Diabaté Bê a débarqué à notre rédaction hier avec en main, un exemplaire de votre quotidien qui avait barré sa manchette avec l’information : « Blé Goudé crache sur Mamadou Koulibaly ». Dans cette interview, il apporte la réplique au président du Cojep.
Vous dites avoir été choqué par la « Une » de L’EXPRESSION d’hier. Qu’est ce qui vous dérange dans ce titre ?
Ce qui me dérange dans ce titre, c’est que n’importe insulte le président du Parlement. Je suis choqué par le fait n’importe qui parle n’importe comment du numéro deux du régime. Je ne suis pas d’accord. Nous devons sortir du ‘‘blakroya’’. Il faut que nous soyons responsables. Koulibaly est le numéro deux du régime, je n’admets donc pas que n’importe qui parle de lui de cette manière.
Blé Goudé accuse le président Mamadou Koulibaly d’avoir violé des secrets d’Etat. Pensez-vous que ce n’est pas juste?
Blé Goudé a tort de dire que le président Koulibaly a violé des secrets d’Etat. Les faits que le président de l’Assemblée nationale a dénoncés ne sont pas des secrets. Car personne ne peut nous convaincre que dénoncer le tribalisme, le clientélisme, le népotisme signifie qu’on a violé des secrets d’Etat. D’abord, il faut qu’il sache ce qu’on appelle un secret d’Etat qui n’est rien d’autre que la divulgation d’une information qui peut porter atteinte à la cohésion sociale, à la Nation. En quoi dénoncer le tribalisme au niveau de l’Ecole de police peut déranger le fonctionnement de l’Etat ?
Mais Blé Goudé reproche au président Koulibaly de s’être répandu en public alors qu’il aurait pu saisir le président Laurent Gbagbo pour lui faire part de ses griefs.
Que les gens ne voient pas le président Koulibaly comme un simple professeur d’université. Mais qu’ils se réfèrent au fonctionnement des institutions de la République. Il est le président de l’Assemblée et cette fonction lui donne le droit d’interpeller, de jeter un regard sur le fonctionnement de l’Exécutif. Il n’a pas besoin de le faire dans une chambre parce qu’il est le représentant du peuple. C’est un élu et il a fait sa déclaration à l’Assemblée nationale. Quoi de plus normal ! Qu’a-t-il dit de si mauvais qui puisse déranger les partisans du ministre Désiré Tagro ? Il n’a fait que suivre les traces du président de la République qui est le numéro un du régime. Le chef de l’Etat, le 9 juin 2008 a dit que nous devons combattre la corruption. Et une semaine plus tard, il fait mettre nos camarades du café cacao en prison. Personne n’a eu à redire, au contraire, tout le monde a applaudi. Quand le 12 février 2010, Laurent Gbagbo a dit publiquement qu’il y a la fraude à l’Ena et le même soir, il dissout le gouvernement et fait partir nos camarades. Tout le monde a trouvé que c’était juste. Mais quand le numéro deux du même régime vient dire qu’il y a des doutes sur des informations reçues et demande une enquête parlementaire pour découvrir la vérité, cela fait partie du fonctionnement normal des institutions. Quand le président de l’Assemblée nationale demande une enquête parlementaire, les résultats sont remis au pouvoir exécutif qui est le président de la République. Comment peut-on dire que le président de l’Assemblée combat le chef de l’Etat quand on sait que dans le fonctionnement des institutions, il n’a aucun pouvoir de poursuite judiciaire. Pourquoi nos camarades font du « blakroya » au sommet de l’Etat ?
Est-ce que les propos tenus par Blé Goudé à Menekré ne sont pas symptomatiques de la guerre des clans qui prévaut au Fpi ?
Attention, Blé Goudé n’a jamais été militant du Fpi, il n’a jamais possédé de carte de ce parti. C’est qui me révolte d’ailleurs. Nous avons mené ce débat au sein du parti qui a nommé un médiateur pour régler le problème qui est considéré comme clos. Mais comme des gens savent que leur financier ou leur poulain a tort et ne peut pas s’en sortir dans cette affaire, ils utilisent des seconds couteaux comme Blé Goudé pour venir distraire et influencer l’enquête conduite par le procureur de la République. Nous disons non et devons être vigilants. Si Tagro est impliqué dans ce qui lui est reproché, on n’a pas besoins d’aller chercher ailleurs des individus pour venir distraire les Ivoiriens qui sont assez matures et savent où se trouve la vérité.
