Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, est, certainement, en train de surfer sur les nuages. En effet, le parquet qui avait diligenté une enquête sur lui sur instruction du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, a conclue un non lieu. Le délibéré du rapport d’enquête, lundi, a suscité, au sein de la formation politique au pouvoir, indignation et joie.
Sorti ragaillardi de cette affaire qui a déchaîné, un mois durant, les passions, le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, reçoit coup sur coup ses supporteurs qui viennent lui témoigner leur joie.
Personne n’est dupe
Le Front populaire ivoirien, le creuset politique des deux antagonistes, Désiré Tagro et Koulibaly Mamadou, le président de l’Assemblée nationale, s’est empressé, mardi, de publier un communiqué pour appeler les militants à la retenue et à l’esprit de camaraderie.
«Se félicite du respect par le camarade Koulibaly Mamadou des recommandations de la commission ad’ hoc de la Direction du parti portant sur la nécessité de préserver un climat de sérénité au sein du Fpi. Salue le camarade Tagro Désiré pour la grande retenue et la dignité observée au cours de cette épreuve. Prend acte des résultats de l’enquête qui n’ont nullement mis en cause le camarade Tagro Désiré et lui renouvelle toute sa confiance. Fortement attaché au combat engagé par le président Laurent Gbagbo pour la moralisation de la vie publique, le Fpi invite tous ses responsables et militants à s’inscrire dans cette dynamique tout en privilégiant la cohésion et l’unité au sein des instances du parti. Dans cette perspective, le Secrétariat exécutif invite tous les militants et sympathisants à s’abstenir de toute déclaration inconvenante en vue de réinstaurer un climat de camaraderie et de convivialité», mentionne le communiqué du secrétariat exécutif du Fpi.
Les observateurs avertis savent qu’au-delà de la chirurgie cosmétique que le secrétariat exécutif tente de faire pour maquiller cette grave affaire, le mal est là. Le ver est dans le fruit. Et, le Front populaire ivoirien doit se préparer pour appréhender les conséquences de l’infirmation des allégations de Koulibaly Mamadou.
Le chef du Parlement va-t-il accuser le camouflet sans mot dire ou va-t-il revenir à la charge pour faire mentir les résultats des investigations du procureur de la République? Tagro va-t-il contre-attaquer?
Même si, s’adressant à des jeunes qui sont allés, mardi, manifester leur joie devant ses bureaux au Plateau, Désiré Tagro a confié: «Considérez qu’il ne s’est rien passé. Vous allez repartir tranquillement mais tenez un discours qui ne soit pas un discours de vengeance». Mais, comment les deux hommes vont-ils désormais se pratiquer? Le Fpi pourra-t-il se remettre de cette affaire?
« Mais, je pense que les relations ne seront plus comme avant, cette affaire a mis en évidence deux camps qui se sont, ouvertement, affrontés en s’alignant sur l’un des deux protagonistes », regrette un cadre du parti, sous le sceau de l’anonymat.
Comme lui, bien d’autres cadres que nous avons joints ont variablement soutenu cette thèse.
«Je ne sais pas si c’est un arrangement, mais, une chose était plus que certaine, dans cette empoignade, l’un des deux membres influents du parti devrait perdre la face. Si Koulibaly Mamadou l’emportait, c’est tout le régime qui s’écroulait. Des gens se seraient levés pour exiger des enquêtes dans d’autres secteurs et ainsi de suite. Cette affaire a éclaté au mauvais moment, au moment où il est de plus en plus question de réélection de notre candidat, Laurent Gbagbo», soutient un élu, mais, respectueux de la discipline du parti, il a demandé de taire son identité. Mais, des signes avant-coureurs du malaise qui se profile à l’horizon étaient déjà perceptibles dès le début de la guéguerre. Il y a eu les flots d’injures déversées sur Mamadou Koulibaly devant le Parlement par les partisans de Désiré Tagro qui sont allés jusqu’à brandir des écriteaux où on pouvait lire que l’avènement du Fpi au pouvoir sonne l’heure du peuple Bété. Puis, il y a eu les sorties musclées du directeur national de campagne de Laurent Gbagbo chargé de la jeunesse, Blé Goudé, contre Mamadou Koulibaly qui, selon lui, aurait trahi «un secret d’Etat» en s’attaquant à la gestion du ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro.
La veillée d’armes
Les partisans de Mamadou Koulibaly, qui n’entendaient pas laisser leur mentor se faire dépiécer par les partisans de Désiré Tagro, sont montés au créneau. Diabaté Bêh a apporté une conséquente réplique aux attaques du camp adverse.
«Des gens veulent pousser Mamadou Koulibaly et tous ceux qui sont avec lui vers la porte de sortie. Je vais vous dire de façon claire et nette que ce serait trop facile. En ce qui concerne Diabaté Bêh, ce serait, en tout cas, trop facile. Quand tu as consacré toute ta jeunesse à un parti politique, quand tu as risqué ta vie pour la cause de ce parti et tu t’es saigné pour son accession au pouvoir, ce serait trop facile de le laisser entre les mains d’arrivistes», a confié Diabaté Bêh, conseiller économique et social, dans une interview, le mardi 13 juillet, au quotidien L’Expression. Et, il a prévenu les détracteurs du président du Parlement: «Le combat que vient d’engager Mamadou Koulibaly, nous allons le mener au sein du Front populaire ivoirien et soyez rassurés, nous aurons la victoire sur les adeptes des pratiques mafieuses».
Pour sûr, les conclusions de l’enquête de Tchimou Raymond ont fait beaucoup de sceptiques au sein des Ivoiriens, tant le clientélisme, le tribalisme, le népotisme, la corruption dans les concours d’entrée à la fonction publique, notamment, dans le métier des armes, sont fréquemment évoqués.
