La rencontre Yamoussoukro met en évidence deux choses: le Pdci est traversé par une grave crise; son Secrétaire général, le Pr Djédjé Mady use de feintes et d’astuces là où Charles Konan Banny donne astucieusement des éclaires qui annoncent le grand déballage. Eclairage sur un flou politique comme on en connait tant, en Côte d’Ivoire.
La crise au sein du pdci
La rencontre de Yamoussoukro commence, selon la tradition des sociétés où s’harmonisent le matériel et le spirituel, par la foi et la raison. On s’adresse au monde spirituel pour lui demander soutien et surtout pour résoudre un problème grave. Le patriarche chargé de cette mission importante et délicate est Nanan Béhibro Kouakou, chef de terre à Yamoussoukro. Au cours de la libation, il fait deux ‘‘échappées’’ volontaires. Premièrement, il ne demande pas aux ancêtres, la réussite de la cérémonie, mais leur présente plutôt la maladie du Pdci: « Le Pdci est en panne et est au garage. J’en appelle aux mannes de nos ancêtres »
Cette échappée montre que le mal est profond. Il est un souci, une angoisse qui prend le pas sur tous les autres. C’est un préalable. La deuxième échappée, c’est le fait que Nanan Béhibro Kouakou évoque l’après Konan Bédié. Le patriarche, dans son rôle de sacrificateur, montre qu’il ne croit pas à la fin de la crise ou plus précisément, au futur avec Bédié. La mission de Bédié, pour le chef-prêtre, consiste à « réparer et essayer ». Après cela, il doit remettre le volant au nouveau conducteur « Le Pdci est en panne et est au garage. J’en appelle aux mannes de nos ancêtres pour que le président Henri Konan Bédié puisse très rapidement le réparer, l’essayer et remettre le volant à un autre chauffeur pour le conduire à bon port ».
Djédjé Mady identifie le problème du Pdci en ces termes : « Parce que comme tous les cadres conscients du parti, il (Banny) est de ceux-là qui savent que ce qui compte d`abord, c`est ce message, cette mission que nous a léguée Houphouët-Boigny, ce combat qu`il nous a demandé de continuer après lui, ensemble. Il nous a prévenus, et c`est parce qu`on ne l`a pas écouté qu`on en est là. Houphouët a dit : ‘‘Mes enfants, tant que vous restez unis, vous gouvernerez ce pays encore pendant 50 ans’’. Oui, notre union, notre volonté d`aller ensemble de l`avant, notre cohésion est l`arme fatale. Le reste n`a pas d`importance. L`argent, la pauvreté, ça vient après. Mais est-ce qu`on veut mener le combat ensemble ? Est-ce qu`on veut s`épauler ? Est-ce qu`on veut comprendre ? ».
Oui le Professeur Mady nomme le mal qui a rendu le Pdci malade : la division, l’exclusion. Voila ce dont souffre le Pdci. Ailleurs, il précise sa pensée : « Sachons que la politique est différente du tennis. C`est comme au football, c`est en équipe qu`on gagne. On ne gagne pas individuellement. Si nous nous amusons à nous diviser, personne ne gagnera. On aura réussi à faire reculer le Pdci dans son ensemble. Je suis venu à Yamoussoukro pour dire : Pardon, restons unis. Restons unis ».
Djédjé Mady, médecin de formation, dit que si le Pdci est malade, c’est parce qu’il a perdu son unité. Cette unité, le Pdci l’a perdue avec la naissance du Rdr, à cause de la peur bleue qu’avait Konan Bédié pour Alassane. Cette déchirure était purulente, quand s’est ouverte une autre plaie avec l’Udpci; aggravant donc l’hémorragie. Si, selon la prière de Nanan Béhibro Kouakou, Bédié doit faire la réparation, cela signifie qu’il doit refaire l’unité du Pdci, c`est-à-dire donner un contenu réel au Rhdp. Konan Bédié a-t-il pris ce chemin ? Konan Bédié a-t-il un tel programme ?
La réponse est indiscutablement non. Je dirai même qu’il y a plutôt une autre déchirure, une autre division par processus d’exclusion qui menace le Pdci. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est aisé de comprendre que Bédié, ayant une peur bleue de Konan Banny comme hier, il en eut de Ouattara, peut faire subir à Banny l’humiliation qu’il a fait subir à Alassane. Alors, il sortira un autre Djéni Kobinan pour créer une ‘‘mouvance Banny’’ qui deviendra une autre plaie.
