Abdoulaye Touré, PCA de l’Intercajou, revient de loin. Après une bataille judiciaire qui l’a maintenu à la tête de la filière anacarde, le patron de l’Intercajou était à Ferké où il a convoqué tous les acteurs de la filière. Il présente les nouveaux projets pour doper la filière…
M. Abdoulaye Touré, quelle est la situation de la filière aujourd’hui après la crise ?
Pour cette campagne 2010, nous avons réussi à gérer les opérations commerciales de deux façons. La première, c’est qu’en mars 2010, nous avons été réinstallés après que nous avons introduit en justice une action de référé ordinaire, c`est-à-dire la demande d’une décision de justice basée sur l’urgence. A ce niveau, nous avons obtenu une première décision favorable. Au moment où nous réintégrions nos bureaux en mars 2010, ceux qui occupaient illégalement le bureau avaient une politique d’imposition de bas prix aux producteurs de l’ordre de 170 Fcfa/kg. Une semaine après que ces ex-occupants illégaux ont fait l’annonce de ce prix très inférieur à la réalité du marché, nous avons réintégré nos bureaux grâce au jugement du référé ordinaire. Dès lors, nous avons remis les conditions de la commercialisation 2010 dans leur état normal. C`est-à-dire que le prix minimum qui devrait être payé aux producteurs, qui est de 225 Fcfa /kg, a été annoncé par nous. Cette rectification a conduit les producteurs à la base à réagir positivement. La conséquence directe de cette réaction a été la remontée immédiate des prix. De mars, avril jusqu’à mai 2010, nous avons maintenu cette politique de dialogue et de communication avec les producteurs dans les bases des 11 régions. Cette rectification prenait en compte la réalité du marché international qui était très favorable. Toute chose qui a permis que les dividendes puissent retourner aux producteurs. En fin de cette campagne 2010, nous avons enregistré des prix d’achat de la noix de cajou qui ont atteint 500 Fcfa le kg. Nous avons estimé avoir joué notre partition en ce qui concerne cette première partie. Et lorsqu’il avait été dit que le jugement du référé ordinaire de mars 2010 était infirmé en appel au motif que le juge n’était pas compétent pour connaître de cette affaire selon les avocats de ces ex-occupants illégaux, nous avons engagé une deuxième action près du juge du fond comme souhaité par eux. Et ici encore, la justice nous a donné raison. Tous les actes et toutes les résolutions de ces ex-occupants illégaux ont été purement et simplement annulés par le jugement civil contradictoire n°2392 du 26 Juillet 2010. Et depuis le 3 août 2010, nous avons réintégré le bureau de l’Intercajou pour redonner confiance aux opérateurs et aux partenaires. Cette fois, notre stratégie est de réunir les conditions d’une meilleure tenue de la campagne 2011. Et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés à Ferké pour faire le point, lever les équivoques provoquées par les campagnes de désinformation orchestrées par ces illégaux et ainsi aplanir tous les points d’incompréhension dans la filière.
Justement, il y a une véritable bataille à ce niveau-là. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre et que vous pourrez fixer les prix sans problème ?
A ce niveau, nous sommes en train de réunir les conditions pour que les choses rentrent dans l’ordre. L’une des missions essentielles de l’Intercajou est de déterminer le prix d’achat de l’anacarde. Et cette mission est expressément inscrite dans l’ordonnance 2002-448. Deuxième chose, les charges des exportateurs et des transformateurs ont toujours été prises en compte dans leur quasi-totalité. Il est anormal et difficilement acceptable que les charges des producteurs ne soient pas actuellement prises en compte dans le barème de fixation de prix, après quatre années d’expérimentation de ce barème de fixation du prix. Sur l’ancienne base de fixation du prix d’achat, tout prix annoncé dans le domaine de l’anacarde en Côte d’Ivoire est un prix d’office résiduel c`est-à-dire un prix arrêté après la soustraction des charges des opérateurs des collèges des exportateurs et des transformateurs. Malheureusement, avant la création de l’Intercajou et notre élection, même lorsque l’environnement du marché international était favorable, les producteurs ne profitaient pas d’un prix rémunérateur. Les producteurs ont été toujours ceux à qui il était imposé un bas prix d’achat, et ce, même quand les prix sur le marché international étaient élevés. Dès notre élection, nous avons fait de la fixation du prix d’achat de la noix de cajou et du respect du prix fixé de façon consensuelle en Côte d’Ivoire notre priorité. Ceux qui ont tenté de semer le trouble et bloquer le fonctionnement de l’Intercajou ont estimé que nous nous battons uniquement pour les