K. Marras. D
Sorti ragaillardi de cette affaire qui a déchaîné, un mois durant, les passions, le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, reçoit coup sur coup ses supporteurs qui viennent lui témoigner leur joie.
Personne n’est dupe
Le Front populaire ivoirien, le creuset politique des deux antagonistes, Désiré Tagro et Koulibaly Mamadou, le président de l’Assemblée nationale, s’est empressé, mardi, de publier un communiqué pour appeler les militants à la retenue et à l’esprit de camaraderie.
«Se félicite du respect par le camarade Koulibaly Mamadou des recommandations de la commission ad’ hoc de la Direction du parti portant sur la nécessité de préserver un climat de sérénité au sein du Fpi. Salue le camarade Tagro Désiré pour la grande retenue et la dignité observée au cours de cette épreuve. Prend acte des résultats de l’enquête qui n’ont nullement mis en cause le camarade Tagro Désiré et lui renouvelle toute sa confiance. Fortement attaché au combat engagé par le président Laurent Gbagbo pour la moralisation de la vie publique, le Fpi invite tous ses responsables et militants à s’inscrire dans cette dynamique tout en privilégiant la cohésion et l’unité au sein des instances du parti. Dans cette perspective, le Secrétariat exécutif invite tous les militants et sympathisants à s’abstenir de toute déclaration inconvenante en vue de réinstaurer un climat de camaraderie et de convivialité», mentionne le communiqué du secrétariat exécutif du Fpi.
Les observateurs avertis savent qu’au-delà de la chirurgie cosmétique que le secrétariat exécutif tente de faire pour maquiller cette grave affaire, le mal est là. Le ver est dans le fruit. Et, le Front populaire ivoirien doit se préparer pour appréhender les conséquences de l’infirmation des allégations de Koulibaly Mamadou.
Le chef du Parlement va-t-il accuser le camouflet sans mot dire ou va-t-il revenir à la charge pour faire mentir les résultats des investigations du procureur de la République? Tagro va-t-il contre-attaquer?
Même si, s’adressant à des jeunes qui sont allés, mardi, manifester leur joie devant ses bureaux au Plateau, Désiré Tagro a confié: «Considérez qu’il ne s’est rien passé. Vous allez repartir tranquillement mais tenez un discours qui ne soit pas un discours de vengeance». Mais, comment les deux hommes vont-ils désormais se pratiquer? Le Fpi pourra-t-il se remettre de cette affaire?
« Mais, je pense que les relations ne seront plus comme avant, cette affaire a mis en évidence deux camps qui se sont, ouvertement, affrontés en s’alignant sur l’un des deux protagonistes », regrette un cadre du parti, sous le sceau de l’anonymat.
Comme lui, bien d’autres cadres que nous avons joints ont variablement soutenu cette thèse.
«Je ne sais pas si c’est un arrangement, mais, une chose était plus que certaine, dans cette empoignade, l’un des deux membres influents du parti devrait perdre la face. Si Koulibaly Mamadou l’emportait, c’est tout le régime qui s’écroulait. Des gens se seraient levés pour exiger des enquêtes dans d’autres secteurs et ainsi de suite. Cette affaire a éclaté au mauvais moment, au moment où il est de plus en plus question de réélection de notre candidat, Laurent Gbagbo», soutient un élu, mais, respectueux de la discipline du parti, il a demandé de taire son identité. Mais, des signes avant-coureurs du malaise qui se profile à l’horizon étaient déjà perceptibles dès le début de la guéguerre. Il y a eu les flots d’injures déversées sur Mamadou Koulibaly devant le Parlement par les partisans de Désiré Tagro qui sont allés jusqu’à brandir des écriteaux où on pouvait lire que l’avènement du Fpi au pouvoir sonne l’heure du peuple Bété. Puis, il y a eu les sorties musclées du directeur national de campagne de Laurent Gbagbo chargé de la jeunesse, Blé Goudé, contre Mamadou Koulibaly qui, selon lui, aurait trahi «un secret d’Etat» en s’attaquant à la gestion du ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro.
La veillée d’armes
Les partisans de Mamadou Koulibaly, qui n’entendaient pas laisser leur mentor se faire dépiécer par les partisans de Désiré Tagro, sont montés au créneau. Diabaté Bêh a apporté une conséquente réplique aux attaques du camp adverse.
«Des gens veulent pousser Mamadou Koulibaly et tous ceux qui sont avec lui vers la porte de sortie. Je vais vous dire de façon claire et nette que ce serait trop facile. En ce qui concerne Diabaté Bêh, ce serait, en tout cas, trop facile. Quand tu as consacré toute ta jeunesse à un parti politique, quand tu as risqué ta vie pour la cause de ce parti et tu t’es saigné pour son accession au pouvoir, ce serait trop facile de le laisser entre les mains d’arrivistes», a confié Diabaté Bêh, conseiller économique et social, dans une interview, le mardi 13 juillet, au quotidien L’Expression. Et, il a prévenu les détracteurs du président du Parlement: «Le combat que vient d’engager Mamadou Koulibaly, nous allons le mener au sein du Front populaire ivoirien et soyez rassurés, nous aurons la victoire sur les adeptes des pratiques mafieuses».
Pour sûr, les conclusions de l’enquête de Tchimou Raymond ont fait beaucoup de sceptiques au sein des Ivoiriens, tant le clientélisme, le tribalisme, le népotisme, la corruption dans les concours d’entrée à la fonction publique, notamment, dans le métier des armes, sont fréquemment évoqués.
K. Marras. D
