Les riverains de Bonoumin ‘’Boston’’ ont reçu ‘’un kit de déménagement’’ du plan Organisation des secours (Orsec). 142 ménages ont reçu, chacune 100 000 Fcfa. Certains traversent des moments difficiles; d’autres, plus chanceux, ont pu trouver un refuge.
Des habitants de Bonoumin ‘’Boston’’, qui ont reçu la somme de 100 000 Fcfa équivalent leur caution, sont dans la tourmente. Bakayoko S. n’a pas encore eu de logis. Il squatte le studio de son ami M. Sidibé dans ce même quartier, à l’endroit où les habitations ont été épargnées. Il y habite depuis que les bulldozers de Sam Etiassé, préfet d’Abidjan et coordonnateur du plan Orsec ont pris d’assaut sa maison. Et ce, malgré les paroles désagréables que lui lance, très souvent son ami. «Mon ami m’a accueilli chez lui, malgré des contraintes. Nous vivons dans une pièce sur un chantier en construction. Son patron ne veut de personne ici. Chaque jour, je me lève très tôt, avant 06 heures du matin et ne rentre qu’à 22 heures. Je le fais pour ne pas causer des ennuis à mon ami», relate-t-il. Ce déguerpi la trentaine révolue est à la recherche d’une habitation décente. Mais les 100 000 Fcfa reçus ne le lui permettent pas. Selon lui, les propriétaires des maisons qu’il a visitées depuis ‘’son malheur’’ ne lui demandent pas moins de 150 000 Fcfa, pour la caution et l’avance. Lundi, il était à Faya (un quartier situé non loin de Bingerville), et la caution de Sam Etiassé ne lui a pas permis d’avoir ne serait-ce qu’un studio», raconte-t-il. Pour ne pas surcharger la maison de son ami, Bakayoko S. a fait partir sa femme et ses trois enfants dans sa belle-famille à Bingerville. Chaque semaine, il contribue aux charges de sa belle-famille, à hauteur de 5 000 Fcfa. Kouadio Linda, étudiante de 25 ans, vit également dans cette situation. Elle a aménagé chez sa sœur cadette, malgré qu’elle n’y soit pas la bienvenue. En effet, l’époux de sa sœur ne la supporte pas. Il la soupçonne de monter son épouse contre lui. Et, elle le reconnaît : « cet homme est trop vieux pour elle. Il a plus de 40 ans, alors qu’elle n’a que 21 ans. Je vis sous leur toit malgré moi. Il m’a promis, à l’insu de ma sœur, de m’aider financièrement pour que je prenne une autre maison », révèle-t-elle. Ordonnances médicales et frais de transport sont le quotidien des pères de famille déguerpis. Guéi M. en fait partie. Selon lui, tous ses enfants sont malades.
Quand des familles ploient sous le poids des dépenses imprévues
Les conditions dans lesquelles le déguerpissement a eu lieu a rendu les enfants malades. « Nous avons passé, toute la nuit sous la pluie. Ma femme et moi rangions nos affaires pour éviter que d’éventuels voleurs ne s’en emparent. La semaine qui a suivi la destruction de notre demeure, tous les enfants ont été malades », déplore-t-il. Il indique, par la même occasion, qu’une famille de leur église a décidé de les accueillir chez elle. Son fils cadet qui a 18 mois, est tombé grièvement malade. Le diagnostic a montré qu’il souffrait d’une grippe aiguë. Les ordonnances ont coûté plus de 50 000 Fcfa. Du coup, l’argent de la caution « est en danger », selon lui. Ce jeune père de famille compte faire partir sa famille au village la semaine prochaine. Pendant leur séjour là-bas, toute la période des vacances, il tentera de gagner de l’argent pour chercher un toit plus confortable. Il note que la majorité des gens qui habitaient Boston vivent, comme lui, chez leurs amis ou parents. D’autres, ceux qui ont moins de charges, ont pu tirer leur épingle du jeu. C’est le cas d’Alex J., F. Jacques et Abey N. Ils ont, tous les trois, reçu leur ‘’kit de déménagement’’, à hauteur de 100 000 Fcfa chacun. Célibataires, ils ont décidé de vivre ensemble. Cette idée est venue d’Alex J., le plus âgé.
Célibataires, les plus chanceux
« Je leur ai fait cette proposition et les choses sont allées comme sur des roulettes. Nous vivons, en ce moment, à Bingerville dans une maison de deux pièces. La caution a coûté 200 000 Fcfa. Les 100 000 Fcfa restant nous ont permis de faire face aux abonnements aux réseaux d’électricité et d’eau. Nous serons dans notre nouvelle maison jusqu’à ce que nous nous séparons», se réjouit-il. B. Y. vit désormais à Anono. Grâce à ses économies, il a pu compléter l’argent de dédommagement du plan Orsec pour se prendre une maison dont la caution s’élevait à 150 000 Fcfa. Mais, il regrette toutefois la perte de ses effets. Car, il était absent le jour de la démolition. Le jeune homme d’environ 30 ans a été victime d’un pillage. Ses appareils électroménagers et ses vêtements ont été volés, ce jour-là. Mais, aujourd’hui, sa seule préoccupation, c’est de renouveler son salon et sa garde-robe.
