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Politique Publié le jeudi 15 juillet 2010 | Nuit & Jour

‘’Affaire Tagro’’ / Enquête judiciaire - De la responsabilité du procureur Tchimou

De nombreux ivoiriens se sont émus de la position de Mamadou Koulibaly relative aux dérives de certaines autorités de la République incarné à ce jour par le ministre Désiré Tagro. Et plus scandalisés encore, les Ivoiriens l’étaient par les chefs d’accusations en son encontre tant les faits étaient d’une gravité inhabituelle. Tout en restant quelque peu dubitatif par ces charges au motif que nulle procédure, nul acte judiciaire ne revenait à l’appui de l’accusation de cette pratique de « corruption orchestrée par Tagro », les Ivoiriens dans leur ensemble ont gardé l’espoir. Et voici que le chef de l’Etat lui-même saisit le procureur de la République Tchimou Raymond pour enquêter. Ce pourrait la fin d’un cycle et le début soulagement pour les Ivoiriens.

La corruption peut se comprendre de façon non exclusivement judiciaire. Elle peut s’entendre dans un sens général se rapportant à la dégradation de tout ce qui attrait à la morale au sein d’une société. Ainsi, on peut être corrompu en politique sans nécessairement relever d’un acte vulgaire banditisme. Par exemple se faire octroyer le droit d’imposer au directeur national de la police une liste de sous-officiers, officiers et commissaires au concours d’entrée à l’Ecole de la Police. Ou encore tenter d’imposer les membres de sa région aux postes de décision dans l’Administration nationale. Demander la tête ou vouloir faire la peau à un directeur général de l’Administration nommé par décret présidentiel, confisquer par devers lui l’argent du Hadj ainsi que les commissions sur le contrat de SAGEM. Tout cela relève donc d’une certaine corruption républicaine qui a malheureusement pris forme en Côte d’Ivoire et entretenu par une classe. « Cela fait forcément désordre et mauvais genre » s’est indigné, un représentant d’Institution étrangère, partenaire de la Côte d’Ivoire pour le financement de la sortie de crise. Et lorsque tout ceci est orchestré par le premier flic de la République, il va s’en dire qu’il y a danger. Super flic, responsable de l’Administration territoriale, la coupe est pleine dans la machine de corruption. Cette pratique concoctée de main de maître par Désiré Tagro relève malgré tout de ce que peut être une élite corrompue par des mœurs : lorsque le plaisir l’emporte sur l’intérêt général, la République court impérativement à sa perte.

Tchimou doit démontrer la neutralité de l’appareil judiciaire

Revenant à la demande du Président Gbagbo pour diligenter une enquête, le procureur de la République a promit rendre les résultats de l’enquête dans un délai d’un mois. Pourquoi donc attendre un délai d’un mois pour boucler l’enquête comme la souhaitée le chef de l’Etat ? A ma connaissance cette initiative du Président est à la fois inédite et salutaire. Elle fait suite à la volonté du N° 1 Ivoirien de jouer la carte sur la table dans un souci de transparence. Le moins qu’on puisse dire à ce stade est que le Président Laurent Gbagbo attend faire le combat de la moralisation de vie publique, une reforme de proue afin d’espérer une nouvelle Côte d’Ivoire dans les années à venir. « Il faut préserver l’intérêt général de la Nation », c’est le message que semble faire passer Laurent Gbagbo. Et comment ne pas soutenir la thèse du N° 2 de l’Etat, Mamadou Koulibaly qui a dit en substance que « certains camarades ont fait forts dans la course à l’enrichissement illicite ». No comment. Pour notre part, on ne peut que faire des constats sur la forme. Le procureur a promis livrer les résultats de l’enquête dans un mois. Une enquête annoncée avec un effet différé d’un mois. Dans quel état esprit se trouve le ministre de l’Intérieur durant toute cette période ? Un ministre de l’Intérieur qui est en sursis en cette période délicate de la vie de la Côte d’Ivoire ? Un ministre, c’est avant tout le chef d’une Administration et un ministre sur la sellette perd objectivement le capital confiance qui est nécessaire pour lui devant le chef de l’Etat. En outre quel pourrait être la nature des relations depuis l’annonce de l’enquête avec ses administrés ? Un ministre probablement sur la sellette parce que faisant l’objet d’une enquête judiciaire n’a simplement plus de marge de manœuvre. Pour toutes ces interrogations qui restent sans suite, le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro, doit « faire le jeu de la République » en rendant sa démission. Ce sera un signal fort pour le processus de moralisation de la vie publique. Car on comprend mal cette forme de ‘’résistance’’ observée par Tagro et ses vassaux. Cette attitude qui ne pourra que rendre les positions initialement tendues difficilement conciliables. Ministre de l’Intérieur donc premier flic, et responsable en chef de l’Administration territoriale comme susmentionnée, il doit faciliter le redéploiement de l’Administration devenant une sorte de caution morale pour le corps préfectoral par sa grandeur d’esprit. Et non rouler à contre courant de la logique républicaine. C’est aussi cela faire preuve de patriotisme éclairé. La fiabilité de cette enquête aura pour qualité de mettre fin a cette terrible alliance de corruption de mœurs et de perversité d’un caractère qu’incarne une certaine élite nationale. Le procureur de la République Tchimou a alors, un rôle devant l’histoire à jouer. Il peut sonner la fin de la récréation et annoncer ainsi le début d’une nouvelle ère pour la justice ivoirienne qui ne bénéfice pas de préjugés favorables chez l’Ivoirien lambda. Tagro n’a pas seulement commis un impair, il est reste en marge des principes d’un Etat de droits par ses pratiques peu honorables.

Williams Arthur Prescot
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