Djédjé Mady sentant le problème, met en garde : « Si nous nous amusons à nous diviser, personne ne gagnera. On aura réussi à faire reculer le Pdci dans son ensemble. Je suis venu à Yamoussoukro pour dire : Pardon, restons unis. Restons unis ».
A ces propos responsables et lucides de Djédjé Mady, s’ajoutent ceux, autoritaires, de Charles Konan Banny qui dit clairement qu’il ne sera pas traité comme Alassane, car il est aussi fils de la maison et même, peut-être, plus que Djédjé Mady qui en est un disciple. Prenant appui sur ses racines, c’est en langue du terroir qu’il relève l’exclusion dans le discours du chef de terre qu’il invite à l’ouverture car, pour lui, la fermeture est mort et assassinat : « Je voudrais vous inviter à plutôt confier le sort de chacun des enfants aux mannes de nos ancêtres, au Dieu-tout puissant, plutôt qu’à souhaiter sa mort. Cela peut paraître comme si nous ne souhaitons que le malheur de l’adversaire (…) ».
Se tournant vers les cadres du Pdci, il appelle à une démocratisation du débat au sein du parti. Il sait que le refus de la concertation crée les conditions de la confrontation. Cette confrontation peut déboucher sur la déchirure, l’affaiblissement et la mort. C’est après ces deux précisions qu’il dit clairement qu’il ne sera pas traité comme Alassane et que « Personne ne pourra l’exclure ». Car il est aussi fils de la maison et non un étranger : « Je suis fils de ce terroir. Je suis fils du Pdci. Je suis fils de Yamoussoukro. Et, je vous l’ai dit, la maison du père est notre maison à tous. En ce qui me concerne, que personne, je dis bien personne, ne pense qu’il va réussir à me faire quitter la maison de mon père. (…) Que je n’entende plus murmurer les mots d’exclusion qui sont incompatibles avec la philosophie du Pdci»
Bédié et Banny: deux écoles différentes
Bédié est l’homme du passé qui marche vers la fin. Il est centré sur lui-même. Par la fermeture et le repli sur soi-même et au non de soi-même, il peut aller loin dans la déchirure et même, jusqu’à l’acte de parricide. Un tel homme est incapable de sacrifice et peut tout violenter pour soi. Banny, au contraire, se pose comme l’homme de l’ouverture, de l’acceptation des contradictions, du regroupement et du futur.
Après avoir salué la présence dans la salle de nombreux dignitaires du parti, Banny déclare : « L’avenir ne peut pas se construire dans l’oubli de l’histoire. L’avenir ne peut pas se construire sans souvenir. Mais on ne reste pas dans les souvenirs. Il faut pouvoir se projeter en avant ; et c’est pourquoi je voudrais remercier les jeunes frères qui ont œuvré à la naissance de cette assemblée. Car pour moi, c’est un instrument d’avenir dans ce difficile défi qui nous est lancé de faire renaître la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est morte, il faut la faire renaître. Et pour cela, il faut s’organiser ; et je vois dans la naissance de cette assemblée comme un des instruments qui vont permettre à ce parti de reprendre les rênes du pouvoir, pour faire renaître la Côte d’Ivoire ».
Djédjé Mady ne contredit pas cette position de Banny. Il rend ce témoignage : « Je voudrais remercier le grand frère Charles Konan Banny, Premier ministre, pour sa constance. Dans les conditions qui sont les siennes, d`être fils de la maison. Et tout à l`heure, dans son allocution, le mot " fils " avait un tel sifflement qu`on voyait qu`il venait du cœur. Je suis un témoin privilégié pour rappeler ici que, quand Charles Konan Banny est revenu de Dakar, nommé Premier ministre dans les conditions que nous savons tous, après avoir participé aux prières faites à la mémoire d`Houphouët-Boigny car, ça coïncidait avec l`anniversaire de son décès, la première démarche officielle de Charles Konan Banny, c`était à l`endroit du Pdci-Rda. Il était accompagné par Kouadio Eugène et moi, j`étais aux côtés d`Henri Konan Bédié, quand le Premier ministre Charles Konan Banny a dit qu`il venait déposer dans la maison de son père, le Pdci-Rda, ses bagages pour la mission qu`on venait de lui confier. Et que son succès serait le succès du Pdci. Son échec, l`échec du Pdci. Et qu`il venait remettre à Bédié la mission qu`on venait de lui confier. (….). Les contacts qui se sont aussi établis pendant ce mandat entre Bédié et son jeune frère Banny, Dieu seul en connaît la qualité. Après tout, cela a dépassé les problèmes de candidature. Ici même à Yamoussoukro, Charles Konan Banny, publiquement, a déclaré son soutien à Henri Konan Bédié et qu`il ferait campagne pour cela. » Ndlr : ces propos ont été tenus en 2008.
