Le tribunal de Grand-Bassam, depuis deux semaines, n’ouvre pas ses portes pour des audiences correctionnelles. Les détenus de la maison d’arrêt et de correction de Grand-Bassam (macgb) dont le doss?ier devra passer ces jours ci, à cet?te audience devront donc patienter un peu. La raison, c’est que la crise entre les gardes pénitentiaires et la police locale n’a pas encore connu une issue heureuse. Les gardes ont subi des affronts venant des éléments de la police le mercredi 23 juin dernier. Et depuis lors, ces derniers refusent d’escorter les prisonniers à l’audience correctionnelle. Selon Gueu Saint Firmin, agent d’encadrement des établissements pénitentiaires, leur corporation a toujours prêté main forte à la police, qui n’a pas de moyens de locomotion. A cet effet, les gar?des escortent tous les mercredis les détenus à l’audience. Cette harmonie qui a toujours régné entre les deux corps de métier tourne au vi?naigre. Le mercredi 23 juin, jour de l’audience correctionnelle, le véhicule de service de la prison civile n’est pas disponible parce qu’il est en panne depuis des semaines. Sa réparation nécessite le gros sou. Dans ces conditions, les détenus sont conduits à l’audience à bord d’un taxi. Une fois l’audience terminée, poursuit-il, un agent de police appelle la prison civile pour que les gardes pénitentiaires viennent chercher les séquestrés. Ceux-ci s’exécutent et s’y rendent à pied. Sur les lieux au parquet, explique-t-il, des agents de police, leur ont tenu des invectives, s’en est fallu de peu pour que nous en venions aux mains. Nous avons loué un taxi pour ramener les détenus», raconte amèrement Gueu Saint Firmin, l’une des victimes. Soulignant que l’un de leur supérieur hiérarchique est allé rencontrer Mme le procureur pour l’ informer de la situation délétère qui prévaut entre les deux corporations. Sa plainte verbale est restée sans suite. Guéi Gervais collègue de Gueu Saint Firmin ajoute qu’une autre plainte, cette fois écrite, a été adressée à Mme le procureur. Là encore, c’est motus et bouche cousue. Il juge que pour éviter que de telle situation se reproduise «il faut que chacun fasse son travail. Nous avons décidé de ne plus accompagner les prisonniers à l’audience. Cette tâche relève de la compétence des forces publiques. Notre rôle s’arrête devant le portail de la prison civile», martèle-t-il.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam