america.gov - Washington - Il est commun de croire qu'un émigré, une fois arrivé sur sa terre d'accueil, brûle les passerelles qui l'y ont conduit pour commencer une vie toute nouvelle mais, en réalité il est, de nos jours, plus enclin à en construire d'autres qu'à les brûler, créant de ce fait des traits d'union enrichissants pour les deux pays.
L'un de ces émigrés s'appelle Peter Okantey. Installé aux États-Unis, il est déterminé à améliorer le système éducatif dans son ancienne patrie, le Ghana. La raison en est qu'il a pris conscience de l'importance du savoir et de la capacité immense qu'a une population instruite de transformer un pays.
À sa sortie du lycée, en 1994, Peter Okantey manquait de ressources financières suffisantes pour s'inscrire à l'école normale en vue d'une formation de trois ans d'enseignant. Ce revers l'a incité à réfléchir aux lacunes de l'enseignement dans son pays et à vouloir y remédier.
Il a trouvé du travail dans une organisation américaine sans but lucratif appelée World Education et c'est là qu'il a rencontré une jeune Américaine dénommée Beth. Ils se sont mariés en 2004 et se sont installés à Portland (Oregon) où Peter s'est inscrit dans une université locale.
Cette expérience lui a été une révélation.
« J'ai été stupéfait et inspiré par les structures éducatives que j'ai rencontrées, par la façon dont on m'a traité, dit-il. Mes professeurs me respectaient, ils m'écoutaient volontiers et s'intéressaient à ce que j'avais à leur dire. On m'a donné la liberté de penser et d'appliquer ce que j'apprenais. » Il opposait cette approche pédagogique au système d'enseignement ghanéen qui mettait l'accent, selon lui, sur la simple acquisition de connaissances.
Il a également été frappé par ce qu'il appelle « la volonté de sacrifice » aux États-Unis.
« Aux États-Unis, on est prêt à sacrifier ce qu'on possède pour faciliter le progrès social et individuel », dit-il, en citant la diversité étonnante d'organisations caritatives privées qui fournissent des aides aux sinistrés et aux sans-abri, qui financent la recherche médicale ou qui assurent un appui financier à des étudiants.
Peter Okantey a remarqué encore autre chose à propos de la société américaine : « Je suis fasciné par le montant des investissements effectués dans l'enseignement supérieur. Les États-Unis sont mus par le capital humain. Les facultés sont conçues pour former les étudiants à exceller dans leur spécialité, tout en les entraînant à appliquer à leur travail un esprit à la fois critique et analytique. »
Il n'a pas tardé, dès lors, à associer ses idées en matière d'éducation à ses observations sur la façon dont elle se pratiquait aux États-Unis. « Je me suis rendu compte qu'une occasion se présentait de me sacrifier pour apporter de nouvelles notions d'enseignement supérieur à l'Afrique. Je suis devenu convaincu que l'espoir en Afrique résidait dans l'enseignement supérieur. »
Son idée est de créer de nouvelles possibilités d'éducation aux Africains dans des écoles s'inspirant du modèle américain.
En 2008, M. Okantey a créé la Fondation éducative Naa Amerley Palm (la fondation NAPE), nommée après sa mère, en vue d'élargir les possibilités d'éducation au Ghana. Dans un premier temps, il a octroyé des bourses à des élèves ghanéens pour étudier au Ghana, puis il s'est mis à la recherche d'une université aux États-Unis qui pourrait offrir des formations aux étudiants ghanéens par l'Internet.
Le progrès grâce au partenariat
Bee Jai Repp, directrice du programme du « campus élargi » à l'université Portland State (PSU) a trouvé séduisante l'idée d'offrir à des étudiants ghanéens un type d'enseignement « à l'américaine », car cette idée correspondait à sa mission « de porter l'éducation à l'étudiant au lieu de faire venir l'étudiant à Portland ».
Pendant plus de deux ans, Mme Repp et M. Okantey ont travaillé à la conception d'un programme adapté à des étudiants ghanéens. Il s'agissait d'identifier des cours et de leur attribuer des unités de valeur, de trouver des étudiants potentiels et de dresser un programme menant à un diplôme. Finalement, en 2009, ils ont reçu de la PSU l'autorisation d'aller de l'avant.
En février 2010, ils sont allés à Accra, la capitale du Ghana, où ils ont visité des écoles élémentaires et des collèges, offrant aux enseignants de ces établissements la possibilité de suivre un programme de formation sur Internet.
