Burida, Unartci, Fondaci, ministère de la Culture… : Qui doit soigner les artistes malades ?
De nombreux chanteurs ou comédiens sont condamnés à avoir recours au SOS pour faire face aux graves cas de maladies. Ils demandent l’aide des personnes de bonne volonté, des organisations d’artistes et des plus hautes autorités du pays.
«Tous les artistes malades ne peuvent pas avoir la chance que j’ai eue », reconnaît Guéï Thérèse, comédienne, qui s’est remise de plus de deux ans de maladie. Au plus fort de son mal, elle avait reçu une prise en charge de la présidence de la République. Mais aussi, une ligne de solidarité s’était créée autour d’elle, ce qui lui a permis de faire face aux différentes charges. « Quand un artiste se met à demander de l’aide, c’est que c’est ‘’chaud’’ (difficile). Ce n’est pas un acte prémédité. C’est lorsqu’il n’a plus d’argent pour acheter les médicaments, qu’il le fait », explique Dj Jacob, artiste-chanteur de coupé-décalé. Parmi les créateurs encore souffrants, il y Tatiana de Maken’Sira (comédienne), Ayamé (comédienne), Kley Saley (artiste-chanteur), Adjé Daniel... Ceux-ci attendent encore leur guérison totale. Certains ont reçu de l’aide. D’autres en demandent. Si ces requêtes ne sont pas blâmables, c’est leurs fréquences qui donnent à réfléchir. A savoir, à qui revient-il de soigner les artistes malades ?
Chacun pour soi…
«C’est l’artiste lui-même qui doit se soigner », soutient Glazaï Dohoun Kévin, comédien-chanteur. Et de continuer, « Il doit prendre toutes les dispositions pour financer ses soins. Il est son propre employeur ». La plupart des artistes approchés sur la question pensent la même chose. « Un artiste qui a les moyens, se soigne lui-même. Il fait son bilan de santé et se fait suivre par un docteur. Il y a des artistes qui ont des maladies particulières. Ceux-ci ont des médecins particuliers », affirme Fadal Day, artiste chanteur reggae. Cette information est confirmée par une source médicale proche des artistes : « Les artistes ont tendance à cacher leur maladie. C’est pourquoi ils ne fréquentent pas l’hôpital qui a été mis à leur disposition. Mais, lorsque le mal s’aggrave, ils sont obligés de le faire savoir ».
Une situation financière précaire
«Les artistes ne peuvent pas se prendre en charge en cas de maladie parce qu’ils souffrent de la piraterie », ne cessent de scander les créateurs. Le piratage des œuvres de l’esprit constitue, selon eux, la principale cause de leur paupérisation. « On peut être populaire aujourd’hui en Côte d’Ivoire et ne pas avoir de moyens. Le métier est ingrat. Nous ne sommes pas bien rémunérés », affirme Fadal Day. « Certains artistes, très en vogue, se retrouvent avec des miettes comme droits d’auteur. Ce sont les spectacles qui leur permettent de joindre les deux bouts », confie un agent du bureau ivoirien du droit d’auteur, qui a requis l’anonymat. En effet, la vente de Cd piratés se fait au vu et su de tous. « La piraterie a atteint un seuil intolérable. Les gens qui vendaient 300.000 exemplaires de Cd, ne peuvent même pas en vendre la moitié aujourd’hui », déplore Aimond Williams, président de la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire (Fondaci). Outre la piraterie, de nombreux observateurs pointent du doigt le mode et le rythme de vie des artistes comme source de leurs malheurs. «Les chanteurs sont des personnes qui vivent à ‘’100 à l’heure’’. Et, les retombées financières ne suivent pas. Ils vivent généralement au-dessus de leurs moyens », avoue un proche d’artiste. Pour Glazaï Dohoun Kévin, le problème des musiciens, c’est le manque d’organisation. « Rares sont ceux qui sont organisés. Il y a un laisser-aller chez ceux qui ont du succès. Ils ne prévoient rien. Si un artiste veut avoir une véritable carrière, il se doit de s’organiser », estime l’administrateur du Burida. Cette situation est plus grave chez les comédiens. D’abord, parce qu’ils reçoivent moins d’argent, en terme de droit d’auteur, mais aussi, parce qu’ils donnent moins de spectacles. « Que ce soit Tatiana ou Guéï Thérèse, elles sont populaires, mais n’ont pas de moyens », renchérit Fadal. Dans ce cas de figure, c’est vers les organisations d’artistes qu’ils se dirigent.