Banny se définit donc comme un missionnaire qui travaille pour le Pdci et la Côte d’Ivoire. Si cela signifie qu’il ne sortira pas du Pdci, cela signifie aussi qu’il n’entreprendra rien qui puisse l’affaiblir. La question est celle-ci donc: Et si la difficulté du Pdci était interne, que doit-il faire s’il veut rester constant à sa philosophie ? Doit-il accepter l’amoindrissement de la maison paternelle ? Doit-il se rendre complice de l’inefficacité actuelle du Pdci, par passivité et inaction ? Doit-il aider activement à l’amoindrir ? Voici le problème que soulève la rencontre de Yamoussoukro. Pour répondre à ces questions, recherchons l’origine du problème.
Aux origines du problème
Le problème qui vient de naître au Pdci est-il un problème de rébellion ? S’agit-il d’un acte de déstabilisation venu de l’extérieur ? Le problème a-t-il une cause endogène ? Djédjé Mady ne passe pas par quatre chemin pour accuser l’étranger, l’extérieur : « Je vous en prie, il ne faudrait pas qu`on nous divertisse. Il y a des gens qui veulent jouer avec nous. Comme ils savent que si nous sommes unis, le Pdci gagnera alors, comment faire pour que nous ne soyons pas unis ? Moi, je ne leur en veux pas, dêh! Je serais à leur place que je ferais la même chose. Car, si mon adversaire peut être faible, pourquoi voulez-vous que je m`empêche de l`affaiblir ? A nous de comprendre que nous ne sommes pas des poissons face au pêcheur. Parce que, quand le pêcheur va à la pêche, il n`a pas envie de nourrir les poissons. Il met un appât et il jette l`hameçon. Le poisson qui croit qu`on est venu lui donner à manger se fait prendre et on le mange, évidemment. Non, on est plus que des poissons. Et on ne se laissera pas tromper. Restons sereins ».
Djédjé Mady se trompe ; et cela se traduit dans la solution qu’il préconise : « Chacun d`entre nous a sa place ou aura sa place. »
Non, Pr Mady. Ce n’est pas un problème de place. C’est un problème de temps, de saison, d’ouverture et d’alternative historique. L’enjeu ici, c’est l’avenir, le devenir et non le passé. Le Pdci vit l’une des conséquences de la guerre et du report des élections. Nul en Côte d’Ivoire, au Pdci et même Bédié lui-même, n’aurait avancer que Bédié serait candidat à partir de l’an 2010. Même la constitution ne l’accepte pas. Avec le report des élections, Gbagbo a eu un ‘‘mandat cadeau’’. Mais ce mandat cadeau est celui de Bédié. Son temps est fini, mais il veut utiliser le temps de son successeur, celui de Banny. Cela produit le même conflit qui existe entre un vieux fonctionnaire appelé à faire valoir ses droits à la retraite et un nouveau fonctionnaire qui doit prendre service pour remplacer ‘‘le vieux’’. Le vieux refuse de prendre sa retraite pour laisser le jeune travailler, car il a peur de la retraite. C’est le même problème au sein du Pdci, et il est posé par le temps. C’est comme quand le jour surprend un sorcier qui opère la nuit. Les vieux vont-ils se livrer à l’avortement pour leur confort ? Feront-ils de la limitation des naissances la sécurité de l’emploi ? Ou alors, les vieux vont-ils se faire hara Kiri pour laisser les jeunes s’épanouir et, avec eux, la Côte d’Ivoire ? C’est ce problème que le Pdci doit résoudre. Il faut donc ouvrir le débat.
