Le président des jeunes du PDCI, Kouadio Konan Bertin (KKB), se prononce sur les questions brûlantes de l’heure. De l’affaire Tagro en passant par la moralisation de la vie publique annoncée par le chef de l’Etat, KKB met les points sur les ‘’i’’. Cependant, il reste convaincu que seule la tenue de la présidentielle avec l’avènement d’un nouveau président, reste le seul gage pour mettre fin à l’impunité et redorer le blason de la Côte d’Ivoire terni par la Refondation. C’est pourquoi, il s’est voulu très ferme sur la question : «On ne peut pas aller au-delà du mois d’août sans élection. Nous serons bien obligés de prendre nos responsabilités».
LP : M. le président, vous avez affirmé à une tribune que la ‘’guerre des Konan n’aura pas lieu au PDCI’’. Alors, y a-t-il ‘’une guerre’’ Bédié-Banny au PDCI?
Kouadio Konan Bertin: En disant cela à cette tribune, je répondais à la question d’un journaliste, qui avait cité nommément M. Charles Konan Banny comme étant l’instigateur des mouvements auxquels nous assistons actuellement dans la presse. J’ai donc rassuré le journaliste en question et l’ensemble des militants du PDCI, qu’effectivement, comme j’ai eu à le dire peu avant que Banny ne devienne Premier ministre, la guerre des Konan n’aura pas lieu dans ce pays. En tout cas pas au PDCI. Je reste persuadé que tous deux s’interrogent sur l’état de santé du PDCI qu’ils laisseront à leurs enfants que nous sommes. Rien qu’à chercher à répondre à cette question, je ne vois pas comment cela peut être possible. Je ne pense pas que Banny soit forcement à l’origine de ces agitations. Dans tous les cas, c’est un monsieur que nous connaissons tous, qui a tout de même la force de ses idées, de ses opinions. Si Banny avait des intentions de candidature, je pense qu’il l’aurait déclarée lui-même. Nous sommes donc sereins. Le PDCI a besoin de retourner à ses valeurs essentielles qui ont fait ses forces : le rassemblement, la cohésion, la solidarité entre ses membres. L’union faisant la force. Depuis dix ans, nous avons suivi ensemble Gbagbo qui nous a malmenés de toute part. Tout ce que nous pouvons faire, à défaut de lui emboîter le pas dans la violence, c’est d’être au moins solidaire les uns des autres, d’être au moins unis et rassemblés autour de Bedié, qui porte nos espoirs et fédère nos ambitions. On va avec Bedié à l’élection. Je l’ai dit, Bédié est un être humain. Il a ses défauts, ses qualités. Voyons en lui ce qui est positif pour le PDCI et pour la Côte d’Ivoire. Accompagnons-le ensemble. Faisons de ses faiblesses nos qualités à nous, pour que nous soyons complémentaires de lui et qu’on aille vaincre Gbagbo. Une fois que cela est fait, ceux qui veulent qu’on fasse des discours, on le fera, il n’y a aucun souci. Voilà donc ce qui est de notre position au niveau des jeunes du PDCI RDA. Pour le reste, je vous rassure, le PDCI que je connais, se porte bien.
LP : Pourtant, plusieurs déclarations ont été faites au sein de votre parti sur la question. Peut-on dire qu’il y a des velléités de candidatures autres que celles de Bédié au PDCI, à l’occasion de la prochaine élection présidentielle?