producteurs. Mais que non, le combat de l’Intercajou est que dans la politique de fixation de prix, les choses soient équitables pour toutes les parties. Tout ce qui se raconte d’autre est fait pour détourner l’attention des acteurs de la filière et du grand public sur les vraies batailles de notre institution. Mes détracteurs ainsi que ceux de l’intercajou savent très bien qu’il n’y a jamais eu de détournements. Notre combat est uniquement guidé par le souci du bien-être de tous les membres. La fixation du prix de l’anacarde fait partie de cette bataille. Et nous serons toujours intransigeants sur le principe du respect de l’égalité d’intérêts entre les trois collèges. Tant que certaines personnes n’admettront pas que les trois collèges puissent avoir des intérêts satisfaisants, alors nous sommes obligés de mener la bataille de la justice, de l’équité interprofessionnelle. Nous ne pouvons pas accepter que des personnes veuillent contrôler directement ou indirectement le centre de décision de l’intercajou afin de rendre légales leurs pratiques commerciales irrégulières. Le collège des producteurs est certes le moins nanti, mais ce n’est pas le plus faible. C’est le plus fort mais en même temps le plus fragile d’entre les trois collèges. Le collège des producteurs a autant besoin dune attention particulière. C’est fort de toutes ces approches que nous disons que pour la campagne 2011, les prix de l’anacarde seront connus à la mi-décembre 2010. A partir de ces prix, les exportateurs doivent négocier leurs contrats sur les marchés extérieurs. Ce n’est pas celui qui vend qui doit tenir compte du prix fixé par l’acheteur mais c’est le vendeur qui doit donner le prix auquel il voudrait vendre son produit. Et c’est en fonction de ça que l’acheteur prend ces dispositions. Voici la logique dans laquelle nous nous inscrivons.
Pouvez-vous nous donner les chiffres de la production d’anacarde sur les trois dernières années ?
Nous avons obtenu en 2008, 350 mille tonnes en termes de production. L’année dernière en 2009, nous étions à 360 mille tonnes. Cette année, la campagne n’est pas encore achevée mais selon les dernières statistiques reçues au mois de juillet 2010, le chiffre des exportations licites est à 325 mille tonnes. Nous attendons la fin de la campagne, pour avoir une idée précise de la production de la campagne 2010. C’est le lieu de relever un aspect important des pratiques irrégulières combattues par nous à savoir le phénomène des trafics illicites de notre cajou vers la frontière orientale, notamment vers le Ghana. Il y a malheureusement une quantité importante de notre cajou qui sort par cette frontière avec la complicité de certaines sociétés exportatrices implantée en Côte d’Ivoire. En 2009, nous avons réalisé une enquête sur ce phénomène. Au mois de juillet 2009, la commission chargée de cette enquête nous a remis ses conclusions. Nous avons transmis ce rapport à l’organe de régulation qui est l’Areca. Ce rapport pointait du doigt certaines entreprises exportatrices de noix de cajou qui s’adonnaient à ce trafic. D’ailleurs, l’un des représentants de ces entreprises siégeait pourtant au Conseil d’administration de l’Intercajou. Nous ne pouvions pas continuer d’accepter cette situation. Vous ne pouvez pas être membre de la structure légale chargée du contrôle des opérations d’exportation et commettre un délit commercial d’une telle gravité. Et lorsque nous en parlions, certains estimaient que nous ne devrions pas en parler. Notre rôle, c’est non seulement de réguler mais aussi de contrôler les opérations commerciales de la filière anacarde sur l’étendue du territoire
Vous rencontrez bientôt le chef de l’Etat pour exposer les préoccupations de votre filière. Quelles sont les grosses difficultés aujourd’hui de la filière ?
Nous nous attelons déjà à régler les préoccupations internes. C’est pourquoi une Assemblée générale sera convoquée incessamment. Cette Assemblé générale doit permettre de remettre en place les normes de fonctionnement du conseil d’administration, du bureau du conseil etc. Ensuite, nous avons le projet de magasins de groupage dans les différentes régions. Ceci doit permettre aux coopératives et aux producteurs d’être maître de la commercialisation intérieure. L’autre projet phare est la mise en place du Fonds de reserve anacarde. Ce fonds appuiera désormais les opérateurs et les grands chantiers de la filière. Les nombreux écueils rencontrés par nos opérateurs pour accéder à des crédits témoignent de l’urgence de la mise en place d’un tel Fonds. Le fonds doit pouvoir apporter certaines garanties aux banques afin que nos opérateurs qui sont éligibles puissent bénéficier de crédits. Le Conseil d’administration doit veiller à la mise en place effective de ce fonds.
