Les paroles de l’Abidjanaise sont-elles du trio Mathieu Vangah Ekra, Joachim Bony et Pierre-Marie Cotty comme le stipule l’histoire officielle ou est-ce une œuvre solitaire du prélat ? “Les paroles de l’Abidjanaise, hymne national de la République de Côte d’Ivoire, ont été écrites par moi alors que j’étais jeune prête dans les années 60”. C’est la révélation faite, hier dimanche 18 juillet, par l’évêque émérite de Daloa, Mgr Pierre-Marie Cotty, à l’occasion de la célébration de ses 55 ans de vie sacerdotale à la paroisse Sainte Monique du Plateau-Dokui lors de la messe de 6h et demie. Mgr Pierre-Marie Cotty, qui porte fièrement ses 84 ans, est ainsi revenu sur l’histoire du texte de l’Abidjanaise. “J’ai été ordonné prêtre en 1955 et, en 1960, la Côte d’Ivoire a eu son premier évêque. Nous étions deux prêtres ivoiriens à bénéficier d’une bourse d’études en France, quand pour la seconde fois, nous étions informés que le concours pour la composition du texte de l’hymne national était ouvert à tous et que le clergé pouvait y participer”, a-t-il indiqué, la voix pleine d’émotion, devant un parterre de fidèles. “L’abbé Pango, paix à son âme, est venu me voir en disant : “jai la musique de l’Abidjanaise. Je vais la jouer et toi, tu vas chercher le texte. J’ai alors écrit le texte. Et à ma grande surprise, notre proposition a été retenue. Voilà comment nous avons fait notre hymne national”, a-t-il déclaré. Avant de s’offusquer de la défiguration de l’histoire, dit-il, de l’hymne national. “Je déplore ce qui est arrivé par la suite. A ma grande surprise, je découvre qu’on a attribué la paternité de ce texte à Mathieu Ekra. Si on veut la paix et le développement réel dans le pays, il faut que nous soyons dans le vrai. Et il faut réparer les torts”, s’est-il indigné. Avant de conclure. “Pour ce travail, j’ai été décoré par la France. Mais jamais par la Côte d’Ivoire. Je n’ai bénéficié de rien. Pas même d’une reconnaissance”. A ces mots, toute l’église devient lourde. On sent visiblement que l’évêque émérite de Daloa va fondre en larmes. Il ne peut plus continuer son discours. Et va rejoindre sa place. Le curé de la paroisse Basile Koutouan ira vers lui pour l’inviter à revenir pour la bénédiction finale. S.K.B.
Société Publié le lundi 19 juillet 2010 | Notre Voie