KKB: A ma connaissance non. C’est pourquoi, je voudrais conseiller par ces temps qui courent la sérénité. Il faut que nous évitions nous-mêmes de verser dans la faiblesse, donnant ainsi l’impression qu’il y a problème au sein du parti. Alors qu’en réalité, il n’y en a pas du tout. Nous n’allons pas nous-mêmes ouvrir le débat comme si on était subitement devenu frileux, comme si on manquait de confiance en nous-mêmes. Le PDCI nous a mis là pour le gérer au quotidien. Gérons-le comme il se doit pour que, justement, on tienne compte de tout le monde. C’est de cela qu’il s’agit. Sinon, il faut éviter de donner des signes de frilosité. Parce qu’en réalité, il n’ y a pas le feu en la demeure. S’il y avait quelque chose, je vous l’aurais dit. Il n’y a rien du tout. Par contre, je dis que c’est inhérent à la vie de tous les partis politiques, toutes les organisations. Un parti politique où les membres s’ennuient, ne savent pas quoi faire, ce parti-là, traverse les remous. La rumeur s’installe. Oui, nos militants s’ennuient. Ils ne savent pas quoi faire. Parce qu’il n’y a pas d’élection depuis dix ans. Nous savons tous que Gbagbo n’est pas l’homme du dialogue. Nous savons tous qu’il n’ira pas à l’élection présidentielle, parce qu’il sait qu’il est minoritaire. Gbagbo nous mène et on assiste. Voilà la situation.
LP : Combien de temps va encore durer cette situation que vous dénoncez?
KKB : Je ne sais pas combien de temps elle va durer encore. Et pourtant, on ne veut pas la vivre comme une fatalité. Et ce peuple là, ne peut pas vivre ce qui lui arrive comme une fatalité, encore longtemps. Les Ivoiriens n’en peuvent plus. C’est pourquoi j’ai toujours été d’avis qu’ils doivent prendre leur responsabilité. Parce que tant que les Ivoiriens n’auront pas contraint Gbagbo à aller à l’élection, il n’ira pas à ces élections. Je ne crois pas en lui du tout.
LP : En tant que leaders de jeunes des 4 partis du RHDP, vous aviez entamé une série de manifestation dans ce sens. Ces actions ont été recadrées par la direction du RHDP. Avez-vous dès lors baissé les bras?
KKB: Non, pas du tout. Tant que la marche n’est pas achevée, on ne baisse pas le balancement des bras. Tant que nous n’aurons pas libéré la Côte d’Ivoire, tant que nous n’aurons pas obtenu l’élection présidentielle pour mettre fin aux souffrances de peuple de Côte d’Ivoire, nous nous sentons investis d’une mission à laquelle on ne peut pas se dérober. Je dis que nous ne pouvons pas baisser les bras. Nous observons un moment, parce qu’il semble que depuis quelque temps, il y a un dialogue qui est amorcé entre nous Ivoiriens. Nous sommes des purs produits du PDCI RDA. Nous savons que le dialogue est l’arme des forts. Là on en doute – parce que pour dialoguer, il faut deux volontés affichées pour aller au dialogue – c’est quand on sait que Gbagbo n’est pas un homme de dialogue. Sinon nous sommes convaincus des vertus du dialogue comme arme politique. Mais je le dis et je le répète, si vous n’avez pas quelqu’un en face pour vouloir dialoguer, vous risquez de verser dans un monologue en vous donnant l’impression que vous dialoguez. C’est de cela qu’il s’agit. Comme c’est ouvert, il y a un deadline. On observe ces choses-là. On ne peut toutefois pas aller au-delà du mois d’août sans élection dans ce pays. Nous serons bien obligés de prendre nos responsabilités, d’engager autre chose parce que cela ne peut plus continuer.
LP : A quand la marche des jeunes pour mettre fin à cette situation que vous dénoncez?
KKB: Il y a une période de dialogue qui est ouverte. Nous suivons cette période de très près, parce que nous croyons au dialogue. Mais, je pense qu’à partir du mois d’août, s’il n’y a pas de lisibilité, nous allons nous retrouver pour en tirer les conclusions.
LP : Parlant du dialogue, le Premier ministre avait à la suite d’une rencontre entre les acteurs, indiqué qu’il annoncerait la date de l’élection dans les mois à venir. Croyez-vous à cette annonce?