Le temps et les élections
Le Pdci n’est pas le seul à vivre ce problème. Plus nous reportons les élections, plus des Ivoiriens entrent dans la sphère du vote. Faut-il les empêcher de voter ? Aujourd’hui, la secousse au Fpi entre Koulibaly et Tagro est liée au temps. Si Gbagbo n’avait pas eu ce ‘‘mandat cadeau’’, il n’y aurait pas une si grande propension à l’immoralité dans l’administration ivoirienne et dans le pays entier. Actuellement, au Fpi, le choix du successeur de Gbagbo serait fait, et le Fpi serait entrain de faire l’unité autour du remplaçant de Gbagbo.
Tagro n’est pas un futur. Il symbolise l’arrogance et la corruption du Fpi. Le Fpi aura sa survie grâce à la moralisation et la réhabilitation de son programme originel. Et c’est Mamdou Koulibaly qui incarne ce lendemain. Dans le même moment, les Force nouvelles doivent régler le problème du futur qui est entrain de devenir un présent. L’Udpci a résolu ce problème en remplaçant son président et son secrétaire. C’est une prouesse. Aujourd’hui, la crise montre que le successeur de Bédié, c’est inévitablement Banny, et que le temps de Bédié est fini. Mais Bédié refuse de partir. Le Pdci doit se retrouver et ouvrir le débat.
Djédjé Mady dit : « Le tour de chacun viendra quand Dieu l`aura décidé. Houphouët-Boigny nous l`a dit que quand Dieu a prévu quelque chose pour quelqu`un, les hommes peuvent retarder l`avènement de ce que Dieu a prévu ; mais les hommes ne peuvent pas annuler ce que Dieu a prévu. Si Dieu l`a prévu, ça finit toujours par arriver. Mais si Dieu ne l`a pas prévu pour vous, vous vous battrez bec et ongles, et au moment où vous croyez que vous allez saisir votre proie, vous tombez raide comme électrocuté, parce que Dieu ne l`a pas prévu pour vous. »
Question: Et si Elohim avait décidé que la présidentielle pour Bédié s’est arrêtée en décembre 1999 ? Quelles conséquences la prise en compte d’une telle éventualité peut avoir sur le Pdci et le Rhdp ? Avons-nous pensé à cela ? Il faut ouvrir le débat. L’une des solutions, c’est de faire sauter la limitation de l’âge dans les candidatures pour altérer la pression sur les partis politiques.
Face à une telle crise, Djédjé Mady ferme la cérémonie en ces termes : « En venant ce matin à Yamoussoukro, j`avais le cœur léger. Parce que j`étais convaincu que cette Assemblée générale ne pouvait pas ne pas donner le résultat que nous voyons. Et c`est pour ça que pour ceux qui sont sourds et aveugles, je dirais quelques mots, sinon j`allais dire que je déclare close l`Assemblée générale (….). D`où vient que des esprits chagrins veulent, par des insinuations qui ne disent pas leur nom, créer des problèmes là où il n`y en a pas ? (…). Que les chiens aboient, la caravane passera ». Quelle assurance insolente ! Yamoussoukro ne fait pas le constat qu’il n’y a pas de problème. Yamoussoukro a été, en réalité, l’espace où le problème a cessé d’être une rumeur pour être sérieusement posé. Les jours qui suivent seront consacrés à son traitement.
Non ! Le sourd et l’aveugle est-ce Djédjé Mady lui-même ? Son discours montre qu’il ne l’est pas et qu’il connaît bien la maison. Djédjé Mady joue donc, de manière expresse, au sourd et à l’aveugle, et cela peut être fatal à sa formation politique. Djédjé Mady a des excuses : il ne peut que faire ce qu’il fait, selon le rôle qu’il doit jouer, et selon la tradition. Même la presse du Pdci ne peut qu’aller dans ce sens. Mais la dynamique des évènements n’est pas soumise à la tradition d’un parti politique. La tradition ne pourra que la rendre plus complexe. C’est pour cela qu’il faut, au Pdci, des hommes suffisamment libérés du poids de cette tradition pour soulever les problèmes et pousser ce parti à leur résolution. Le chemin pris par le Pdci n’est pas bon. Il faut ouvrir la réflexion sur cette crise qui est sérieuse. Bédié est il condamné à combattre ses successeurs au point de remettre en cause l’unité de la famille et le devenir de la Côte d’Ivoire ?
Shalom!
