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Société Publié le mardi 27 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

Procès des journalistes de "Le Nouveau Courrier" : Tchimou a perdu le procès

Les journalistes de" Le Nouveau Courrier" et Patrice Pohé, conseiller en communication du procureur de la République, tous incarcérés dans le cadre de l'affaire de " vol de document administratif " sont libres depuis hier. Le président du tribunal, le juge Brama Koné, après une longue audience qui a duré plus de cinq (05) heures d'horloge, a estimé que les faits reprochés aux détenus n'étaient pas constitués. Il s'agit en fait du délit de vol de document juridique pour Patrice Pohé et de délit de recel pour Théophile Kouamouo, Stéphane Bahi et Saint-Claver Oula.

Les trois (03) confrères, cependant, sont tombés sous le coup de l'article 73 relative à la loi sur la presse. Cela, pour avoir publié un document non encore évoqué en audience publique. Les journalistes de " Le Nouveau Courrier", de ce fait, ont été condamnés à payer une amende de 5 millions de francs Cfa. Le tribunal a également ordonné la suspension de ce journal pour une période de quinze (15) jours et la confiscation de l'ordinateur contenant le réquisitoire du parquet.

Une décision qui est loin de celle du parquet qui, après avoir requis, il y a quelques jours, douze mois de prison, a revu ses prétentions à la baisse pour ne requérir que deux (02) mois d'emprisonnement ferme et cent (100) mille francs d'amende pour Patrice Pohé, un mois d'emprisonnement ferme également et cinq(05) millions d'amende pour Théophile Kouamouo et ses collègues. Avant ces condamnations, le procès s'est ouvert aux environs de 14 heures par la comparution de Patrice Pohé. Son interrogatoire en effet a porté d'une part, sur ses conversations téléphoniques avec la secrétaire du procureur de la République dame Boni Rosine.

Patrice Pohé, devant le tribunal, a reconnu avoir téléphoné à cette dernière pour lui demander de lui communiquer depuis Bassam, certaines informations relatives au conclave sur le dossier de la filière café cacao. Il s'agit surtout des infractions retenues à l'endroit de certains barons de cette filière contre forte somme. Ce que Boni Rosine, présentée comme témoin à ce procès, a, selon lui, refusé. Patrice Pohé a également expliqué que le directeur de publication du journal. Le Quotidien Allan Aliali lui aurait téléphoné pour lui demander de lui donner le réquisitoire en échange d'une forte somme d'argent. Toutes ces déclarations ont été démenties par tous les témoins que sont Allan Aliali, l'informaticien et Rosine Boni qui a indiqué qu'en son absence les 5 et 7 juillet derniers, patrice Pohé a utilisé son ordinateur qui contenait le document en question. Après toutes ces explications, le procureur Diakité Mamadou a déclaré : " Pohé n'est pas magistrat, il n'a pas droit à un dossier du parquet…Patrice Pohé se défend mais il se défend mal. C'est clair, il est celui qui a soutiré le dossier de l'ordinateur de dame Rosine Boni… Il y a eu une organisation qui a été mise en place pour que le travail fait par le parquet soit mis à mal …C'est de la mauvaise foi. Pohé Patrice a volé le document du parquet. " Après quoi, son collègue, le procureur Oulai, a requis les premières peines d'emprisonnement. Les avocats de la défense, à leur tour, ont démontré que les faits reprochés à leurs clients n'étaient pas fondés. " De quoi accuse-t-on Pohé ? Il peut être assis sur l'ordinateur mais cela ne fait pas de lui un voleur…Et puis, il ne s'agit pas de vol de document administratif mais de vol de fichier informatique alors que le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui. C'est la dépossession de cette chose et pourtant, le fichier est toujours entre les mains du parquet. On ne peut plus parler de vol " a démontré Me Sarr, avocat de Patrice Pohé. Me Tié Bi Hivat, au nom des journalistes, parlera, lui, d'absence de preuve matérielle " Mes clients sont journalistes, c'est leur devoir de chercher même ce qui est caché " a-t-il, lui aussi, ajouté. Quant à Me Gué Désiré, avocat des journalistes, il a dénoncé le délit retenu contre ses clients " Il s'agit d'un délit de presse et non un délit de droit commun. On cherche un coupable dans une situation où on contourne la loi " a-t-il fait savoir tout comme tous les autres avocats des détenus. C'est donc après ces plaidoiries que le tribunal s'est retiré pour délibérer afin de prendre sa décision finale. C'est-à-dire déclarer Patrice Pohé et les journalistes non coupables. Un jugement qui a réjoui les parents des prévenus mais surtout les organisations professionnelles de la presse. Parce qu'elles viennent de sauver la loi sur la presse. Les confrères qui ont passé leur dernière nuit hier à la Maca seront libérés aujourd'hui.

DJE KM
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