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Faits Divers Publié le mercredi 21 juillet 2010 | Nord-Sud

Gagnoa /Un sorcier confesse : “C’est mon poulet que j’ai mangé”

Il faut avoir le courage de Kadji Ziadré Julien pour se le permettre. Transformer son neveu en poulet pour le manger. Avant d’en arriver là, le sorcier a d’abord rendu sa victime malade au moyen d’un morceau de viande qu’il l’a obligé à manger. « Nous avons fait le tour des hôpitaux à la recherche de sa guérison. A la polyclinique des 2 Plateaux, les examens médicaux n’ont rien révélé. On a dépensé près de 850.000 francs sans trouver la solution à la maladie de mon défunt mari », regrette Gnangoré Goua, la veuve. La voix à peine audible, elle est encore le choc. « Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Est-ce pour me montrer mon époux ? », a-t- elle interrogé le tribunal. On lui fait comprendre que sa présence à la barre était un facteur déterminant dans la manifestation de la vérité par rapport à la mort de Gnangoré Honoré, son époux. Celui-ci a, au fort moment de sa maladie, fait la révélation accusant son oncle Ziadré Julien d’être le responsable de sa souffrance. L’accusé est interpellé par la famille. Pour toute réponse, il propose un remède au rétablissement de son neveu. « Il a demandé qu’on fasse bouillir des feuilles de ‘kinkéliba’ pour donner l’infusion à boire au malade », révèle Bahonon Christelle la sœur aînée du défunt puis de continuer : « plus je pratique cette prescription, plus le mal s’aggrave ». Informé de l’inefficacité de son ordonnance, l’oncle indique une autre solution au problème. Consulter un devin. « J’ai accompagné Julien chez un devin. Il a posé la question de savoir qui a mangé le poulet. Et Julien a répondu que c’est lui », témoigne Zeblenon Mathias. Le poulet dont il s’agit n’est autre que Honoré la victime. Pour s’en rassurer, le tribunal demande plus d’éclaircissement à Julien. Sa réponse est sans ambages « c’est mon poulet que j’ai mangé. Et puis quoi ? », reconnaît-il. Sentant l’étau se resserrer autour de lui, le sorcier tente vainement une porte de sortie. « Ce matin-là, avant de nous rendre chez le devin, j’ai attrapé l’un de mes coqs pour en faire mon petit déjeuner. Il ne s’agit pas de mon neveu », refuse-t-il d’admettre la réalité. Pourtant, selon Mathias « quand le devin le lui a demandé, il a commencé à trembler. C’est alors que le mystique s’est étonné que nous soyons venus le voir alors que Julien a déjà mangé le neveu ». C’est la femme du prévenu qui viendra enfoncer davantage l’accusé. Alors que Julien prétend que c’est sa femme qui a cuisiné le poulet ce matin-là, madame dit autre chose. « Pour l’histoire du poulet, je n’en sais rien », déclare-t-elle. Puis elle revient à la charge pour sauver son homme. « En fait, j’ai effectivement préparé ce poulet-là mais c’était à 17h, à mon retour du champ ». Où se trouve la vérité ? Le juge comprend que la femme veut simplement tirer son mari de l’engrenage dans lequel il s’est embourbé. Tous les témoignages faits par la suite ont corroboré la thèse selon laquelle Ziadré Julien a tué son neveu en sorcellerie. Le patriarche qui a présidé le tribunal coutumier est intervenu pour dire que Julien a reconnu les faits au village en acceptant de payer une amende. Il a même versé une première partie et a promis payer le reste à la fin du mois de septembre. L’accusé sera convaincu de sa culpabilité lorsqu’une série de questions lui sera posée. Pourquoi prendre le temps de préparer un poulet avant d’aller chez le devin régler un problème aussi important que la santé d’Honoré ? Pourquoi aucun des 24 enfants de Julien n’est venu soutenir son père à la justice si vraiment il est sans reproche? Pourquoi accepte-t-il de payer l’amende relative au décès d’Honoré si tant est qu’il n’en est pas le responsable ? Le tribunal en déduit que Ziadré Julien est bel et bien le bourreau de son neveu Gnangoré Honoré. Il tombe ainsi sous le coup de l’article 205 du code pénal. En répression, il est condamné à 5 ans de prison ferme et à un million d’amende.

Alain Kpakpo à Gagnoa
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