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Politique Publié le mardi 31 août 2010 | Le Temps

Présence massive des étrangers sur la liste électorale : Les dangers qui guettent la Côte d`Ivoire

Le contentieux électoral s'est achevé, le vendredi dernier, avec des fortunes diverses. Au-delà des querelles de clans à connotation politique qui ont émaillé cette étape, examinons à froid les réels dangers qui planent sur la Côte d' Ivoire.

Après la rébellion du 19 septembre 2002 à relent identitaire, la Côte d'Ivoire n'est pas à l'abri d'une grave crise foncière. Lorsque les ambitions du pouvoir auront été dissipées avec les élections générales, principalement le scrutin présidentiel, les Ivoiriens sauront consciemment apprécier ce que risque leur pays avec la présence massive des non nationaux sur la liste électorale. Ce que les Accords de Marcoussis ont su imposer aux Ivoiriens, c'est d'avoir réussi à coupler le recensement électoral et l'identification des populations. Parce que les inspirateurs de ces textes ambitionnaient non seulement de donner le pouvoir à Alassane Ouattara par le jeu d'infiltration des étrangers sur la liste électorale mais à faire passer plus de 3 millions de Burkinabè, Maliens, Guinéens et autres comme des propriétaires terriens. Et ce, au regard du code foncier adopté par le parlement ivoirien en 1998 sous le régime du Pdci. Cette procédure foncière ivoirienne a même été, selon certains participants à ce conclave de Linas-Marcoussis, qualifiée de " meilleure " par l'imminent constitutionnaliste Pierre Mazeaud, qui présidait ces travaux. Et pourtant, la France et ses valets locaux principalement le Rdr étaient dans une seule logique. Imposer aux Ivoiriens ce qu'ils n'ont pu gagner par les armes.

Ayant constaté l'échec du plan A avec la rébellion du 19 septembre 2002. Conçu sur les plaies béantes de certaines crises de gestion foncière, notamment les sanglants conflits de Tabou entre les Kroumen et les Burkinabè, à Fengolo (Duékoué) entre les Guéré et les Burkinabè non sans évoquer la très sensible crise foncière dans les forêts de Taï, de Toulépleu, de Guiglo et de Bloléquin. En fait, l'ouest la poudrière…

Il suffit d'une étincelle née des incompréhensions pour que tout s'enflamme. Ce code foncier adopté par les élus du peuple risque d'être porteur des germes d'une véritable guerre civile parce que dénudé de sa substance par ceux qui complotent à faire de la Côte d'Ivoire un pays sans repères, c'est-à-dire sans propriétaires. Seuls les nationaux, précisent cette loi, sont de facto propriétaires de la terre. Qui est donc ivoirien, au regard de la loi fondamentale ?. Celui qui détient une pièce nationale d'identité jouit d'une présomption de nationalité. Il n'a qu'à jeter un regard sur la feuille du certificat de nationalité pour s'en rendre compte. Tous ces milliers d'étrangers qui sont sur la liste électorale auront non seulement des cartes d'électeurs mais jouiront des mêmes, par la magie de la fraude, prérogatives civiles que les Ivoiriens en recevant des cartes nationales d'identité au même titre que les vrais ayants droit. Sans passer par la procédure normale de naturalisation qui leur donne droit à la propriété, des milliers d'étrangers reconnus comme tels dans nos différentes régions, auront à brandir leur Cni pour se réclamer propriétaires terriens. C'est ce à quoi nous assisterons dans les régions une fois que ces intrus seront en possession de leurs pièces. Le front social pourrait-être en ébullition dans les villages et campements lorsque ces étrangers vont se réclamer chefs de terre. Imaginons la réaction des autochtones, propriétaires terriens, spoliés indument de leurs droits coutumiers. On ne règle pas une question aussi sensible portant sur le foncier au gré des intérêts des hommes politiques. La liste électorale provisoire porteuse de milliers d'étrangers qui sera certainement soumise au cadre permanent de concertation (Cpc) et certifié par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, est sans contestation une éventuelle bombe à retardement qui, si on n’y prend garde, risque d'embraser toute la Côte d'Ivoire. Il n'est pas encore tard de rattraper cette injustice. Et si on acceptait que ces étrangers prennent part uniquement au vote en reprenant à fond l'opération d'identification des Ivoiriens. C'est le moindre mal et le salut de la Côte d'Ivoire passe par là.

