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Politique Publié le samedi 14 août 2010 | Le Nouveau Réveil

Le ministre Adjoumani à propos de l’affaire “Si je tombe, vous tombez” : “Gbagbo tombera seul, l’armée ne le suivra pas”

© Le Nouveau Réveil Par Emma
Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire: le président Laurent Gbagbo assiste à la prise d`armes au palais
Samedi 7 août 2010. Abidjan, palais présidentiel du Plateau. Le défilé militaire est le point culminant des cérémonies marquant la fête de l`indépendance.
Il faut dire que l`irréversibilité de l`élection du 31 octobre rend beaucoup de refondateurs nerveux. A l`occasion des cérémonies du Cinquantenaire de l`Indépendance de notre pays, alors que l`on s`attendait à un discours d`apaisement et d`espoir du premier magistrat, au contraire, ce sont des paroles guerrières qui ont sifflé dans nos oreilles. Le chef de l`Etat sortant, candidat de la refondation pour un autre mandat, croyant parler franc, a dévoilé ses pensées et ses intentions sur ce qu`il attend des militaires au soir du 31 octobre. " Si je tombe, vous tombez avec moi ", a tonné le candidat autoproclamé candidat du peuple. Les diplomates accrédités près de notre pays, ont entendu avec incrédulité ces paroles qui sont un appel sans ambages, à fomenter un coup d`Etat militaire destiné à vous maintenir en place, Monsieur Gbagbo.

La chose est tellement grosse que les démocrates de chez nous et d`ailleurs se perdent sur le sens à accorder aux propos d`un homme qui se proclamait le farouche défenseur de la démocratie, du pluralisme et de l`alternance. N`est-ce pas Laurent Gbagbo qui avait écrit en 1985 l`ouvrage intitulé : " Pour une alternance démocratique " ?

Dans toutes les démocraties du monde, lorsque les candidats briguant la présidence de la République se placent sur les starting-blocs, ils sont tous animés par un sentiment, souvent faussement euphorique d`une victoire finale. C`est, forts de cette conviction qu`ils vont à la rencontre des électeurs. Dans le cas de la Côte d`Ivoire, le candidat de la refondation, comme l`a écrit en son temps, Corneilles, " avant même d`aller combattre, se sent vaincu ". Un aveu de faiblesse qui le pousse à appeler les militaires à son secours avant même le début de la compétition.

De toute évidence, la teneur des admonestations du candidat Laurent Gbagbo adressées à l`armée nationale, outrepasse la grande muette et interpelle la conscience de tous les démocrates. Dire que " si je tombe, vous tombez ", s`adressant aux officiers et par devers eux aux troupes, relève d`une témérité. En d`autres termes, c`est à se demander si cela vaut la peine que l`élection soit réalisée dans la mesure où l`un des candidats s`appuyant préventivement sur l`armée, menace ouvertement de recourir à la force au cas il perdrait son fauteuil démocratiquement.

Le FPI ne veut pas aller à la consultation populaire pour vérifier sa force, mais pour gagner coûte que coûte. " 1000 morts à gauche, 1000 morts à droite, moi j`avance ". C`est donc ce qui attend les Ivoiriens au soir du 31 octobre prochain. Ce parti est prêt à tuer en masse pour continuer la fête au sommet de l`Etat. Alors qu`Henri Konan Bédié épargne la vie de ses compatriotes en demandant aux jeunes du RHDP d`annuler une manifestation programmée, Monsieur Gbagbo, lui, prévient qu`il se servira de l`armée nationale pour semer la mort contre tous ceux qui refuseront la tricherie que son parti entend mettre sur pied afin de remporter l`élection présidentielle. Belle leçon de démocratie et de patriotisme, n`est-ce pas ?

Quant à l`armée, la voici interpellée. D`Houphouët-Boigny à Bédié, elle a assumé sa fonction régalienne de défense de la République. Aucun de ses hommes n`eut jamais à l`idée de faire plier les FANCI à une logique égoïste de préservation du pouvoir. L`armée était républicaine, un point c`est tout. Dans son entendement, le général Ouattara Thomas D`Aquin, pour ne citer que lui, l`obtention de ses étoiles n`était pas pour brimer le peuple, mais l`encourager à se mettre au service de tous les citoyens en défendant l`intégrité territoriale avant tout. Sa nomination n`était donc pas la résultante de son assujettissement à un homme et à un régime. Par contre, elle l`investissait du devoir impérieux de rassurer tous les citoyens en se mettant à leur service sans ségrégation d`aucune sorte. Il était alors purement inconcevable de penser que le soldat, si le pays n`est pas menacé par une rébellion interne, puisse diriger son fusil contre un autre citoyen.

Avec la refondation c`est le monde à l`envers. Pour elle, les militaires ne sont plus les défenseurs de la patrie, mais doivent être les vils serviteurs d`un régime. Pour y arriver, leur chef ne lésine pas sur les moyens. Outre les multiples décorations et promotions injustifiées pour la plupart qu`il distribue chaque fois qu`il en a l`occasion et aux fils des mêmes régions privilégiées, nos officiers supérieurs sont couverts d`avantages de toutes sortes et hissés au rang de super stars afin de gagner leur reconnaissance. Les officiers, du moins ceux en qui le pouvoir a confiance, sont les chouchous de la République. D`autres vont jusqu`à sortir de leur devoir de réserve pour menacer directement des élus politiques, fruits de l`onction démocratique populaire.