Fans et autorités au secours
Le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) est la structure qui reçoit la majorité des sollicitations. Les vedettes malades s’y rendent soit par ignorance, soit par désespoir. « Nous recevons des artistes tous les jours. Certains viennent exposer des problèmes personnels, d’autres nous demandent de payer leurs ordonnances », a reconnu Yves Kané, responsable de la communication de la maison des artistes. Pour lui, cela ne fait pas partie des prérogatives du Burida. « Le Burida a pour objet de recueillir les droits d’auteurs et de les repartir entre les artistes conformément à la loi », affirme-t-il. Cette idée est soutenue par Glazaï Kévin. « Le Burida peut apporter des aides au plan social. Mais, il n’est pas l’idée d’un centre social ».
Face au décès en série des artistes, l’administrateur Armand Obou, ancien Dg intérimaire, a acquis un centre de santé pour les créateurs. Jusqu’à ce jour, ceux-ci y reçoivent gratuitement les premiers soins. Parlant de l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire (Unartci), Fadal assure : «A l’Unartci, personne ne cotise. Ce qui fait qu’il n’y a pas de fonds pour aider les artistes ». Pour lui et Yves Kané, c’est à la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire qu’il revient d’aider ceux qui sont dans le besoin. Rôle que joue bien Aimond Williams, président de cette structure. « Durant ma maladie, j’ai reçu deux fois de l’argent de la Fondaci », avoue Guéï Thérèse. En effet, la fondation a un rôle caritatif. Elle veille sur la vie des artistes. « Il ne s’agit pas d’aider directement. Nous servons d’interface entre les personnes de bonne volonté et les artistes en difficulté », précise-t-il. Au niveau du ministère de la Culture et de Francophonie, on admet qu’il existe une cellule d’aide aux artistes en difficulté. Mais, il faut que ceux-ci en manifestent le besoin. « Nous n’allons pas courir derrière des personnes pour leur apporter de l’aide. Tous ceux qui manifestent le besoin, nous leur venons en aide. En amont (cas de maladie) et en aval (décès). Il suffit qu’ils saisissent le ministère », précise un collaborateur du ministre Anzoumana Moutayé.
Sanou Amadou (Stagiaire)
De nombreux chanteurs ou comédiens sont condamnés à avoir recours au SOS pour faire face aux graves cas de maladies. Ils demandent l’aide des personnes de bonne volonté, des organisations d’artistes et des plus hautes autorités du pays.
«Tous les artistes malades ne peuvent pas avoir la chance que j’ai eue », reconnaît Guéï Thérèse, comédienne, qui s’est remise de plus de deux ans de maladie. Au plus fort de son mal, elle avait reçu une prise en charge de la présidence de la République. Mais aussi, une ligne de solidarité s’était créée autour d’elle, ce qui lui a permis de faire face aux différentes charges. « Quand un artiste se met à demander de l’aide, c’est que c’est ‘’chaud’’ (difficile). Ce n’est pas un acte prémédité. C’est lorsqu’il n’a plus d’argent pour acheter les médicaments, qu’il le fait », explique Dj Jacob, artiste-chanteur de coupé-décalé. Parmi les créateurs encore souffrants, il y Tatiana de Maken’Sira (comédienne), Ayamé (comédienne), Kley Saley (artiste-chanteur), Adjé Daniel... Ceux-ci attendent encore leur guérison totale. Certains ont reçu de l’aide. D’autres en demandent. Si ces requêtes ne sont pas blâmables, c’est leurs fréquences qui donnent à réfléchir. A savoir, à qui revient-il de soigner les artistes malades ?
Chacun pour soi…
«C’est l’artiste lui-même qui doit se soigner », soutient Glazaï Dohoun Kévin, comédien-chanteur. Et de continuer, « Il doit prendre toutes les dispositions pour financer ses soins. Il est son propre employeur ». La plupart des artistes approchés sur la question pensent la même chose. « Un artiste qui a les moyens, se soigne lui-même. Il fait son bilan de santé et se fait suivre par un docteur. Il y a des artistes qui ont des maladies particulières. Ceux-ci ont des médecins particuliers », affirme Fadal Day, artiste chanteur reggae. Cette information est confirmée par une source médicale proche des artistes : « Les artistes ont tendance à cacher leur maladie. C’est pourquoi ils ne fréquentent pas l’hôpital qui a été mis à leur disposition. Mais, lorsque le mal s’aggrave, ils sont obligés de le faire savoir ».
