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Politique Publié le samedi 31 juillet 2010 | Le Patriote

Contribution / Dialogue avec Soundjata, le refondateur - Pr. Laurent Gbagbo, héros de la liberté et cher maître

© Le Patriote Par Emma
Economie - La Côte d`Ivoire accueille la 45ème Assemblée annuelle de la BAD et la 36ème Assemblée annuelle du FAD
Jeudi 27 mai 2010. Abidjan, Palais des congrès de l`Hôtel Ivoire. Cérémonie d`ouverture. Photo: le président Laurent Gbagbo, lors de son allocution
Bientôt, le 26 octobre 2010, vous aurez à fêter le dixième anniversaire de votre ascension héroïque à la magistrature suprême de notre pays. Sur les circonstances de cet évènement historique, les avis divergent; vos laudateurs vous ont présenté comme un messie tandis que vos détracteurs ont dépeint votre prise de pouvoir comme une imposture démocratique.
Mais les sages, au sens Grec du terme, à savoir les hommes de la connaissance et du savoir, ne peuvent adhérer à de telles perceptions de l’histoire car ils savent que vous êtes «un homme historique», c`est-à-dire un homme à qui l’histoire a bien voulu confier une mission circonstancielle.
Et les sages n’ont pas eu tort, car malgré vos multiples obligations d’homme d’Etat, soucieux en permanence du bien-être de vos concitoyens, vous n’avez cessé de continuer vos réflexions sur l’histoire de l’humanité. A cet effet, j’ai été très impressionné par vos récentes publications consacrées au peuple Bété (sur les traces des Bété) et à Soundjata Kéita, Empereur du Manding, héros civilisateur dont vous avez su saisir la dimension historique exceptionnelle, malgré quelques scories historiques que votre Talibé que je suis a cru déceler dans cette œuvre monumentale.
Au cours des dédicaces de votre contribution sur Soundjata, en homme de science mais aussi en homme d’Etat, vous avez présenté Soundjata comme le héros de l’Afrique libre, de l’Afrique digne, qui a su tirer avantage de la première mondialisation de l’économie mondiale dont la participation de l’Afrique s’est réalisée à travers le commerce transsaharien, entre le VIIIe et le XVIe siècle. Selon vous, et cela est exact au plan purement historique, Soundjata a su préserver l’âme de l’Afrique tout en tirant profit des avantages dont était porteuse cette économie globalisée.
Sans être explicite, j’ai compris, cher maître, que Soundjata était pour vous un modèle d’homme d’Etat. J’ai donc pensé honnêtement que votre action serait inspirée en permanence par ce grand homme, ce héros de l’Afrique médiévale. Pour ma part, depuis ce jour, je vous ai considéré comme notre Soundjata à nous, le Soundjata de la savane et de la forêt, le Soundjata du XXIe siècle, l’homme de progrès qui permettrait à la Côte d’Ivoire de participer pleinement à la nouvelle civilisation numérique. Cette conviction qui est la mienne, a été forgée par l’histoire comparée entre vous et votre modèle historique.

Soundjata du Manding,
Soundjata de la Forêt :
deux hommes, un même destin.

