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Politique Publié le mercredi 14 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

Réponses de Dr BOGA Sako Gervais aux questions des journalistes : “Suspendez le ministre Tagro d’abord” - Démission ou suspension de Tagro

L'échange que j'ai eu avec le ministre Tagro, c'était pour ma propre gouverne. Mais, ne pensez pas que je puisse dire ce qu'on s'est dit dans son dos. Mais, pour la petite histoire, dès que le ministre m'a accueilli, il m'a dit, il paraît que vous réclamez une enquête indépendante. J'ai déjà dit que je suis très réservé parce que tant qu'il est encore à son poste, il n'y aura pas une enquête objective et fiable qui puisse se mener. Alors, mettez-vous un peu à la place des collaborateurs du ministre qui seraient en face d'un procureur. Le ministre est en poste. Qu'est-ce qu'ils peuvent dire sur le ministre qui est encore en poste ? Et s'il reste ? C'est très délicat, cette affaire. Si on veut qu'on clarifie, on va clarifier. Est-ce qu'on a besoin d'une enquête pour suspendre le ministre Tagro de ses fonctions ? Qui accuse ? C'est le président de l'Assemblée nationale. Comment le président de l'Assemblée nationale peut accuser et on doute. Lorsque vous dites " enquête ", cela veut dire que vous qui le demandez, vous doutez. Et vous ne vous limitez pas au chef d'accusation premier de celui qui est accusé. On va au-delà de ce que le président de l'Assemblée nationale a demandé. La demande du Président de la République prend en compte plusieurs autres aspects. On parle de détournements de fonds. Donc le doute est tellement fort qu'on va au-delà. Mais ce sont des chefs d'accusation trop graves qui méritent, en attendant des poursuites juridiques, au moins des mesures conservatoires. C'est ça un Etat qui veut être fort. Donnons-nous un petit exemple. Imaginons qu'il y a une réunion des ministres de la Sécurité. Et qu'on annonce le nôtre représentant la Côte d'Ivoire, Désiré Tagro, tout le monde va se tourner vers lui puisque tout le monde est au courant de ce qu'on lui reproche ici. Ça vilipende un Etat qui veut se respecter. Et autre élément, qui accuse. Cette fois, ce ne sont pas les journalistes. Pour une fois, ce n'est pas la société civile. C'est le président d'une institution. Mais de grâce, respectons nos institutions.

Doit-on aussi demander la démission de Soro ?
Lorsque vous lisez le chef d'accusation qui touche le Premier ministre, il indexe, en premier, le ministre de l'Intérieur et on demande s'il n'y aurait pas eu un complice. Je dois pouvoir dire qu'une enquête objective et crédible, si elle est menée et que le Premier ministre était mêlé dans cette affaire, sa démission aurait été demandée immédiatement. Je dois avouer que je suis tout à fait embarrassé par cette question parce que, même si la requête du chef de l'Etat n'est pas dirigée directement vers le Premier ministre, mais elle dirigée vers le Premier ministre via le ministre de l'Intérieur. Dans tous les cas, c'est une suspicion, c'est une mise en cause. On aurait pu s'arrêter au ministre de l'Intérieur. Mais le fait de le dire expressément, c'est qu'il y a un doute et sur le ministre de l'Intérieur et sur le Premier ministre. Et moi, je dis, ça ne fait pas sérieux. Et nous, les gouvernés, sommes malheureux de voir qu'il se danse ces faux tangos au sommet de l'Etat. Mais nous suivons cette affaire de très près (…)

