Le ministre de la Défense, Michel Amani N`guessan, était hier dimanche sur les antennes de Radio Côte d`Ivoire. Invité de l`émission "Questions des temps nouveaux", il s`est exprimé sur les tâches principales qui doivent impérativement être exécutées pour que l`armée puisse sécuriser le scrutin du 31 octobre prochain. Ci-contre, de larges extraits des propos qu`il a tenus à cette émission radio.
Quel est aujourd`hui le moral des troupes ?
Le moral des troupes est au beau fixe, car en tant que digne citoyen, chargé de la défense du pays, du chemin a été parcouru. Et aujourd`hui, je pense à mon humble niveau, qu`on peut s’adresser une autosatisfaction et avoir le moral très haut. C`est pourquoi, je suis heureux de vous recevoir. Bien entendu, le ministère de la Défense reste le ministère de la Défense, avec les secrets. Je vais souvent à Fraternité Matin, à la radio, mais c`est la première fois que j`accepte de faire une émission ici (ndlr : au ministère de la Défense). Et pour cause, les Ivoiriens ont besoin d`être rassurés. Par rapport au 31 octobre. Je me prête donc volontiers à vos questions pour dire ce qui peut être dit, en gardant, bien sûr, le secret défense.
La question militaire a été gérée par l`accord politique de Ouagadougou. Au plan textuel, qu`est-ce qui a été décidé pour résoudre cette épineuse question ?
Au niveau des textes, il faut dire que de façon fondamentale, c`est le dernier texte adopté qui est le texte de base de l`action que nous menons ici à la Défense. Il s`agit du 4e accord supplémentaire de l`accord de Ouagadougou du 4 mars 2007. (...) Mais, ce que je voudrais dire aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes, c`est qu`il ne faut pas se leurrer. Les fins de guerre ont toujours été marquées par l`adoption de textes. Mais jamais, les textes n`ont réglé définitivement la situation de fin de guerre. Et, on compte essentiellement sur l`intelligence des hommes et sur leur volonté à faire la paix. Aujourd`hui, je peux vous dire que l`accord politique de Ouagadougou comporte beaucoup d`incongruités. Beaucoup de déclarations difficiles à l`application. Mais, nous comptons sur l`intelligence et la volonté des Ivoiriens à vivre ensemble. Et, c`est cette volonté qui nous aide dans ce travail. Je voudrais aussi vous dire, de façon très claire dans ces propos liminaires, que l`accord de Ouagadougou précise très bien que sa mise en œuvre relève de la primature. Et Nulle part, le ministère de la Défense n`est cité comme acteur principal dans la mise en œuvre de cet accord. Cependant, nous sommes le ministère technique de la défense, et par conséquent, dans les faits, on ne saurait ignorer royalement la Défense. C`est pourquoi, je vous dirais ce que je sais par rapport à ma contribution. Nous avons travaillé d`abord pour le retour de la confiance entre les acteurs. Il y a deux armées confirmées dans l`accord. Les Forces armées des Forces nouvelles(Fafn) et les Forces Armées de Côte d`Ivoire(Fanci). Il s`agit pour nous de faire en sorte que la confiance revienne entre ces deux armées. C`est le travail essentiel. Sinon des textes existent mais dans l`application, souvent, il y a bien des difficultés. Nous allons d`ailleurs parcourir certainement ces textes.
Le fondamental pour nous, c`est l`intégrité et la moralité républicaine. Aujourd`hui, pensez-vous que malgré ces incongruités dont vous parlez, on avance vers ces vertus ?
Je voudrais dire qu`il faut, dans toute action que l`on mène, avoir une vision très claire. Vous avez parlé de moralité, mais par rapport à l`action gouvernementale à nous confiée, il s`agit de réunifier deux armées. Quant à la refondation, et la restructuration de l`armée, c`est une autre action qui viendra après, mais pas maintenant. Pour l`heure, il faut réunifier les deux armées. Par rapport à cette œuvre de réunification, on peut se demander ce qui a été fait. Peut-être qu`il faut camper la situation de départ. Depuis que la guerre a éclaté, vous avez vu que la Côte d`Ivoire a été divisée pratiquement en trois. On parle de deux parties, mais je voudrais voir au plan territorial, trois parties. Il y a la zone dite Cno (centre nord ouest), il y a la zone gouvernementale. Et puis, entre les deux, il y a eu cette fameuse zone de confiance. C`est une zone extrêmement dangereuse où beaucoup de choses sont développées. Et avec l`accord politique de Ouaga, c`est là que commencent les effets de Ouaga. Il y a eu la suppression de cette zone. Quelle était la signification de la zone de confiance ? Il ne fallait pas que les deux armées aient des contacts physiques directs. Entre les deux armées donc, on a mis une zone tampon supervisée par les forces impartiales. Pour éviter les clashs. Donc la suppression de la zone de confiance est une véritable évolution de la situation. Puisque c`était une indication que désormais les deux armées peuvent cohabiter sans heurts. C`était important de le savoir. Mais, à travers la zone de confiance, il y a eu beaucoup de situations d`exception. Qui ont été créées à la suite de l`éclatement de la guerre. Dans la zone de confiance, on a créé des brigades d`exception qui étaient des brigades mixtes. On a créé des commissariats d`exception. Aujourd`hui, nous sommes en train de démanteler, petit-à-petit, toutes ces structures militaires d`exception pour retomber à la normale. Donc les brigades mixtes d`exception ont été supprimées et désormais, il s`agit, dans, la zone Cno, de remettre en place les structures militaires normales. A savoir, les brigades de gendarmerie, les commissariats et la garde des frontières par l`armée régulière. Mais par rapport à notre volonté d`aller à la paix, tout cela se passe en mixité. C`est ainsi qu`aujourd`hui, de façon très nette, les tâches qui nous incombent se déclinent en trois tâches fondamentales. Premièrement, il faut redéployer 8.000 gendarmes et policiers sur le terrain pour la sécurisation des biens et des personnes, d`une part, mais aussi pour sécuriser les élections. Deuxièmement, il faut encaserner les 5.000 ex-combattants volontaires pour l`armée nouvelle, conformément à l`accord de Ouagadougou. Et enfin, il faut démobiliser tous ceux qui ne sont pas éligibles à l`encasernement. Et à l`appartenance aux unités mixtes. Voilà le travail que nous sommes chargé de faire pour le moment. Et je voudrais vous dire que tout se passe bien. (...)