En quoi les sorties de Blé Goudé et d’Ané Eric sont-ils de nature à influencer l’enquête du procureur ?
Je trouve que la sortie d’Ané Eric est très maladroite. Je ne sais pas à qui il fait allusion quand il affirme que n’importe qui ne peut pas être chef. Si c’est au président Koulibaly qu’il fait allusion, alors il se trompe lourdement. C’est parce que n’importe qui ne devient pas chef que n’importe qui ne parle pas n’importe comment. C’est Dieu qui établit le pouvoir. Quand vous reconnaissez quelqu’un comme le président de l’Assemblée nationale, il a droit à un minimum d’égard dû à son rang. On a le devoir de le respecter, de choisir les mots pour s’adresser à lui. Mais les camarades ne le font pas. Leurs sorties visent à influencer le travail du procureur Tchimou Raymond. Mais les Ivoiriens savent qu’on ne peut pas cacher le soleil avec la main. Ils savent que c’est du temps perdu et que tôt ou tard, la vérité va finir par éclater. Nous attendons les résultats pour agir. Tous les Ivoiriens savent ce qui se passe dans le concours d’entrée à la police.
D’aucuns disent que cette enquête du procureur est tout juste une opération cosmétique pour blanchir le ministre Désiré Tagro. Ce serait une véritable mise en scène. Qu’en pensez-vous ?
Le président de la République est un homme sérieux que je respecte. Je ne pense pas qu’il puisse tomber dans le petit jeu des petites gens qui s’agitent autour de Tagro. L’enquête commanditée par le chef de l’Etat va donner des résultats satisfaisants aux Ivoiriens. Dans le cas contraire, le tribunal populaire jugera.
On a vu des gens manifester contre Mamadou Koulibaly devant l’Assemblée nationale. Et jusque-là, aucun groupe ne s’est manifesté en sa faveur. Est-ce qu’il est soutenu dans ce combat ?
Je peux vous assurer que Mamadou Koulibaly est dix fois plus soutenu par le peuple que Tagro. Parce qu’aucun Ivoirien sérieux ne peut soutenir la corruption, le tribalisme, le népotisme que le président Koulibaly dénonce. Qu’a-t-il dit de si grave qu’on n’a jamais dit dans ce pays ? Qu’a-t-il fait de mauvais ? Même quand il parle de l’accord de Ouaga, tout le monde a dit ici que l’Apo a échoué. Est-ce parce qu’il s’appelle Koulibaly qu’on doit le sanctionner? Quand des jeunes ont manifesté devant le parlement, des gens et surtout les femmes de tous les quartiers d’Abidjan ont voulu apporter la riposte. Je leur ai dit de mettre balle à terre et de ne pas tomber dans le petit jeu des petits politiciens qui n’ont connu Laurent Gbagbo que lorsqu’il a accédé au pouvoir. Ce n’est pas comme nous qui l’avons aimé et suivi depuis l’opposition. Nous ne sommes pas des arrivistes au Fpi. Nous avons lutté avec lui. Nous l’avons défendu au risque de notre vie parce qu’il faisait un travail formidable. Il faut qu’on arrête de pratiquer le tribalisme au sein du parti et au niveau de l’Etat. J’ai demandé à tous ceux qui voulaient manifester pour Koulibaly de mettre balle à terre. Mais comme nous avons constaté que ceux qui mangent à la table du chef de l’Etat continuent de parler et racontent n’importe quoi, c’est pour cette raison que j’ai décidé de parler. Je suis prêt à relever n’importe quel défi et je n’ai pas peur. Si c’est pour se défier, on est prêt. Si nous avons affronté les rebelles, ce n’est pas eux qu’on va craindre. On nous a demandé de changer d’option politique mais nous avons dit non et que c’est Laurent Gbagbo que nous soutenons. Ce n’est pas de petits plaisantins, parce qu’ils mangent avec le chef, qui vont venir s’amuser avec nous.
