Face à la crise que traverse le théâtre ivoirien, de nombreux acteurs se sont transformés en humoristes. Aussi, les nouveaux arrivants dans le métier, préfèrent-ils prendre cette direction. Un choix lié à plusieurs facteurs.
«Ce que les jeunes gens font aujourd'hui, est une sale prostitution. Prostitution car n'ayant bénéficié d'aucune formation au niveau du théâtre, ensuite, comme ils courent derrière l'argent facile, ils pensent que l'humour est un créneau pour se faire des sous », s'insurge Ignace Alomo, acteur de théâtre, metteur en scène, ex-directeur du Festival du mono théâtre d'Aboisso. Pour l'homme des planches, ''ces conteurs de blagues de salon'' n'ont rien à voir avec le vrai humour, encore moins le théâtre. Seulement, de nombreux comédiens trouvent leur voie dans cette forme d'expression et le public le leur rend bien.
Un art prisé
Depuis quelques années, en effet, l'humour ivoirien a connu un boom. Les spectacles d'Adama Dahico, de Zongo de Tao, de Félicia et Manan Kampess et ceux intitulés ''Bonjour 2010'', ''50 ans du rire''…, rivalisent avec les concerts des icônes de la musique ivoirienne à la salle Anoumanbo (4.000 places) du Palais de la culture. Des spectacles à guichet fermé qui démontrent l'intérêt des Ivoiriens pour ce langage artistique. « La forme de théâtre qui se faisait à l'époque n'est plus prisée. Avec la crise, les Ivoiriens ont eu besoin de se détendre sans trop réfléchir », explique l'Ambassadeur Agalawal, jeune humoriste. Pour Mike, promoteur de spectacles à l'origine des ''50 ans du rire'', « l'humour est un bon filon ». Selon lui, il est moins sélectif que la musique. C'est-à-dire qu'il vise tout le monde. Aussi pense-t-il que l'organisation de scènes dédiées uniquement au rire est possible, parce qu'en Côte d'Ivoire, il y a de la matière. « Ici, on trouve des humoristes talentueux. Au-delà des séries télé et des émissions radio qu'ils font, ils peuvent s'exprimer devant un grand public. Et, c'est sur eux que nous nous appuyons », affirme-t-il. Il y a, note-t-il, un avantage financier aussi bien pour le promoteur que pour les artistes eux-mêmes. « Les spectacles avec les artistes locaux reviennent moins chers. Il n'y a pas de billets d'avion ou d'hébergement à payer », reconnaît-il. Pour faire une prestation, le cachet d'un comédien-humoriste se situe entre 250.000 Fcfa et 1 million Fcfa, selon sa cote et son temps de prestation. Ce qui a attiré de grands noms du théâtre ivoirien (Léonard Groguhet, Adrienne Koutouan, Akissi Delta, Thérèse Taba…) sur des scènes d'humour, même si leur champ d'expression reste le théâtre. La télévision et la radio nationale ont joué un rôle important dans la mise sous les projecteurs des artistes-humoristes, à travers des temps d'antenne qui leur sont réservés. Ces médias ont donné la possibilité aux comédiens de faire valoir leur talent. Mais, le risque à l'usure est grand.
Toujours les mêmes choses
La forte sollicitation dont les créateurs font l'objet, ne leur laisse pas le temps d'imaginer de nouvelles blagues. Ce qui les oblige à reprendre des histoires qu'ils ont déjà racontées et qui sont connues du public. « Le danger, ce sont les blagues que tout le monde connaît que nos humoristes reprennent. Rien d'artistique n'existe dans ce qu'ils font », peste Ignace Alomo. Le changement de genre ne gêne en rien le doyen de la planche. Mais, il demande à ceux qui le font d'être perspicaces jusqu'au bout. « Il y a des personnes de théâtre qui développent l'humour. On a l'exemple d'Adama Dahico. C'est quelqu'un qui travaille. Il se reproche toujours des choses pour pouvoir évoluer. Une attitude qui le place au-dessus des autres », félicite le metteur en scène. Selon un spécialiste de l'art dramatique ivoirien qui a gardé l'anonymat, seules trois personnes, en Côte d'Ivoire, peuvent porter l'étiquette d'humoristes : le pionnier Bamba Bakary, Adama Dahico et Zongo. Sinon, il pense que les autres ont encore du chemin à faire.
Pour l'organisateur de spectacles, Mike, il faut prendre le temps de préparer les scènes du rire. Savoir choisir un thème cocasse pour accrocher le public. Car, affirme-t-il, quand il y a plusieurs prestations qui se suivent dans la monotonie ou la répétition sans cesse, cela lasse les spectateurs. Adama Dahico pense que l'humour ne se limite pas à des canulars ou à quelques dialogues drôles. « Il a suffi de quelques répliques pour faire le plein du Palais de la culture. Alors qu'il y a un véritable travail de recherche à faire. L'art de raconter des histoires hilarantes est plus difficile que le théâtre. On peut jouer une pièce toute l'année. Alors que l'humoriste se doit d'innover chaque fois qu'il est appelé à intervenir », remarque-t-il. Pour le président du ''Dromikan'', seule une recherche poussée pourra hisser le comédien-humoriste au devant de la scène et lui permettra de s'imposer au plan national et international. « Il ne suffit pas de se contenter des cachets », conseille-t-il. Les jeunes arrivants qui sont pointés du doigt sont conscients de cela. « C'est vrai que de nombreuses personnes ne font pas d'efforts. Elles se limitent aux petites histoires recueillies sur internet. Il faut faire la différence entre ces dernières et ceux qui inventent et jouent leurs blagues », répond l'humoriste montant, l'Ambassadeur Agalawal.
