On n’est jamais préparé à la perte d’un bien. Surtout quand il s’agit d’une maison. Assis avec sa famille, sur un tas de gravas, le vieux Diomandé regarde dans le vide. Il semble anxieux, décontenancé par la scène qu’il vient de vivre. Un scénario qu’il était à mille lieux d’imaginer, il y a encore quelques jours. Sa maison, une bâtisse de trois pièces sortie de terre, il y a une dizaine d’années, vient d’être réduite à un amas de briques. A l’instar de la demeure des Diomandé, d’autres habitations de Yaosséhi ont été rasées, hier par le préfet de la région des lagunes, Sam Etiassé. La veille déjà, il s’était rendu dans ce quartier précaire situé dans la commune de Yopougon, pour expliquer aux populations le bien-fondé de ces destructions d’habitations. « Les pluies qui viennent ne sont pas du tout bonnes. Nous devons vous faire quitter ces sites dangereux pour éviter qu’il n’y ait encore des morts », a-t-il indiqué aux populations. Avec les chefs de quartiers, il a été convenu que les maisons qui présentaient le plus de risque seraient détruites le lendemain, donc hier mercredi. C’est donc à l’issue de ce modus vivendi que les machines ont cassé toutes les maisons construites à proximité d’un trou qui, à chaque pluie, s’agrandit davantage. L’opération s’est déroulée sans aucune résistance des déguerpis. « Ce matin, un de mes locataires, un élève, s’est rendu à son examen de BEPC avec ses affaires. Il m’a dit qu’il ne savait nulle part où les mettre. Il reviendra pour constater que la maison a été cassée », confiait le vieux Diomandé, quelque peu dépité. Comme lui, tous les déguerpis se demandaient où loger après la destruction des maisons qu’ils louaient à des prix raisonnables. « Ma femme est partie chez mes parents. Je m’apprête à la rejoindre. J’attends de mettre mes tôles en sécurité. Mais je ne sais pas comment je vais vivre. Les agents de la mairie sont venus prendre nos noms. Ils nous ont dit qu’ils devaient d’abord casser les maisons avant de nous donner quelque chose, c’est ce que nous attendons », se consolait, non sans amertume, un autre déguerpi.
Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’à Yaosséhi, la sérénité n’est plus de mise, car les maisons détruites ne sont pas les seules dans le viseur du préfet.
Dao Maïmouna
Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’à Yaosséhi, la sérénité n’est plus de mise, car les maisons détruites ne sont pas les seules dans le viseur du préfet.
Dao Maïmouna