Un véritable pavé dans la mare. Le chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo, comme à son habitude, vient de créer le doute dans l’esprit de ses concitoyens quant à sa volonté d’aller aux élections cette année 2010. En effet, jeudi dernier, venus lui parler des problèmes de la décharge publique, les hôtes du locataire du palais présidentiel ont eu droit à un véritable tour d’horizon sur l’actualité politique nationale. Plus, l’homme a décidé de partager avec ses hôtes son intime conviction sur les élections qu’il sait à son for intérieur que les Ivoiriens attendent avec une impatience inhabituelle. « Il ne sera rien de faire des élections et se retrouver devant un mur », a-t-il tranché sec, devant ses hôtes visiblement déconcertés par cette digression dans l’ordre du jour. Il est clair qu’à la lumière de cette sortie inattendue et pour le moins inopportune du candidat du FPI, Laurent Gbagbo n’est pas pressé d’aller aux élections. Pis, les élections ne constituent pas une priorité pour lui. Dire que quelques heures avant cette audience, en Conseil des ministres, le chef du Gouvernement a fait le point sur les préparatifs des élections en relevant que « le processus électoral avance normalement », on ne peut que s’inquiéter de la contradiction que soulève ces deux discours. Laurent Gbagbo a-t-il voulu prendre le contre-pied de ce qu’a dit son Premier ministre ? De quels problèmes veut-il parler et qui est susceptible de conduire le pays devant le mur ? Enfin, le chef de l’Etat a-t-il ainsi donné sa position sur la vérification et le contentieux en cours sur la liste électorale provisoire ? Ce sont autant de questions pertinentes que cessent de se poser les observateurs. Tout porte à croire que le chef de la Refondation prépare l’opinion à nouveau blocage du processus électoral. Une sorte d’invite à la contestation de la liste électorale dont le contentieux démarre mardi prochain. Et pourtant, quelques jours auparavant, recevant des populations Dan dans son village, à Mama, Gbagbo s’est montré rassurant en indiquant que les élections se tiendront cette année 2010. Que s’est-il donc passé entre temps qui puisse justifier ce revirement à cent degré ? En vérité, Gbagbo ne veut pas aller aux élections. Il se rend compte que tous ses stratagèmes sont voués à l’échec. Il a découvert que ses lieutenants lui ont menti à propos de la liste électorale. Alors, tout ce qui lui reste à faire, c’est de faire perdurer les choses. Mais, jusqu’où ira-t-il ?
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté