Doxologie :
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ;
Salut à vous, Soundjata, l’enfant de la femme buffle ;
Le digne époux de l’arrière petite fille de Siamofing Bamba, le visiteur des lieux saints ;
Le dompteur de la sirène des lagunes ;
A vous, le protecteur de la veuve et de l’orphelin ;
A vous, l’ami des savants, le défenseur de la foi et de la liberté ;
Je vous salue, Soundjata, vous grâce à qui, la forêt et la savane ne se tourneront pas le dos.
Oh ! Mari Djata, Mandé-Mansa, Dioula Mansa, Bambara-Mansa ! Salut à vous, l’ami des Mandé-mori (les marabouts).
Merci de nous avoir donné la charte de Kurukan Fugan. Cette charte destinée à la fois à la Refondation et à la Renaissance du Mandé.
Merci d’avoir donné une vision autonome du monde à ton peuple. Et pour la mise en œuvre de ce projet commun, vous avez instruit chacun de nous d’agir pour la « bataille de la prospérité ». Chacun avait l’obligation d’être excellent dans son domaine de compétences : « que chaque Mandeka excelle dans un domaine ».
Vous adressant au clan des marabouts (ulémas et savants), vous avez édicté dans l’énoncé n°3 ce qui suit : « les morikanda lolu (les cinq clans de marabouts) sont nos maitres et nos éducateurs en islam. Tout le monde leur doit respect et obéissance ». En affirmant ce principe, vous indiquiez aux Mandeka, l’importance du savoir dans la grande bataille de la prospérité ; n’est ce pas l’homme qui crée la richesse. C’est pourquoi vous avez garanti l’immunité aux clans des marabouts dans l’exercice de leurs fonctions, mais également, vous les avez élevés à la dignité de Mandé-mori.
Convaincu que la réflexion intellectuelle et la production scientifique exigent un environnement de liberté afin de libérer la création, vous, Mandé-mansa, l’ami des savants, avez érigé le respect des « franchises universitaires en axe prioritaire dans votre lutte pour une alternative démocratique ».
A cet effet, vous avez revendiqué la liberté à l’école, dans la classe. Vous avez défié Kaya Maghan (Houphouët-Boigny) dans un de vos cours au Lycée classique d’Abidjan en prenant position dans le conflit Israélo-Palestinien. Cette attitude courageuse vous a valu la reconnaissance de vos pairs qui s’est traduite par une grève pour protester contre la négation de la liberté de pensée. Nous étions dans les années 1970.
Vous avez également revendiqué haut et fort l’autonomie syndicale dans le système éducatif. Les Mandé-mori ont cru en la justesse de votre combat et après moult revendications, nous avons obtenu l’autonomie syndicale sous le parti unique : SYNEPCI, SYNESCI, SYNARES, etc.… tous les ulémas de la République vous ont apporté leur soutien.
Parallèlement à cette bataille pour les libertés, vous avez engagé, oh l’ami des savants, un autre combat pour la prospérité. Dans l’énoncé n°9 du Kurukan Fugan, vous affirmiez : « l’éducation des enfants incombe à l’ensemble de la société. La puissance paternelle appartient en conséquence à tous ». Par cet énoncé, vous réaffirmiez l’exigence du service public de l’éducation, obligation morale pour la société, pouvoir régalien de l’Etat. L’Empire, la République avait une obligation de fournir à tous un service universel de l’éducation et de la formation et nous avons érigé cette ambition en droit fondamental du citoyen. Les syndicats autonomes au cours de leurs assemblées et congrès ont adopté cette grande espérance que vous incarniez. Par la mobilisation exemplaire, les ulémas de la république ont obtenu sous le parti unique, la loi de 1977 sur l’éducation, la multiplication des lycées et collèges, la création d’instituts de recherche et même un cadre institutionnel, le Ministère de la Recherche Scientifique.
Grâce à votre ténacité, vous avez fait de Kaya Maghan, malgré vous « le héros de l’éducation et de la formation en Afrique ». Ce qui lui a valu un prix décerné par l’UNESCO (institution internationale des ulémas), le prix Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix.
Pour tous ces résultats obtenus, nous, vos talibés de l’université fredonnaient des baït (hommages) pour vos faits de gloire.
Aussi, pendant la clandestinité, entre 1982 et 1990, toute une génération de talibés (doctorants) et leurs maîtres ont soutenu votre projet politique.
Vous comprendrez donc pourquoi, Mari-Djata, qu’en 1990, vous avez obtenu le soutien inconditionnel des marabouts de la République, ils vous ont soutenu parfois, au delà de ce que vous espériez.
Mais cher maître, depuis dix (10) ans que vous avez pris les destinées de notre peuple, quel bilan peut-on faire, honnêtement, à la société Ivoirienne ? Je le dis cher maître, quoi qu’on dise, nous les ulémas, sommes comptables de la gestion de la Refondation. C’est un des nôtres, le savant Mémel Foté qui a théorisé votre projet politique autour du concept de la Refondation ; c’est une équipe d’ulémas que vous avez cooptée dans vos différents gouvernements pour la mise en œuvre du programme de la Refondation. La Refondation est en définitive le « pouvoir des ulémas de la République » (le pouvoir des profs).
Dix ans après, vous avez décidé, à en croire les rumeurs dignes de foi, de nous rendre visite. Et comme vous savez bien le faire, cette visite coïncide avec la rentrée scolaire 2010-2011.
Les divers clans des Mandé-mori, s’activent pour vous recevoir à l’université afin qu’ensemble, nous fassions le bilan de notre gestion du système éducatif Ivoirien durant ses dix années de pouvoir des Profs.
