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Société Publié le samedi 24 juillet 2010 | Fraternité Matin

Police nationale/Caire-Div. Krouma Mamadou(DG du Fppn) : “dans nos prestations, il n’y a pas de discrimination au niveau des grades”

Le Fonds de prévoyance de la Police nationale vient de subir des réformes au cours d’un séminaire de toilettage de ses textes fondateurs. Le commissaire divisionnaire Krouma Mamadou fait des éclairages sur la gestion et les projets en cours. Au niveau des instances dirigeantes du Fppn, quelle est la représentativité des sous-officiers qui constituent le plus gros lot des effectifs de la police?

Le comité de gestion est composé de 153 délégués qui sont des policiers de tous grades, élus dans leurs unités respectives. Ce sont eux qui forment l’assemblée générale qui est l’instance souveraine du Fppn. On y compte 51 sous-officiers, 51 officiers, et 51 commissaires. Ce sont donc ces délégués qui déterminent la gestion et le fonctionnement de la structure. Mais comme ils ne peuvent pas suivre au quotidien la gestion du fonds, ils délèguent une partie de leur pouvoir au conseil d’administration constitué de 14 membres. Notamment 4 s/officiers, 4 officiers et 4 commissaires. Le 13e membre est le médecin commissaire qui représente le service médical et le 14e, le président du conseil d’administration élu par les 13 autres. C’est après son élection que les 14 administrateurs choisissent le Dg du Fppn. Comme vous le voyez donc, les policiers de tous grades participent pleinement et activement à la gestion et au fonctionnement du Fppn.

Comment expliquez-vous que beaucoup de policiers qui en font la demande ne bénéficient toujours pas des prestations du fonds?

Cette information n’est pas très exacte. C’est vrai que l’on a des difficultés dans la fourniture des prestations médicales, les prêts, etc. Mais elles sont essentiellement liées au fait que les cotisations ne sont pas régulièrement reversées au fonds. Tout récemment, il y a une dame qui m’a reproché le fait que les sous-officiers ne bénéficient pas des prêts qui seraient uniquement réservés aux officiers et commissaires. Elle est venue avec son mari qui se trouve être un délégué au fonds. Et là, j’avoue que j’étais très à l’aise ce jour-là, parce que je venais de traiter les dossiers des prêts et de remboursement. Je lui ai présenté une liste de 40 personnes sur laquelle, il n’y avait que deux à trois officiers, un seul commissaire, tous les autres étaient des sous-officiers. Les montants étaient même précisés en face. Je lui ai dit: «voilà plus de 60 millions Fcfa que l’on va distribuer aux sous-officiers». Nous, nous employons à être juste dans la fourniture de nos prestations. Pour les prestations médicales, les sous-officiers en sont à 70% bénéficiaires et à 80% en ce qui concerne l’octroi des prêts. Il n’y a donc pas de discrimination dans nos prestations entre commissaires, officiers et sous-officiers

Quel est le niveau des améliorations que vous avez apportées dans les prestations de votre institution?

Au niveau santé, nous prenons désormais en compte, en plus des cliniques conventionnelles au nombre de six à Abidjan, toutes celles des villes de l’intérieur du pays. Tous les examens biologiques à but diagnostique, les chirurgies ainsi que toutes les radios jusqu’au scanner sont l’affaire du Fppn. En plus de ces avantages qu’excluaient les textes, nous avons aussi fait une lecture de la situation sociale du policier. Nous avons de ce fait introduit le Plan épargne plus (Pep) auquel il faut souscrire pour au moins trois ans et moyennant au moins une cotisation de 10.000 Fcfa. A travers le Pep, nous voulons susciter l’esprit d’épargne chez le policier pour lui éviter l’humiliation que font subir les usuriers aux fonctionnaires qui ont recours à eux pour avoir des prêts. Il faut lui éviter de se retrouver dans une situation d’endettement chronique. Après six mois de cotisation, le policier peut venir chez nous au Fppn pour solliciter un prêt. Lequel, dans ce cas, va de cent mille F à trois millions de Fcfa. Ce montant varie de cinq à quinze millions lorsque l’adhérent a cotisé pendant un an. Quant à la catégorisation des prêts, nous avons le prêt scolaire qui va de cent mille à cinq millions Fcfa remboursables sur dix mois. Pour les mariages, baptêmes, funérailles, nos montants partent de cent mille à trois millions Fcfa remboursables sur 36 mois. S’agissant des prêts immobiliers, le montant varie de cinq à quinze millions remboursables sur dix ans. A tous ces prêts, nous appliquons 14% de taux d’intérêt.