De la responsabilité du gouvernement Soro

Quand les amarres sont rompues, il reste au navire le gouvernail pour se guider à travers les océans qu’ils soient tumultueux ou non. D'où le rôle excessivement important du timonier qui tient la barre. Certes, toutes les sorties de crises, dans leur dernière ligne se présentent sous des jours difficiles. Mais comme le timonier qui tient la barre au milieu des eaux tumultueuses, le rôle du gouvernement est prépondérant pour leur réussite. Or, force est de constater que le nôtre et particulièrement son chef, le Premier ministre Guillaume Soro s'est claquemuré dans un silence assourdissant difficilement acceptable. Comme s'il voulait dire, "vous vouliez une date, la voici, et pour le reste débrouillez-vous". Non et non, Les Ivoiriens attendent un engagement ferme et clair, en paroles et en actes forts du gouvernement et de son chef. Or qu'observons-nous? Une guerre de tranchée animée par des seconds couteaux dont les déclarations intempestives sont faites d'ambigüités quand elles ne sont pas de contradictions. Le peuple ivoirien extenué par une crise qui n'en finit pas, souhaite voir le gouvernement Guillaume Soro s'impliquer avec plus d'engagement et de détermination. La crise n'est pas l'affaire de Amani N'Guessan seul, fut-il le ministre de la Défense. C'est l'affaire du gouvernement dans toute son entièreté. En premier lieu, du chef du gouvernement Guillaume Soro lui-même. Sa collaboration avec le chef de l'Etat est certes importante, mais pas suffisante. Soro nous a dit qu'il se déchargeait momentanément de ses servitudes de secrétaire général des Fn, pour se consacrer au processus électoral. En son temps, les Ivoiriens en ont pris acte. Seulement, l'impression que nous laisse aujourd'hui, cette profession de foi, est loin de ce qu'on en attendait. Vivement que l'engagement pris par Monsieur le chef de gouvernement soit à la mesure de l'attente des Ivoiriens. Il est inadmissible que ce gouvernement multicolore et multi-ambitionnel et ne se consacre qu'aux seules prétentions électorales de ses membres. Délaissant l'important de l'essentiel et l'essentiel de l'important. La nature ayant horreur du vide, l'espace politique se remplit actuellement de rois déchus, de mythes démystifiés, d'insatiables prédateurs aux mains dégoulinantes de sang pour qui l'usage de tous les moyens illicites et illégaux sont bons pour ne pas siffler la fin de la récréation. La situation est trop belle pour ces étranges personnages assoiffés d'argent et de pouvoir. Un gouvernement n'a de valeur que par la conscience aigüe qu'il aura ou qu'il a de ses responsabilités : Sa capacité d'engagement, sa détermination d'accomplir sa mission, sa volonté de mener à bon port les tâches qui lui incombent doivent être des vertus premières. L'effort de Guillaume Soro jusqu'à présent est louable ; mais tout comme un sprinter des 800 m, seuls les derniers 100 m seront déterminants dans sa course. Soro a tenu sa course, il reste le finish qu'il doit s'approprier sans faux- fuyant. Le devoir l'impose. Les palabres sur les fraudes, sur la nationalité ne devraient en aucune manière entraver notre marche inexorable vers le 31 octobre. Ceux qui attisent les feux sont connus. Ce sont les mêmes qui ont planifié, organisé cette gigantesque truanderie à l'échelle nationale. Ils ont beau crier au loup, ils ne tromperont personne. La duperie ne passera pas, si la détermination du gouvernement se faisait un tant soit peu sentir.

Ange Marie Ibo Djêgba
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