Interview réalisé par Mamadou Doumbes
M. Abdoulaye Touré, quelle est la situation de la filière aujourd’hui après la crise ?
Pour cette campagne 2010, nous avons réussi à gérer les opérations commerciales de deux façons. La première, c’est qu’en mars 2010, nous avons été réinstallés après que nous avons introduit en justice une action de référé ordinaire, c`est-à-dire la demande d’une décision de justice basée sur l’urgence. A ce niveau, nous avons obtenu une première décision favorable. Au moment où nous réintégrions nos bureaux en mars 2010, ceux qui occupaient illégalement le bureau avaient une politique d’imposition de bas prix aux producteurs de l’ordre de 170 Fcfa/kg. Une semaine après que ces ex-occupants illégaux ont fait l’annonce de ce prix très inférieur à la réalité du marché, nous avons réintégré nos bureaux grâce au jugement du référé ordinaire. Dès lors, nous avons remis les conditions de la commercialisation 2010 dans leur état normal. C`est-à-dire que le prix minimum qui devrait être payé aux producteurs, qui est de 225 Fcfa /kg, a été annoncé par nous. Cette rectification a conduit les producteurs à la base à réagir positivement. La conséquence directe de cette réaction a été la remontée immédiate des prix. De mars, avril jusqu’à mai 2010, nous avons maintenu cette politique de dialogue et de communication avec les producteurs dans les bases des 11 régions. Cette rectification prenait en compte la réalité du marché international qui était très favorable. Toute chose qui a permis que les dividendes puissent retourner aux producteurs. En fin de cette campagne 2010, nous avons enregistré des prix d’achat de la noix de cajou qui ont atteint 500 Fcfa le kg. Nous avons estimé avoir joué notre partition en ce qui concerne cette première partie. Et lorsqu’il avait été dit que le jugement du référé ordinaire de mars 2010 était infirmé en appel au motif que le juge n’était pas compétent pour connaître de cette affaire selon les avocats de ces ex-occupants illégaux, nous avons engagé une deuxième action près du juge du fond comme souhaité par eux. Et ici encore, la justice nous a donné raison. Tous les actes et toutes les résolutions de ces ex-occupants illégaux ont été purement et simplement annulés par le jugement civil contradictoire n°2392 du 26 Juillet 2010. Et depuis le 3 août 2010, nous avons réintégré le bureau de l’Intercajou pour redonner confiance aux opérateurs et aux partenaires. Cette fois, notre stratégie est de réunir les conditions d’une meilleure tenue de la campagne 2011. Et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés à Ferké pour faire le point, lever les équivoques provoquées par les campagnes de désinformation orchestrées par ces illégaux et ainsi aplanir tous les points d’incompréhension dans la filière.
Justement, il y a une véritable bataille à ce niveau-là. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre et que vous pourrez fixer les prix sans problème ?
A ce niveau, nous sommes en train de réunir les conditions pour que les choses rentrent dans l’ordre. L’une des missions essentielles de l’Intercajou est de déterminer le prix d’achat de l’anacarde. Et cette mission est expressément inscrite dans l’ordonnance 2002-448. Deuxième chose, les charges des exportateurs et des transformateurs ont toujours été prises en compte dans leur quasi-totalité. Il est anormal et difficilement acceptable que les charges des producteurs ne soient pas actuellement prises en compte dans le barème de fixation de prix, après quatre années d’expérimentation de ce barème de fixation du prix. Sur l’ancienne base de fixation du prix d’achat, tout prix annoncé dans le domaine de l’anacarde en Côte d’Ivoire est un prix d’office résiduel c`est-à-dire un prix arrêté après la soustraction des charges des opérateurs des collèges des exportateurs et des transformateurs. Malheureusement, avant la création de l’Intercajou et notre élection, même lorsque l’environnement du marché international était favorable, les producteurs ne profitaient pas d’un prix rémunérateur. Les producteurs ont été toujours ceux à qui il était imposé un bas prix d’achat, et ce, même quand les prix sur le marché international étaient élevés. Dès notre élection, nous avons fait de la fixation du prix d’achat de la noix de cajou et du respect du prix fixé de façon consensuelle en Côte d’Ivoire notre priorité. Ceux qui ont tenté de semer le trouble et bloquer le fonctionnement de l’Intercajou ont estimé que nous nous battons uniquement pour les producteurs. Mais que non, le combat de l’Intercajou est que dans la politique de fixation de prix, les choses soient équitables pour toutes les