Professeur Koné Abou Bakary Sidick
Porte Parole de la Kehila des
Limmoudim de Rabbi Ieshoua ha Mashiah
07/80/48/76
konesidick@yahoo.fr
La crise au sein du pdci
La rencontre de Yamoussoukro commence, selon la tradition des sociétés où s’harmonisent le matériel et le spirituel, par la foi et la raison. On s’adresse au monde spirituel pour lui demander soutien et surtout pour résoudre un problème grave. Le patriarche chargé de cette mission importante et délicate est Nanan Béhibro Kouakou, chef de terre à Yamoussoukro. Au cours de la libation, il fait deux ‘‘échappées’’ volontaires. Premièrement, il ne demande pas aux ancêtres, la réussite de la cérémonie, mais leur présente plutôt la maladie du Pdci: « Le Pdci est en panne et est au garage. J’en appelle aux mannes de nos ancêtres »
Cette échappée montre que le mal est profond. Il est un souci, une angoisse qui prend le pas sur tous les autres. C’est un préalable. La deuxième échappée, c’est le fait que Nanan Béhibro Kouakou évoque l’après Konan Bédié. Le patriarche, dans son rôle de sacrificateur, montre qu’il ne croit pas à la fin de la crise ou plus précisément, au futur avec Bédié. La mission de Bédié, pour le chef-prêtre, consiste à « réparer et essayer ». Après cela, il doit remettre le volant au nouveau conducteur « Le Pdci est en panne et est au garage. J’en appelle aux mannes de nos ancêtres pour que le président Henri Konan Bédié puisse très rapidement le réparer, l’essayer et remettre le volant à un autre chauffeur pour le conduire à bon port ».
Djédjé Mady identifie le problème du Pdci en ces termes : « Parce que comme tous les cadres conscients du parti, il (Banny) est de ceux-là qui savent que ce qui compte d`abord, c`est ce message, cette mission que nous a léguée Houphouët-Boigny, ce combat qu`il nous a demandé de continuer après lui, ensemble. Il nous a prévenus, et c`est parce qu`on ne l`a pas écouté qu`on en est là. Houphouët a dit : ‘‘Mes enfants, tant que vous restez unis, vous gouvernerez ce pays encore pendant 50 ans’’. Oui, notre union, notre volonté d`aller ensemble de l`avant, notre cohésion est l`arme fatale. Le reste n`a pas d`importance. L`argent, la pauvreté, ça vient après. Mais est-ce qu`on veut mener le combat ensemble ? Est-ce qu`on veut s`épauler ? Est-ce qu`on veut comprendre ? ».
Oui le Professeur Mady nomme le mal qui a rendu le Pdci malade : la division, l’exclusion. Voila ce dont souffre le Pdci. Ailleurs, il précise sa pensée : « Sachons que la politique est différente du tennis. C`est comme au football, c`est en équipe qu`on gagne. On ne gagne pas individuellement. Si nous nous amusons à nous diviser, personne ne gagnera. On aura réussi à faire reculer le Pdci dans son ensemble. Je suis venu à Yamoussoukro pour dire : Pardon, restons unis. Restons unis ».
Djédjé Mady, médecin de formation, dit que si le Pdci est malade, c’est parce qu’il a perdu son unité. Cette unité, le Pdci l’a perdue avec la naissance du Rdr, à cause de la peur bleue qu’avait Konan Bédié pour Alassane. Cette déchirure était purulente, quand s’est ouverte une autre plaie avec l’Udpci; aggravant donc l’hémorragie. Si, selon la prière de Nanan Béhibro Kouakou, Bédié doit faire la réparation, cela signifie qu’il doit refaire l’unité du Pdci, c`est-à-dire donner un contenu réel au Rhdp. Konan Bédié a-t-il pris ce chemin ? Konan Bédié a-t-il un tel programme ?
La réponse est indiscutablement non. Je dirai même qu’il y a plutôt une autre déchirure, une autre division par processus d’exclusion qui menace le Pdci. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est aisé de comprendre que Bédié, ayant une peur bleue de Konan Banny comme hier, il en eut de Ouattara, peut faire subir à Banny l’humiliation qu’il a fait subir à Alassane. Alors, il sortira un autre Djéni Kobinan pour créer une ‘‘mouvance Banny’’ qui deviendra une autre plaie.