On vous a vu dans la galaxie patriotique avec Charles Blé Goudé, aujourd’hui vous êtes très amer contre lui. Est-ce à dire que la guerre est déclarée entre vous ?
Ce n’est pas une déclaration de guerre. Je veux simplement rappeler Blé Goudé à l’ordre. Je veux lui demander de sortir du Blaklôrôya et qu’il considère que nous sommes maintenant des hommes mûrs. S’il se considère comme tel et qu’il sorte de ce schéma. Blé Goudé est dans la galaxie patriotique, moi je suis membre de la direction du Fpi, nous les avons soutenus pour défendre la République. Ce n’est pas parce que vous faites des magouilles avec des gens qu’il faut les défendre bec et ongle. Pourquoi quand Hubert Oulaye a été chassé du gouvernement, on a n’a pas senti cette solidarité autour de lui ? Il est le président du comité de contrôle du Fpi. Qui il n’a pas aidé dans le parti y compris Blé Goudé? Il en est de même pour Léon Emmanuel Monnet et Gnepa Barthelemy qui était le directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique. Nous avons estimé que le chef a pris des décisions pour assainir un peu son entourage et nous nous sommes alignés derrière ces décisions. Aujourd’hui, on demande qu’une petite enquête parlementaire soit menée pour la lumière sur un certain nombre de choses à l’école de police et ça provoque un tollé ! Ah bon ! C’est parce qu’il s’agit de Tagro qu’on parle de violation de secret d’état ? Il faut qu’on soit sérieux dans ce pays.
On reproche à Koulibaly son indiscipline. Le chef de l’Etat a déjà ouvert une enquête judiciaire. Pourquoi s’accroche t-il à l’enquête parlementaire ?
Ceux qui disent ce genre de choses ne connaissent pas le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Que ceux qui se posent ce genre de questions aillent sur le site de l’Assemblée nationale et ils seront éclairés sur la procédure. Quand le président Koulibaly a été saisi par des groupes parlementaires, il y a eu une réunion de la conférence des présidents et le même jour, pour dire qu’il ne défie pas le chef de l’Etat, il a écrit au garde des sceaux, ministre de la Justice. C’est lui qui doit répondre par écrit au président de l’Assemblée nationale qu’il y a déjà une procédure qui est déjà engagée et qu’il n’est plus nécessaire d’enclencher une autre procédure.
Dans cette affaire, le député William Atteby qui soutenait fermement le président Koulibaly Mamadou a retourné sa veste au parlement. Qu’est ce qui a pu se passer ?
Il n’a pas retourné sa veste. Il y a des compromis et certains camarades ont eu à dire que le président de l’Assemblée nationale veut défier le chef de l’Etat. Ce n’est pas une défiance. Cette action s’inscrit dans la ligne du fonctionnement de l’Assemblement nationale. Si Koulibaly bloque la requête des groupes parlementaires, on serait dans une dictature. Au parlement, Atteby n’a fait que défendre ce que nous avons convenu. Le groupe parlementaire a décidé de s’opposer à la procédure parce qu’un enquête sérieuse ne pouvait pas être faite dans ce laps de temps. Nous sommes à quelques mois des élections, même si la date n’est pas encore précise. Dans cette mouvance de préparation des élections, ce n’est pas évident qu’on ait les moyens et le temps matériel pour mener une enquête sérieuse.
D’aucuns disent qu’on veut pousser Mamadou Koulibaly à sortir du Fpi. Dans les agoras et parlements, on indique qu’il est sur le départ.
Oui, des gens veulent pousser Mamadou Koulibaly et tous ceux qui sont avec lui vers la porte de sortie. Je vais vous dire de façon claire et net que ce serait trop facile. En ce qui concerne Diabaté Bêh, ce serait, en tout cas trop facile à quitter le Fpi. Quand tu as consacré toute ta jeunesse à un parti politique, quand tu as risqué toute ta vie pour la cause de ce parti et tu t’es saigné pour son accession au pouvoir, ce serait trop facile de le laisser dans la main des arrivistes. Après avoir résisté pendant dix ans, après avoir combattu la rébellion, ça serait trop facile. Le combat que vient d’engager Mamadou Koulibaly, nous allons le mener au sein du Front populaire ivoirien et soyez rassurés, nous aurons la victoire sur les adeptes des pratiques mafieuses.