KKB : Cela fait des années que le Premier ministre, qui a battu tous les records à la Primature, nous annonce les dates. Je suis devenu maintenant Saint Thomas. Je ne croirai que lorsque j’aurai vu. Je ne mets pas en cause la bonne volonté du Premier ministre, qui se bat depuis qu’il est là et qui nous a permis de poser des pas importants. Mais, comme je l’ai dit, il est dans un processus où il n’est pas seul. Ils sont au moins deux signataires de l’accord. Il faut que les deux aient la volonté affichée d’aller ensemble à la même vitesse. Mais si Guillaume Soro va à 200 km / h et que Gbagbo va à 30 km / h, il va de soit que toutes ses initiatives, bonnes ou pas seront vaines.
LP: Vous accablez le chef de l’Etat qui, selon vous n’a pas envie d’aller aux élections, alors qu’il y a la CEI qui, elle, organise cette élection et n’a même donné encore la date de la présidentielle.
KKB : La CEI n’est indépendante que de nom. Depuis le jour où on s’est débarrassé de Mambé, j’avais compris, moi, la suite. D’aucuns penseraient que nous avons quelque chose contre un individu. L’actuel président de la CEI était anciennement militant du PDCI, parce que j’estime que quand on est à ce niveau de responsabilité, on a le droit de réserve. Il doit être neutre pour organiser les élections pour que celles-ci ne soient pas contestées. Cela dit, depuis que Youssouf Bakayoko est arrivé, plus question de la CEI, c’est Gbagbo maintenant qui dit quand on sera prêt, on fixera la date. La CEI ne dit plus rien ! La CEI s’est aliénée, elle s’est sabordée, elle n’est pas libre. Elle n’est indépendante que de nom. Tout est contrôlé par Laurent Gbagbo. Cela n’est un secret pour personne. Tout cela nous inquiète. La CEI aura-t-elle la capacité d’annoncer demain la défaite de Laurent Gbagbo ? Tout cela nous inquiète. Je voudrais dire à Youssouf Bakayoko que les Ivoiriens l’observent. C’est un diplomate chevronné, maintenant à la tête de la CEI, les Ivoiriens l’observent.
LP : L’actualité politique est actuellement dominée par l’affaire Tagro. Est-ce que cela vous étonne de lui, vous qui semblez connaître l’homme, ces accusations contre lui, vous étonne-t-elles?
KKB : Non vraiment. Alors pas du tout. Il a développé le tribalisme dans les recrutements pendant longtemps. Depuis qu’ils sont là, au lieu d’organiser un concours national, ils ont organisé des séances de recensement de leur propre tribu. Mais à quelles fins ? Comment peut-on aller à la construction d’une Nation forte, une et indivisible, prospère, dans les conditions pareilles ? Ce sont des faits graves. Tout cela ne fait que ternir l’image de la Côte d’Ivoire, que nous avons mis quarante ans à bâtir. Mamadou Koulibaly et Désiré Tagro, bonnet blanc, blanc bonnet. Quand on connaît un mal, il faut attaquer le mal à son origine. L’origine du mal, c’est le FPI. Cet appareil qui secrète tous les voleurs, tous ces grands bandits à col blanc au sommet de l’Etat, c’est cela le FPI, un parti de voyous.
LP : Que pensez-vous de l’enquête lancée par le Chef de l’Etat pour tirer au clair la question?
KKB : A quel titre ordonne-t-il la moralisation de la vie publique ? Pour qu’il soit habilité à le faire, il faut bien qu’il soit Président de la République. Est Président de la République, celui qui est élu pour un mandat bien précis, qui est selon la constitution, de 5 ans. Vous convenez avec moi, que tout cela est du faux. Tout cela est illégal. On baigne dans l’illégalité absolue. Au nom de quoi, celui qui est au pouvoir sans légitimé peut-il ordonner la moralisation de la vie publique ? Allons à l’élection d’abord. Avant de balayer chez les autres, il faut d’abord balayer chez soi. Il faut être propre pour prétendre rendre les autres propres. La constitution impose à Gbagbo de se faire élire pour 5 ans. Mais quand on fait fi de tout cela, on n’a aucune légitimité. Il ne peut donc pas moraliser la Côte d’Ivoire. Il ne peut pas être une poche de moralité. Nous baignons dans une confusion générale. Tout cela concourt à décrédibiliser la classe politique en générale. Les Ivoiriens, à ce rythme, pourront ne plus faire confiance aux hommes politiques. C’est comme si on était dans une scène de théâtre, on fait n’importe quoi devant les Ivoiriens qui nous assistent. Nous sommes en train de pervertir la politique.