Djédjé Mady sentant le problème, met en garde : « Si nous nous amusons à nous diviser, personne ne gagnera. On aura réussi à faire reculer le Pdci dans son ensemble. Je suis venu à Yamoussoukro pour dire : Pardon, restons unis. Restons unis ».
A ces propos responsables et lucides de Djédjé Mady, s’ajoutent ceux, autoritaires, de Charles Konan Banny qui dit clairement qu’il ne sera pas traité comme Alassane, car il est aussi fils de la maison et même, peut-être, plus que Djédjé Mady qui en est un disciple. Prenant appui sur ses racines, c’est en langue du terroir qu’il relève l’exclusion dans le discours du chef de terre qu’il invite à l’ouverture car, pour lui, la fermeture est mort et assassinat : « Je voudrais vous inviter à plutôt confier le sort de chacun des enfants aux mannes de nos ancêtres, au Dieu-tout puissant, plutôt qu’à souhaiter sa mort. Cela peut paraître comme si nous ne souhaitons que le malheur de l’adversaire (…) ».
Se tournant vers les cadres du Pdci, il appelle à une démocratisation du débat au sein du parti. Il sait que le refus de la concertation crée les conditions de la confrontation. Cette confrontation peut déboucher sur la déchirure, l’affaiblissement et la mort. C’est après ces deux précisions qu’il dit clairement qu’il ne sera pas traité comme Alassane et que « Personne ne pourra l’exclure ». Car il est aussi fils de la maison et non un étranger : « Je suis fils de ce terroir. Je suis fils du Pdci. Je suis fils de Yamoussoukro. Et, je vous l’ai dit, la maison du père est notre maison à tous. En ce qui me concerne, que personne, je dis bien personne, ne pense qu’il va réussir à me faire quitter la maison de mon père. (…) Que je n’entende plus murmurer les mots d’exclusion qui sont incompatibles avec la philosophie du Pdci»
Bédié et Banny: deux écoles différentes
Bédié est l’homme du passé qui marche vers la fin. Il est centré sur lui-même. Par la fermeture et le repli sur soi-même et au non de soi-même, il peut aller loin dans la déchirure et même, jusqu’à l’acte de parricide. Un tel homme est incapable de sacrifice et peut tout violenter pour soi. Banny, au contraire, se pose comme l’homme de l’ouverture, de l’acceptation des contradictions, du regroupement et du futur.
Après avoir salué la présence dans la salle de nombreux dignitaires du parti, Banny déclare : « L’avenir ne peut pas se construire dans l’oubli de l’histoire. L’avenir ne peut pas se construire sans souvenir. Mais on ne reste pas dans les souvenirs. Il faut pouvoir se projeter en avant ; et c’est pourquoi je voudrais remercier les jeunes frères qui ont œuvré à la naissance de cette assemblée. Car pour moi, c’est un instrument d’avenir dans ce difficile défi qui nous est lancé de faire renaître la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est morte, il faut la faire renaître. Et pour cela, il faut s’organiser ; et je vois dans la naissance de cette assemblée comme un des instruments qui vont permettre à ce parti de reprendre les rênes du pouvoir, pour faire renaître la Côte d’Ivoire ».
Djédjé Mady ne contredit pas cette position de Banny. Il rend ce témoignage : « Je voudrais remercier le grand frère Charles Konan Banny, Premier ministre, pour sa constance. Dans les conditions qui sont les siennes, d`être fils de la maison. Et tout à l`heure, dans son allocution, le mot " fils " avait un tel sifflement qu`on voyait qu`il venait du cœur. Je suis un témoin privilégié pour rappeler ici que, quand Charles Konan Banny est revenu de Dakar, nommé Premier ministre dans les conditions que nous savons tous, après avoir participé aux prières faites à la mémoire d`Houphouët-Boigny car, ça coïncidait avec l`anniversaire de son décès, la première démarche officielle de Charles Konan Banny, c`était à l`endroit du Pdci-Rda. Il était accompagné par Kouadio Eugène et moi, j`étais aux côtés d`Henri Konan Bédié, quand le Premier ministre Charles Konan Banny a dit qu`il venait déposer dans la maison de son père, le Pdci-Rda, ses bagages pour la mission qu`on venait de lui confier. Et que son succès serait le succès du Pdci. Son échec, l`échec du Pdci. Et qu`il venait remettre à Bédié la mission qu`on venait de lui confier. (….). Les contacts qui se sont aussi établis pendant ce mandat entre Bédié et son jeune frère Banny, Dieu seul en connaît la qualité. Après tout, cela a dépassé les problèmes de candidature. Ici même à Yamoussoukro, Charles Konan Banny, publiquement, a déclaré son soutien à Henri Konan Bédié et qu`il ferait campagne pour cela. » Ndlr : ces propos ont été tenus en 2008.