Pensez-vous pouvoir, avec vos différentes prestations, améliorer l’image ternie de la police? Pouvez-vous détourner les agents de police du racket dont on les accuse?

Accordez-nous encore au moins trois ans et vous verrez que le comportement du policier va fondamentalement changer grâce aux prestations du Fppn. Nous entendons effectivement passer par les prêts et autres avantages qu’il offre pour moraliser au maximum les policiers. Car avec les prestations qui sont à leur disposition avec le Fppn, ils n’auront plus besoin d’aller s’endetter chez l’usurier.

Il n’est pas aisé pour les policiers de trouver des logements. Que faites-vous concrètement pour remédier à la question de leurs baux qui ne sont pas payés?

Là, il s’agit de deux situations qu’il faut distinguer. Les programmes immobiliers du Fonds de prévoyance de la police nationale sont destinés à la construction, ou l’achat de maisons pour les policiers qui sont exclusivement cotisants au Plan épargne plus. Nous nous battons pour eux, la preuve est que nous avons des sites, les financiers, banquiers et constructeurs frappent à nos portes et nous sommes en négociation avec eux. Nous sommes en mesure de démarrer nos opérations sur nos six à sept sites dont nous avons la propriété. Il n’y a pas de problème à ce niveau-là. Mais en ce qui concerne les baux administratifs, les baux de police, ce n’est pas le fonds qui s’en charge, mais une régie.

Au nombre des acquis du fonds dont je voudrais que vous fassiez l’état, il y a l’hôpital de police. Comment expliquez-vous que les policiers payent pour les soins qu’ils reçoivent, alors que cet hôpital est justement construit pour eux?

Merci pour cette question, mais je précise tout de suite que votre information n’est pas exacte. Les policiers et leurs ayants droit ne payent pas le moindre sou pour les prestations dans cet hôpital, parce que le Fppn s’en charge. Ils ne payent ni la consultation ni les médicaments, ni l’hospitalisation. Ce sont les civils qui doivent payer la consultation et autres, parce que nous ne pouvons construire un hôpital et le fermer.

Ce que les civils payent ainsi doit constituer un bon pactole pour le fonds. à combien cela s’élève-t-il?

Ce qui revient au fonds n’est pas suffisant et je dois même dire que c’est ce que les civils payent qui constitue notre problème aujourd’hui. C’est ce qui fait que nous hésitons à investir à l’hôpital. Le fait est que l’Etat de Côte d’Ivoire qui n’a jamais donné 5 F pour le fonctionnement de l’hôpital, depuis sa création jusqu’à ce jour, y a envoyé un régisseur, un comptable public. Et pourtant, c’est là où l’Etat injecte de l’argent qu’il est censé exercer un contrôle. C’est cela qui nous gêne. Même quand on veut agrandir la capacité de l’hôpital, les financiers et autres banques qui veulent nous aider nous renvoient à la question du régisseur. Comment peuvent-ils nous aider quand nous avons dans la structure un régisseur des recettes? Lorsque nous approvisionnons la pharmacie, les civils qui viennent et payent les prestations allant des consultations, aux soins jusqu’au bloc opératoire sont soignés avec ces médicaments que nous achetons.

Voulez-vous dire que c’est le régisseur de l’Etat qui recueille les recettes au détriment du fonds?