Est-ce qu`au nom de la paix, il faut donner dans la précipitation et ne pas faire un travail correct ? Parce que, quand vous dites qu`on a trouvé 10 milliards ici et 15 milliards là, ça fait un peu du désordre ?
Effectivement, nous sommes en train de renoncer à ce désordre. Nous avons joint le Premier ministre qui nous a donné les pleins pouvoirs pour sortir une facture unique. Nous venons de travailler et nous sommes à 4,5 milliards.
Les quatre milliards prennent quoi en compte ?
Les quatre milliards prennent en compte quatre chapitres essentiels. Il y a le fonctionnement des camps, c`est-à-dire l`alimentation, l`équipement, l`habillement, les questions de santé. Au niveau de la mobilité, il faut des véhicules. Au niveau des prix, je l`ai expliqué à la commission qui a fait le travail, il ne s`agit pas de créer une situation pérenne. Il s`agit d`une situation qui ne dure pas longtemps. On aura les élections le 31 octobre. Et un mois après les élections, le président élu va prêter serment et tous ceux qui auront été encasernés doivent intégrer l`armée nationale. Donc, c`est une situation qui va durer trois à quatre mois. Or, les études qui ont été faites pour certains, c`est dans la durée. Ils ont pris un an, voire au-delà. Je dis non. Il s`agit de faire une étude pour trois à quatre mois. Et créer une situation précaire pour la survie des soldats que nous allons y mettre. Tout juste pour sortir de cette situation transitoire.
Est-ce qu`ils sont préparés à cet esprit de précarité ?
Au niveau de la hiérarchie militaire des Fafn, je crois que nous nous sommes suffisamment compris sur cet aspect des choses. Maintenant, il faut y aller pour la sensibilisation. Je suis allé déjà pour voir les brigades mixtes de gendarmerie et les commissariats mixtes, mais les Ivoiriens qui y sont là, que ce soit les militaires du Sud ou les militaires des Fafn, je me suis rendu compte que tout le monde a accepté les sacrifices à faire. J`ai trouvé partout sur le terrain, des matelas à même le sol, souvent même sans matelas, j`ai trouvé des gens. Je voudrais vous dire simplement que les Ivoiriens ont accepté le sacrifice nécessaire pour une sortie de crise réussie, surtout que nous voulons respecter la souveraineté et l`indépendance. On ne peut pas vouloir être libre et créer des besoins qui aliènent votre liberté.
Monsieur le ministre, à vous écoutrer, on se pose des questions, en l`occurrence celle de savoir si l`accord de Ouaga, en fin de compte, a été mal négocié et mal écrit. Les difficultés qui surgissent dans son application font penser que l`Etat ou les belligérants ont sous estimé les conséquences financières.
Je vous ai dit tout à l`heure qu`aucun texte de fin de guerre ne permet de sortir de la guerre. Parce qu`en théorie et dans les faits, il y a un grand fossé. Au moment où les rédacteurs de ces textes les écrivaient, ils n`ont pas pensé à un certain nombre d`aspects. Ce ne sont pas seulement les textes qui marquent la fin de la crise. La première guerre Mondiale, on pourrait même dire que c`est le traité de Versailles qui a entraîné la deuxième guerre Mondiale. Dans ces textes, il y a véritablement des imperfections à tous points de vue. Des sous estimations au niveau des coûts par exemple. Mais je vous ai aussi tantôt dit qu`il faut compter sur l`intelligence et la volonté des Ivoiriens d`aller à la paix. C`est seulement sur cette volonté que nous comptons. Aujourd`hui, nous avons fait beaucoup de choses qui n`étaient pas du tout inscrites dans l`accord de Ouaga. Il y a des choses dans l`accord de Ouaga aussi que nous ne pouvons pas appliquer. Je m`en vais même ce lundi négocier que les 500 000F ne soient pas payés avant le 31 octobre. Et que les démobilisés acceptent des programmes de réinsertion qui vont aller jusqu`au-delà du 31 octobre. Je m`en vais négocier cela dès lundi. Ce n`est écrit nulle part dans l`accord. Quand nous avons dit qu`il fallait la réunification par la formation et que le groupe des "Zinzin et Baéffouê" est allé à Daoukro pour se former, ce n`est écrit nulle part. Lorsque nous envoyons des Fafn en stage, ce n`est écrit nulle part. Mais c`est l`intelligence et la volonté d`aller à la paix qui permettent de créer des situations pour effectivement aller à la paix. Donc, je demande aux Ivoiriens de lire certes l`accord de Ouagadougou. Mais, de ne pas s`accrocher à la lettre et à l`esprit de Ouaga, sinon nous faisons fausse route. Il nous faut être souple dans l`application des textes.
