La cohabitation entre autochtones, allogènes et immigrants correspond, à l'ordinaire, au quotidien de la vie urbaine ou rurale. Mais quand elle fait irruption sur un territoire donné, comme c’est le cas en politique elle peut revêtir de la forme du drame social. En Côte d'Ivoire, la question de l'immigration n'est pas nouvelle. Et son instrumentalisation par le Pdci et le Rdr à des fins politiciennes est récente, et continue d'alimenter le débat politique sans jamais pour autant déboucher sur une véritable politique d'immigration et de restructuration de la communauté nationale. Après avoir adopté pendant plus de trois décennies une attitude libérale d'immigration, qui donne droit aux immigrés d'accéder à la terre et à des emplois publics et de participer aux élections, les gouvernements du Pdci se sont tournés vers une malheureuse contribution au renforcement de cette politique d'immigration à travers l'identification. Aujourd'hui, l'inquiétude des nationaux viennent de l'ampleur et des conséquences de ce phénomène. Et ce, à cause des risques encourus par la population, aux plans de la sécurité, de l'unité nationale et de la sécurité sociale. De vrai, ce phénomène ne date pas de maintenant. Puisqu'il est connu des Ivoiriens depuis l'ère coloniale. De 1960 à 1965, l'immigration en Côte d'ivoire est passée à 17,5%, lorsqu'en 1975, elle passait à plus de 22% et à plus 28% en 1988 et enfin à plus de 26% en 1993. Aujourd'hui, l'on ignore exactement le pourcentage des immigrés en Côte d'Ivoire. En valeur absolue, la population est estimée à 1049184 personnes en 1975 et 1777487 individus en 1988. Soit une augmentation de 7O% en 13 ans. Et pourtant, dans les autres pays francophones, le seuil du pourcentage est en dessous de 2. C'est une donne non négligeable. Cela est d'autant plus vrai que le poids de l'immigration en terre ivoirienne contribue à la croissance démographique. Et donc à des taux de croissance annuels du Pib supérieur selon les statistiques à 7% et qui sont difficiles à soutenir sur une longue durée. Par ailleurs, l'immigration clandestine dont la Côte d'Ivoire est victime pose le problème réel de l'insécurité et de la menace de la paix sociale dans le pays. En outre, l'afflux d'immigrés de confession islamique (73% des étrangers en provenance des pays frontaliers nordiques) a considérablement modifié l'équilibre préexistant (31% de chrétiens, 25% de musulmans et 23% d'animistes) pour donner des proportions nouvelles allant à 40% de musulmans contre 27% de chrétiens et 17% d'animistes.) Une telle rupture d'équilibre, dans un domaine aussi sensible, pourrait amener certains esprits à tenter d'exploiter l'appartenance religieuse à des fins politiques, toutes choses qui desservent l'unité et l'harmonie nationale et menacent la paix sociale. De sorte qu'avec la question de l'identification et du recensement électoral, tous ceux qui, jusque-là étaient étrangers en Côte d'Ivoire cesseront de l'être. Parce qu'ils se seraient simplement inscrits sur la liste électorale ivoirienne. Voilà ce que risque la côte d'Ivoire. Et voilà ce pourquoi, il faut nécessairement revoir la question du contentieux, qui, disons-le tout net, a été bâclé. En effet, comment expliquer cette volonté de l'immigré de devenir coûte que coûte ivoirien. Pourquoi confier son destin à un pays qui n'est pas sien. Un si bien curieux amour auquel il faut faire attention parce que la Côte d'Ivoire a trop souffert de son hospitalité. D'où la nécessité de contrôler l'immigration.
Simplice Zahui
simplicezahui@yahoo.fr
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