Sanou Amadou (Stagiaire)
«Ce que les jeunes gens font aujourd'hui, est une sale prostitution. Prostitution car n'ayant bénéficié d'aucune formation au niveau du théâtre, ensuite, comme ils courent derrière l'argent facile, ils pensent que l'humour est un créneau pour se faire des sous », s'insurge Ignace Alomo, acteur de théâtre, metteur en scène, ex-directeur du Festival du mono théâtre d'Aboisso. Pour l'homme des planches, ''ces conteurs de blagues de salon'' n'ont rien à voir avec le vrai humour, encore moins le théâtre. Seulement, de nombreux comédiens trouvent leur voie dans cette forme d'expression et le public le leur rend bien.
Un art prisé
Depuis quelques années, en effet, l'humour ivoirien a connu un boom. Les spectacles d'Adama Dahico, de Zongo de Tao, de Félicia et Manan Kampess et ceux intitulés ''Bonjour 2010'', ''50 ans du rire''…, rivalisent avec les concerts des icônes de la musique ivoirienne à la salle Anoumanbo (4.000 places) du Palais de la culture. Des spectacles à guichet fermé qui démontrent l'intérêt des Ivoiriens pour ce langage artistique. « La forme de théâtre qui se faisait à l'époque n'est plus prisée. Avec la crise, les Ivoiriens ont eu besoin de se détendre sans trop réfléchir », explique l'Ambassadeur Agalawal, jeune humoriste. Pour Mike, promoteur de spectacles à l'origine des ''50 ans du rire'', « l'humour est un bon filon ». Selon lui, il est moins sélectif que la musique. C'est-à-dire qu'il vise tout le monde. Aussi pense-t-il que l'organisation de scènes dédiées uniquement au rire est possible, parce qu'en Côte d'Ivoire, il y a de la matière. « Ici, on trouve des humoristes talentueux. Au-delà des séries télé et des émissions radio qu'ils font, ils peuvent s'exprimer devant un grand public. Et, c'est sur eux que nous nous appuyons », affirme-t-il. Il y a, note-t-il, un avantage financier aussi bien pour le promoteur que pour les artistes eux-mêmes. « Les spectacles avec les artistes locaux reviennent moins chers. Il n'y a pas de billets d'avion ou d'hébergement à payer », reconnaît-il. Pour faire une prestation, le cachet d'un comédien-humoriste se situe entre 250.000 Fcfa et 1 million Fcfa, selon sa cote et son temps de prestation. Ce qui a attiré de grands noms du théâtre ivoirien (Léonard Groguhet, Adrienne Koutouan, Akissi Delta, Thérèse Taba…) sur des scènes d'humour, même si leur champ d'expression reste le théâtre. La télévision et la radio nationale ont joué un rôle important dans la mise sous les projecteurs des artistes-humoristes, à travers des temps d'antenne qui leur sont réservés. Ces médias ont donné la possibilité aux comédiens de faire valoir leur talent. Mais, le risque à l'usure est grand.
Toujours les mêmes choses
La forte sollicitation dont les créateurs font l'objet, ne leur laisse pas le temps d'imaginer de nouvelles blagues. Ce qui les oblige à reprendre des histoires qu'ils ont déjà racontées et qui sont connues du public. « Le danger, ce sont les blagues que tout le monde connaît que nos humoristes reprennent. Rien d'artistique n'existe dans ce qu'ils font », peste Ignace Alomo. Le changement de genre ne gêne en rien le doyen de la planche. Mais, il demande à ceux qui le font d'être perspicaces jusqu'au bout. « Il y a des personnes de théâtre qui développent l'humour. On a l'exemple d'Adama Dahico. C'est quelqu'un qui travaille. Il se reproche toujours des choses pour pouvoir évoluer. Une attitude qui le place au-dessus des autres », félicite le metteur en scène. Selon un spécialiste de l'art dramatique ivoirien qui a gardé l'anonymat, seules trois personnes, en Côte d'Ivoire, peuvent porter l'étiquette d'humoristes : le pionnier Bamba Bakary, Adama Dahico et Zongo. Sinon, il pense que les autres ont encore du chemin à faire.
Pour l'organisateur de spectacles, Mike, il faut prendre le temps de préparer les scènes du rire. Savoir choisir un thème cocasse pour accrocher le public. Car, affirme-t-il, quand il y a plusieurs prestations qui se suivent dans la monotonie ou la répétition sans cesse, cela lasse les spectateurs. Adama Dahico pense que l'humour ne se limite pas à des canulars ou à quelques dialogues drôles. « Il a suffi de quelques répliques pour faire le plein du Palais de la culture. Alors qu'il y a un véritable travail de recherche à faire. L'art de raconter des histoires hilarantes est plus difficile que le théâtre. On peut jouer une pièce toute l'année. Alors que l'humoriste se doit d'innover chaque fois qu'il est appelé à intervenir », remarque-t-il. Pour le président du ''Dromikan'', seule une recherche poussée pourra hisser le comédien-humoriste au devant de la scène et lui permettra de s'imposer au plan national et international. « Il ne suffit pas de se contenter des cachets », conseille-t-il. Les jeunes arrivants qui sont pointés du doigt sont conscients de cela. « C'est vrai que de nombreuses personnes ne font pas d'efforts. Elles se limitent aux petites histoires recueillies sur internet. Il faut faire la différence entre ces dernières et ceux qui inventent et jouent leurs blagues », répond l'humoriste montant, l'Ambassadeur Agalawal.
Sanou Amadou (Stagiaire)