La direction du vent est connue. Dans l’affaire Koulibaly-Tagro qui agite le Front populaire ivoirien, Fpi, depuis quelques semaines, la plupart des cadres avaient jusque là gardé le profil bas. La prudence ici était signe de sagesse. Il ne s’agit pas d’exprimer ses convictions comme dans une partie ouverte. Pas du tout ! Chacun attendait dans son coin de savoir ce que décide le grand patron. L’homme qui détient la signature et la réalité du pouvoir aussi bien au sein du parti que de l’Etat ivoirien. Les plus audacieux ont pris soin jusque là d’exprimer quelque position de principe. Même Blé Goudé, celui qui cherche à porter la casquette du non partisan dans le camp du parti au pouvoir- il s’ingénie à dire qu’il n’est pas du Fpi- s’était contenté de dire qu’il observait et ne défendrait que les intérêts de Laurent Gbagbo. Et bien, le temps du silence est fini. Les intérêts de Laurent Gbagbo sont connus, et il faut les défendre avec force et sans complaisance. Sans porter des gants Blé Goudé a sonné la charge. Le général de la rue s’est rué sur le président de l’assemblée nationale. « Mamadou Koulibaly a trahi un secret d’Etat. Il n’a pas été à la hauteur de ses fonctions puisque le numéro deux d’un régime ne parle pas comme il l’a fait… ». Pluie d’accusations, des coups dans tous les sens pour annoncer que la mise à mort de celui qui a osé parler et mettre sur la place publique les travers du parti a commencé. En parfait exécuteur, l’homme est le premier à donner corps au choix du patron. Gbagbo comme César dans Rome, était attendu. C’est lui qui devait indiquer le sort de Koulibaly. Il a pris son temps, fait durer le plaisir, mais a fini par incliner le pouce vers le bas. Dans l’arène, les fauves sont ainsi lâchés… et ne lâcheront pas la proie. Le fringant Koulibaly doit passer à la trappe.
D. Al Seni
D. Al Seni