Les sources historiques Manding soutiennent, à la quasi unanimité, que Soundjata Kéita commence sa vie par un handicap terrible que lui a affligé la nature. En effet, l’enfant prédestiné dont tous les devins auraient annoncé la venue au monde, arrive sur la terre des hommes, paralytique, traînant dans la cour royale, sans aucune utilité. L’enfant prédestiné, le Nagama, ne pouvait dans ces conditions que faire l’objet de railleries de «petites gens» qui pullulaient alors dans la cour royale du Mandé. La tradition orale, dont vous êtes l’un des spécialistes en Afrique, nous apprend que c’est grâce à son courage et à sa témérité que Soundjata a dompté son handicap pour devenir un guerrier intrépide et un stratège respecté.
Apeurés, il fera l’objet d’exclusion de la part de ses frères et Soundjata n’a eu son salut que dans l’exil à Mema dans le Wagadou.
Oh vous, Soundjata de la forêt, vous partagez le même destin que votre héros historique. Certes, votre handicap n’était pas physique; mais vous avez vécu, un handicap aussi cruel. Fils de pauvre (Poignon), c’est grâce à votre courage, à votre ténacité et à votre espérance dans la vie que vous avez su franchir les différentes échelles sociales, couronnées par une brillante thèse de Doctorat à la Sorbonne, haut lieu de sciences en Europe depuis le XIIe siècle.
Et malgré ce succès, quand vous avez voulu mettre votre science au service du progrès et de la liberté, donc au service des vôtres, vous n’avez connu que railleries, mépris et humiliations. Seul quelques suicidaires tels Mémel Fotey, Barthélémy Kotchy, Ouraga Obou, Anaky Kobenan, Affi N’guessan et les intellectuels progressistes de l’université vous ont compris.
Comme Soundjata, vous avez fait votre voyage de Méma (Paris).
Comme Soundjata, en 1235, vous avez mené la bataille de Kirina le 26 octobre 2000.
Comme Soundjata, en 1235, votre victoire en 2000 est la victoire des forces de progrès sur celles de l’obscurantisme et du désordre.
Le Kurugan Fugan de Mandé et le Kurugan Fugan d’Abidjan : deux assemblées pour la refondation.
Vous nous l’avez enseigné, cher maître, avant votre voyage de Méma en 1982, la convocation de la grande assemblée du Mandé par Soundjata, en 1236, obéissait à un impératif de sortie pacifique de crise, après un demi-siècle de troubles émaillés de sueur, de larmes et de sang.
En effet, l’épopée du Manding situe l’historien sur les causes profondes de la crise du Mandé au XIIIe siècle. Le duel Soumahoro Kanté-Soundjata Kéita est en réalité la cristallisation d’une crise de croissance qui secoue la boucle du Niger à cette époque.
Les sources historiques, notamment la monumentale œuvre d’Ibn Khaldun, nous instruisent, qu’après la chute de l’empire du Ghana suite à l’aventure des Almoravides en 1076, la boucle du Niger vit un drame historique durant un siècle et demi (de 1076 à 1200). L’empire Soninké de Kaya Maghan qui couvrait la quasi-totalité de l’ouest Africain, situé entre les fleuves Niger et Sénégal ne connut que désolation : le Ganar, le Tekrour, le Sosso, le Mandé, le Songhay et même les pays de Lam-Lam (situés au sud du Niger) n’ont connu durant ces siècles que le spectre de la guerre civile, à cause des velléités d’hégémonie entre rois vassaux et gouverneurs de provinces. Des guerres incessantes déchirent alors l’Ouest Africain. Commerçants musulmans, paysans animistes, femmes et hommes, toutes les composantes de la société paient alors un lourd tribut. C’est la période la plus tragique de l’Ouest Africain qui devient un pourvoyeur d’esclaves de guerre aux commerçants Arabo-berbères à travers le Sahara.
Il s’ensuit alors des mouvements de populations selon les traditions orales. Ainsi, on retient entre autres que :
Les clans Toucouleur du groupe Torodo parmi lesquels les Baro, les Sylla et les Traoré émigrent vers la vallée du Sénégal;
La migration des Sérères du Ghana vers le fleuve Sénégal se situe à cette période historique;
C’est dans cette même période que se singularise le Fouta Toro après l’éclatement du Tekrour ainsi que le Djolof et les royaumes de Sénégambie;
Enfin, Kodjo Niamkey Georges situe à la même période, la grande ruée des premières communautés mandé-dioula (les Ligbi et les Noumou) connu sous le nom de Kalo-dioula, composés de commerçants et d’orpailleurs dans les savanes ivoiriennes, notamment à Kong, dans le Worodougou, le Zanzan, le Mahou et le Denguélé.
C’est donc dans ce contexte particulièrement trouble qu’émerge Soumahoro Kanté, roi du Sosso, à la tête d‘une horde de forgerons, qui au lieu de refonder l’empire de Kaya Maghan, s’illustre comme le négateur le plus patenté des droits de l’homme: il envahit le royaume du mandé à neuf reprises et au cours des batailles, aucun village n’échappe à la destruction; les hommes pour éviter d’être capturés et vendus comme esclaves, vivaient dans les champs; tous les peuples vivaient dans la terreur. On raconte que «de peur que le vent indiscret ne porte à Soumahoro leurs paroles, les hommes s’exprimaient en plaçant une gourde devant la bouche».
C’est contre cette dictature que Soundjata Kéita se dressa et, parce qu’il incarnait les vertus des peuples martyrisés, il eut le soutient de tous. Aussitôt, l’ont rejoint :
Les commerçants, soucieux de la sécurité et de l’ordre pour la prospérité de leurs affaires;
Les Ulémas (gardiens de la foi) et de la justice de Dieu sur terre;
Les paysans avec leurs haches et leurs dabas;
Les femmes, parce que humiliées dans leur dignité de porteuses d’espoir pour l’humanité;
Les jeunes désespérés par tant de cruautés;
Les «porteurs de carquois» (les guerriers) parce que bafoués dans leur honneur et dans leur dignité d’hommes;
Les chefs de terres, dont la mémoire des ancêtres a été souillée par le sang des innocents.
Toutes les forces vives du mandé firent appel à Mari-Djata, l’enfant de la femme buffle et la Main de Dieu, le miséricordieux lui accorda sa grâce à la grande bataille de Kirina en 1235. Les peuples de l’ouest Africain venaient d’être libérés de l’arbitraire et du désordre.
Comme Soundjata votre héros, vous êtes également notre rédempteur. En effet, après le rappel à Dieu de notre Kaya Maghan (Houphouët Boigny) en 1993, notre pays a aussi connu la désolation et le désespoir. Le désordre, la corruption et l’arbitraire se sont installés du fait des «Néo-sosso».
Notre charte a été tripatouillée pour n’accorder à quelques uns que privilèges illégitimes;
Certains de nos peuples ont été arbitrairement spoliés de leur identité et parfois sont devenus apatrides à l’instar de votre ami, Djéni Kobinan;
Les paysans ne pouvaient plus vendre leurs produits, se contentant de «bouts de papier en guise de consolation»;
Les écoles s’étaient transformées en parcs à bestiaux;
Les «hommes de la parole» (les journalistes) n’avaient qu’un seul droit : magnifier le nouveau roi des Sosso;
Les jeunes n’ont eu leur salut que dans les rapines ou dans l’exil «pour se chercher»;
Les jeunes filles ont envahi la «Rue princesse».
Mais dans ce décor, vous avez reçu le soutien de ce peuple digne. Souvenez-vous. Parce que vous incarniez la vertu, le courage et l’abnégation, toutes les forces du progrès vous ont rejoint:

La bourgeoisie éclairée, conduite par Alassane Ouattara, a pris fait et cause pour vous. Quelle belle aventure que Djéni et vous, vous avez offert au peuple Ivoirien avec le Front Républicain!

Les Ulémas de l’université, les hommes de foi de l’église et de la mosquée vous ont donné leur Baraka car «fils de la femme buffle», vous incarniez la justice et l’équité telles que décrites par les écritures saintes.
La refondation de la société a été théorisée par le savant, l’érudit, l’éminent membre du collège de France, Mémel Fotey et sa déclinaison économique par le jeune agrégé d’économie, Mamadou Koulibaly;
Les «porteurs de carquois» (les Forces de Défense et de Sécurité) ont eu l’opportunité de vous installer au pouvoir lors de la bataille héroïque d’octobre 2000.
Cher maître, toutes les composantes de la société ivoirienne, même les «Djosseurs de nama» et les «désœuvrés» vous ont apporté leur appui à travers les grands débats de la Sorbonne et des Agoras.
Comme Soundjata, la main du Très-Haut vous a protégé et comme la récompense n’appartient qu’à lui seul, vous avez été récompensé.
Comme Soundjata, un an après Kirina, convoqua la grande assemblée de Kurugan Fugan, en 1236, vous, Soundjata de la forêt, le fils de la femme buffle, vous nous conviez à la grande assemblée de Kurugan-Fugan, en 2001.
En mon humble qualité de Fofana, membre du clan des marabouts à qui Soundjata a promis l’immunité dans l’exercice de leurs fonction
s de gardiens de la foi (les mandé-mori), je me permets, cher maître, de dialoguer dorénavant avec vous, oh Soundjata de la forêt et de la savane, fils de la femme buffle, sur les engagements que vous avez pris au cours de la grande assemblée de Kurugan-Fugan d’Abidjan.
Sans doute, je ne serai pas toujours objectif dans mes écrits car n’étant pas au cœur de votre palais. Mais c’est la perception que l’humble citoyen, de surcroît votre talibé que je voudrais échanger avec vous, à l’instar d’al-Muqaffa, dans ses dialogues avec le calife al-Mansour, fondateur du califat Abbasside dans le Kalila Wa dimna (le livre de lumière).

Lemassou FOFANA al-Muqaffa
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