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Politique Publié le lundi 30 août 2010 | Nord-Sud

L’Ivoirité contre Ouattara : Le Nouveau Réveil enfonce Bédié

Dans sa haine contre Nord-Sud Quotidien, Le Nouveau Réveil a plutôt exhumé les pages sombres de la gestion d’Henri Konan Bédié à la tête de l’Etat.

Youssouf Bakayoko coûte cher. Tellement cher, qu’il a suffi que Nord-Sud Quotidien le presse de livrer un chronogramme clair sur le processus électoral, pour que Le Nouveau Réveil entre en transe. Insultes, vilenies, calomnies, mensonges. Rarement un journal se sera illustré aussi négativement dans les attaques contre un autre, dont le seul tort aura été de rappeler à ses obligations un homme politique. Mais, il faut de tout pour faire un monde. Dans son édition du week-end, aveuglé par les dorures de la Commission électorale indépendante (Cei), le journal de Denis Kah Zion, président du Groupement des éditeurs de Côte d’Ivoire(Gepci), a tiré dans tous les sens. A telle enseigne qu’il a même affirmé que l’interview que nous avons accordée à Alain Lobognon, le conseiller spécial du Premier ministre, dans notre édition de mercredi 25 août, avait été réalisée par Onuci-Fm, la radio de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Pourtant, le même canard a bien précisé dans son édition de jeudi qu’il avait copié la dite interview dans les colonnes de Nord-Sud quotidien. Ce mensonge comme un ours mal léché confirme ce que nous écrivons depuis le début de cette campagne de presse ordurière contre nous : beaucoup de journaux manquent de professionnalisme. Nous fermons cette parenthèse honteuse pour la presse nationale, dans son ensemble.

La haine développée par le journal de Denis Kah Zion l’a surtout amené à lever un coin de voile salutaire sur la très hideuse politique de l’ivoirité qu’il alaite. Ce journal saligaud sait de quoi il parle car, recomposé à partir de ce qu’il est resté des thuriféraires de ce concept sulfureux, qui a entretenu le germe de la division entre les Ivoiriens, de 1993 à 1999.
Dans sa tentative pour tourner la sale page de l’ivoirité, le journal de Kah Zion Denis écrit : « Des frères qui se sont combattus, hier, ont décidé de passer l’éponge, de faire la paix. Combien de fois Nord-Sud Quotidien n’a-t-il pas essayé de remuer le couteau dans la plaie, réveiller les vieux démons que le Pdci-Rda et le Rdr ont décidé de chasser de leur entourage ? Bédié et Ouattara se sont farouchement combattus mais ils se sont réconciliés pour reprendre le contrôle du pays. » Reprendre le contrôle du pays ! Lapsus scriptural révélateur. Qui de Bédié ou de Ouattara a perdu le contrôle du pays ? En 1999, au moment du coup d’Etat du général Robert Guéi, Henri Konan Bédié était au pouvoir. Ouattara était en exil ; toute la direction de son parti, le Rassemblement des républicains (Rdr), était en prison. Un prisonnier peut-il avoir le contrôle d’un pays en même temps que son geôlier? Stupéfiant !

Nouveau Réveil avoue, enfin, que l’ivoirité a été une arme politique contre Ouattara. Ce dont nous n’avions jamais douté. En soutenant qu’il s’agit d’un vieux démon de leur combat fratricide, l’on reconnaît donc que ce concept visait à exclure le candidat du Rdr de la course à la présidentielle. Dont acte. Dans les faits, au lieu d’écrire que les deux hommes se sont combattus, il serait plus juste d’écrire que le régime a traqué Ouattara pendant sept ans. Tout cela par peur de l’affronter à la loyale. Mais, ramener la politique de l’ivoirité à un simple malentendu, effacé par quelques accolades entre Bédié et Ouattara, c’est insulter la mémoire de tous ceux qui sont morts (Ivoiriens et ressortissants de la sous-région) à cause de cette méchante politique ; c’est se moquer de ceux qui ont subi les pires humiliations.

Pour Nouveau Réveil, l’ivoirité peut procéder d’un simple jeu politique. Ce journal doit avoir la décence de ne pas chercher à imposer ce point de vue aux millions d’Ivoiriens qui ont été meurtris dans leur chair, et dont le cœur a saigné pendant les années de braise. Beaucoup ont vu leur carte nationale d’identité déchirée sur les routes, ou ont été rançonnés. Beaucoup ont été frappés d’extranéité à cause de leur nom ou de leur boubou. Certes, le bourreau peut minimiser la gravité de sa faute. Mais, les victimes n’oublient pas, elles voient la cicatrice et se souviennent de la plaie même si elles peuvent pardonner. Car, la souffrance morale a besoin de plus pour guérir.
C’est pourquoi, il est illusoire de chercher à effacer cette partie sombre de l’histoire, d’un coup de baguette magique, au détour d’une alliance politique circonstancielle. Aucune victoire électorale ne résorbera ce malaise diffus. Les vraies retrouvailles houphouétistes, il ne faut pas se leurrer, découleront d’abord de la VERITE. Pour que ceux des Ivoiriens qui ont été les exécutants de l’œuvre de purification idéologique, contenue dans l’ovoirité, comprennent enfin tout le mal qu’ils ont causé à d’autres Ivoiriens qui en ont souffert.

Non, ce débat ne peut être clos par un article, inspiré par des intérêts immédiats et matérialistes. Nord-Sud continuera à hanter le sommeil de ceux qui ont trempé dans cette politique de la honte. Le débat continue.

Kesy B. Jacob
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