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Économie Publié le mercredi 14 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

Affaire “Le Livre noir de la filière café-cacao” : Trois journalistes de “Le Nouveau Courrier” arrêtés par Tchimou, hier

© Le Nouveau Réveil Par DR
Filière café-cacao : Tapé Doh Lucien, ex-PCA de la Bourse du Café-cacao (BCC)
Mardi 13 juillet, 22 h 30, heure d`Abidjan. Au moment où nous bouclions ce journal, trois journalistes du très récent quotidien " Le Nouveau Courrier " étaient, sur instructions directes du procureur de la république, encore dans les locaux de la Police criminelle où ils étaient cuisinés par des officiers de police judiciaire et cela depuis 14 heures. Il s`agit du directeur des rédactions, Théophile Kouamouo, du directeur de publication Stéphane Bahi et du rédacteur en chef Saint-Claver Oula. Que reproche le procureur aux trois journalistes ? C`est que dans son édition N°043 d`hier, " Le Nouveau Courrier " a publié une partie des conclusions du juge d`instruction et des réquisitions du parquet sur l`affaire de la filière café cacao. Lesquelles conclusions avaient été récemment remises au chef de l`Etat par le procureur Tchimou. " Comment les barons ont pillé l`argent des planteurs : le livre noir de la filière café cacao (1) ", telle était la grande " Une " du journal, illustrée par les photos de Tapé Do, Angeline Kili, Placide Zoungrana et d`Henri Amouzou. Servi sur trois pages (3-4-5) du journal, le document, dans ce que les confrères ont appelé "Les faits d`escroquerie ", donne dans les moindres détails, les actes qui sont reprochés par les enquêteurs, aux anciens dirigeants de la filière qui sont détenus depuis maintenant 25 mois sans jugement. C`est donc la mise sur la place publique de ces informations couvertes par le secret de l`instruction, qui a mis le parquet dans tous ses états. Et c`est le procureur Tchimou lui-même qui a appelé la rédaction de " Le Nouveau Courrier " pour sommer les trois journalistes de se présenter sans délai à son bureau, faute de quoi la police irait les chercher manu militari. A 12 heures, les trois journalistes se sont présentés au bureau du procureur. Là, ce dernier leur a demandé de lui donner le nom de celui qui leur a remis le dossier dont ils ont publié des extraits détaillés dans leur journal. Ce que les journalistes ont refusé de faire, pour protéger leur source, en précisant qu`il ne s`agissait pas d`un document papier mais plutôt d`un document numérique. Le procureur leur a alors donné 5 minutes pour réfléchir, car selon lui, il n`y a que 4 personnes dans ce pays qui ont reçu ce dossier. Le Chef de l`Etat, un conseiller, le juge d`instruction en charge du dossier, et lui-même. Mais les journalistes n`ont pas changé d`avis. Le procureur a alors menacé de les poursuivre pour "vol de document administratif ". Une façon de faire tomber la protection des journalistes en s`éloignant du délit de presse, afin de pouvoir les garder dans les liens de la détention. Et c`est pour être entendus sur cette infraction qu`il les fera conduire à la Police criminelle, avant d`ordonner une perquisition des locaux de " Le Nouveau Courrier " pour récupérer le document dont la deuxième partie devait être publiée aujourd`hui, selon l`annonce. Mais les policiers ont vainement fouillé les bureaux sans pouvoir mettre la main sur le moindre document. Finalement, ils se contenteront de l`ordinateur portable du rédacteur en chef qu`ils emporteront avec eux. A la Police criminelle, les trois journalistes, assistés de leur avocat maître Désiré Gueu, jusqu`à la fin de leurs auditions à 21 heures 30, n`ont pas cédé et ont protégé leur source malgré la qualification de leur acte par le procureur, en " vol de document administratif ". Le moins que l`on puisse dire, c`est que cette affaire qui ne fait que commencer, soulève de graves interrogations. Que va faire le procureur Tchimou ? Emprisonner les trois journalistes ? Serait-ce la meilleure solution ? Le parquet n`aurait-il pas sa part de responsabilité dans cette affaire ? N`avait-il pas obligation de prendre toutes les dispositions pour que les conclusions de l`instruction ne se retrouvent pas sur la place publique ? Quelle va être la sécurité des rémoins dont les noms apparaissent dans le document ? Que vont faires les détenus et leurs avocats, à présent que tout est sur la place publique ? Ce ne sont que des interrogations. Mais on peut d`ores et déjà parier que cette affaire va faire naître à coup sûr, une importante jurisprudence dans notre pays. Aux dernières nouvelles, l’officier en charge du dossier a décidé sur instruction du procureur de la République de mettre aux arrêts les trois confrères. Ils seront présentés ce matin devant le parquet d’Abidjan-Plateau.

ASSALE TIEMOKO
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