La souplesse tient-elle compte du consensuel ?
Absolument. Vous avez vu que pour régler le problème des grades, j`ai créé une commission mixte. On ne fait rien en dehors de la mixité. Nous sommes toujours à la recherche du consensus. La commission mixte a réglé le problème des grades dans l`intérêt des deux camps, Fafn et Fanci et ça a marché. Pour recruter les volontaires pour l`armée nouvelle, nous avons créé une commission mixte qui a rédigé les critères consensuels à partir desquels nous venons de finir de recruter les 7.000 volontaires pour l`armée nouvelle. Bientôt, dans ce mois même, nous allons poursuivre l`encasernement des volontaires pour l`armée nouvelle et terminer cette opération. Concomitamment, nous allons démobiliser tous ceux qui ne sont pas éligibles à l`encasernement. Et alors à la fin de ces deux opérations, on pourra déclarer la fin du désarmement.
C`est que dans l`attente, il y en a qui sont las d`attendre et qui désertent les camps.
Les questions financières n`ont pas été véritablement prises en compte, si bien que par rapport au programme que nous sommes en train d`exécuter, il n`y a pas un financement conséquent qui a été adopté et dégagé. Nous naviguions pratiquement à vue. Aller mettre des gens à Korhogo dans une caserne et retourner, ça ne veut rien dire. Il faut en même temps régler tous les problèmes liés à la vie en caserne. A savoir, assurer au moins le repas le matin, à midi et le soir. Lorsque vous n`avez pas donné le budget nécessaire pour cette activité d`alimentation, vous ne devez pas être surpris que les gens vous suivent dès que vous partez. Parce qu`ils sortent tout au moins pour aller manger. S`ils trouvent un cadre idéal quelque part, ils restent là pour manger régulièrement. Aujourd`hui, nous sommes conscients que par rapport à l`encasernement, il nous faut dégager le financement, mais alors en étant respectueux des problèmes du pays, en étant réalistes.
On a l`impression que le gouvernement ne prend pas véritablement à bras-le-corps les questions urgentes pour tenir la date du 31 octobre.
Il y a des structures de réinsertion qui ont été créés, le Service civique et le Pnrc qui sont encore logés à la primature. La volonté de créer des projets pour réinsérer les ex-combattants est nette. Mais la capacité est faible. L`Onuci a décidé d`accorder à la Côte d`Ivoire 1000 projets. Ils sont en train d`être mis en place. Mais ça ne règle pas du tout le problème parce qu`il s`agit de dizaine de milliers de gens à réinsérer. Mais là n`est pas le problème. Il ne faudrait peut-être pas croire que c`est une course de vitesse la sortie de crise et les problèmes militaires que nous sommes en train de régler. Il s`agit de vie de la nation. Si nous avons pris 50 ans pour construire ce que nous avons, nous-mêmes, détruit, ça veut dire que nous ne pouvons pas remettre les choses en place en un, deux, trois ans. Il faut se convaincre que dans ce pays, nous sortirons de la crise progressivement et à long terme. Les programmes de réinsertion iront au-delà du 31 octobre. Je m`en vais dès lundi dire à nos frères des Fafn que si c`est une crise de confiance entre le gouvernement et les ex-combattants pour démobiliser, je suis prêt à signer un accord au nom du gouvernement avec les ex-combattants pour dire que la priorité reviendra aux ex-combattants dans tout programme de réinsertion. Donc, ils peuvent recevoir des certificats de démobilisés et attendre patiemment que la Côte d`Ivoire puisse mettre en place des projets de réinsertion. Aujourd`hui, les comportements dans la zone Cno, les conclaves pour étudier un certain nombre de sujets, c`est bien l`expression de ce manque de confiance. Si nous allons aux élections et que nos problèmes de réinsertion ne sont pas réglés, alors on va nous ignorer. C`est pourquoi, je voudrais qu`on signe une convention qui sera claire. Au nom de la continuité de l`Etat, je peux ne pas être ministre de la Défense, M. Soro Guillaume peut ne pas être Premier ministre, mais les textes qui sont écrits doivent être respectés. Aujourd`hui, ministre de la Défense dans le cadre de nos activités, nous appliquons les textes dont on ignore même très souvent les auteurs. Donc, je m`en vais pour rassurer les ex-combattants à travers un texte qui va lier la Côte d`Ivoire à ces ex-combattants à démobiliser. A partir de ces textes, ils pourront venir à tout moment et progressivement se faire réinsérer.
On s`imagine que ce ne sera pas facile. Mais est-ce que ces gens qui sont dans ces camps ne sont pas dangereux pour la paix ? Est-ce que le Cci a fait son travail ?
La montée en puissance du Cci dépendra des moyens mis à sa disposition. Plus on mettra des moyens adéquats à la disposition du Cci, plus le Cci montera en puissance. J`ose croire qu`avec la fixation de la date des élections, nous sommes tenus de créer les conditions de paix pour aller à ces élections. Nous venons de faire des études de 4,5 milliards qui sont réalistes, par conséquent, le Cci pourra effectivement encaserner et démobiliser les ex combattants comme il se doit. Et créer toutes les conditions. Il faut des unités d`appui aux forces de première et deuxième catégories. Il faut la force de troisième catégorie, c`est-à-dire les militaires qu`il faut pré positionner pour appuyer les brigades mixtes et les commissariats mixtes en cas de débordement.