Banny se définit donc comme un missionnaire qui travaille pour le Pdci et la Côte d’Ivoire. Si cela signifie qu’il ne sortira pas du Pdci, cela signifie aussi qu’il n’entreprendra rien qui puisse l’affaiblir. La question est celle-ci donc: Et si la difficulté du Pdci était interne, que doit-il faire s’il veut rester constant à sa philosophie ? Doit-il accepter l’amoindrissement de la maison paternelle ? Doit-il se rendre complice de l’inefficacité actuelle du Pdci, par passivité et inaction ? Doit-il aider activement à l’amoindrir ? Voici le problème que soulève la rencontre de Yamoussoukro. Pour répondre à ces questions, recherchons l’origine du problème.
Aux origines du problème
Le problème qui vient de naître au Pdci est-il un problème de rébellion ? S’agit-il d’un acte de déstabilisation venu de l’extérieur ? Le problème a-t-il une cause endogène ? Djédjé Mady ne passe pas par quatre chemin pour accuser l’étranger, l’extérieur : « Je vous en prie, il ne faudrait pas qu`on nous divertisse. Il y a des gens qui veulent jouer avec nous. Comme ils savent que si nous sommes unis, le Pdci gagnera alors, comment faire pour que nous ne soyons pas unis ? Moi, je ne leur en veux pas, dêh! Je serais à leur place que je ferais la même chose. Car, si mon adversaire peut être faible, pourquoi voulez-vous que je m`empêche de l`affaiblir ? A nous de comprendre que nous ne sommes pas des poissons face au pêcheur. Parce que, quand le pêcheur va à la pêche, il n`a pas envie de nourrir les poissons. Il met un appât et il jette l`hameçon. Le poisson qui croit qu`on est venu lui donner à manger se fait prendre et on le mange, évidemment. Non, on est plus que des poissons. Et on ne se laissera pas tromper. Restons sereins ».
Djédjé Mady se trompe ; et cela se traduit dans la solution qu’il préconise : « Chacun d`entre nous a sa place ou aura sa place. »
Non, Pr Mady. Ce n’est pas un problème de place. C’est un problème de temps, de saison, d’ouverture et d’alternative historique. L’enjeu ici, c’est l’avenir, le devenir et non le passé. Le Pdci vit l’une des conséquences de la guerre et du report des élections. Nul en Côte d’Ivoire, au Pdci et même Bédié lui-même, n’aurait avancer que Bédié serait candidat à partir de l’an 2010. Même la constitution ne l’accepte pas. Avec le report des élections, Gbagbo a eu un ‘‘mandat cadeau’’. Mais ce mandat cadeau est celui de Bédié. Son temps est fini, mais il veut utiliser le temps de son successeur, celui de Banny. Cela produit le même conflit qui existe entre un vieux fonctionnaire appelé à faire valoir ses droits à la retraite et un nouveau fonctionnaire qui doit prendre service pour remplacer ‘‘le vieux’’. Le vieux refuse de prendre sa retraite pour laisser le jeune travailler, car il a peur de la retraite. C’est le même problème au sein du Pdci, et il est posé par le temps. C’est comme quand le jour surprend un sorcier qui opère la nuit. Les vieux vont-ils se livrer à l’avortement pour leur confort ? Feront-ils de la limitation des naissances la sécurité de l’emploi ? Ou alors, les vieux vont-ils se faire hara Kiri pour laisser les jeunes s’épanouir et, avec eux, la Côte d’Ivoire ? C’est ce problème que le Pdci doit résoudre. Il faut donc ouvrir le débat.