Donc, à l`issue du premier ou du second tour de l`élection présidentielle, les ivoiriens doivent se préparer à être tuer par leurs propres militaires, parce que si le prince tombe, les chefs de l`armée tomberont eux aussi. Tous les militants de l`opposition, futurs floués du hold-up électoral programmé, n`auront qu`à bien se tenir tranquilles. La moindre manifestation de leur part sera réprimée dans le sang afin de justifier la devise des 1000 morts. Le Rwanda de terrible mémoire, ne sera rien si les plans machiavéliques des refondateurs se traduisent dans les faits. Le régime se transformera en une dictature féroce avec la suppression de toutes les libertés. Sûrement, les escadrons de la mort sortiront de leur cachette de lâcheté pour semer la peur et la désolation dans les familles.

Ce scenario est loin d`être une vue de l`esprit. En effet, comment peut-on interpréter les paroles d`un homme d`Etat qui menace les officiers supérieurs en liant son sort à celui de ces derniers ? Comment un candidat maintenu à son poste de commandement grâce à des arrangements politiques, peut-il s`arroger le droit irrespectueux des convenances et des règles démocratiques, de traiter les militaires, les défenseurs de la patrie, comme ses valets ? Les décorations dont ceux-ci viennent d`être gratifiés seront-elles une tentative d`achat de conscience dont la compensation sera de les dresser contre le peuple le moment venu ?

Les refondateurs doivent se calmer et réfléchir à ce qu`adviendra de notre cher pays si pour se maintenir au pouvoir ils sont prêts à sacrifier des milliers de vies innocentes. Qu`ils fassent beaucoup attention sur la versatilité des hommes. Robert Gueï était un militaire. Un grand militaire. Il a dû fréquenter les prytanées militaires de Saint Cyr et d`ailleurs avec la plupart des officiers qu`il commandait. Mieux, ce sont eux qui l`avaient hissé au faîte du pouvoir civil en décembre 1999. Il a partagé les avantages de la situation avec eux. N`ayant pas de parti politique pour son ambition, c`était sur ses pairs officiers qu`il comptait pour diriger le pays, surtout, se faire élire à l`échéance de son mandat. Durant son bref séjour à la tête de l`Etat, il prit soin de caresser la grande muette dans le sens du poil, si bien que c`est à tête reposée qu`il alla affronter le suffrage universel.

Monsieur Gbagbo qui intimide aujourd`hui les militaires en liant son sort au leur, sait de quoi je parle. Se proclamant vainqueur de l`élection faussée, il fit appel au soulèvement populaire pour accaparer le fauteuil présidentiel. Les militaires qui étaient censés soutenir le général, par civisme républicain, préférèrent s`abstenir de se mêler dans la joute politique. Gueï le militaire, est tombé et l`armée n`est pas tombée avec lui. Cet esprit républicain de nos militaires évita un bain de sang aux Ivoiriens.

Gbagbo Laurent le civil, se fit proclamer président de la République au détriment du général. D`où la question : comment le chef du Front populaire fera-t-il, lui qui pour école militaire n`a connu que les camps de rééducation de Bouaké et de Séguéla, pour forcer les troupes à tirer sur leurs parents afin de lui assurer la victoire? Pense-t-il qu`il suffit de plastronner des médailles sur le torse des officiers amis, triés sur le volet, pour emporter l`élection présidentielle ? Est-il si sûr de la fidélité des troupes à sa cause et non à la République ? Est-il prêt à décimer toute la population afin de demeurer président d`un pays qui lui aura tourné le dos? Oubliez-vous que les militaires sont, eux aussi, des citoyens qui viennent de villages, fils, frères, époux et membres de leurs communauté ? Non Monsieur ! Vous tomberez, si le peuple souverain le décide, sans l`armée. Elle n`est pas là pour tuer des pauvres gens.

Les militaires et les policiers ont d`autres chats à fouetter. Des problèmes terre à terre comme, par exemple, l`accumulation phénoménale de leurs baux non payés. Ils sont tous menacés d`expulsion de leurs logements par des propriétaires las d`attendre des paiements qui n`arrivent jamais. Ces serviteurs de la patrie humiliés dans leur honneur, lesquels entrent et sortent de leurs logis sur la pointe des pieds, pensent plutôt sur comment soigner leurs enfants, payer leurs baux, recevoir les indemnités pour les orphelins de ceux des leurs qui ont laissé leur vie au combat. Monsieur le président, vous les avez trouvés à leur place, vous vous en irez seul. Ils ne tomberont pas avec la chute de votre régime. Vous partirez sans eux, hormis ceux qui confondent leur dévouement pour la République et la fidélité à votre personne.

Non, Excellence monsieur le Président ! Je vous en conjure, soyez démocrate dans les faits et non seulement en théorie. Aucun pouvoir ne vaut le sang d`un être humain. Prenez exemple sur le président Henri Konan Bédié, votre aîné. Rendez les armes sans combattre militairement si au soir du 31 octobre ou quelques semaines plus tard, vous sortez vaincu des urnes. C`est à cela que se reconnaissent les grands hommes. La République ne veut pas du sang de ses fils et filles, mais la paix et la prospérité pour tous. Merci et à très bientôt pour la suite.

Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani
Député de Tanda
Délégué départemental PDCI-RDA, Tanda I
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