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Politique Publié le jeudi 22 juillet 2010 | L’expression

Refus de l’Enquête parlementaire : Que cache le Fpi ?

© L’expression Par Emma
Pré-organisation du cinquantenaire : Le FPI organise un point de presse.
Lundi 14 juin 2010 - Rotonde de l`assemblée nationale: Un point de presse a été animé par des députés du FPI (dont Dano Djédjé et Hubert Oulaï) relativement à la préorganisation du cinquantenaire de l`indépendance de la Côte d`ivoire.
Troublés par la mise en place de la commission d’enquête parlementaire dans l’affaire Tagro, les députés du Fpi sont prêts à sortir le sabre contre leurs adversaires. Que cachent-ils ?

L’Assemblée nationale est depuis le déclenchement de l’affaire Tagro-Koulibaly le théâtre d’affrontements entre députés pour décider de la mise en place ou non d’une enquête parlementaire sur les affaires de fraude aux concours de police, l’argent du hadj, Trafigura, Sagem. La première tentative en commission qui a eu lieu le 7 juillet s’est soldée par un rejet. Les députés du Fpi confrontés à ceux du Pdci, de l’Udpci et de Solidarité ont opposé un refus catégorique à la mise en place de cette commission. Blocage parfait précédé quelques jours plutôt d’une séance toute aussi électrique. Mardi, nos députés ont remis ça, offrant à la face du pays un spectacle ridicule, devant les médias, un spectacle fait d’injures, de bousculade et de violences. Pourquoi ces “honorables” se donnent-ils ainsi en spectacle pour un fait banal, qui dans les démocraties, fait partie de la marche normale d’un Etat ? Y a-t-il un danger à mettre en place une commission d’enquête ? Qu’est-ce qui empêche le Front populaire ivoirien d’accepter cette commission dont l’objectif est de faire la lumière sur les accusations formulées dans le communiqué officiel du porte-parole du chef de l’Etat ? Que cache le parti d’Affi N’guessan ?
Ce refus dépasse la morale et le bon sens. Le citoyen a le droit de savoir où va son argent, comment est gérée la chose publique ; de connaitre les procédures qui président à la gestion, les niveaux de suivi, de contrôle ou d’évaluation. Bref, ce devait être la routine à l’hémicycle plutôt qu’un combat de coqs servi pour des intérêts autres que ceux du peuple qu’ils prétendent servir.
L’analyse révèle que le Fpi qui a longtemps milité pour la transparence dans la gestion des fonds publics, s’est détourné de ses idéaux pour une approche contraire à la raison et aux exigences de la démocratie et de la justice sociale. En bloquant la mise en place de la commission d’enquête, le parti de Laurent Gbagbo donne l’impression de cacher des cadavres dans son placard. Rien ne dit en tout cas que les conclusions de cette enquête seront différentes de celles du procureur Tchimou Raymond. Son rapport blanchit en tous points le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro. Cette commission ne devrait donc pas constituer pour les députés du camp présidentiel un épouvantail, puisque sa mise en place doit satisfaire aux procédures et au règlement intérieur en vigueur au Parlement. Elle devrait également respecter l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de la maison. Enfin, elle ne devrait pas constituer un obstacle pour la manifestation de la vérité. Malheureusement, la peur de découvertes inattendues, différentes de la « lettre » de Tchimou, l’angoisse d’être épinglés comme des grilleurs d’arachides ou de fraudeurs poussent le Front populaire ivoirien à un raidissement déraisonné.

Ce blocage démontre en outre que les conclusions du procureur de la République rendues publiques mardi pourraient être frappées de suspicion, suspicion qui pousse les députés de l’opposition à réclamer à cor et à cri cette fameuse commission.

De nombreux députés considèrent en effet le rapport de Tchimou « politique » et qu’il répondrait à des besoins et intérêts politiques. De la «poudre aux yeux » pour certains, une « farce » et une « mascarade » pour d’autres, cette situation met à nu l’intrusion du politique dans le judiciaire et le refus des députés du Fpi exprime, lui, la mise sous l’éteignoir du législatif, donc de la voix du peuple.

Le Fpi qui a toujours, au plus fort de la crise, refusé l’extinction de l’activité parlementaire doit accepter jusqu’au bout le jeu démocratique. Il doit pouvoir montrer qu’en dépit de ses scandales et de ses échecs légendaires, il pourrait mériter de l’estime des Ivoiriens. Pour une fois…

Assoumane Bamba
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