Le temps et les élections
Le Pdci n’est pas le seul à vivre ce problème. Plus nous reportons les élections, plus des Ivoiriens entrent dans la sphère du vote. Faut-il les empêcher de voter ? Aujourd’hui, la secousse au Fpi entre Koulibaly et Tagro est liée au temps. Si Gbagbo n’avait pas eu ce ‘‘mandat cadeau’’, il n’y aurait pas une si grande propension à l’immoralité dans l’administration ivoirienne et dans le pays entier. Actuellement, au Fpi, le choix du successeur de Gbagbo serait fait, et le Fpi serait entrain de faire l’unité autour du remplaçant de Gbagbo.
Tagro n’est pas un futur. Il symbolise l’arrogance et la corruption du Fpi. Le Fpi aura sa survie grâce à la moralisation et la réhabilitation de son programme originel. Et c’est Mamdou Koulibaly qui incarne ce lendemain. Dans le même moment, les Force nouvelles doivent régler le problème du futur qui est entrain de devenir un présent. L’Udpci a résolu ce problème en remplaçant son président et son secrétaire. C’est une prouesse. Aujourd’hui, la crise montre que le successeur de Bédié, c’est inévitablement Banny, et que le temps de Bédié est fini. Mais Bédié refuse de partir. Le Pdci doit se retrouver et ouvrir le débat.
Djédjé Mady dit : « Le tour de chacun viendra quand Dieu l`aura décidé. Houphouët-Boigny nous l`a dit que quand Dieu a prévu quelque chose pour quelqu`un, les hommes peuvent retarder l`avènement de ce que Dieu a prévu ; mais les hommes ne peuvent pas annuler ce que Dieu a prévu. Si Dieu l`a prévu, ça finit toujours par arriver. Mais si Dieu ne l`a pas prévu pour vous, vous vous battrez bec et ongles, et au moment où vous croyez que vous allez saisir votre proie, vous tombez raide comme électrocuté, parce que Dieu ne l`a pas prévu pour vous. »
Question: Et si Elohim avait décidé que la présidentielle pour Bédié s’est arrêtée en décembre 1999 ? Quelles conséquences la prise en compte d’une telle éventualité peut avoir sur le Pdci et le Rhdp ? Avons-nous pensé à cela ? Il faut ouvrir le débat. L’une des solutions, c’est de faire sauter la limitation de l’âge dans les candidatures pour altérer la pression sur les partis politiques.
Face à une telle crise, Djédjé Mady ferme la cérémonie en ces termes : « En venant ce matin à Yamoussoukro, j`avais le cœur léger. Parce que j`étais convaincu que cette Assemblée générale ne pouvait pas ne pas donner le résultat que nous voyons. Et c`est pour ça que pour ceux qui sont sourds et aveugles, je dirais quelques mots, sinon j`allais dire que je déclare close l`Assemblée générale (….). D`où vient que des esprits chagrins veulent, par des insinuations qui ne disent pas leur nom, créer des problèmes là où il n`y en a pas ? (…). Que les chiens aboient, la caravane passera ». Quelle assurance insolente ! Yamoussoukro ne fait pas le constat qu’il n’y a pas de problème. Yamoussoukro a été, en réalité, l’espace où le problème a cessé d’être une rumeur pour être sérieusement posé. Les jours qui suivent seront consacrés à son traitement.
Non ! Le sourd et l’aveugle est-ce Djédjé Mady lui-même ? Son discours montre qu’il ne l’est pas et qu’il connaît bien la maison. Djédjé Mady joue donc, de manière expresse, au sourd et à l’aveugle, et cela peut être fatal à sa formation politique. Djédjé Mady a des excuses : il ne peut que faire ce qu’il fait, selon le rôle qu’il doit jouer, et selon la tradition. Même la presse du Pdci ne peut qu’aller dans ce sens. Mais la dynamique des évènements n’est pas soumise à la tradition d’un parti politique. La tradition ne pourra que la rendre plus complexe. C’est pour cela qu’il faut, au Pdci, des hommes suffisamment libérés du poids de cette tradition pour soulever les problèmes et pousser ce parti à leur résolution. Le chemin pris par le Pdci n’est pas bon. Il faut ouvrir la réflexion sur cette crise qui est sérieuse. Bédié est il condamné à combattre ses successeurs au point de remettre en cause l’unité de la famille et le devenir de la Côte d’Ivoire ?
Shalom!
Professeur Koné Abou Bakary Sidick
Porte Parole de la Kehila des
Limmoudim de Rabbi Ieshoua ha Mashiah
07/80/48/76
konesidick@yahoo.fr