Pendant leur tournée, Mme Repp a dû s'adapter aux conditions particulières du milieu : elle parlait trop vite, avec un accent difficile à comprendre, et certaines de ses expressions avaient au Ghana un sens différent de leur sens usuel aux États-Unis.
Pourtant, en dépit de ces obstacles, les deux pionniers ont eu des résultats qui ont dépassé leurs espérances. Ils ont attiré plus de 350 personnes intéressées, ils ont trouvé des bureaux, des ordinateurs et un local pour installer leur programme et ils ont embauché une personne capable d'aider les élèves à résoudre leurs problèmes informatiques de base.
Pour accroître leurs chances de succès, ils s'y prennent lentement. Les étudiants ne peuvent s'inscrire qu'après avoir passé un examen écrit en ligne. Un étudiant, pasteur d'église de son état, a commencé ses études au printemps ; deux autres élèves ont commencé cet été.
Le coût reste l'obstacle principal à la participation. Pour alléger ce fardeau, la PSU permet aux étudiants de ne suivre qu'un ou deux cours à la fois et elle leur accorde jusqu'à trois mois pour régler leurs frais de scolarité. La fondation NAPE fournit également une aide financière. Par des dons privés et des activités de collecte de contributions, la fondation a déjà octroyé des aides financières totalisant plus de 25.000 dollars.
« Cela n'a pas été facile du tout », a déclaré M. Okantey, qui a quitté son emploi pour travailler à temps plein à la fondation NAPE. Son objectif à long terme est de créer au Ghana une université de type américain et offrant des programmes d'études de quatre ans adaptés aux points de vue et aux besoins des Africains. Il cherche des donateurs qui l'aideraient à lever 800.000 dollars en fonds de démarrage à cette fin. Il a l'intention de donner à cette université, à l'image de la fondation NAPE, le nom de sa mère qui lui a toujours dit qu'il pouvait réussir même si tout le monde lui disait que c'était impossible.
Naa Amerley ne verra jamais le rêve de son fils se réaliser, puisqu'elle est décédée la semaine où M. Okantey a commencé à remplir les formulaires nécessaires à la création de sa fondation NAPE. Mais sa « volonté de sacrifice » a préparé son fils à réussir, à construire des passerelles au lieu de les brûler, à offrir de nouvelles possibilités à des Africains et à enrichir les relations entre les États-Unis et le continent de ses ancêtres.
Par Steve Holgate
Rédacteur
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)
L'un de ces émigrés s'appelle Peter Okantey. Installé aux États-Unis, il est déterminé à améliorer le système éducatif dans son ancienne patrie, le Ghana. La raison en est qu'il a pris conscience de l'importance du savoir et de la capacité immense qu'a une population instruite de transformer un pays.
À sa sortie du lycée, en 1994, Peter Okantey manquait de ressources financières suffisantes pour s'inscrire à l'école normale en vue d'une formation de trois ans d'enseignant. Ce revers l'a incité à réfléchir aux lacunes de l'enseignement dans son pays et à vouloir y remédier.
Il a trouvé du travail dans une organisation américaine sans but lucratif appelée World Education et c'est là qu'il a rencontré une jeune Américaine dénommée Beth. Ils se sont mariés en 2004 et se sont installés à Portland (Oregon) où Peter s'est inscrit dans une université locale.
Cette expérience lui a été une révélation.
« J'ai été stupéfait et inspiré par les structures éducatives que j'ai rencontrées, par la façon dont on m'a traité, dit-il. Mes professeurs me respectaient, ils m'écoutaient volontiers et s'intéressaient à ce que j'avais à leur dire. On m'a donné la liberté de penser et d'appliquer ce que j'apprenais. » Il opposait cette approche pédagogique au système d'enseignement ghanéen qui mettait l'accent, selon lui, sur la simple acquisition de connaissances.
Il a également été frappé par ce qu'il appelle « la volonté de sacrifice » aux États-Unis.
« Aux États-Unis, on est prêt à sacrifier ce qu'on possède pour faciliter le progrès social et individuel », dit-il, en citant la diversité étonnante d'organisations caritatives privées qui fournissent des aides aux sinistrés et aux sans-abri, qui financent la recherche médicale ou qui assurent un appui financier à des étudiants.
