• « La nourriture d’une copine expose au courroux de Dieu »
• « Voici ceux qui ne doivent pas jeûner »
• « Ce qu’il faut faire pour être proche de Dieu »
A la veille du début du jeûne de Ramadan, moment important pour la communauté musulmane, l’imam Youssouf Doumbia interpelle ses coreligionnaires. Dans cet entretien, il donne des conseils aux musulmans en vue de leur permettre d’aborder, dans un meilleur état d’esprit, ce mois de jeûne.
Hustaze (maître en arabe), quelle est l’origine et le sens de jeûne de ramadan ?
Imam Issouf Doumbia : Le mois du jeûne de Ramadan est un pilier de l’Islam. Dieu l’a prescrit aux musulmans comme ce fut fait pour les religions célestes qui ont précédé la religion du prophète Mohamed (Saw). Dieu a prescrit ce mois du jeûne en un jour du mois de « Shabane » (c’est le mois qui précède le mois du jeûne de Ramadan). Le fait que Dieu ait prescrit le jeûne du mois de Ramadan dans un mois de « Shabane » comme une obligation n’est pas fortuit. C’est dans ce mois de « Shabane » que Dieu élève nos œuvres. C’est dans ce mois-là également qu’il fait une révision de tout ce que nous avons fait dans l’année. C’est pourquoi le Prophète dit de jeûner les quinze premiers jours du mois de « Shabane ». Et il va dire qu’au moment où Dieu est en train de faire une révision de ses actes, qu’il (le Prophète) soit en train de jeûner sur terre. C’est pour dire aussi que le mois de « Shabane » est un grand mois. Quand Dieu finit de regarder la manière dont nous nous sommes comportés et qu’Il a pitié de nous, il nous fait entrer dans le mois du pardon qui est le mois de Ramadan pour expier nos péchés de l’année écoulée. Et c’est parce qu’on ne sait pas si Dieu va nous permettre d’atteindre le mois du jeûne de Ramadan qu’il faut beaucoup prier, qu’il faut poser des actes de repentance dans le mois de « Shabane ». Le jeûne du mois de Ramadan pour un musulman consiste à s’abstenir de boire, de manger, d’avoir des rapports sexuels et tout autre acte qui est susceptible de rompre le jeûne depuis l’apparition de l’aurore jusqu’au coucher du soleil.
Dans quel état d’esprit le musulman doit-il aborder ce mois ?
Le musulman doit aborder ce mois avec un esprit de repentir. Dieu lui offre l’occasion de se faire pardonner les péchés des 11 mois de l’année. Il doit jeûner avec l’intention de se repentir, d’avoir l’agrément de Dieu et avec beaucoup d’humilité dans le cœur. En même temps, le musulman doit savoir que lorsqu’il jeûne, Dieu veut qu’il quitte son état d’humain pour atteindre son état angélique. Ce sont les anges qui ne boivent pas, qui ne mangent pas et qui ne font qu’adorer Dieu. Donc, le jeûne a été prescrit pour qu’on craigne Dieu. C’est donc pour atteindre la piété que le musulman jeûne. Sont dispensés du mois du jeûne de Ramadan, les malades. Lorsque vous avez une maladie qui est incurable ou curable et qui peut vous détruire si vous jeûnez, alors il faut vous abstenir. En revanche, vous devez donner de la nourriture en compensation. Le voyageur est également dispensé de jeûne sauf si son voyage est acceptable, c’est-à-dire qu’il n’est pas fait pour transgresser les lois de Dieu. Par exemple, un voyage d’affaire, de famille etc. que vous ne pourrez pas supporter physiquement si vous jeûnez. En retour, après le Ramadan, vous devez compenser les jours que vous avez laissés en jeûnant. Sont dispensés de jeûne, les vieillards, c’est-à-dire des gens frappés par un grand âge au point qu’elles sont physiquement diminuées. En compensation, ces personnes doivent offrir de la nourriture. Fait partie de ce groupe-là également, la femme enceinte ou une nourrice, si elles ont peur pour leur bébé ou du fœtus. On leur demande de donner de la nourriture en compensation.
Quels sont les actes que doit poser un musulman pendant le mois du jeûne de Ramadan ?
Pendant le mois du jeûne de Ramadan, le musulman doit servir Dieu en faisant les cinq prières quotidiennes à l’heure et en groupe parce qu’Allah a voulu que la prière soit le socle de la religion musulmane. Il est conseillé pour le musulman de lire le Coran à la maison, individuellement ou en groupe. C’est pourquoi, pendant le mois du jeûne, il est conseillé de faire la longue prière après celle de 19h30 qu’on appelle la prière de « Tarawi ». Elle n’est pas obligatoire, mais elle permet aux musulmans d’avoir beaucoup de mérites. Il est conseillé d’être généreux en faisant beaucoup de sacrifices parce que le prophète était très généreux pendant le mois du jeûne. Le musulman doit également, s’il en a les moyens, subvenir aux besoins de ses parents. Il lui est conseillé de faire beaucoup de « zikres » (invocations). Quand on jeûne, il faut éviter ou s’éloigner des propos qui peuvent diminuer les mérites du jeûne.
Le terme zikr revient dans vos propos. Quelle est sa signification et son importance dans le mois de Ramadan ?
Le zikr signifie « rappel de Dieu ». Le musulman doit savoir que Dieu a imposé la prière comme un moyen de se souvenir de Lui. Un « zikr » est un « doua » (une bénédiction). Il permet à l’homme de se rappeler son créateur. Par exemple quand on dit « Soubhanala » qui signifie « gloire à Dieu », « Alhamdoulilah » : « louange à Dieu », « Allah Akbar » : « Dieu est grand », on obtient beaucoup de bénédictions. Le Prophète (Saw) dit que le fait de dire une seule fois cette invocation, la récompense est lourde dans la balance (qui va servir à peser nos actes le jour du jugement dernier) que la terre et les cieux. Le « zikr » est important et lorsque vous ne vous y attelez pas, c’est comme si vous oubliez votre Dieu. Dieu a voulu nous donner des « zikres » pour toutes les circonstances parce que ça nous permet de nous connecter à lui. Le musulman doit être chaque fois en invocation. Dans le mois de Ramadan, tout ce qu’on fait compte plus que les dans les autres mois.
Peut-on avoir une liste d’offrandes qu’un musulman peut faire pendant ce mois de Ramadan ?
Pendant ce mois, il y a beaucoup de gens qui jeûnent et qui n’ont rien. Etant en Côte d’Ivoire, j’ai constaté qu’il y a beaucoup de personnes qui rompent leur jeûne avec de la croute de nourriture. Et pourtant, c’est quelque chose qu’on ne connaissait pas avant. Pendant ce mois de Ramadan, le musulman peut offrir à ceux qui en ont besoin de la nourriture déjà préparée. Il ne faut surtout pas donner du riz simple. Il serait mieux, si Dieu vous en a donné les moyens, de préparer de la nourriture et d’en offrir aux nécessiteux. Ou encore offrir de l’eau glacée aux musulmans qui ont jeûné. On peut aussi offrir beaucoup de fruits ou encore donner de l’argent parce que celui à qui vous offrez de la nourriture peut avoir d’autres besoins qu’il ne peut vous expliquer. Dieu a voulu que ce soit le mois de partage. Il a imposé le jeûne pour que le musulman sache qu’il y a des gens qui, dans la vie, dorment le ventre creux. Dieu nous permet de goûter à leur souffrance et nous recommande de les aider soit financièrement, soit moralement. Le mois de jeûne permet aux pauvres de prier pour les riches et aux riches de partager avec les pauvres. C’est ce qui se passe dans certains pays comme l’Arabie Saoudite où pendant le mois du jeûne, les riches partagent ce qu’ils ont avec les pauvres. Le Prophète dit d’ailleurs que celui qui donne à manger à un jeûneur, Dieu lui donne la récompense du jeûne de celui-ci sans diminuer sa récompense à lui. Lorsque vous n’avez pas les moyens de donner quelque chose de matériel comme sacrifice, sachez que le meilleur sacrifice, c’est le fait d’invoquer Dieu. Il y a des pauvres qui avaient posé cette question au Prophète. Ils lui ont demandé ce qu’ils peuvent faire face aux riches qui font beaucoup de sacrifices. Le prophète leur a répondu « Atsakifouroulah (Que Dieu pardonne nos péchés), soubhanallah, alhamdoulilah wala ilaha ilalah (Dieu est unique) Allah Akbar » sont des sacrifices. Celui qui récite ces invications a le même mérite que celui qui fait une offrande. Le fait même de dégager du chemin des hommes un obstacle qui peut leur nuire est un sacrifice. Aider par exemple un handicapé, un malade ou un vieillard à monter dans un taxi, céder la place dans un bus aux personnes diminuées physiquement ou alors dégager d’un chemin un tesson de bouteille ou tout autre chose susceptible de blesser constituent autant de sacrifices dont le mérite équivaut à un sacrifice matériel. Il y a plusieurs manières de faire le sacrifice
Dans le mois de jeûne, la période de rupture est tout aussi importante que les aliments à consommer. Les imams parlent même de consommer des aliments licites. En tant qu’imam, que recouvre la notion de licite et que pouvez-vous conseiller ?
Lorsqu’on jeûne, c’est pour se purifier et s’éloigner des péchés. Le copinage et le concubinage sont bannis de notre religion. Si nous devons vivre et partager ensemble nos plaisirs, c’est que nous sommes mariés. Lorsqu’on est en train de jeûner, c’est pour demander à Dieu de pardonner nos péchés et de faire en sorte qu’on n’en commette plus. On ne peut pas être en train de demander à Dieu de pardonner nos péchés la journée et en commettre la nuit. Votre copine ne peut vous apporter de la nourriture que par le biais de votre relation bannie par Dieu. Or, tout ce qui arrive par le biais de ce qui est banni est banni par Dieu. Donc, la nourriture venant d’une copine ne peut pas être un moyen de vous rapprocher de Dieu. Bien au contraire, cela vous expose au courroux de Dieu et le musulman doit s’en éloigner.
Après le mois de Ramadan, des musulmans jeûnent 6 jours d’affilée. Pourquoi le font-ils ?
Après le mois de Ramadan, c’est le mois de « Chawal », qui est le 10è mois du calendrier lunaire. Le prophète Mohamed (Saw) dit que celui qui jeûne six jours après le mois de Ramadan aura la récompense de toute une année de jeûne. Voyez combien de fois Dieu est généreux ! Six jours plus trente, ça fait trente six jours. Quand on multiplie cela par dix, parce que chaque jour jeûné est décuplé, cela fait 360 jours qui correspondent aux 360 jours du calendrier lunaire. Par le calcul grégorien, ça fait 365 jours. Dieu a voulu avoir pitié de la communauté du prophète Mohamed (Saw). Ce n’est pas une obligation, mais celui qui peut le faire aura beaucoup de mérites.
Imam, un musulman peut-il accepter des aliments d’un non musulman, pour la rupture du jeûne ?
Le musulman peut accepter de la nourriture d’un non musulman si elle est licite. Par exemple, votre voisin peut ne pas être un musulman et vous apporter de la nourriture qui peut être une sauce avec du poisson accompagnée du riz. Comme c’est quelqu’un qui est honnête et en qui vous avez confiance, l’Islam ne vous interdit pas sa nourriture. Si vous avez l’habitude d’échanger de la nourriture entre vous, bien sûr. C’est comme un non musulman qui vous offre du sucre parce que vous êtes son voisin ou son ami. L’islam ne vous interdit pas ce sucre si l’intention qui sous-tend la démarche est bonne
La Côte d’Ivoire s’apprête à organiser son élection présidentielle, juste après le mois du jeûne de Ramadan. Quels conseils, en tant que guide religieux, pouvez-vous donner aux Ivoiriens ?
Le conseil que nous pouvons donner aux Ivoiriens, c’est qu’on doit savoir que Dieu nous a dit qu’Il a fait alterner les jours pour les humains, c’est-à-dire, en leur imposant un changement de temps. Il y aura des moments de réjouissance, il y aura également des moments d’angoisse dans la vie des nations et même des hommes. Allah a éprouvé ce pays un moment avec beaucoup de difficultés. Maintenant qu’on a pu finir le recensement, on souhaiterait que les gens reviennent à de bons sentiments et qu’on puisse organiser ces élections pour que celui que Dieu va choisir puisse prendre les destinées de ce pays en main pour le guider. Pour le faire, il faut que les gens se pardonnent, s’acceptent mutuellement. Lorsqu’on ne sait pas pardonner, comment voulez-vous que Dieu vous pardonne? C’est le mois au cours duquel Dieu exauce les vœux des jeûneurs. C’est une occasion que Dieu offre aux musulmans pour prier abondamment pour la Côte d’Ivoire et pour l’union des cœurs de ses fils. Qu’Allah fasse que les gens soient unis, que la discrimination, le racisme et les autres maux qui ont divisé notre pays, si nous les avons connus, qu’Allah fasse qu’on s’en éloigne. Qu’Allah fasse que ces élections aient lieu dans la transparence et dans la réjouissance. Et que Dieu confie la Côte d’Ivoire à celui qui pourra la sortir de ces moments de crise, sans distinction ethnique et religieuse.
Interview réalisée sur Internet par
Y.DOUMBIA
• « Voici ceux qui ne doivent pas jeûner »
• « Ce qu’il faut faire pour être proche de Dieu »
A la veille du début du jeûne de Ramadan, moment important pour la communauté musulmane, l’imam Youssouf Doumbia interpelle ses coreligionnaires. Dans cet entretien, il donne des conseils aux musulmans en vue de leur permettre d’aborder, dans un meilleur état d’esprit, ce mois de jeûne.
Hustaze (maître en arabe), quelle est l’origine et le sens de jeûne de ramadan ?
Imam Issouf Doumbia : Le mois du jeûne de Ramadan est un pilier de l’Islam. Dieu l’a prescrit aux musulmans comme ce fut fait pour les religions célestes qui ont précédé la religion du prophète Mohamed (Saw). Dieu a prescrit ce mois du jeûne en un jour du mois de « Shabane » (c’est le mois qui précède le mois du jeûne de Ramadan). Le fait que Dieu ait prescrit le jeûne du mois de Ramadan dans un mois de « Shabane » comme une obligation n’est pas fortuit. C’est dans ce mois de « Shabane » que Dieu élève nos œuvres. C’est dans ce mois-là également qu’il fait une révision de tout ce que nous avons fait dans l’année. C’est pourquoi le Prophète dit de jeûner les quinze premiers jours du mois de « Shabane ». Et il va dire qu’au moment où Dieu est en train de faire une révision de ses actes, qu’il (le Prophète) soit en train de jeûner sur terre. C’est pour dire aussi que le mois de « Shabane » est un grand mois. Quand Dieu finit de regarder la manière dont nous nous sommes comportés et qu’Il a pitié de nous, il nous fait entrer dans le mois du pardon qui est le mois de Ramadan pour expier nos péchés de l’année écoulée. Et c’est parce qu’on ne sait pas si Dieu va nous permettre d’atteindre le mois du jeûne de Ramadan qu’il faut beaucoup prier, qu’il faut poser des actes de repentance dans le mois de « Shabane ». Le jeûne du mois de Ramadan pour un musulman consiste à s’abstenir de boire, de manger, d’avoir des rapports sexuels et tout autre acte qui est susceptible de rompre le jeûne depuis l’apparition de l’aurore jusqu’au coucher du soleil.