Qu`est-ce qui sera véritablement fait avant d`aller aux élections ?
D`abord, nous venons de terminer le recrutement des 7.000 volontaires pour l`armée nouvelle. Ils seront encasernés effectivement avant le 31 octobre. Ensuite, tous ceux qui ne sont pas éligibles à l`encasernement auront un certificat de démobilisés à la suite des discussions. Ils ne seront donc plus en armes. Nous allons sur tous les corridors faire en sorte que ce soit le Cci qui gère les corridors dans les zones Cno. Nous allons donc démanteler les corridors aux mains exclusives des Fafn. Il nous faut absolument prendre position sur toutes les frontières du pays. Aujourd`hui, nous sommes très avancés par rapport à cela. Mais toutes ces tâches se feront en mixité. Il nous faut sur l`ensemble du territoire installer partout les unités mixtes de gendarmeries et les commissariats mixtes. Une structure d`exception que nous avons créée, c`est les Cmse, les compagnies mixtes de sécurisation des élections. Je voudrais dire qu`en temps normal, quand nous avons les élections, il est redéployé un jour avant le dimanche des élections, des gendarmes et des policiers sur l`ensemble du territoire pour sécuriser le scrutin. Mais cette année, nous sommes en situation exceptionnelle, en situation de crise. Si bien que certainement une semaine avant le dimanche des élections, nous allons redéployer sur l`ensemble du territoire et en mixité, des compagnies mixtes de sécurisation des élections. Ce qui va faire les 8.000. Si nous redéployons trop tôt ces gendarmes et ces policiers, le coût sera élevé. Si nous avons ralenti au niveau des brigades de gendarmerie et de commissariat, c`est par rapport aux contraintes financières. Mais au fur et à mesure que nous allons approcher la date du 31 octobre, vous verrez que l`espace sera occupé. Nous nous donnons un temps bref d`engagement financier. Il y aura partout des brigades de gendarmerie et des commissariats mixtes de police et puis les compagnies mixtes de sécurisation des élections au sud comme au Nord. Par contre, les brigades et les commissariats, c`est seulement dans la zone Cno. C`est dans la mixité de la gendarmerie et de la police au moment de sécuriser les élections que les Ivoiriens trouveront des assurances pour aller librement voter. Si nous envoyons seulement des gendarmes du Sud au Nord, certainement qu`il aura une peur pour aller voter. Si nous envoyons des gendarmes du Nord ici au Sud pour sécuriser les bureaux de vote, certainement que les gens auront peur d`aller voter. Nous donnons la garantie qu`à l`approche des ces élections, soit une semaine avant, nous allons redéployer sur l`ensemble du pays, les Cmse pour sécuriser tous les Ivoiriens.
Combien d`éléments seront-ils mis à contribution au sein des ces Cmse ?
Nous avons pris un arrêté pour formaliser l`existence de ces Cmse en collaboration avec tous les généraux commandants des Forces sur l`ensemble du territoire national.
Ce ne sont donc pas de nouvelles forces, elles font partie du Cci ?
C`est les forces Cci qui disparaîtront après les élections.
Le budget de 4.5 milliards élaborés pour le désarmement prend-il en compte les groupes d`auto défense de l`Ouest et du Sud, la question des milices ?
Ne parlons pas de milices. On parle de groupes d`auto défense. Vous savez, ici on ne parle pas beaucoup, il y a des termes qui fâchent. Il faut prendre en compte les groupes d`auto défense. Il est dit dans l`accord que tout ce que nous faisons pour les ex combattants, il faut en faire autant pour les groupes d`auto défense. C`est-à-dire que si nous payons les 500 000 f, il faut aussi payer pour les groupes d`auto défense. Si nous réinsérons, il faut aussi réinsérer les groupes d`auto défense. C`est une œuvre de longue haleine. A défaut de 500 000f, nous allons négocier pour la suppression pure et simple de cette exigence textuelle et puis aller pour la réinsertion progressive.
C`est un véritable défi, M. le ministre : négocier à moins de deux mois des élections quelque chose qui a été déjà décidé.
Vous savez, la volonté des Ivoiriens d`aller à la paix est au-dessus de toute considération. Nous avons réussi à négocier un certain nombre de choses dont vous auriez dit que c`était impossible. Mais aujourd`hui, tout est possible pour aller à la paix. Les Ivoiriens ont compris que leur pays va à vau-l`eau et qu`il faut absolument revenir à la normale pour relever le pays. Et je suis heureux que la société civile s`en mêle pour dire que par rapport à cette volonté affichée, tout homme qui s`inscrira en faux contre les avancées, sera étiqueté et montré à la nation. C`est pourquoi, je parle de cette négociation. Je vais aller négocier et nous en parlerons. Ce n`est pas secret défense.
Ces temps-ci, vous avez eu des sons qui ne sont pas apaisants. Par exemple, cette grogne au niveau des Forces nouvelles qui pensent qu`ils ne sont pas pris en compte dans les dernières promotions au niveau de l`armée. Alors qu`on a parlé d`harmonisation des grades.