Réalisée par Yves-M. ABIET
LP : M. le président, vous avez affirmé à une tribune que la ‘’guerre des Konan n’aura pas lieu au PDCI’’. Alors, y a-t-il ‘’une guerre’’ Bédié-Banny au PDCI?
Kouadio Konan Bertin: En disant cela à cette tribune, je répondais à la question d’un journaliste, qui avait cité nommément M. Charles Konan Banny comme étant l’instigateur des mouvements auxquels nous assistons actuellement dans la presse. J’ai donc rassuré le journaliste en question et l’ensemble des militants du PDCI, qu’effectivement, comme j’ai eu à le dire peu avant que Banny ne devienne Premier ministre, la guerre des Konan n’aura pas lieu dans ce pays. En tout cas pas au PDCI. Je reste persuadé que tous deux s’interrogent sur l’état de santé du PDCI qu’ils laisseront à leurs enfants que nous sommes. Rien qu’à chercher à répondre à cette question, je ne vois pas comment cela peut être possible. Je ne pense pas que Banny soit forcement à l’origine de ces agitations. Dans tous les cas, c’est un monsieur que nous connaissons tous, qui a tout de même la force de ses idées, de ses opinions. Si Banny avait des intentions de candidature, je pense qu’il l’aurait déclarée lui-même. Nous sommes donc sereins. Le PDCI a besoin de retourner à ses valeurs essentielles qui ont fait ses forces : le rassemblement, la cohésion, la solidarité entre ses membres. L’union faisant la force. Depuis dix ans, nous avons suivi ensemble Gbagbo qui nous a malmenés de toute part. Tout ce que nous pouvons faire, à défaut de lui emboîter le pas dans la violence, c’est d’être au moins solidaire les uns des autres, d’être au moins unis et rassemblés autour de Bedié, qui porte nos espoirs et fédère nos ambitions. On va avec Bedié à l’élection. Je l’ai dit, Bédié est un être humain. Il a ses défauts, ses qualités. Voyons en lui ce qui est positif pour le PDCI et pour la Côte d’Ivoire. Accompagnons-le ensemble. Faisons de ses faiblesses nos qualités à nous, pour que nous soyons complémentaires de lui et qu’on aille vaincre Gbagbo. Une fois que cela est fait, ceux qui veulent qu’on fasse des discours, on le fera, il n’y a aucun souci. Voilà donc ce qui est de notre position au niveau des jeunes du PDCI RDA. Pour le reste, je vous rassure, le PDCI que je connais, se porte bien.
LP : Pourtant, plusieurs déclarations ont été faites au sein de votre parti sur la question. Peut-on dire qu’il y a des velléités de candidatures autres que celles de Bédié au PDCI, à l’occasion de la prochaine élection présidentielle?
KKB: A ma connaissance non. C’est pourquoi, je voudrais conseiller par ces temps qui courent la sérénité. Il faut que nous évitions nous-mêmes de verser dans la faiblesse, donnant ainsi l’impression qu’il y a problème au sein du parti. Alors qu’en réalité, il n’y en a pas du tout. Nous n’allons pas nous-mêmes ouvrir le débat comme si on était subitement devenu frileux, comme si on manquait de confiance en nous-mêmes. Le PDCI nous a mis là pour le gérer au quotidien. Gérons-le comme il se doit pour que, justement, on tienne compte de tout le monde. C’est de cela qu’il s’agit. Sinon, il faut éviter de donner des signes de frilosité. Parce qu’en réalité, il n’ y a pas le feu en la demeure. S’il y avait quelque chose, je vous l’aurais dit. Il n’y a rien du tout. Par contre, je dis que c’est inhérent à la vie de tous les partis politiques, toutes les organisations. Un parti politique où les membres s’ennuient, ne savent pas quoi faire, ce parti-là, traverse les remous. La rumeur s’installe. Oui, nos militants s’ennuient. Ils ne savent pas quoi faire. Parce qu’il n’y a pas d’élection depuis dix ans. Nous savons tous que Gbagbo n’est pas l’homme du dialogue. Nous savons tous qu’il n’ira pas à l’élection présidentielle, parce qu’il sait qu’il est minoritaire. Gbagbo nous mène et on assiste. Voilà la situation.