Peter Okantey a remarqué encore autre chose à propos de la société américaine : « Je suis fasciné par le montant des investissements effectués dans l'enseignement supérieur. Les États-Unis sont mus par le capital humain. Les facultés sont conçues pour former les étudiants à exceller dans leur spécialité, tout en les entraînant à appliquer à leur travail un esprit à la fois critique et analytique. »
Il n'a pas tardé, dès lors, à associer ses idées en matière d'éducation à ses observations sur la façon dont elle se pratiquait aux États-Unis. « Je me suis rendu compte qu'une occasion se présentait de me sacrifier pour apporter de nouvelles notions d'enseignement supérieur à l'Afrique. Je suis devenu convaincu que l'espoir en Afrique résidait dans l'enseignement supérieur. »
Son idée est de créer de nouvelles possibilités d'éducation aux Africains dans des écoles s'inspirant du modèle américain.
En 2008, M. Okantey a créé la Fondation éducative Naa Amerley Palm (la fondation NAPE), nommée après sa mère, en vue d'élargir les possibilités d'éducation au Ghana. Dans un premier temps, il a octroyé des bourses à des élèves ghanéens pour étudier au Ghana, puis il s'est mis à la recherche d'une université aux États-Unis qui pourrait offrir des formations aux étudiants ghanéens par l'Internet.
Le progrès grâce au partenariat
Bee Jai Repp, directrice du programme du « campus élargi » à l'université Portland State (PSU) a trouvé séduisante l'idée d'offrir à des étudiants ghanéens un type d'enseignement « à l'américaine », car cette idée correspondait à sa mission « de porter l'éducation à l'étudiant au lieu de faire venir l'étudiant à Portland ».
Pendant plus de deux ans, Mme Repp et M. Okantey ont travaillé à la conception d'un programme adapté à des étudiants ghanéens. Il s'agissait d'identifier des cours et de leur attribuer des unités de valeur, de trouver des étudiants potentiels et de dresser un programme menant à un diplôme. Finalement, en 2009, ils ont reçu de la PSU l'autorisation d'aller de l'avant.
En février 2010, ils sont allés à Accra, la capitale du Ghana, où ils ont visité des écoles élémentaires et des collèges, offrant aux enseignants de ces établissements la possibilité de suivre un programme de formation sur Internet.
Pendant leur tournée, Mme Repp a dû s'adapter aux conditions particulières du milieu : elle parlait trop vite, avec un accent difficile à comprendre, et certaines de ses expressions avaient au Ghana un sens différent de leur sens usuel aux États-Unis.
Pourtant, en dépit de ces obstacles, les deux pionniers ont eu des résultats qui ont dépassé leurs espérances. Ils ont attiré plus de 350 personnes intéressées, ils ont trouvé des bureaux, des ordinateurs et un local pour installer leur programme et ils ont embauché une personne capable d'aider les élèves à résoudre leurs problèmes informatiques de base.
Pour accroître leurs chances de succès, ils s'y prennent lentement. Les étudiants ne peuvent s'inscrire qu'après avoir passé un examen écrit en ligne. Un étudiant, pasteur d'église de son état, a commencé ses études au printemps ; deux autres élèves ont commencé cet été.
Le coût reste l'obstacle principal à la participation. Pour alléger ce fardeau, la PSU permet aux étudiants de ne suivre qu'un ou deux cours à la fois et elle leur accorde jusqu'à trois mois pour régler leurs frais de scolarité. La fondation NAPE fournit également une aide financière. Par des dons privés et des activités de collecte de contributions, la fondation a déjà octroyé des aides financières totalisant plus de 25.000 dollars.
« Cela n'a pas été facile du tout », a déclaré M. Okantey, qui a quitté son emploi pour travailler à temps plein à la fondation NAPE. Son objectif à long terme est de créer au Ghana une université de type américain et offrant des programmes d'études de quatre ans adaptés aux points de vue et aux besoins des Africains. Il cherche des donateurs qui l'aideraient à lever 800.000 dollars en fonds de démarrage à cette fin. Il a l'intention de donner à cette université, à l'image de la fondation NAPE, le nom de sa mère qui lui a toujours dit qu'il pouvait réussir même si tout le monde lui disait que c'était impossible.
Naa Amerley ne verra jamais le rêve de son fils se réaliser, puisqu'elle est décédée la semaine où M. Okantey a commencé à remplir les formulaires nécessaires à la création de sa fondation NAPE. Mais sa « volonté de sacrifice » a préparé son fils à réussir, à construire des passerelles au lieu de les brûler, à offrir de nouvelles possibilités à des Africains et à enrichir les relations entre les États-Unis et le continent de ses ancêtres.
Par Steve Holgate
Rédacteur
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)