La crise autour du contentieux sur la liste électorale devient de plus en plus inquiétante. Plus un seul jour sans que la tension ne monte d’un cran, à cause des dénonciations calomnieuses auxquelles a décidé de s’adonner, depuis quelques semaines, le parti au pouvoir, le FPI. Ce parti, comme à son habitude chaque fois que la tenue des élections se précise, a décidé de crier partout à la fraude sur la nationalité. Et cette fois, en faisant totalement fi, non seulement du code électoral, mais également du code de la nationalité ivoirienne. Sur des bases subjectives, farfelues et sans aucune preuve réelle, le FPI fait des dénonciations et portent des accusations, en empruntant des raccourcis aussi rapides qu’incongrus. Une situation à la fois cynique et révoltante, car il s’agit de manœuvres visant à spolier des Ivoiriens de leur nationalité. Cela, avec la complicité de certains Magistrats aux ordres. Cette phase est d’ailleurs entamée dans certaines localités du pays, notamment à Gagnoa où l’on annonce déjà la radiation de 214 personnes de la liste électorale en une audience. Et le hic dans toute cette affaire, c’est bien le silence – à limite coupable – que le Gouvernement ivoirien, dirigé par le Premier ministre Guillaume Soro, affiche face à cette montée de tension autour du contentieux sur la liste électorale. En effet, tout se passe comme si de rien n’était. Jusqu’au point où l’on est tenté de se demander si au niveau de la Primature, qui est le maître d’ouvrage du processus de paix, on mesure le danger qui plane en ce moment sur la Côte d’Ivoire avec ces agissements du FPI et de certains Magistrats. Car, pour rappel, c’est bien le problème identitaire qui a été indiqué comme l’une des causes majeures ayant entraîné la crise militaro-politique que connaît la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002. Vivement donc que le Premier ministre s’implique afin que s’arrêtent définitivement en Côte d’Ivoire, ces délits de patronyme et de faciès ! La Côte d’Ivoire en a déjà assez souffert. Que Guillaume Soro et son gouvernement sortent du mutisme et prennent le taureau par les cornes. Cela, en appelant les Magistrats, chargés de délibérer sur ces demandes de radiation du FPI, à se référer de façon scrupuleuse au code électoral actuel. Et comme l’a dit récemment le Chef de cabinet du ministre de la Justice, M. Ibrahime Kuibiert, le code électoral doit être « la Bible ou le Coran » des Magistrats. Et c’est cela que le Gouvernement doit encourager.
Diawara Samou
Diawara Samou