Il est loin d'être terminé le débat sur la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les fraudes aux concours d'accès aux emplois publics. Les présidents de groupes parlementaires de l'opposition, notamment le Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique ivoirien (Pdci-Rda), Solidarité et l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Udpci), réunis au sein de la Mouvance parlementaire pour la réconciliation et la paix (Mprp), ont animé une conférence de presse, hier, à la rotonde de l'Assemblée nationale, au Plateau, pour, disent-ils, «apprécier le refus et le blocage par le groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (Fpi) de la proposition de création d'une enquête sur les fraudes massives révélées aux concours d'accès aux emplois publics». Dans une déclaration lue par Jean-Michel Moulod, président du groupe parlementaire Pdci, la Mprp a affirmé : «L'attitude du groupe parlementaire Fpi consistant à bloquer par tous moyens, y compris par la violence, la création d'une commission d'enquête parlementaire sur cette grave affaire est la preuve que la volonté affichée du camp présidentiel de moraliser la vie publique n'est qu'une mascarade. La prétendue campagne de moralisation de la vie publique, engagée par le chef de l'Etat, n'est qu'un leurre pour faire diversion à un moment où la Côte d'Ivoire s'achemine vers la sortie de crise ». Pour ces députés, donc, le camp présidentiel, par ce refus, reconnaît la culpabilité des mis en cause, protège ses cadres et les encourage à poursuivre « leur opération de “refondation'', c'est-à-dire, la “tribalisation'' de l'administration publique, la transformation de la police nationale, de la gendarmerie et de l'armée en milice tribale et partisane au grand dam de la majorité des Ivoiriens exclue par ce système», ont -ils soutenu. Aussi, ont-ils décidé de mener la bataille sur plusieurs fronts pour avoir gain de cause. «Les députés de l'opposition décident de poursuivre le débat à l'occasion de la prochaine séance plénière ; de réintroduire la proposition de résolution sur la création d'une commission d'enquête parlementaire dans les délais prévus par le règlement de l'Assemblée nationale, en cas de rejet à la prochaine plénière ; d'investir le terrain afin de porter à la connaissance de la population, et de la communauté internationale, tous les actes de mal gouvernance notoires, susceptibles de porter atteinte à l'ordre social et d'entraver durablement le processus de sortie de crise en Côte d'Ivoire ; de sensibiliser les organisations de la société civile et tous les partis politiques épris de paix et de justice afin qu'ils se saisissent de la question », ont-ils déclaré. Selon les explications données par les uns et les autres, la création de cette commission d'enquête épond à un souci de faire éclater la vérité, afin que tous soient situés sur la culpabilité ou non du ministre Désiré Tagro. Interrogé sur la possibilité de recourir au référendum, le président du groupe parlementaire Solidarité, Ousmane Koné, a répondu par l'affirmative, tout en restant sceptique quant à l'aboutissement de cette démarche, du fait d'un manque de volonté de la part de l'exécutif.
MAE
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