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Politique Publié le mercredi 25 août 2010 | Le Patriote

Alain Lobognon (Conseiller du Premier ministre): "Attention la Côte d’Ivoire risque de basculer à nouveau"

© Le Patriote Par Prisca
Election présidentielle 2010: Franck Anderson Kouassi, le président du CNCA installe la Commission Nationale des débats et émissions spéciales radio télévisés
Jeudi 22 juillet 2010. Abidjan. Le Président du Conseil national de la Communication Audiovisuelle (CNCA) installe la Commission Nationle de Débats et d`Emissions Spéciales pour l`élection Présidentielle. Photo: Alain Lobognon, premier vice-président de la Commission nationale de supervision de l`identification (Cnsi)
Sur les ondes de la Radio de la Paix, ONUCI FM, le conseiller spécial du Premier ministre a craché ses vérités concernant le processus du contentieux sur la liste électorale. Il attire l’attention des uns et des autres sur le danger que court le pays.

Question : M. Alain Lobognon, quel bilan pouvez-vous faire aujourd’hui des contentieux sur la liste électorale ?
Alain Lobognon : Disons qu’au jour d’aujourd’hui, on ne peu pas faire un bilan. Cependant, il faut noter une certaine désolation, une certaine lenteur qui a pris le dessus sur le déroulement de ce processus du contentieux.

Q : Pourquoi cette peur, cette désolation ?
A.L : Le contentieux n’est pas un processus nouveau. Malheureusement, les gens donnent l’impression que c’est une nouvelle trouvaille. On note que chaque fois qu’on parle de contentieux, c’est l’occasion de règlement de compte lequel vise essentiellement à retarder davantage le processus des élections.

Q : Quels sont les dossiers les plus récurrents qui sont traités ?
A.L : Le contentieux repose sur un mode opératoire qui ne dit pas qu’il faille recopier des noms pour aller demander à un juge de radier ces personnes au motif qu’elles ne sont pas des Ivoiriens. Aujourd’hui, il est montré que certaines personnes ont été conduites devant le juge et ont été blanchies, alors que la loi prévoit que toute fausse accusation doit être condamnée. Si la loi n’est pas appliquée, alors nous, écoutez, nous ne sommes pas loin d’un nouveau clash.

Q : Alors comment arriver à attirer l’attention des uns et des autres avant qu’il ne soit trop tard ?
A.L : Le contentieux est l’affaire de la CEI et de la justice ivoirienne. C’est à ces deux organes de jouer pleinement leur rôle pour que la Côte d’Ivoire ne tombe pas à nouveau dans la crise. Car, ce qui se passe n’est pas en sa faveur.

L.P. : Pourquoi en est t-on arrivé là?
A.L : La question du contentieux électoral n’est pas l’affaire de la commission nationale de supervision et de l’identification. C’est le ministère de la Justice et la CEI qui sont censés conduire ce processus. Nous le répétons, si rien n’est fait, la Côte d’Ivoire risque de basculer à nouveau.

Q. : A vous entendre parler, le 31 octobre est menacé …
A.L : Je dis que le 31 octobre n’est pas menacé, les Ivoiriens ont décidé d’aller aux élections. Il s’agit maintenant de permettre que ce délai soit respecté. Je peux vous confirmer que les acteurs principaux qui conduisent ce processus de sortie de crise vont effectivement organiser les élections à la date du 31 octobre 2010.

Q : Comment respecter cette date quand on sait que la liste électorale définitive est menacée ?
A.L. : La liste électorale n’est pas menacée. Le Premier ministre regarde, il va agir parce que nous pensons qu’il est temps de siffler la fin de la récréation. Car, si tel n’est pas le cas, je dis et je le répète, la Côte d’Ivoire risque de basculer à nouveau.

Q : En tant que conseiller du Premier ministre, que pensez-vous de ceux qui disent que vous attendez toujours le pourrissement avant d’intervenir en pompier ?
A.L : Il est curieux de voir la CEI dans cette posture d’attentiste, parce que la CEI aurait dû interpeller les magistrats pour leur dire : « Messieurs, nous avons un mode opératoire. Voici ce que dit le mode opératoire. Est-ce que la CEI est privée de parler ? Je ne le pense pas.

Q : Pourquoi à vos yeux, les magistrats contournent-ils le mode opératoire établi ?
A.L : Je sais que de tout temps, la justice n’a pas été innocente dans les graves crises intervenues en Côte d’Ivoire. Je voudrais rappeler le cas de 1995 où un citoyen ivoirien a été spolié de ses droits. C’est la justice ivoirienne qui l’a fait, c’est parce qu’elle est à la solde des partis politiques.

Q : Comment alors amener la justice à jouer véritablement son rôle?
A.L : La loi est la loi. Les juges sont les premiers à pouvoir dire le droit. Il s’agit pour eux, d’appliquer les textes. Les juges de Côte d’Ivoire doivent appliquer le mode opératoire qui a été arrêté par les acteurs politiques. Les juges ne sont pas au-dessus de la loi. Malheureusement, des juges se font le luxe de radier des personnes sans chercher à vérifier. Heureusement, tous les juges de Côte d’Ivoire ne tombent pas dans cette combine. Nous espérons que l’intervention de l’exécutif permettra d’amener les juges à appliquer la loi, rien que la loi pour sortir de la crise.

Q : Vous pensez alors, que dans les jours à venir le Premier ministre pourrait intervenir ?
A.L : Ce n’est pas à exclure.

Q : En ce qui concerne la nationalité, la CEI exprime qu’elle n’est pas compétente à trancher…
A.L : En tant que citoyen, je suis tenté de demander à la CEI de bien lire les textes, de savoir que la liste électorale ne contient que des Ivoiriens. Si on n’est pas ivoirien, on n’est pas sur la liste électorale. Donc, il est faux que la CEI dise qu’elle n’est pas concernée par la nationalité. Elle doit rappeler au juge que ne figure sur la liste électorale que les ivoiriens. La CEI devrait le rappeler pour se faire respecter en Côte d’Ivoire.

Propos recueillis sur ONUCI FM.
Ibrahima B. Kamagaté
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