Dans quel état d’esprit le musulman doit-il aborder ce mois ?
Le musulman doit aborder ce mois avec un esprit de repentir. Dieu lui offre l’occasion de se faire pardonner les péchés des 11 mois de l’année. Il doit jeûner avec l’intention de se repentir, d’avoir l’agrément de Dieu et avec beaucoup d’humilité dans le cœur. En même temps, le musulman doit savoir que lorsqu’il jeûne, Dieu veut qu’il quitte son état d’humain pour atteindre son état angélique. Ce sont les anges qui ne boivent pas, qui ne mangent pas et qui ne font qu’adorer Dieu. Donc, le jeûne a été prescrit pour qu’on craigne Dieu. C’est donc pour atteindre la piété que le musulman jeûne. Sont dispensés du mois du jeûne de Ramadan, les malades. Lorsque vous avez une maladie qui est incurable ou curable et qui peut vous détruire si vous jeûnez, alors il faut vous abstenir. En revanche, vous devez donner de la nourriture en compensation. Le voyageur est également dispensé de jeûne sauf si son voyage est acceptable, c’est-à-dire qu’il n’est pas fait pour transgresser les lois de Dieu. Par exemple, un voyage d’affaire, de famille etc. que vous ne pourrez pas supporter physiquement si vous jeûnez. En retour, après le Ramadan, vous devez compenser les jours que vous avez laissés en jeûnant. Sont dispensés de jeûne, les vieillards, c’est-à-dire des gens frappés par un grand âge au point qu’elles sont physiquement diminuées. En compensation, ces personnes doivent offrir de la nourriture. Fait partie de ce groupe-là également, la femme enceinte ou une nourrice, si elles ont peur pour leur bébé ou du fœtus. On leur demande de donner de la nourriture en compensation.
Quels sont les actes que doit poser un musulman pendant le mois du jeûne de Ramadan ?
Pendant le mois du jeûne de Ramadan, le musulman doit servir Dieu en faisant les cinq prières quotidiennes à l’heure et en groupe parce qu’Allah a voulu que la prière soit le socle de la religion musulmane. Il est conseillé pour le musulman de lire le Coran à la maison, individuellement ou en groupe. C’est pourquoi, pendant le mois du jeûne, il est conseillé de faire la longue prière après celle de 19h30 qu’on appelle la prière de « Tarawi ». Elle n’est pas obligatoire, mais elle permet aux musulmans d’avoir beaucoup de mérites. Il est conseillé d’être généreux en faisant beaucoup de sacrifices parce que le prophète était très généreux pendant le mois du jeûne. Le musulman doit également, s’il en a les moyens, subvenir aux besoins de ses parents. Il lui est conseillé de faire beaucoup de « zikres » (invocations). Quand on jeûne, il faut éviter ou s’éloigner des propos qui peuvent diminuer les mérites du jeûne.
Le terme zikr revient dans vos propos. Quelle est sa signification et son importance dans le mois de Ramadan ?
Le zikr signifie « rappel de Dieu ». Le musulman doit savoir que Dieu a imposé la prière comme un moyen de se souvenir de Lui. Un « zikr » est un « doua » (une bénédiction). Il permet à l’homme de se rappeler son créateur. Par exemple quand on dit « Soubhanala » qui signifie « gloire à Dieu », « Alhamdoulilah » : « louange à Dieu », « Allah Akbar » : « Dieu est grand », on obtient beaucoup de bénédictions. Le Prophète (Saw) dit que le fait de dire une seule fois cette invocation, la récompense est lourde dans la balance (qui va servir à peser nos actes le jour du jugement dernier) que la terre et les cieux. Le « zikr » est important et lorsque vous ne vous y attelez pas, c’est comme si vous oubliez votre Dieu. Dieu a voulu nous donner des « zikres » pour toutes les circonstances parce que ça nous permet de nous connecter à lui. Le musulman doit être chaque fois en invocation. Dans le mois de Ramadan, tout ce qu’on fait compte plus que les dans les autres mois.