Il prend 40% qu’il verse dans les caisses de l’Etat et le reste va au service de santé. Nous disons que cette façon de faire n’est pas normale. Cet hôpital appartient pleinement au Fppn qui a un certificat de propriété. Dès que le régisseur quittera les lieux, vous verrez bien que nous allons en augmenter la capacité et y améliorer les prestations. Nous allons y investir véritablement pour le grand bonheur non seulement de la famille policière, mais pour celui de toute la population ivoirienne. Déjà, tous les riverains de notre hôpital y vont. Au Plateau, il n’existe pas d’hôpital public de cette taille. Or, il y a beaucoup de travailleurs dans ce grand centre des affaires à Abidjan. Les populations qui convergent vers le Plateau, et qui veulent se soigner, frappent toutes à notre porte. Or, on ne peut pas améliorer nos prestations du fait de la présence de ce régisseur, au risque de perdre nos investissements. C’est pour cela que parfois des patients se plaignent du manque de médicaments. Nous ne pouvons pas déposer des médicaments qui servent aux civils qui payent des prestations dont les recettes ne nous sont pas reversées entièrement. Pendant les moments de grève, nous avons été réquisitionnés pour traiter les civils. Et ces derniers, dans ces conditions, n’ont rien déboursé, alors qu’en temps normal, quand vous allez à l’hôpital, vous payez. Non seulement, nous payons tout sans être remboursés, lorsque nous sommes réquisitionnés, mais encore, on installe un régisseur des recettes dont la seule mission consiste à récolter les recettes.

Quand vous parlez de l’Etat, il faut dire qu’il a ses démembrements. Qui donc a envoyé ce régisseur à l’hôpital militaire et depuis quand est-il présent?

C’est le ministère de l’Economie et des Finances qui a envoyé ce régisseur. C’est un comptable public qui est arrivé depuis quatre ans. En tout cas, nous nous battons pour que cette personne qui ne nous arrange pas du tout soit rappelée. Je dois vous dire qu’avant son arrivée, cet hôpital était un hôpital de référence et tout le monde, y compris nos frères d’armes venaient s’y faire soigner et ils y envoyaient leurs stagiaires, des infirmiers, sages-femmes jusqu’aux médecins pour apprendre. Mais tout cela, depuis quatre ans, relève du passé et nous hésitons à investir et faire des améliorations. Aujourd’hui, c’est le Fppn qui assure la couverture médicale des recrues de la police nationale sur fonds propres. Et cela, au sein de l’hôpital. Donc, qu’on nous laisse les mains libres pour gérer cet établissement que nous avons créé. C’est quand le régisseur y a mis les pieds que les prestations ont commencé à dégringoler et aujourd’hui, tout le monde critique cela. Pour cet hôpital, nous avons beaucoup investi et s’il arrivait qu’il tombe dans les mains de l’Etat, j’avoue que tous les investissements seraient perdus. La preuve, voyez les Chu qui sont aux mains de l’Etat. Ils croulent sous le poids des difficultés de fonctionnement. Non, il faut absolument éviter que l’hôpital de la police ne soit atteint par le syndrome des Chu.

M. le Dg, vous venez de faire,à Grand-Bassam, un séminaire de toilettage des textes de base du fonds. Quels sont les amendements apportés et quels étaient les points critiques du texte amendé?

Il n’y avait pas de difficulté particulière. Tous les textes se font par des hommes et pour les hommes pour une période donnée et pour des situations données et quand les situations viennent à évoluer, les hommes suivent, il faut alors adapter les textes. C’est donc cet amendement que nous avons essayé de faire. Le fait est que les policiers ne comprenaient pas très bien certaines dispositions des textes. Par exemple, la limitation des mandats du Dg et du Pca. De même que les élections des délégués et des administrateurs. Nous avons élaboré un code électoral qui a spécifié les mandats électifs. Donc, à ce niveau-là, il y a eu une avancée significative. C'est-à-dire que l’on sait maintenant qui peut être électeur, qui peut être éligible et pour combien de temps. En ce qui concerne le mandat lui-même, sa durée est restée la même, c'est-à-dire trois ans. On a opté pour la limitation des mandats qui sont désormais renouvelables une seule fois. On a également essayé de clarifier les rapports conseil d’administration - direction générale du Fppn. C’est vrai qu’ils étaient déjà assez clairs, mais on procédait plutôt par mandat, par délégation de pouvoir. Aujourd’hui, nous avons clarifié tout cela. Le conseil d’administration a un rôle de contrôle, de supervision de la politique de gestion du Fppn. Et la direction générale qui est l’organe exécutif se charge d’exécuter la feuille de route.


