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Société Publié le mardi 24 août 2010 | Nord-Sud

Concours d’entrée au Cafop : La galère des jeunes diplômés

Les concours d’entrée au Centre d’animation et de formation pédagogique (Cafop), niveau instituteurs ordinaires et instituteurs adjoints, ont été lancés depuis plus d’un mois. Chaque jour, des centaines d’intéressés envahissent la cour de l’Epp Amon Dabi (Plateau).

Ce vendredi 13 août, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La longue file de postulants, qui part de la cour de l’Epp Amon Dabi à l’entrée du Commandement supérieur, commence à agacer sérieusement des gendarmes. Ces postulants aux concours d’entrée au Cafop, niveau instituteurs ordinaires et instituteurs adjoints, sont si nombreux qu’à chaque fois, leur rang kilométrique déborde jusqu’à l’entrée du commandement supérieur. Après leur avoir ordonné à maintes reprises de quitter l’entrée de leur institution, les gendarmes ont ensuite frappé dans le tas. Jusqu’à ce que la foule se disperse et s’éloigne de l’entrée. Mais les candidats ne sont pas allés loin. Ils ont juste reculé de quelques mètres, se bousculant et injuriant ; chacun voulait à tout prix garder sa place dans le rang. Il a été annoncé que la fin du retrait des pochettes pour la visite médicale est fixée au 15 septembre. Celui qui ne parviendra pas à retirer sa pochette, ce vendredi, sera dans l’impossibilité de passer son concours d’entrée au Cafop, cette année. Ce qui a empiré les choses…

Depuis plusieurs semaines, c’est à peu près, ce spectacle qu’offre l’Epp Amon Dabi. L’école primaire a été choisie par le ministère de la Fonction publique pour le retrait des pochettes de la visite médicale, et cette visite médicale proprement dite. Mais la grande cour de l’établissement, avec ses bâtiments jaunes ne parvient pas à contenir les postulants. A l’intérieur, c’est une myriade de rangs. Certains de ces rangs débordent largement jusqu’à plusieurs dizaine de mètres, à l’extérieur de l’école. Pour espérer retirer sa pochette et faire ses trois examens de sang, il faut se lever dès l’aube. Très tôt. Le rang commence à 4 heures du matin, au moment où les musulmans débutent le jeûne. Les premiers à arriver sur les lieux, marquent leurs places dans le rang par des cailloux et en profitent pour faire un petit somme. Certains s’en servent comme tabouret pour ne pas trop s’arrêter, car les agents de la Fonction publique ne pointent du nez qu’autour de 8 heures.

Il faut payer pour éviter le rang

Mais ceux qui se lèvent à 4 heures, et pensent être les premiers sur les lieux, se trompent. « Il y a toujours quelqu’un avant vous », témoigne Ouattara Seydou, un des postulants. En effet, des candidats, plus déterminés, dorment à l’Epp Amon Dabi. Ils se servent des tables-bancs de l’école comme couchette. Beaucoup ne sont pas du coin. Ils sont venus de l’intérieur du pays pour se faire établir leurs papiers relatifs aux concours d’entrée au Cafop.

Dès les premiers rayons du soleil, la cour est déjà remplie de postulants. Une foule impressionnante de jeunes s’alignent devant des portes d’Amon Dabi. Tous des jeunes diplômés du baccalauréat, du Bepc. Certains ont le Bts, d’autres ont fait un ou deux ans à l’université avant de décider de s’essayer au concours d’instituteur ordinaire. Bref, ici, ce ne sont pas les diplômes qui comptent. Tout le monde suit le rang. Après des heures passées à “griller” au soleil, beaucoup repartent à la maison brédouilles.

Au vu de tout ceci, le ministère de la Fonction publique a rejeté la date limite de retrait des pochettes au 31 août. Ce qui n’a pas changé grand-chose.

Ce lundi, il y a foule dans la cour d’Amon Dabi, des gendarmes sont commis à la surveillance. Des vendeurs de sandwich, de jus et des gérants de cabine, venus aussi tôt comme les candidats, se mêlent à l’ambiance. Sous des arbres, on vend des photocopies de livres pour les concours du Cafop et de l’Ecole nationale d’administration (Ena). Des margouillats sont de la fête. Ils abordent les intéressés dans la discrétion, proposent de les aider à retirer sans faire le rang, leur pochette ou faciliter leurs visites médicales. Pour ce dernier cas, il faut faire trois fois la visite. Certains intéressés sollicitent leur service. Le réseau est si bien ficelé que tout se passe comme si de rien n’était. Pour la pochette, l’intermédiaire disparaît avec les documents qu’on lui remet et réapparaît après quelques minutes avec ce que vous cherchez. Ce qui prend une journée entière pour celui qui veut suivre le rang.

Mais bon nombre de postulants n’ont pas très souvent l’argent qu’ils leur demandent en retour : entre 1.000 Fcfa et 3.000 Fcfa. Ce qui les oblige à endurer le calvaire des rangs.
Sous un soleil ardent, les visages sont serrés et la transpiration tache les vêtements. Ceux qui veulent s’abriter sous des arbres ou devant les classes d’école, craignent de perdre leurs places. Entre la brûlure des rayons solaires et les reins qui ne tiennent plus, des cris d’indignation fusent de temps en temps de la masse. « On ne peut pas admettre que pour venir payer une pochette qui coûte 28.000 Fcfa, il faut souffrir tant», s’indigne F.T., un bachelier qui veut passer le concours d’instituteur ordinaire. Il est environ la centième personne du rang, qu’il suit pour retirer sa pochette. Le dernier, à la queue, est séparé de lui de plus de cent autres personnes. La lenteur du rang exaspère. « On n’avance pas. Tout ceci est fait exprès, fulmine une jeune fille qui a le Bepc. Ils veulent toujours qu’on paye pour être reçu ». Selon elle, c’est la raison pour laquelle les margouillats traînent dans la cour. « Ils m’ont proposé de payer 2.000 Fcfa pour avoir ma pochette, j’ai refusé. C’est parce que certains payent qu’ils sont là », s’offusque G.K, qui dit être venu depuis 5 heures. Il est 10 heures, et il doit attendre trente autres personnes avant de d’être servi. Pour lutter contre la fraude et l’engorgement, beaucoup proposent de créer d’autres centres de retraits de la pochette et de la visite médicale au lieu d’un seul. Mais quelques postulants aux concours du Cafop ont fini par se faire une raison : il n’y a pas de bonne foi au niveau des autorités. C’est la cause de leur misère.

Raphaël Tanoh
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