Il se susurre aussi Koulibaly et ses hommes sont en train de préparer un courant au sein du Fpi. Qu’en est-il ?
Vous devez comprendre que le Fpi est un front qui compte en son sein un ensemble d’idéologies. Vous pouvez y trouver des socialistes, des communistes etc. C’est pourquoi, il y a à tout moment, des débats au sein du parti et faire ces débats ne signifie pas que les gens veulent quitter le Fpi. La différence entre le Fpi et les autres partis politiques se situe à ce niveau. Nous pouvons faire des débats en interne comme ce que vous constatez actuellement, mais après, on se retrouve comme un seul homme. Nous l’a fait pour que le Fpi soit un parti crédible parce que nous avons constaté qu’à un certain moment, il y a des affairistes et des arrivistes qui veulent s’accaparer le parti. Il y a des déviations que nous ne saurons tolérer. C’est pourquoi, nous demandons aux gens de rester calmes. Nous allons redresser ce parti. Nous allons nettoyer autour du chef de l’Etat pour sa victoire au premier tour parce que nous ne pouvons pas cautionner que des gens fassent des malversations par ci, par là et qu’on mette tout cela sur le compte de Laurent Gbagbo. Les gens comme les Blé Goudé, tous ceux qui dilapident les fonds publics ou qui ont les pratiques mafieuses ne rendent pas du tout service à Laurent Gbagbo. Quand Blé Goudé parle, certains ont l’impression que c’est la voix de Gbagbo, or il n’en est rien du tout.
Voulez-vous dire que Gbagbo n’est pas informé de la loi des 2/3 postes réservés au Fpi?
Gbagbo n’a jamais dit à quelqu`un de pratiquer du tribalisme dans sa gestion. Si comme Gbagbo était comme ceux qui s’agitent actuellement, moi qui vous parle, je ne serais jamais nommé conseiller économique et social à moins de 30 ans d’âge. Ce n’est pas parce que ceux qui s’agitent occupent une certaine position et courent partout qu’on dira qu’ils aiment Laurent Gbagbo plus que nous. Le travail que nous faisons va plutôt renforcer la position du chef et le rendre plus crédible dans l’esprit des populations.
Vous aviez entamé des tournées de proximité dans les quartiers hostiles au Fpi et depuis un certain moment, on ne voit plus rien. Qu’est ce qui se passe ?
Nous fonctionnons selon la volonté de notre patron qui est Laurent Gbagbo. Si à un moment donné, Gbagbo nous a choisis pour nous confier une mission précise et s’il pense que nous avons atteint ses objectifs, il nous demande de mettre bal à terre et on attaque tel autre secteur. Il a pris Mamadou Koulibaly, nous l’avons appuyé et nous sommes allés très forts. Nous avons recruté dans les bastions du Rdr à Abidjan. C’est grâce notre travail que des gens osent aujourd’hui s’afficher Fpi dans les « dioulabougou ». Après ce travail, quand des gens mangent, ils sont contents, ils viennent s’asseoir et se complaisent à dire que Koulibaly n’a rien apporté au Fpi. Que les gens qui disent de choses fassent très attention.
Comment entrevoyez-vous la suite de cette bataille que vous engagez ?
J’appelle tous ceux qui soutiennent le combat de Koulibaly à la sérénité. Je voudrais leur dire que Koulibaly a choisi le bon chemin. A un certain moment de la marche d’une nation, il faut des gens qui osent. Il faut mettre fin à la constitution des mafias au sein du Fpi sinon nous allons fragiliser l’Etat, la Côte d’Ivoire va régresser alors que nous avons promis aux Ivoiriens de renforcer la Côte d’Ivoire. Nous avons promis un pays émergeant aux Ivoiriens, mais on ne peut pas construire un état émergeant avec le tribalisme, la corruption et le népotisme.