Peut-on avoir une liste d’offrandes qu’un musulman peut faire pendant ce mois de Ramadan ?
Pendant ce mois, il y a beaucoup de gens qui jeûnent et qui n’ont rien. Etant en Côte d’Ivoire, j’ai constaté qu’il y a beaucoup de personnes qui rompent leur jeûne avec de la croute de nourriture. Et pourtant, c’est quelque chose qu’on ne connaissait pas avant. Pendant ce mois de Ramadan, le musulman peut offrir à ceux qui en ont besoin de la nourriture déjà préparée. Il ne faut surtout pas donner du riz simple. Il serait mieux, si Dieu vous en a donné les moyens, de préparer de la nourriture et d’en offrir aux nécessiteux. Ou encore offrir de l’eau glacée aux musulmans qui ont jeûné. On peut aussi offrir beaucoup de fruits ou encore donner de l’argent parce que celui à qui vous offrez de la nourriture peut avoir d’autres besoins qu’il ne peut vous expliquer. Dieu a voulu que ce soit le mois de partage. Il a imposé le jeûne pour que le musulman sache qu’il y a des gens qui, dans la vie, dorment le ventre creux. Dieu nous permet de goûter à leur souffrance et nous recommande de les aider soit financièrement, soit moralement. Le mois de jeûne permet aux pauvres de prier pour les riches et aux riches de partager avec les pauvres. C’est ce qui se passe dans certains pays comme l’Arabie Saoudite où pendant le mois du jeûne, les riches partagent ce qu’ils ont avec les pauvres. Le Prophète dit d’ailleurs que celui qui donne à manger à un jeûneur, Dieu lui donne la récompense du jeûne de celui-ci sans diminuer sa récompense à lui. Lorsque vous n’avez pas les moyens de donner quelque chose de matériel comme sacrifice, sachez que le meilleur sacrifice, c’est le fait d’invoquer Dieu. Il y a des pauvres qui avaient posé cette question au Prophète. Ils lui ont demandé ce qu’ils peuvent faire face aux riches qui font beaucoup de sacrifices. Le prophète leur a répondu « Atsakifouroulah (Que Dieu pardonne nos péchés), soubhanallah, alhamdoulilah wala ilaha ilalah (Dieu est unique) Allah Akbar » sont des sacrifices. Celui qui récite ces invications a le même mérite que celui qui fait une offrande. Le fait même de dégager du chemin des hommes un obstacle qui peut leur nuire est un sacrifice. Aider par exemple un handicapé, un malade ou un vieillard à monter dans un taxi, céder la place dans un bus aux personnes diminuées physiquement ou alors dégager d’un chemin un tesson de bouteille ou tout autre chose susceptible de blesser constituent autant de sacrifices dont le mérite équivaut à un sacrifice matériel. Il y a plusieurs manières de faire le sacrifice
Dans le mois de jeûne, la période de rupture est tout aussi importante que les aliments à consommer. Les imams parlent même de consommer des aliments licites. En tant qu’imam, que recouvre la notion de licite et que pouvez-vous conseiller ?
