x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mercredi 1 septembre 2010 | Cote d’Ivoire Economie

Hier plantation géante, demain une plate-forme de services

S’il est une image dont la Côte d’Ivoire aura bien du mal à se départir, c’est bien celle d’exportateur de matières premières agricoles, singulièrement le cacao. Et pourtant, sans que cela ne saute aux yeux au premier regard, la mutation vers une prépondérance du secteur tertiaire dans l’économie de ce pays est en cours.

Si le secteur primaire a été et continue d’être le principal ferment de la croissance économique ivoirienne, le secteur tertiaire n’en finit pas d’accroître son influence sur l’économie de la Côte d’Ivoire. De moins de 10% au cours la première décennie de son indépendance, les services pèsent aujourd’hui près de 40% de la richesse créée annuellement dans le pays.
La poussée du secteur tertiaire est dynamisée par les technologies de l’information et de la communication (TIC) : plus de 1 300 milliards de FCFA d’investissement global sur les dix dernières années et une croissance oscillant annuellement autour de 8%. Cet allant est alimenté par la branche téléphonie. Les 5 opérateurs mobiles (MTN CI, Orange CI, Moov, Comium, GreenN) qui se disputent le marché ivoirien rivalisent d’innovations et d’ingéniosité pour s’attirer les faveurs d’une clientèle d’abonnés estimée à environ 15 millions d’âmes. En 2009, le chiffre d’affaires du réseau fixe et mobile s’est élevé à 852,74 milliards de FCFA. Par rapport aux 656 milliards de FCFA de 2008, il enregistre une hausse de 24,6%. Une progression, somme toute, forte qui témoigne de la vitalité du secteur de la téléphonie dans l’économie ivoirienne dont il contribue désormais à hauteur de 6% au PIB.

Les perspectives ouvertes par la zone franche
La Côte d’Ivoire voudrait prendre une option sérieuse sur l’économie numérique qu’elle ne pouvait s’y prendre autrement. Avec la création de la zone franche numérique de Grand Bassam, le Village des technologies de l’information et de la biotechnologie (Vitib), le pays s’est clairement positionné pour être, dans un futur proche, la tête de pont de la cyber-économie dans la sous-région ouest-africaine. Et l’évolution du marché des services informatiques dans le pays en dit long sur cette ambition. Les importations de matériel informatique ne cessent de croître. En deux ans elles ont enregistré une hausse de plus de 100% : + 68% en 2008 et + 46% en 2009. Certes, la zone franche n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière « mais elle ouvre à l’économie ivoirienne des perspectives fort intéressantes sur l’avenir », reconnaît un expert mauricien. Qui voit « dans le nouveau dynamisme du secteur bancaire ivoirien un atout dans la réalisation de ces promesses ».
En effet, en pleine recomposition avec l’arrivée sur le marché ivoirien d’établissements bancaires marocains (Attijariwafa Bank et la BCME), nigérians (UBA et Access Bank) et sud-africains, le secteur bancaire semble gagné par une inhabituelle frénésie. Traditionnellement réticentes à accorder du crédit aux entreprises, les banques, sous le feu d’une concurrence nouvelle, sont de plus en plus promptes à financer leurs investissements et leurs projets d’expansion. Signe de cette dynamique nouvelle, la multiplication des opérations de crédits syndiqués. Les besoins de financement des entreprises sont de plus en plus importants. Ceux-ci découlent essentiellement de la forte demande des populations de prestations de qualité. La mutualisation des risques par les banques pour financer les besoins en ressources des entreprises traduit un dynamisme de l’économie. Mais mieux, elle enseigne que les « établissements bancaires ont désormais décidé de jouer pleinement leur rôle en fluidifiant financièrement l’activité économique », analyse Jean Pierre Ouhénou, directeur d’une PME.

De nouveaux métiers en gestation
Si le niveau des montants sur lesquels s’engagent les banques dans le cadre d’opérations d’espèce est un indicateur pertinent pour corroborer l’analyse de Jean-Pierre Ouhénou, alors, la facilité d’un prêt à terme syndiqué d’une durée de cinq ans arrangée par Citibank Côte d’Ivoire en 2009 pour l’opérateur de téléphonie mobile, MTN Côte d’Ivoire, y contribue. Plus grosse opération de crédit syndiqué réalisée par le secteur bancaire au profit d’une entreprise privée en Côte d’Ivoire, elle a porté sur un montant de 76,1 milliards de FCFA mobilisés auprès d’un pool bancaire comprenant neuf banques. Et à l’instar de Jean-Pierre Ouhénou, Jamal Hussein, directeur général de Citibank Côte d’Ivoire, a vu dans « la réalisation avec succès de cette opération la marque d’un tournant décisif dans le développement du marché local des capitaux en Côte d’Ivoire », et soutenu « qu’elle ouvre des perspectives aux investisseurs dans le pays et dans la sous-région ». Pour répondre à la sophistication grandissante de la clientèle du marché ivoirien, l’heure est au développement de produits et services novateurs : produits dérivés et de couverture des risques de change, cash management, transfert rapide d’argent via le téléphone mobile. De nouveaux métiers en gestation avec le développement de l’ingénierie financière, la gestion de patrimoine, le capital equity et surtout le rapprochement entre activités bancaires et activités d’assurance sous l’appellation bancassurance.
Le marché ivoirien de l’assurance, le plus dynamique de l’espace Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurance) regroupant 15 pays francophones d’Afrique, ne cesse de croître. Avec un taux de pénétration très faible de 1,5%, son potentiel est immense. Et le couplage de certaines prestations avec les activités des banques devrait permettre progressivement de réaliser ce potentiel en même temps qu’évoluera le taux de bancarisation des populations.

Comme les tigres et dragons asiatiques ?
En attendant, Abidjan s’affirme chaque jour un peu plus comme la capitale de l’assurance francophone en Afrique, au sud du Sahara, en plus d’être déjà la place financière de l’Uemoa avec la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Et le Port autonome d’Abidjan (PAA) se positionne à l’échéance 2012, comme le principal hub portuaire de la côte Atlantique de l’Afrique. Les investissements nécessaires à cet effet, les autorités portuaires ivoiriennes les déroulent progressivement.

Si, pour longtemps encore, la Côte d’Ivoire dépendra pour la consolidation de sa croissance économique de l’exportation des matières premières agricoles, singulièrement le cacao, sans que cela ne saute aux yeux au premier regard une mutation vers une prépondérance du secteur tertiaire dans l’économie de ce pays est en train de s’opérer. Demain la Côte d’Ivoire, une plate-forme de services ? Renée-Michèle Abriel, observatrice avisée de l’évolution économique de la Côte d’Ivoire depuis un trentaine d’années, croit que « c’est son destin et comme les tigres et dragons asiatiques, la Côte d’Ivoire est bien obligée d’évoluer vers des activités à forte valeur ajoutée qui lui impose de renforcer ses capacités industrielles et de services ».

Stéphane
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