Interview réalisée par Traoré M. Ahmed et Kra Bernard
Légende/ Diabaté Bê a décidé de soutenir ouvertement Mamadou Koulibaly dans le combat qui l’oppose à Désiré Tagro.
Vous dites avoir été choqué par la « Une » de L’EXPRESSION d’hier. Qu’est ce qui vous dérange dans ce titre ?
Ce qui me dérange dans ce titre, c’est que n’importe insulte le président du Parlement. Je suis choqué par le fait n’importe qui parle n’importe comment du numéro deux du régime. Je ne suis pas d’accord. Nous devons sortir du ‘‘blakroya’’. Il faut que nous soyons responsables. Koulibaly est le numéro deux du régime, je n’admets donc pas que n’importe qui parle de lui de cette manière.
Blé Goudé accuse le président Mamadou Koulibaly d’avoir violé des secrets d’Etat. Pensez-vous que ce n’est pas juste?
Blé Goudé a tort de dire que le président Koulibaly a violé des secrets d’Etat. Les faits que le président de l’Assemblée nationale a dénoncés ne sont pas des secrets. Car personne ne peut nous convaincre que dénoncer le tribalisme, le clientélisme, le népotisme signifie qu’on a violé des secrets d’Etat. D’abord, il faut qu’il sache ce qu’on appelle un secret d’Etat qui n’est rien d’autre que la divulgation d’une information qui peut porter atteinte à la cohésion sociale, à la Nation. En quoi dénoncer le tribalisme au niveau de l’Ecole de police peut déranger le fonctionnement de l’Etat ?
Mais Blé Goudé reproche au président Koulibaly de s’être répandu en public alors qu’il aurait pu saisir le président Laurent Gbagbo pour lui faire part de ses griefs.
Que les gens ne voient pas le président Koulibaly comme un simple professeur d’université. Mais qu’ils se réfèrent au fonctionnement des institutions de la République. Il est le président de l’Assemblée et cette fonction lui donne le droit d’interpeller, de jeter un regard sur le fonctionnement de l’Exécutif. Il n’a pas besoin de le faire dans une chambre parce qu’il est le représentant du peuple. C’est un élu et il a fait sa déclaration à l’Assemblée nationale. Quoi de plus normal ! Qu’a-t-il dit de si mauvais qui puisse déranger les partisans du ministre Désiré Tagro ? Il n’a fait que suivre les traces du président de la République qui est le numéro un du régime. Le chef de l’Etat, le 9 juin 2008 a dit que nous devons combattre la corruption. Et une semaine plus tard, il fait mettre nos camarades du café cacao en prison. Personne n’a eu à redire, au contraire, tout le monde a applaudi. Quand le 12 février 2010, Laurent Gbagbo a dit publiquement qu’il y a la fraude à l’Ena et le même soir, il dissout le gouvernement et fait partir nos camarades. Tout le monde a trouvé que c’était juste. Mais quand le numéro deux du même régime vient dire qu’il y a des doutes sur des informations reçues et demande une enquête parlementaire pour découvrir la vérité, cela fait partie du fonctionnement normal des institutions. Quand le président de l’Assemblée nationale demande une enquête parlementaire, les résultats sont remis au pouvoir exécutif qui est le président de la République. Comment peut-on dire que le président de l’Assemblée combat le chef de l’Etat quand on sait que dans le fonctionnement des institutions, il n’a aucun pouvoir de poursuite judiciaire. Pourquoi nos camarades font du « blakroya » au sommet de l’Etat ?
Est-ce que les propos tenus par Blé Goudé à Menekré ne sont pas symptomatiques de la guerre des clans qui prévaut au Fpi ?
Attention, Blé Goudé n’a jamais été militant du Fpi, il n’a jamais possédé de carte de ce parti. C’est qui me révolte d’ailleurs. Nous avons mené ce débat au sein du parti qui a nommé un médiateur pour régler le problème qui est considéré comme clos. Mais comme des gens savent que leur financier ou leur poulain a tort et ne peut pas s’en sortir dans cette affaire, ils utilisent des seconds couteaux comme Blé Goudé pour venir distraire et influencer l’enquête conduite par le procureur de la République. Nous disons non et devons être vigilants. Si Tagro est impliqué dans ce qui lui est reproché, on n’a pas besoins d’aller chercher ailleurs des individus pour venir distraire les Ivoiriens qui sont assez matures et savent où se trouve la vérité.