L'appel au deuil national et à un sit-in le 07 Août
L'appel au deuil national est dans l'hypothèse qu'au 07 Août, on n'a pas la date des élections. Et nous allons le faire. Je l'ai annoncé et c'est dit. Cela veut dire que celui qui pense que ce que nous disons est juste, il observera un deuil national. Vous voulez que nous allions parader pour fêter un cinquantenaire sans qu'on ait à organiser des élections, sans qu'on connaisse la date des élections ? Mais attendez ! Le cinquantenaire, c'est précieux. De mon point de vue, on le reporte et on fait des élections. Après quoi, tous les Ivoiriens fêtent. C'est ça, la logique. Une indépendance, c'est la souveraineté du peuple. Le peuple de Côte d'Ivoire a perdu sa souveraineté depuis cinq ans. Et il subit. Où est l'indépendance ? Ceux qui ont les moyens vont faire leur défilé peut-être à Yamoussoukro ou alors où ils veulent, mais nous, nous allons pleurer à la place de la République, même si nous sommes deux pour dire que ce que nous vivons est inacceptable. La Guinée, au moins eux, ils ont pris les armes, mais ils sont pressés de rétablir l'ordre constitutionnel et institutionnel de leur pays. Ils ont fait des élections. Ça fait pleurer de voir la Côte d'Ivoire, un pays pauvre où la jeunesse n'a même pas d'emploi, on est à près de 600 milliards pour une élection. Je cite le chiffre de Mamadou Koulibaly. Ça se trouve dans le document qu'il a fait l'amitié de me remettre. Dans les 600 milliards, nous avons jeté près de 100 à 200 milliards à cause de la confiance, c'est-à-dire, comme il n'y a plus de confiance entre les politiques, on paie Sagem plus de 100 milliards pour de simples cartes d'identité. Alors que pour dédommager les victimes des inondations, on ne peut pas trouver 10 à 100 milliards. Ça fait pleurer. Et vous me dites, est-ce que les Ivoiriens vont vous suivre parce que le cinquantenaire compte pour le Fpi ? Mais le cinquantenaire, ce n'est pas une affaire de Fpi. C'est une affaire nationale, pour tous les Ivoiriens, pour que tous nous puissions fêter en toute fierté. Au moins on sort d'une élection et avec notre nouveau président ou le président réhabilité, on fera la liesse populaire pour dire enfin, on est libéré. D'ici le 07 août, si on a la date, toutes les actions que nous projetons n'auront pas lieu. Mais, si on n'a pas la date, je décrète que le 07 août, c'est un deuil national. (...)

L'exigence d'une commission d'enquête indépendante
En demandant une telle commission, je n'invente pas la roue. Je ne me sers que de l'histoire de mon pays. Je sais qu'en 1990-1991, des Ivoiriens, qui n'étaient pas d'accord avec ce qui s'était passé à la cité universitaire de Yopougon, ont exigé qu'il soit mis en place une enquête à feu le président Houphouët-Boigny. Et ils ont organisé des marches. Pour finir, le président Houphouët a mis la commission en place. Cette commission, présidée par M. Camille Hoguié, suscitait des doutes quant à son objectivité. Et comme Dieu est Dieu, Camille Hoguié a rendu un verdict éclatant. La responsabilité des militaires était engagée. Et la responsabilité de feu Robert Guéi était engagée puisque c'était le chef d'état-major à l'époque. C'est à ce moment qu'on est passé au deuxième combat (le combat des sanctions, Ndlr) lorsque Houphouët a dit : " Je ne peux pas prendre mon propre couteau contre moi-même ". Nous sommes des intellectuels, on est obligé de lire notre histoire. D'ailleurs, mon équipe et moi sommes en train de faire un travail sur les cinquante années des droits de l'homme en Côte d'Ivoire avec des violations
(…) Le deuxième cas est quand il y a eu les déchets toxiques. On a mis en place une commission présidée par une magistrate respectable, Fatou Diakité. Elle a rendu ses conclusions. Ce ne sont pas les expertises qui manquent dans notre pays. Donc je crois à l'enquête indépendante parce que j'ai des réserves sur l'enquête judiciaire en cours. D'ailleurs, j'ai cru savoir que le ministre Tagro n'a pas encore été entendu. Maintenant, si on ne l'entend pas, on fait quoi ? Je ne me présente pas devant le juge, lui-même est magistrat hors hiérarchie. Arrêtez ça ! Suspendez le ministre d'abord. Et puis après, vous allez régler vos problèmes politiques. Pour la crédibilité de nos institutions et de notre pays, ça s'impose. Je suis même surpris que le chef de l'Etat n'ait pas encore pris la décision qui vaille.

Conclusion
Merci mesdames et messieurs (…). les Ivoiriens sont responsables, ils sont complices de ce qu'ils vivent. Mais nous n'allons pas être complices éternellement. Un jour vient où le peuple prend ses responsabilités. Un jour vient où le peuple se réveille. Bientôt on accèdera au 7 Août qui est une date exceptionnelle pour notre nation qui aura cinquante ans d'indépendance. Avant cette date, d'élection, donnez-nous une date des élections. Permettez-nous de croire en vous. Nous disons aux Ivoiriens, avant le 07 Août, s'il n'y a pas de date des élections, nous ne fêterons pas le cinquantenaire d'indépendance en Côte d'Ivoire. Nous avons mal parce que notre pays s'enlise. Les hommes politiques sont peut-être les plus heureux. Donc nous ne sommes pas concernés par leur mauvais tango qui mène au suicide. Notre jeunesse pleure et les Ivoiriens crient famine. N'entendez-vous pas ce cri ? C'est ce qui a créé la Révolution française du 1789
Mesdames et messieurs, je vous remercie
Propos recueillis par François Konan

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