Est-ce votre structure qui se charge des visites médicales des candidats aux concours directs d’entrée à l’Ecole nationale de police?

Non, ce n’est pas le fonds qui s’en charge et ce n’est pas non plus l’hôpital de la police. La visite médicale à l’école de police relève d’une autre structure privée. Cette année, cela a été confié au directeur des services de santé de la police nationale qui a son bureau à Attoban. Le directeur étant chargé de coordonner, ce sont des structures privées qui exécutent tous les examens.


Après neuf ans d’existence, le Fppn peut-il aujourd’hui,en face de la nation, présenter un bilan positif?

Ce sont les policiers eux-mêmes et la nation entière qui constatent son bilan positif. Avant la création du fonds, le policier ne pouvait pas être soigné convenablement et il mourrait, faute de soins, dans les unités sanitaires, dans les urgences des formations sanitaires publiques. Aujourd’hui, cela n’arrive plus, quoi que l’on dise. Si les policiers qui sont chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens ne se portent pas bien, vous comprenez que personne ne sera en sécurité. Si ces policiers-là ne veulent pas aller au charbon parce qu’ils savent que s’ils sont blessés, il n’y aura personne pour les prendre en charge, pour les soigner, cela est grave. Mais, Aujourd’hui, grâce au fonds, ils peuvent y aller les yeux fermés, car ils sont pris en compte et bien soignés. Même ceux qui sont blessés à l’occasion d’opérations de maintien de l’ordre public. Normalement, c’est l’Etat qui devrait prendre en charge les blessés en service commandé. Mais c’est le fonds qui s’en charge. Les blessés par balles ou dans un accident de la voie publique, nous les soignons tous. Bref, quels le que soient la nature et le degré du cas, nous intervenons. On peut soigner un policier jusque dans l’ordre de 30 millions de Fcfa et cela, sans poser de question. De même, quand un civil, à l’occasion d’une opération de police ou dans le cadre d’un service de maintien de l’ordre, est blessé, nous le prenons en compte. Vous avez évoqué tout à l’heure le cas des baux qui ne sont pas payés. Mais, dites-moi, qui expulse les policiers des maisons dont ils sont les propriétaires? Eh bien, sachez que c’est grâce au fonds que certains sont devenus propriétaires des maisons qu’ils occupent. Cela relève du bilan du Fppn. Avant, parmi les policiers qui devaient faire valoir leurs droits à la retraite, il y en a qui mourraient de soucis trois mois avant la date du départ parce qu’ils n’avaient rien, aucune maison, pas d’épargne. Mais cela n’arrive plus aujourd’hui où grâce à la souscription à nos produits, certains sont allés à la retraite avec dix millions de Fcfa en poche. D’autres avec au moins un toit. Et puis, depuis la dernière assemblée, les retraités sont acceptés comme membres affiliés au Fppn. Nos résultats sont là, patents, tout le monde peut le constater, nous n’avons pas àfaire la fine bouche.

Quels sont, pour cette année et les autres à venir, vos projets pour le Fppn?

Les projets vont tourner essentiellement autour de deux points: assurer effectivement et efficacement la couverture médicale. Nous avons déjà commencé à le faire parce que nous avons un programme de médecine de proximité. Aujourd’hui, dans tous les quartiers d’Abidjan, il y a des formations sanitaires de proximité. Et améliorer les prestations à l’hôpital de police, dans nos infirmeries et on va tendre vers la construction d’une clinique du Fppn. Le site est acquis et nous sommes en train de travailler avec les financiers qui sont déjà venus. Ils nous ont même promis l’augmentation de la capacité de l’hôpital. à l’école de police, nous allons construire un centre de santé. Tout cela va participer à la prise en charge des policiers et leurs ayants droits.

Interview réalisée Par Landry Kohon
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