En quoi les sorties de Blé Goudé et d’Ané Eric sont-ils de nature à influencer l’enquête du procureur ?
Je trouve que la sortie d’Ané Eric est très maladroite. Je ne sais pas à qui il fait allusion quand il affirme que n’importe qui ne peut pas être chef. Si c’est au président Koulibaly qu’il fait allusion, alors il se trompe lourdement. C’est parce que n’importe qui ne devient pas chef que n’importe qui ne parle pas n’importe comment. C’est Dieu qui établit le pouvoir. Quand vous reconnaissez quelqu’un comme le président de l’Assemblée nationale, il a droit à un minimum d’égard dû à son rang. On a le devoir de le respecter, de choisir les mots pour s’adresser à lui. Mais les camarades ne le font pas. Leurs sorties visent à influencer le travail du procureur Tchimou Raymond. Mais les Ivoiriens savent qu’on ne peut pas cacher le soleil avec la main. Ils savent que c’est du temps perdu et que tôt ou tard, la vérité va finir par éclater. Nous attendons les résultats pour agir. Tous les Ivoiriens savent ce qui se passe dans le concours d’entrée à la police.
D’aucuns disent que cette enquête du procureur est tout juste une opération cosmétique pour blanchir le ministre Désiré Tagro. Ce serait une véritable mise en scène. Qu’en pensez-vous ?
Le président de la République est un homme sérieux que je respecte. Je ne pense pas qu’il puisse tomber dans le petit jeu des petites gens qui s’agitent autour de Tagro. L’enquête commanditée par le chef de l’Etat va donner des résultats satisfaisants aux Ivoiriens. Dans le cas contraire, le tribunal populaire jugera.
On a vu des gens manifester contre Mamadou Koulibaly devant l’Assemblée nationale. Et jusque-là, aucun groupe ne s’est manifesté en sa faveur. Est-ce qu’il est soutenu dans ce combat ?
Je peux vous assurer que Mamadou Koulibaly est dix fois plus soutenu par le peuple que Tagro. Parce qu’aucun Ivoirien sérieux ne peut soutenir la corruption, le tribalisme, le népotisme que le président Koulibaly dénonce. Qu’a-t-il dit de si grave qu’on n’a jamais dit dans ce pays ? Qu’a-t-il fait de mauvais ? Même quand il parle de l’accord de Ouaga, tout le monde a dit ici que l’Apo a échoué. Est-ce parce qu’il s’appelle Koulibaly qu’on doit le sanctionner? Quand des jeunes ont manifesté devant le parlement, des gens et surtout les femmes de tous les quartiers d’Abidjan ont voulu apporter la riposte. Je leur ai dit de mettre balle à terre et de ne pas tomber dans le petit jeu des petits politiciens qui n’ont connu Laurent Gbagbo que lorsqu’il a accédé au pouvoir. Ce n’est pas comme nous qui l’avons aimé et suivi depuis l’opposition. Nous ne sommes pas des arrivistes au Fpi. Nous avons lutté avec lui. Nous l’avons défendu au risque de notre vie parce qu’il faisait un travail formidable. Il faut qu’on arrête de pratiquer le tribalisme au sein du parti et au niveau de l’Etat. J’ai demandé à tous ceux qui voulaient manifester pour Koulibaly de mettre balle à terre. Mais comme nous avons constaté que ceux qui mangent à la table du chef de l’Etat continuent de parler et racontent n’importe quoi, c’est pour cette raison que j’ai décidé de parler. Je suis prêt à relever n’importe quel défi et je n’ai pas peur. Si c’est pour se défier, on est prêt. Si nous avons affronté les rebelles, ce n’est pas eux qu’on va craindre. On nous a demandé de changer d’option politique mais nous avons dit non et que c’est Laurent Gbagbo que nous soutenons. Ce n’est pas de petits plaisantins, parce qu’ils mangent avec le chef, qui vont venir s’amuser avec nous.