Adélaïde Konin
Des habitants de Bonoumin ‘’Boston’’, qui ont reçu la somme de 100 000 Fcfa équivalent leur caution, sont dans la tourmente. Bakayoko S. n’a pas encore eu de logis. Il squatte le studio de son ami M. Sidibé dans ce même quartier, à l’endroit où les habitations ont été épargnées. Il y habite depuis que les bulldozers de Sam Etiassé, préfet d’Abidjan et coordonnateur du plan Orsec ont pris d’assaut sa maison. Et ce, malgré les paroles désagréables que lui lance, très souvent son ami. «Mon ami m’a accueilli chez lui, malgré des contraintes. Nous vivons dans une pièce sur un chantier en construction. Son patron ne veut de personne ici. Chaque jour, je me lève très tôt, avant 06 heures du matin et ne rentre qu’à 22 heures. Je le fais pour ne pas causer des ennuis à mon ami», relate-t-il. Ce déguerpi la trentaine révolue est à la recherche d’une habitation décente. Mais les 100 000 Fcfa reçus ne le lui permettent pas. Selon lui, les propriétaires des maisons qu’il a visitées depuis ‘’son malheur’’ ne lui demandent pas moins de 150 000 Fcfa, pour la caution et l’avance. Lundi, il était à Faya (un quartier situé non loin de Bingerville), et la caution de Sam Etiassé ne lui a pas permis d’avoir ne serait-ce qu’un studio», raconte-t-il. Pour ne pas surcharger la maison de son ami, Bakayoko S. a fait partir sa femme et ses trois enfants dans sa belle-famille à Bingerville. Chaque semaine, il contribue aux charges de sa belle-famille, à hauteur de 5 000 Fcfa. Kouadio Linda, étudiante de 25 ans, vit également dans cette situation. Elle a aménagé chez sa sœur cadette, malgré qu’elle n’y soit pas la bienvenue. En effet, l’époux de sa sœur ne la supporte pas. Il la soupçonne de monter son épouse contre lui. Et, elle le reconnaît : « cet homme est trop vieux pour elle. Il a plus de 40 ans, alors qu’elle n’a que 21 ans. Je vis sous leur toit malgré moi. Il m’a promis, à l’insu de ma sœur, de m’aider financièrement pour que je prenne une autre maison », révèle-t-elle. Ordonnances médicales et frais de transport sont le quotidien des pères de famille déguerpis. Guéi M. en fait partie. Selon lui, tous ses enfants sont malades.
Quand des familles ploient sous le poids des dépenses imprévues
Les conditions dans lesquelles le déguerpissement a eu lieu a rendu les enfants malades. « Nous avons passé, toute la nuit sous la pluie. Ma femme et moi rangions nos affaires pour éviter que d’éventuels voleurs ne s’en emparent. La semaine qui a suivi la destruction de notre demeure, tous les enfants ont été malades », déplore-t-il. Il indique, par la même occasion, qu’une famille de leur église a décidé de les accueillir chez elle. Son fils cadet qui a 18 mois, est tombé grièvement malade. Le diagnostic a montré qu’il souffrait d’une grippe aiguë. Les ordonnances ont coûté plus de 50 000 Fcfa. Du coup, l’argent de la caution « est en danger », selon lui. Ce jeune père de famille compte faire partir sa famille au village la semaine prochaine. Pendant leur séjour là-bas, toute la période des vacances, il tentera de gagner de l’argent pour chercher un toit plus confortable. Il note que la majorité des gens qui habitaient Boston vivent, comme lui, chez leurs amis ou parents. D’autres, ceux qui ont moins de charges, ont pu tirer leur épingle du jeu. C’est le cas d’Alex J., F. Jacques et Abey N. Ils ont, tous les trois, reçu leur ‘’kit de déménagement’’, à hauteur de 100 000 Fcfa chacun. Célibataires, ils ont décidé de vivre ensemble. Cette idée est venue d’Alex J., le plus âgé.
Célibataires, les plus chanceux
« Je leur ai fait cette proposition et les choses sont allées comme sur des roulettes. Nous vivons, en ce moment, à Bingerville dans une maison de deux pièces. La caution a coûté 200 000 Fcfa. Les 100 000 Fcfa restant nous ont permis de faire face aux abonnements aux réseaux d’électricité et d’eau. Nous serons dans notre nouvelle maison jusqu’à ce que nous nous séparons», se réjouit-il. B. Y. vit désormais à Anono. Grâce à ses économies, il a pu compléter l’argent de dédommagement du plan Orsec pour se prendre une maison dont la caution s’élevait à 150 000 Fcfa. Mais, il regrette toutefois la perte de ses effets. Car, il était absent le jour de la démolition. Le jeune homme d’environ 30 ans a été victime d’un pillage. Ses appareils électroménagers et ses vêtements ont été volés, ce jour-là. Mais, aujourd’hui, sa seule préoccupation, c’est de renouveler son salon et sa garde-robe.
Adélaïde Konin