C`est une question d`intérêt, mais il faut plutôt mettre en avant les principes. Nous venons de loin. Il n`était même pas imaginable que le président de la République accepte les grades dits " grades Soro ". (suite acheter le PDF)
Quel est aujourd`hui le moral des troupes ?
Le moral des troupes est au beau fixe, car en tant que digne citoyen, chargé de la défense du pays, du chemin a été parcouru. Et aujourd`hui, je pense à mon humble niveau, qu`on peut s’adresser une autosatisfaction et avoir le moral très haut. C`est pourquoi, je suis heureux de vous recevoir. Bien entendu, le ministère de la Défense reste le ministère de la Défense, avec les secrets. Je vais souvent à Fraternité Matin, à la radio, mais c`est la première fois que j`accepte de faire une émission ici (ndlr : au ministère de la Défense). Et pour cause, les Ivoiriens ont besoin d`être rassurés. Par rapport au 31 octobre. Je me prête donc volontiers à vos questions pour dire ce qui peut être dit, en gardant, bien sûr, le secret défense.
La question militaire a été gérée par l`accord politique de Ouagadougou. Au plan textuel, qu`est-ce qui a été décidé pour résoudre cette épineuse question ?
Au niveau des textes, il faut dire que de façon fondamentale, c`est le dernier texte adopté qui est le texte de base de l`action que nous menons ici à la Défense. Il s`agit du 4e accord supplémentaire de l`accord de Ouagadougou du 4 mars 2007. (...) Mais, ce que je voudrais dire aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes, c`est qu`il ne faut pas se leurrer. Les fins de guerre ont toujours été marquées par l`adoption de textes. Mais jamais, les textes n`ont réglé définitivement la situation de fin de guerre. Et, on compte essentiellement sur l`intelligence des hommes et sur leur volonté à faire la paix. Aujourd`hui, je peux vous dire que l`accord politique de Ouagadougou comporte beaucoup d`incongruités. Beaucoup de déclarations difficiles à l`application. Mais, nous comptons sur l`intelligence et la volonté des Ivoiriens à vivre ensemble. Et, c`est cette volonté qui nous aide dans ce travail. Je voudrais aussi vous dire, de façon très claire dans ces propos liminaires, que l`accord de Ouagadougou précise très bien que sa mise en œuvre relève de la primature. Et Nulle part, le ministère de la Défense n`est cité comme acteur principal dans la mise en œuvre de cet accord. Cependant, nous sommes le ministère technique de la défense, et par conséquent, dans les faits, on ne saurait ignorer royalement la Défense. C`est pourquoi, je vous dirais ce que je sais par rapport à ma contribution. Nous avons travaillé d`abord pour le retour de la confiance entre les acteurs. Il y a deux armées confirmées dans l`accord. Les Forces armées des Forces nouvelles(Fafn) et les Forces Armées de Côte d`Ivoire(Fanci). Il s`agit pour nous de faire en sorte que la confiance revienne entre ces deux armées. C`est le travail essentiel. Sinon des textes existent mais dans l`application, souvent, il y a bien des difficultés. Nous allons d`ailleurs parcourir certainement ces textes.
Le fondamental pour nous, c`est l`intégrité et la moralité républicaine. Aujourd`hui, pensez-vous que malgré ces incongruités dont vous parlez, on avance vers ces vertus ?
Je voudrais dire qu`il faut, dans toute action que l`on mène, avoir une vision très claire. Vous avez parlé de moralité, mais par rapport à l`action gouvernementale à nous confiée, il s`agit de réunifier deux armées. Quant à la refondation, et la restructuration de l`armée, c`est une autre action qui viendra après, mais pas maintenant. Pour l`heure, il faut réunifier les deux armées. Par rapport à cette œuvre de réunification, on peut se demander ce qui a été fait. Peut-être qu`il faut camper la situation de départ. Depuis que la guerre a éclaté, vous avez vu que la Côte d`Ivoire a été divisée pratiquement en trois. On parle de deux parties, mais je voudrais voir au plan territorial, trois parties. Il y a la zone dite Cno (centre nord ouest), il y a la zone gouvernementale. Et puis, entre les deux, il y a eu cette fameuse zone de confiance. C`est une zone extrêmement dangereuse où beaucoup de choses sont développées. Et avec l`accord politique de Ouaga, c`est là que commencent les effets de Ouaga. Il y a eu la suppression de cette zone. Quelle était la signification de la zone de confiance ? Il ne fallait pas que les deux armées aient des contacts physiques directs. Entre les deux armées donc, on a mis une zone tampon supervisée par les forces impartiales. Pour éviter les clashs. Donc la suppression de la zone de confiance est une véritable évolution de la situation. Puisque c`était une indication que désormais les deux armées peuvent cohabiter sans heurts. C`était important de le savoir. Mais, à travers la zone de confiance, il y a eu beaucoup de situations d`exception. Qui ont été créées à la suite de l`éclatement de la guerre. Dans la zone de confiance, on a créé des brigades d`exception qui étaient des brigades mixtes. On a créé des commissariats d`exception. Aujourd`hui, nous sommes en train de démanteler, petit-à-petit, toutes ces structures militaires d`exception pour retomber à la normale. Donc les brigades mixtes d`exception ont été supprimées et désormais, il s`agit, dans, la zone Cno, de remettre en place les structures militaires normales. A savoir, les brigades de gendarmerie, les commissariats et la garde des frontières par l`armée régulière. Mais par rapport à notre volonté d`aller à la paix, tout cela se passe en mixité. C`est ainsi qu`aujourd`hui, de façon très nette, les tâches qui nous incombent se déclinent en trois tâches fondamentales. Premièrement, il faut redéployer 8.000 gendarmes et policiers sur le terrain pour la sécurisation des biens et des personnes, d`une part, mais aussi pour sécuriser les élections. Deuxièmement, il faut encaserner les 5.000 ex-combattants volontaires pour l`armée nouvelle, conformément à l`accord de Ouagadougou. Et enfin, il faut démobiliser tous ceux qui ne sont pas éligibles à l`encasernement. Et à l`appartenance aux unités mixtes. Voilà le travail que nous sommes chargé de faire pour le moment. Et je voudrais vous dire que tout se passe bien. (...)
