord politique de Ouaga.
Mack Dakota, Correspondant
Mack Dakota, Correspondant