Une situation financière précaire
«Les artistes ne peuvent pas se prendre en charge en cas de maladie parce qu’ils souffrent de la piraterie », ne cessent de scander les créateurs. Le piratage des œuvres de l’esprit constitue, selon eux, la principale cause de leur paupérisation. « On peut être populaire aujourd’hui en Côte d’Ivoire et ne pas avoir de moyens. Le métier est ingrat. Nous ne sommes pas bien rémunérés », affirme Fadal Day. « Certains artistes, très en vogue, se retrouvent avec des miettes comme droits d’auteur. Ce sont les spectacles qui leur permettent de joindre les deux bouts », confie un agent du bureau ivoirien du droit d’auteur, qui a requis l’anonymat. En effet, la vente de Cd piratés se fait au vu et su de tous. « La piraterie a atteint un seuil intolérable. Les gens qui vendaient 300.000 exemplaires de Cd, ne peuvent même pas en vendre la moitié aujourd’hui », déplore Aimond Williams, président de la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire (Fondaci). Outre la piraterie, de nombreux observateurs pointent du doigt le mode et le rythme de vie des artistes comme source de leurs malheurs. «Les chanteurs sont des personnes qui vivent à ‘’100 à l’heure’’. Et, les retombées financières ne suivent pas. Ils vivent généralement au-dessus de leurs moyens », avoue un proche d’artiste. Pour Glazaï Dohoun Kévin, le problème des musiciens, c’est le manque d’organisation. « Rares sont ceux qui sont organisés. Il y a un laisser-aller chez ceux qui ont du succès. Ils ne prévoient rien. Si un artiste veut avoir une véritable carrière, il se doit de s’organiser », estime l’administrateur du Burida. Cette situation est plus grave chez les comédiens. D’abord, parce qu’ils reçoivent moins d’argent, en terme de droit d’auteur, mais aussi, parce qu’ils donnent moins de spectacles. « Que ce soit Tatiana ou Guéï Thérèse, elles sont populaires, mais n’ont pas de moyens », renchérit Fadal. Dans ce cas de figure, c’est vers les organisations d’artistes qu’ils se dirigent.
Fans et autorités au secours
Le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) est la structure qui reçoit la majorité des sollicitations. Les vedettes malades s’y rendent soit par ignorance, soit par désespoir. « Nous recevons des artistes tous les jours. Certains viennent exposer des problèmes personnels, d’autres nous demandent de payer leurs ordonnances », a reconnu Yves Kané, responsable de la communication de la maison des artistes. Pour lui, cela ne fait pas partie des prérogatives du Burida. « Le Burida a pour objet de recueillir les droits d’auteurs et de les repartir entre les artistes conformément à la loi », affirme-t-il. Cette idée est soutenue par Glazaï Kévin. « Le Burida peut apporter des aides au plan social. Mais, il n’est pas l’idée d’un centre social ».
Face au décès en série des artistes, l’administrateur Armand Obou, ancien Dg intérimaire, a acquis un centre de santé pour les créateurs. Jusqu’à ce jour, ceux-ci y reçoivent gratuitement les premiers soins. Parlant de l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire (Unartci), Fadal assure : «A l’Unartci, personne ne cotise. Ce qui fait qu’il n’y a pas de fonds pour aider les artistes ». Pour lui et Yves Kané, c’est à la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire qu’il revient d’aider ceux qui sont dans le besoin. Rôle que joue bien Aimond Williams, président de cette structure. « Durant ma maladie, j’ai reçu deux fois de l’argent de la Fondaci », avoue Guéï Thérèse. En effet, la fondation a un rôle caritatif. Elle veille sur la vie des artistes. « Il ne s’agit pas d’aider directement. Nous servons d’interface entre les personnes de bonne volonté et les artistes en difficulté », précise-t-il. Au niveau du ministère de la Culture et de Francophonie, on admet qu’il existe une cellule d’aide aux artistes en difficulté. Mais, il faut que ceux-ci en manifestent le besoin. « Nous n’allons pas courir derrière des personnes pour leur apporter de l’aide. Tous ceux qui manifestent le besoin, nous leur venons en aide. En amont (cas de maladie) et en aval (décès). Il suffit qu’ils saisissent le ministère », précise un collaborateur du ministre Anzoumana Moutayé.
Sanou Amadou (Stagiaire)