Est-ce qu`au nom de la paix, il faut donner dans la précipitation et ne pas faire un travail correct ? Parce que, quand vous dites qu`on a trouvé 10 milliards ici et 15 milliards là, ça fait un peu du désordre ?
Effectivement, nous sommes en train de renoncer à ce désordre. Nous avons joint le Premier ministre qui nous a donné les pleins pouvoirs pour sortir une facture unique. Nous venons de travailler et nous sommes à 4,5 milliards.
Les quatre milliards prennent quoi en compte ?
Les quatre milliards prennent en compte quatre chapitres essentiels. Il y a le fonctionnement des camps, c`est-à-dire l`alimentation, l`équipement, l`habillement, les questions de santé. Au niveau de la mobilité, il faut des véhicules. Au niveau des prix, je l`ai expliqué à la commission qui a fait le travail, il ne s`agit pas de créer une situation pérenne. Il s`agit d`une situation qui ne dure pas longtemps. On aura les élections le 31 octobre. Et un mois après les élections, le président élu va prêter serment et tous ceux qui auront été encasernés doivent intégrer l`armée nationale. Donc, c`est une situation qui va durer trois à quatre mois. Or, les études qui ont été faites pour certains, c`est dans la durée. Ils ont pris un an, voire au-delà. Je dis non. Il s`agit de faire une étude pour trois à quatre mois. Et créer une situation précaire pour la survie des soldats que nous allons y mettre. Tout juste pour sortir de cette situation transitoire.
Est-ce qu`ils sont préparés à cet esprit de précarité ?
Au niveau de la hiérarchie militaire des Fafn, je crois que nous nous sommes suffisamment compris sur cet aspect des choses. Maintenant, il faut y aller pour la sensibilisation. Je suis allé déjà pour voir les brigades mixtes de gendarmerie et les commissariats mixtes, mais les Ivoiriens qui y sont là, que ce soit les militaires du Sud ou les militaires des Fafn, je me suis rendu compte que tout le monde a accepté les sacrifices à faire. J`ai trouvé partout sur le terrain, des matelas à même le sol, souvent même sans matelas, j`ai trouvé des gens. Je voudrais vous dire simplement que les Ivoiriens ont accepté le sacrifice nécessaire pour une sortie de crise réussie, surtout que nous voulons respecter la souveraineté et l`indépendance. On ne peut pas vouloir être libre et créer des besoins qui aliènent votre liberté.
Monsieur le ministre, à vous écoutrer, on se pose des questions, en l`occurrence celle de savoir si l`accord de Ouaga, en fin de compte, a été mal négocié et mal écrit. Les difficultés qui surgissent dans son application font penser que l`Etat ou les belligérants ont sous estimé les conséquences financières.
Je vous ai dit tout à l`heure qu`aucun texte de fin de guerre ne permet de sortir de la guerre. Parce qu`en théorie et dans les faits, il y a un grand fossé. Au moment où les rédacteurs de ces textes les écrivaient, ils n`ont pas pensé à un certain nombre d`aspects. Ce ne sont pas seulement les textes qui marquent la fin de la crise. La première guerre Mondiale, on pourrait même dire que c`est le traité de Versailles qui a entraîné la deuxième guerre Mondiale. Dans ces textes, il y a véritablement des imperfections à tous points de vue. Des sous estimations au niveau des coûts par exemple. Mais je vous ai aussi tantôt dit qu`il faut compter sur l`intelligence et la volonté des Ivoiriens d`aller à la paix. C`est seulement sur cette volonté que nous comptons. Aujourd`hui, nous avons fait beaucoup de choses qui n`étaient pas du tout inscrites dans l`accord de Ouaga. Il y a des choses dans l`accord de Ouaga aussi que nous ne pouvons pas appliquer. Je m`en vais même ce lundi négocier que les 500 000F ne soient pas payés avant le 31 octobre. Et que les démobilisés acceptent des programmes de réinsertion qui vont aller jusqu`au-delà du 31 octobre. Je m`en vais négocier cela dès lundi. Ce n`est écrit nulle part dans l`accord. Quand nous avons dit qu`il fallait la réunification par la formation et que le groupe des "Zinzin et Baéffouê" est allé à Daoukro pour se former, ce n`est écrit nulle part. Lorsque nous envoyons des Fafn en stage, ce n`est écrit nulle part. Mais c`est l`intelligence et la volonté d`aller à la paix qui permettent de créer des situations pour effectivement aller à la paix. Donc, je demande aux Ivoiriens de lire certes l`accord de Ouagadougou. Mais, de ne pas s`accrocher à la lettre et à l`esprit de Ouaga, sinon nous faisons fausse route. Il nous faut être souple dans l`application des textes.