LP : Combien de temps va encore durer cette situation que vous dénoncez?
KKB : Je ne sais pas combien de temps elle va durer encore. Et pourtant, on ne veut pas la vivre comme une fatalité. Et ce peuple là, ne peut pas vivre ce qui lui arrive comme une fatalité, encore longtemps. Les Ivoiriens n’en peuvent plus. C’est pourquoi j’ai toujours été d’avis qu’ils doivent prendre leur responsabilité. Parce que tant que les Ivoiriens n’auront pas contraint Gbagbo à aller à l’élection, il n’ira pas à ces élections. Je ne crois pas en lui du tout.
LP : En tant que leaders de jeunes des 4 partis du RHDP, vous aviez entamé une série de manifestation dans ce sens. Ces actions ont été recadrées par la direction du RHDP. Avez-vous dès lors baissé les bras?
KKB: Non, pas du tout. Tant que la marche n’est pas achevée, on ne baisse pas le balancement des bras. Tant que nous n’aurons pas libéré la Côte d’Ivoire, tant que nous n’aurons pas obtenu l’élection présidentielle pour mettre fin aux souffrances de peuple de Côte d’Ivoire, nous nous sentons investis d’une mission à laquelle on ne peut pas se dérober. Je dis que nous ne pouvons pas baisser les bras. Nous observons un moment, parce qu’il semble que depuis quelque temps, il y a un dialogue qui est amorcé entre nous Ivoiriens. Nous sommes des purs produits du PDCI RDA. Nous savons que le dialogue est l’arme des forts. Là on en doute – parce que pour dialoguer, il faut deux volontés affichées pour aller au dialogue – c’est quand on sait que Gbagbo n’est pas un homme de dialogue. Sinon nous sommes convaincus des vertus du dialogue comme arme politique. Mais je le dis et je le répète, si vous n’avez pas quelqu’un en face pour vouloir dialoguer, vous risquez de verser dans un monologue en vous donnant l’impression que vous dialoguez. C’est de cela qu’il s’agit. Comme c’est ouvert, il y a un deadline. On observe ces choses-là. On ne peut toutefois pas aller au-delà du mois d’août sans élection dans ce pays. Nous serons bien obligés de prendre nos responsabilités, d’engager autre chose parce que cela ne peut plus continuer.
LP : A quand la marche des jeunes pour mettre fin à cette situation que vous dénoncez?
KKB: Il y a une période de dialogue qui est ouverte. Nous suivons cette période de très près, parce que nous croyons au dialogue. Mais, je pense qu’à partir du mois d’août, s’il n’y a pas de lisibilité, nous allons nous retrouver pour en tirer les conclusions.
LP : Parlant du dialogue, le Premier ministre avait à la suite d’une rencontre entre les acteurs, indiqué qu’il annoncerait la date de l’élection dans les mois à venir. Croyez-vous à cette annonce?
KKB : Cela fait des années que le Premier ministre, qui a battu tous les records à la Primature, nous annonce les dates. Je suis devenu maintenant Saint Thomas. Je ne croirai que lorsque j’aurai vu. Je ne mets pas en cause la bonne volonté du Premier ministre, qui se bat depuis qu’il est là et qui nous a permis de poser des pas importants. Mais, comme je l’ai dit, il est dans un processus où il n’est pas seul. Ils sont au moins deux signataires de l’accord. Il faut que les deux aient la volonté affichée d’aller ensemble à la même vitesse. Mais si Guillaume Soro va à 200 km / h et que Gbagbo va à 30 km / h, il va de soit que toutes ses initiatives, bonnes ou pas seront vaines.