On vous a vu dans la galaxie patriotique avec Charles Blé Goudé, aujourd’hui vous êtes très amer contre lui. Est-ce à dire que la guerre est déclarée entre vous ?
Ce n’est pas une déclaration de guerre. Je veux simplement rappeler Blé Goudé à l’ordre. Je veux lui demander de sortir du Blaklôrôya et qu’il considère que nous sommes maintenant des hommes mûrs. S’il se considère comme tel et qu’il sorte de ce schéma. Blé Goudé est dans la galaxie patriotique, moi je suis membre de la direction du Fpi, nous les avons soutenus pour défendre la République. Ce n’est pas parce que vous faites des magouilles avec des gens qu’il faut les défendre bec et ongle. Pourquoi quand Hubert Oulaye a été chassé du gouvernement, on a n’a pas senti cette solidarité autour de lui ? Il est le président du comité de contrôle du Fpi. Qui il n’a pas aidé dans le parti y compris Blé Goudé? Il en est de même pour Léon Emmanuel Monnet et Gnepa Barthelemy qui était le directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique. Nous avons estimé que le chef a pris des décisions pour assainir un peu son entourage et nous nous sommes alignés derrière ces décisions. Aujourd’hui, on demande qu’une petite enquête parlementaire soit menée pour la lumière sur un certain nombre de choses à l’école de police et ça provoque un tollé ! Ah bon ! C’est parce qu’il s’agit de Tagro qu’on parle de violation de secret d’état ? Il faut qu’on soit sérieux dans ce pays.
On reproche à Koulibaly son indiscipline. Le chef de l’Etat a déjà ouvert une enquête judiciaire. Pourquoi s’accroche t-il à l’enquête parlementaire ?
Ceux qui disent ce genre de choses ne connaissent pas le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Que ceux qui se posent ce genre de questions aillent sur le site de l’Assemblée nationale et ils seront éclairés sur la procédure. Quand le président Koulibaly a été saisi par des groupes parlementaires, il y a eu une réunion de la conférence des présidents et le même jour, pour dire qu’il ne défie pas le chef de l’Etat, il a écrit au garde des sceaux, ministre de la Justice. C’est lui qui doit répondre par écrit au président de l’Assemblée nationale qu’il y a déjà une procédure qui est déjà engagée et qu’il n’est plus nécessaire d’enclencher une autre procédure.
Dans cette affaire, le député William Atteby qui soutenait fermement le président Koulibaly Mamadou a retourné sa veste au parlement. Qu’est ce qui a pu se passer ?
Il n’a pas retourné sa veste. Il y a des compromis et certains camarades ont eu à dire que le président de l’Assemblée nationale veut défier le chef de l’Etat. Ce n’est pas une défiance. Cette action s’inscrit dans la ligne du fonctionnement de l’Assemblement nationale. Si Koulibaly bloque la requête des groupes parlementaires, on serait dans une dictature. Au parlement, Atteby n’a fait que défendre ce que nous avons convenu. Le groupe parlementaire a décidé de s’opposer à la procédure parce qu’un enquête sérieuse ne pouvait pas être faite dans ce laps de temps. Nous sommes à quelques mois des élections, même si la date n’est pas encore précise. Dans cette mouvance de préparation des élections, ce n’est pas évident qu’on ait les moyens et le temps matériel pour mener une enquête sérieuse.
D’aucuns disent qu’on veut pousser Mamadou Koulibaly à sortir du Fpi. Dans les agoras et parlements, on indique qu’il est sur le départ.
Oui, des gens veulent pousser Mamadou Koulibaly et tous ceux qui sont avec lui vers la porte de sortie. Je vais vous dire de façon claire et net que ce serait trop facile. En ce qui concerne Diabaté Bêh, ce serait, en tout cas trop facile à quitter le Fpi. Quand tu as consacré toute ta jeunesse à un parti politique, quand tu as risqué toute ta vie pour la cause de ce parti et tu t’es saigné pour son accession au pouvoir, ce serait trop facile de le laisser dans la main des arrivistes. Après avoir résisté pendant dix ans, après avoir combattu la rébellion, ça serait trop facile. Le combat que vient d’engager Mamadou Koulibaly, nous allons le mener au sein du Front populaire ivoirien et soyez rassurés, nous aurons la victoire sur les adeptes des pratiques mafieuses.