La souplesse tient-elle compte du consensuel ?
Absolument. Vous avez vu que pour régler le problème des grades, j`ai créé une commission mixte. On ne fait rien en dehors de la mixité. Nous sommes toujours à la recherche du consensus. La commission mixte a réglé le problème des grades dans l`intérêt des deux camps, Fafn et Fanci et ça a marché. Pour recruter les volontaires pour l`armée nouvelle, nous avons créé une commission mixte qui a rédigé les critères consensuels à partir desquels nous venons de finir de recruter les 7.000 volontaires pour l`armée nouvelle. Bientôt, dans ce mois même, nous allons poursuivre l`encasernement des volontaires pour l`armée nouvelle et terminer cette opération. Concomitamment, nous allons démobiliser tous ceux qui ne sont pas éligibles à l`encasernement. Et alors à la fin de ces deux opérations, on pourra déclarer la fin du désarmement.
C`est que dans l`attente, il y en a qui sont las d`attendre et qui désertent les camps.
Les questions financières n`ont pas été véritablement prises en compte, si bien que par rapport au programme que nous sommes en train d`exécuter, il n`y a pas un financement conséquent qui a été adopté et dégagé. Nous naviguions pratiquement à vue. Aller mettre des gens à Korhogo dans une caserne et retourner, ça ne veut rien dire. Il faut en même temps régler tous les problèmes liés à la vie en caserne. A savoir, assurer au moins le repas le matin, à midi et le soir. Lorsque vous n`avez pas donné le budget nécessaire pour cette activité d`alimentation, vous ne devez pas être surpris que les gens vous suivent dès que vous partez. Parce qu`ils sortent tout au moins pour aller manger. S`ils trouvent un cadre idéal quelque part, ils restent là pour manger régulièrement. Aujourd`hui, nous sommes conscients que par rapport à l`encasernement, il nous faut dégager le financement, mais alors en étant respectueux des problèmes du pays, en étant réalistes.
On a l`impression que le gouvernement ne prend pas véritablement à bras-le-corps les questions urgentes pour tenir la date du 31 octobre.
Il y a des structures de réinsertion qui ont été créés, le Service civique et le Pnrc qui sont encore logés à la primature. La volonté de créer des projets pour réinsérer les ex-combattants est nette. Mais la capacité est faible. L`Onuci a décidé d`accorder à la Côte d`Ivoire 1000 projets. Ils sont en train d`être mis en place. Mais ça ne règle pas du tout le problème parce qu`il s`agit de dizaine de milliers de gens à réinsérer. Mais là n`est pas le problème. Il ne faudrait peut-être pas croire que c`est une course de vitesse la sortie de crise et les problèmes militaires que nous sommes en train de régler. Il s`agit de vie de la nation. Si nous avons pris 50 ans pour construire ce que nous avons, nous-mêmes, détruit, ça veut dire que nous ne pouvons pas remettre les choses en place en un, deux, trois ans. Il faut se convaincre que dans ce pays, nous sortirons de la crise progressivement et à long terme. Les programmes de réinsertion iront au-delà du 31 octobre. Je m`en vais dès lundi dire à nos frères des Fafn que si c`est une crise de confiance entre le gouvernement et les ex-combattants pour démobiliser, je suis prêt à signer un accord au nom du gouvernement avec les ex-combattants pour dire que la priorité reviendra aux ex-combattants dans tout programme de réinsertion. Donc, ils peuvent recevoir des certificats de démobilisés et attendre patiemment que la Côte d`Ivoire puisse mettre en place des projets de réinsertion. Aujourd`hui, les comportements dans la zone Cno, les conclaves pour étudier un certain nombre de sujets, c`est bien l`expression de ce manque de confiance. Si nous allons aux élections et que nos problèmes de réinsertion ne sont pas réglés, alors on va nous ignorer. C`est pourquoi, je voudrais qu`on signe une convention qui sera claire. Au nom de la continuité de l`Etat, je peux ne pas être ministre de la Défense, M. Soro Guillaume peut ne pas être Premier ministre, mais les textes qui sont écrits doivent être respectés. Aujourd`hui, ministre de la Défense dans le cadre de nos activités, nous appliquons les textes dont on ignore même très souvent les auteurs. Donc, je m`en vais pour rassurer les ex-combattants à travers un texte qui va lier la Côte d`Ivoire à ces ex-combattants à démobiliser. A partir de ces textes, ils pourront venir à tout moment et progressivement se faire réinsérer.
On s`imagine que ce ne sera pas facile. Mais est-ce que ces gens qui sont dans ces camps ne sont pas dangereux pour la paix ? Est-ce que le Cci a fait son travail ?
La montée en puissance du Cci dépendra des moyens mis à sa disposition. Plus on mettra des moyens adéquats à la disposition du Cci, plus le Cci montera en puissance. J`ose croire qu`avec la fixation de la date des élections, nous sommes tenus de créer les conditions de paix pour aller à ces élections. Nous venons de faire des études de 4,5 milliards qui sont réalistes, par conséquent, le Cci pourra effectivement encaserner et démobiliser les ex combattants comme il se doit. Et créer toutes les conditions. Il faut des unités d`appui aux forces de première et deuxième catégories. Il faut la force de troisième catégorie, c`est-à-dire les militaires qu`il faut pré positionner pour appuyer les brigades mixtes et les commissariats mixtes en cas de débordement.