LP: Vous accablez le chef de l’Etat qui, selon vous n’a pas envie d’aller aux élections, alors qu’il y a la CEI qui, elle, organise cette élection et n’a même donné encore la date de la présidentielle.
KKB : La CEI n’est indépendante que de nom. Depuis le jour où on s’est débarrassé de Mambé, j’avais compris, moi, la suite. D’aucuns penseraient que nous avons quelque chose contre un individu. L’actuel président de la CEI était anciennement militant du PDCI, parce que j’estime que quand on est à ce niveau de responsabilité, on a le droit de réserve. Il doit être neutre pour organiser les élections pour que celles-ci ne soient pas contestées. Cela dit, depuis que Youssouf Bakayoko est arrivé, plus question de la CEI, c’est Gbagbo maintenant qui dit quand on sera prêt, on fixera la date. La CEI ne dit plus rien ! La CEI s’est aliénée, elle s’est sabordée, elle n’est pas libre. Elle n’est indépendante que de nom. Tout est contrôlé par Laurent Gbagbo. Cela n’est un secret pour personne. Tout cela nous inquiète. La CEI aura-t-elle la capacité d’annoncer demain la défaite de Laurent Gbagbo ? Tout cela nous inquiète. Je voudrais dire à Youssouf Bakayoko que les Ivoiriens l’observent. C’est un diplomate chevronné, maintenant à la tête de la CEI, les Ivoiriens l’observent.
LP : L’actualité politique est actuellement dominée par l’affaire Tagro. Est-ce que cela vous étonne de lui, vous qui semblez connaître l’homme, ces accusations contre lui, vous étonne-t-elles?
KKB : Non vraiment. Alors pas du tout. Il a développé le tribalisme dans les recrutements pendant longtemps. Depuis qu’ils sont là, au lieu d’organiser un concours national, ils ont organisé des séances de recensement de leur propre tribu. Mais à quelles fins ? Comment peut-on aller à la construction d’une Nation forte, une et indivisible, prospère, dans les conditions pareilles ? Ce sont des faits graves. Tout cela ne fait que ternir l’image de la Côte d’Ivoire, que nous avons mis quarante ans à bâtir. Mamadou Koulibaly et Désiré Tagro, bonnet blanc, blanc bonnet. Quand on connaît un mal, il faut attaquer le mal à son origine. L’origine du mal, c’est le FPI. Cet appareil qui secrète tous les voleurs, tous ces grands bandits à col blanc au sommet de l’Etat, c’est cela le FPI, un parti de voyous.
LP : Que pensez-vous de l’enquête lancée par le Chef de l’Etat pour tirer au clair la question?
KKB : A quel titre ordonne-t-il la moralisation de la vie publique ? Pour qu’il soit habilité à le faire, il faut bien qu’il soit Président de la République. Est Président de la République, celui qui est élu pour un mandat bien précis, qui est selon la constitution, de 5 ans. Vous convenez avec moi, que tout cela est du faux. Tout cela est illégal. On baigne dans l’illégalité absolue. Au nom de quoi, celui qui est au pouvoir sans légitimé peut-il ordonner la moralisation de la vie publique ? Allons à l’élection d’abord. Avant de balayer chez les autres, il faut d’abord balayer chez soi. Il faut être propre pour prétendre rendre les autres propres. La constitution impose à Gbagbo de se faire élire pour 5 ans. Mais quand on fait fi de tout cela, on n’a aucune légitimité. Il ne peut donc pas moraliser la Côte d’Ivoire. Il ne peut pas être une poche de moralité. Nous baignons dans une confusion générale. Tout cela concourt à décrédibiliser la classe politique en générale. Les Ivoiriens, à ce rythme, pourront ne plus faire confiance aux hommes politiques. C’est comme si on était dans une scène de théâtre, on fait n’importe quoi devant les Ivoiriens qui nous assistent. Nous sommes en train de pervertir la politique.
Réalisée par Yves-M. ABIET