Lorsqu’on jeûne, c’est pour se purifier et s’éloigner des péchés. Le copinage et le concubinage sont bannis de notre religion. Si nous devons vivre et partager ensemble nos plaisirs, c’est que nous sommes mariés. Lorsqu’on est en train de jeûner, c’est pour demander à Dieu de pardonner nos péchés et de faire en sorte qu’on n’en commette plus. On ne peut pas être en train de demander à Dieu de pardonner nos péchés la journée et en commettre la nuit. Votre copine ne peut vous apporter de la nourriture que par le biais de votre relation bannie par Dieu. Or, tout ce qui arrive par le biais de ce qui est banni est banni par Dieu. Donc, la nourriture venant d’une copine ne peut pas être un moyen de vous rapprocher de Dieu. Bien au contraire, cela vous expose au courroux de Dieu et le musulman doit s’en éloigner.
Après le mois de Ramadan, des musulmans jeûnent 6 jours d’affilée. Pourquoi le font-ils ?
Après le mois de Ramadan, c’est le mois de « Chawal », qui est le 10è mois du calendrier lunaire. Le prophète Mohamed (Saw) dit que celui qui jeûne six jours après le mois de Ramadan aura la récompense de toute une année de jeûne. Voyez combien de fois Dieu est généreux ! Six jours plus trente, ça fait trente six jours. Quand on multiplie cela par dix, parce que chaque jour jeûné est décuplé, cela fait 360 jours qui correspondent aux 360 jours du calendrier lunaire. Par le calcul grégorien, ça fait 365 jours. Dieu a voulu avoir pitié de la communauté du prophète Mohamed (Saw). Ce n’est pas une obligation, mais celui qui peut le faire aura beaucoup de mérites.
Imam, un musulman peut-il accepter des aliments d’un non musulman, pour la rupture du jeûne ?
Le musulman peut accepter de la nourriture d’un non musulman si elle est licite. Par exemple, votre voisin peut ne pas être un musulman et vous apporter de la nourriture qui peut être une sauce avec du poisson accompagnée du riz. Comme c’est quelqu’un qui est honnête et en qui vous avez confiance, l’Islam ne vous interdit pas sa nourriture. Si vous avez l’habitude d’échanger de la nourriture entre vous, bien sûr. C’est comme un non musulman qui vous offre du sucre parce que vous êtes son voisin ou son ami. L’islam ne vous interdit pas ce sucre si l’intention qui sous-tend la démarche est bonne
La Côte d’Ivoire s’apprête à organiser son élection présidentielle, juste après le mois du jeûne de Ramadan. Quels conseils, en tant que guide religieux, pouvez-vous donner aux Ivoiriens ?
Le conseil que nous pouvons donner aux Ivoiriens, c’est qu’on doit savoir que Dieu nous a dit qu’Il a fait alterner les jours pour les humains, c’est-à-dire, en leur imposant un changement de temps. Il y aura des moments de réjouissance, il y aura également des moments d’angoisse dans la vie des nations et même des hommes. Allah a éprouvé ce pays un moment avec beaucoup de difficultés. Maintenant qu’on a pu finir le recensement, on souhaiterait que les gens reviennent à de bons sentiments et qu’on puisse organiser ces élections pour que celui que Dieu va choisir puisse prendre les destinées de ce pays en main pour le guider. Pour le faire, il faut que les gens se pardonnent, s’acceptent mutuellement. Lorsqu’on ne sait pas pardonner, comment voulez-vous que Dieu vous pardonne? C’est le mois au cours duquel Dieu exauce les vœux des jeûneurs. C’est une occasion que Dieu offre aux musulmans pour prier abondamment pour la Côte d’Ivoire et pour l’union des cœurs de ses fils. Qu’Allah fasse que les gens soient unis, que la discrimination, le racisme et les autres maux qui ont divisé notre pays, si nous les avons connus, qu’Allah fasse qu’on s’en éloigne. Qu’Allah fasse que ces élections aient lieu dans la transparence et dans la réjouissance. Et que Dieu confie la Côte d’Ivoire à celui qui pourra la sortir de ces moments de crise, sans distinction ethnique et religieuse.
Interview réalisée sur Internet par
Y.DOUMBIA