Qu`est-ce qui sera véritablement fait avant d`aller aux élections ?
D`abord, nous venons de terminer le recrutement des 7.000 volontaires pour l`armée nouvelle. Ils seront encasernés effectivement avant le 31 octobre. Ensuite, tous ceux qui ne sont pas éligibles à l`encasernement auront un certificat de démobilisés à la suite des discussions. Ils ne seront donc plus en armes. Nous allons sur tous les corridors faire en sorte que ce soit le Cci qui gère les corridors dans les zones Cno. Nous allons donc démanteler les corridors aux mains exclusives des Fafn. Il nous faut absolument prendre position sur toutes les frontières du pays. Aujourd`hui, nous sommes très avancés par rapport à cela. Mais toutes ces tâches se feront en mixité. Il nous faut sur l`ensemble du territoire installer partout les unités mixtes de gendarmeries et les commissariats mixtes. Une structure d`exception que nous avons créée, c`est les Cmse, les compagnies mixtes de sécurisation des élections. Je voudrais dire qu`en temps normal, quand nous avons les élections, il est redéployé un jour avant le dimanche des élections, des gendarmes et des policiers sur l`ensemble du territoire pour sécuriser le scrutin. Mais cette année, nous sommes en situation exceptionnelle, en situation de crise. Si bien que certainement une semaine avant le dimanche des élections, nous allons redéployer sur l`ensemble du territoire et en mixité, des compagnies mixtes de sécurisation des élections. Ce qui va faire les 8.000. Si nous redéployons trop tôt ces gendarmes et ces policiers, le coût sera élevé. Si nous avons ralenti au niveau des brigades de gendarmerie et de commissariat, c`est par rapport aux contraintes financières. Mais au fur et à mesure que nous allons approcher la date du 31 octobre, vous verrez que l`espace sera occupé. Nous nous donnons un temps bref d`engagement financier. Il y aura partout des brigades de gendarmerie et des commissariats mixtes de police et puis les compagnies mixtes de sécurisation des élections au sud comme au Nord. Par contre, les brigades et les commissariats, c`est seulement dans la zone Cno. C`est dans la mixité de la gendarmerie et de la police au moment de sécuriser les élections que les Ivoiriens trouveront des assurances pour aller librement voter. Si nous envoyons seulement des gendarmes du Sud au Nord, certainement qu`il aura une peur pour aller voter. Si nous envoyons des gendarmes du Nord ici au Sud pour sécuriser les bureaux de vote, certainement que les gens auront peur d`aller voter. Nous donnons la garantie qu`à l`approche des ces élections, soit une semaine avant, nous allons redéployer sur l`ensemble du pays, les Cmse pour sécuriser tous les Ivoiriens.
Combien d`éléments seront-ils mis à contribution au sein des ces Cmse ?
Nous avons pris un arrêté pour formaliser l`existence de ces Cmse en collaboration avec tous les généraux commandants des Forces sur l`ensemble du territoire national.
Ce ne sont donc pas de nouvelles forces, elles font partie du Cci ?
C`est les forces Cci qui disparaîtront après les élections.
Le budget de 4.5 milliards élaborés pour le désarmement prend-il en compte les groupes d`auto défense de l`Ouest et du Sud, la question des milices ?
Ne parlons pas de milices. On parle de groupes d`auto défense. Vous savez, ici on ne parle pas beaucoup, il y a des termes qui fâchent. Il faut prendre en compte les groupes d`auto défense. Il est dit dans l`accord que tout ce que nous faisons pour les ex combattants, il faut en faire autant pour les groupes d`auto défense. C`est-à-dire que si nous payons les 500 000 f, il faut aussi payer pour les groupes d`auto défense. Si nous réinsérons, il faut aussi réinsérer les groupes d`auto défense. C`est une œuvre de longue haleine. A défaut de 500 000f, nous allons négocier pour la suppression pure et simple de cette exigence textuelle et puis aller pour la réinsertion progressive.
C`est un véritable défi, M. le ministre : négocier à moins de deux mois des élections quelque chose qui a été déjà décidé.
Vous savez, la volonté des Ivoiriens d`aller à la paix est au-dessus de toute considération. Nous avons réussi à négocier un certain nombre de choses dont vous auriez dit que c`était impossible. Mais aujourd`hui, tout est possible pour aller à la paix. Les Ivoiriens ont compris que leur pays va à vau-l`eau et qu`il faut absolument revenir à la normale pour relever le pays. Et je suis heureux que la société civile s`en mêle pour dire que par rapport à cette volonté affichée, tout homme qui s`inscrira en faux contre les avancées, sera étiqueté et montré à la nation. C`est pourquoi, je parle de cette négociation. Je vais aller négocier et nous en parlerons. Ce n`est pas secret défense.
Ces temps-ci, vous avez eu des sons qui ne sont pas apaisants. Par exemple, cette grogne au niveau des Forces nouvelles qui pensent qu`ils ne sont pas pris en compte dans les dernières promotions au niveau de l`armée. Alors qu`on a parlé d`harmonisation des grades.
C`est une question d`intérêt, mais il faut plutôt mettre en avant les principes. Nous venons de loin. Il n`était même pas imaginable que le président de la République accepte les grades dits " grades Soro ". (suite acheter le PDF)