Il se susurre aussi Koulibaly et ses hommes sont en train de préparer un courant au sein du Fpi. Qu’en est-il ?
Vous devez comprendre que le Fpi est un front qui compte en son sein un ensemble d’idéologies. Vous pouvez y trouver des socialistes, des communistes etc. C’est pourquoi, il y a à tout moment, des débats au sein du parti et faire ces débats ne signifie pas que les gens veulent quitter le Fpi. La différence entre le Fpi et les autres partis politiques se situe à ce niveau. Nous pouvons faire des débats en interne comme ce que vous constatez actuellement, mais après, on se retrouve comme un seul homme. Nous l’a fait pour que le Fpi soit un parti crédible parce que nous avons constaté qu’à un certain moment, il y a des affairistes et des arrivistes qui veulent s’accaparer le parti. Il y a des déviations que nous ne saurons tolérer. C’est pourquoi, nous demandons aux gens de rester calmes. Nous allons redresser ce parti. Nous allons nettoyer autour du chef de l’Etat pour sa victoire au premier tour parce que nous ne pouvons pas cautionner que des gens fassent des malversations par ci, par là et qu’on mette tout cela sur le compte de Laurent Gbagbo. Les gens comme les Blé Goudé, tous ceux qui dilapident les fonds publics ou qui ont les pratiques mafieuses ne rendent pas du tout service à Laurent Gbagbo. Quand Blé Goudé parle, certains ont l’impression que c’est la voix de Gbagbo, or il n’en est rien du tout.
Voulez-vous dire que Gbagbo n’est pas informé de la loi des 2/3 postes réservés au Fpi?
Gbagbo n’a jamais dit à quelqu`un de pratiquer du tribalisme dans sa gestion. Si comme Gbagbo était comme ceux qui s’agitent actuellement, moi qui vous parle, je ne serais jamais nommé conseiller économique et social à moins de 30 ans d’âge. Ce n’est pas parce que ceux qui s’agitent occupent une certaine position et courent partout qu’on dira qu’ils aiment Laurent Gbagbo plus que nous. Le travail que nous faisons va plutôt renforcer la position du chef et le rendre plus crédible dans l’esprit des populations.
Vous aviez entamé des tournées de proximité dans les quartiers hostiles au Fpi et depuis un certain moment, on ne voit plus rien. Qu’est ce qui se passe ?
Nous fonctionnons selon la volonté de notre patron qui est Laurent Gbagbo. Si à un moment donné, Gbagbo nous a choisis pour nous confier une mission précise et s’il pense que nous avons atteint ses objectifs, il nous demande de mettre bal à terre et on attaque tel autre secteur. Il a pris Mamadou Koulibaly, nous l’avons appuyé et nous sommes allés très forts. Nous avons recruté dans les bastions du Rdr à Abidjan. C’est grâce notre travail que des gens osent aujourd’hui s’afficher Fpi dans les « dioulabougou ». Après ce travail, quand des gens mangent, ils sont contents, ils viennent s’asseoir et se complaisent à dire que Koulibaly n’a rien apporté au Fpi. Que les gens qui disent de choses fassent très attention.
Comment entrevoyez-vous la suite de cette bataille que vous engagez ?
J’appelle tous ceux qui soutiennent le combat de Koulibaly à la sérénité. Je voudrais leur dire que Koulibaly a choisi le bon chemin. A un certain moment de la marche d’une nation, il faut des gens qui osent. Il faut mettre fin à la constitution des mafias au sein du Fpi sinon nous allons fragiliser l’Etat, la Côte d’Ivoire va régresser alors que nous avons promis aux Ivoiriens de renforcer la Côte d’Ivoire. Nous avons promis un pays émergeant aux Ivoiriens, mais on ne peut pas construire un état émergeant avec le tribalisme, la corruption et le népotisme.
Interview réalisée par Traoré M. Ahmed et Kra Bernard
Légende/ Diabaté Bê a décidé de soutenir ouvertement Mamadou Koulibaly dans le combat qui l’oppose à Désiré Tagro.