parties. Tout ce qui se raconte d’autre est fait pour détourner l’attention des acteurs de la filière et du grand public sur les vraies batailles de notre institution. Mes détracteurs ainsi que ceux de l’intercajou savent très bien qu’il n’y a jamais eu de détournements. Notre combat est uniquement guidé par le souci du bien-être de tous les membres. La fixation du prix de l’anacarde fait partie de cette bataille. Et nous serons toujours intransigeants sur le principe du respect de l’égalité d’intérêts entre les trois collèges. Tant que certaines personnes n’admettront pas que les trois collèges puissent avoir des intérêts satisfaisants, alors nous sommes obligés de mener la bataille de la justice, de l’équité interprofessionnelle. Nous ne pouvons pas accepter que des personnes veuillent contrôler directement ou indirectement le centre de décision de l’intercajou afin de rendre légales leurs pratiques commerciales irrégulières. Le collège des producteurs est certes le moins nanti, mais ce n’est pas le plus faible. C’est le plus fort mais en même temps le plus fragile d’entre les trois collèges. Le collège des producteurs a autant besoin dune attention particulière. C’est fort de toutes ces approches que nous disons que pour la campagne 2011, les prix de l’anacarde seront connus à la mi-décembre 2010. A partir de ces prix, les exportateurs doivent négocier leurs contrats sur les marchés extérieurs. Ce n’est pas celui qui vend qui doit tenir compte du prix fixé par l’acheteur mais c’est le vendeur qui doit donner le prix auquel il voudrait vendre son produit. Et c’est en fonction de ça que l’acheteur prend ces dispositions. Voici la logique dans laquelle nous nous inscrivons.
Pouvez-vous nous donner les chiffres de la production d’anacarde sur les trois dernières années ?
Nous avons obtenu en 2008, 350 mille tonnes en termes de production. L’année dernière en 2009, nous étions à 360 mille tonnes. Cette année, la campagne n’est pas encore achevée mais selon les dernières statistiques reçues au mois de juillet 2010, le chiffre des exportations licites est à 325 mille tonnes. Nous attendons la fin de la campagne, pour avoir une idée précise de la production de la campagne 2010. C’est le lieu de relever un aspect important des pratiques irrégulières combattues par nous à savoir le phénomène des trafics illicites de notre cajou vers la frontière orientale, notamment vers le Ghana. Il y a malheureusement une quantité importante de notre cajou qui sort par cette frontière avec la complicité de certaines sociétés exportatrices implantée en Côte d’Ivoire. En 2009, nous avons réalisé une enquête sur ce phénomène. Au mois de juillet 2009, la commission chargée de cette enquête nous a remis ses conclusions. Nous avons transmis ce rapport à l’organe de régulation qui est l’Areca. Ce rapport pointait du doigt certaines entreprises exportatrices de noix de cajou qui s’adonnaient à ce trafic. D’ailleurs, l’un des représentants de ces entreprises siégeait pourtant au Conseil d’administration de l’Intercajou. Nous ne pouvions pas continuer d’accepter cette situation. Vous ne pouvez pas être membre de la structure légale chargée du contrôle des opérations d’exportation et commettre un délit commercial d’une telle gravité. Et lorsque nous en parlions, certains estimaient que nous ne devrions pas en parler. Notre rôle, c’est non seulement de réguler mais aussi de contrôler les opérations commerciales de la filière anacarde sur l’étendue du territoire
Vous rencontrez bientôt le chef de l’Etat pour exposer les préoccupations de votre filière. Quelles sont les grosses difficultés aujourd’hui de la filière ?
Nous nous attelons déjà à régler les préoccupations internes. C’est pourquoi une Assemblée générale sera convoquée incessamment. Cette Assemblé générale doit permettre de remettre en place les normes de fonctionnement du conseil d’administration, du bureau du conseil etc. Ensuite, nous avons le projet de magasins de groupage dans les différentes régions. Ceci doit permettre aux coopératives et aux producteurs d’être maître de la commercialisation intérieure. L’autre projet phare est la mise en place du Fonds de reserve anacarde. Ce fonds appuiera désormais les opérateurs et les grands chantiers de la filière. Les nombreux écueils rencontrés par nos opérateurs pour accéder à des crédits témoignent de l’urgence de la mise en place d’un tel Fonds. Le fonds doit pouvoir apporter certaines garanties aux banques afin que nos opérateurs qui sont éligibles puissent bénéficier de crédits. Le Conseil d’administration doit veiller à la mise en place effective de ce fonds.
Interview réalisé par Mamadou Doumbes