En raison de la courtoisie qui caractérise le monde des ulémas de la République, ils vous accueilleront, drapés dans leurs toges, dans la dignité. Ils n’oseront pas non plus vous porter la contradiction, car vous êtes des leurs : il faut s’abstenir d’humilier publiquement un collègue.
Mais cher maître, leur silence sera lourd, car, ils attendront de vous des réponses à certaines préoccupations majeures.
1- Oh Mari-Djata,
Vos amis, les ulémas attendent que vous leur expliquiez l’instauration de la violence à l’école par vos « jeunes patriotes » ;
Ils attendent que vous leur expliquiez, comment et pourquoi vous avez toléré, parfois encouragé par votre silence que l’école de la République soit une zone de « non droit » à cause du comportement de vos « résistants ».
Par leur silence, ils vous rappelleront que vos enfants, vos protégés se sont illustrés de 2000 à ce jour, par leur propension à la violation permanente des libertés sur les campus, dans les salles de classe, parfois même dans les rues :
A ce propos, toutes les organisations de défense de droit de l’homme et notamment les rapports de Human Rights Watch témoigne de la violence de vos protégés mais aussi de votre bienveillance à leur égard. Pour illustrer cette thèse, je me contenterai de relever quelques faits particulièrement significatifs :
« L’attaque menée par la FESCI qui s'est soldée par la mort d'un des membres fondateurs de l'AGEECI, Habib Dodo » ;
« Les violences perpétrées par la FESCI à l'encontre de membres de l'AGEECI ont atteint un niveau record en 2005, lorsqu'un certain nombre de membres de l'association ont été sauvagement passés à tabac » ;
« Depuis 2002 au moins, la FESCI s'est livrée à des intimidations, et à l'occasion à des violences physiques, sur plusieurs professeurs et enseignants en raison de leurs convictions politiques ou parce qu'ils militaient en faveur de meilleures conditions de travail. En novembre 2007, des membres de la FESCI auraient battu à coups de ceinturons et de gourdins deux professeurs du secondaire qui avaient participé à une grève du corps enseignant »;
« Bien que les racines de certaines pratiques datent d'avant le début de la guerre civile en 2002, depuis que la crise a éclaté, les membres de la FESCI ont affiché une tendance croissante à s'approprier par des moyens criminels les principaux services et infrastructures universitaires et à décider de leur affectation. Les activités auxquelles ils se livrent sont le racket des marchands et chauffeurs de minibus à proximité des complexes universitaires, l'extorsion d'une partie de leurs bourses d'études aux autres étudiants, ainsi que la saisie illégale et la sous-location de chambres dans les résidences universitaires » ;
« Le contrôle exercé par la FESCI sur les résidences lui confère un énorme pouvoir politique et financier. Les étudiants interrogés par Human Rights Watch ont signalé que la FESCI expulse souvent de leurs chambres par la force des étudiants non-FESCI et qu'ensuite, elle loue la chambre à quelqu'un d'autre pour un montant oscillant entre 10 000 et 20 000 francs par lit par mois » ;
« Des Jeunes Patriotes et des membres de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) manifestent devant le palais de justice d'Abidjan le 9 mars 2004 pour protester contre la nomination de nouvelles autorités judiciaires ; Bien que la police ait été postée autour du bâtiment en prévision du mouvement de contestation, les manifestants ont fait irruption dans le bâtiment, passant à tabac plusieurs magistrats ».
2- Oh Mandé-mansa,
Vos amis, les ulémas de la République s’interrogent encore sur l’évolution du système éducatif de votre empire depuis dix (10) ans.
En effet, il leur est difficile d’admettre, oh Mari-Djata, qu’en dix ans d’exercice de pouvoir (« n’est ce pas nous qui avons le bic ? »), nous n’ayons construit:
• aucun lycée ;
• aucun amphithéâtre ;
• aucune école primaire ;
• aucune école maternelle.
Les seuls investissements dans le système éducatif est l’œuvre des mairies et des conseils généraux. Mieux, c’est sous Kaya Maghan (Houphouet Boigny), entre 1990 et 1993, en plein ajustement structurel, qu’il y a eu création de deux universités (Bouaké et Abobo-Adjamé), de deux Unités de Recherche et d’Enseignement Supérieur (Korogho et Daloa, dix grands lycées régionaux, de la réhabilitation d’une cinquantaine de lycées et collèges et du lancement du projet « école BAD ».
3- Oh Mandé-mansa,
Vos amis, les ulémas de la République s’interrogent encore, comment avez-vous pu laisser se dégrader les grands pôles de formation et d’enseignement de haut niveau construits par Kaya Maghan (Houphouët Boigny).
L’INJS, l’ENSPT, l’INSAAC, l’Institut Polytechnique de Yamoussoukro, l’ESIE de Bingerville, l’ENS, etc…ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
4- Oh Mari-Djata,
Vos amis, les ulémas s’interrogent sur la dégradation inacceptable de l’appareil de recherche sous notre pouvoir. Les instituts universitaires, les centres nationaux de recherche ne sont plus que des vestiges de l’histoire glorieuse de l’aire Kaya Maghan (Houphouët Boigny). Et pourtant, nous avons dit que nous pouvons gérer autrement et mieux la Côte d’Ivoire.
On raconte, comble de l’humiliation, qu’en dix ans, nous, chercheurs, avons été incapable de proposer à la nation, un cadre législatif, règlementaire et institutionnel susceptible de donner une impulsion à la Recherche Scientifique : la loi sur la recherche est en souffrance.
5- Oh Mari-Djata, C’est sous notre régime que :
• Le taux d’échec aux examens scolaires a atteint les 80% ;
• Nos meilleurs étudiants ont du mal à faire valider leurs diplômes à l’extérieur ; ils subissent des humiliations dans les universités étrangères où on leur exige des séances de rattrapage ou de mise à niveau méthodologique. Quelle insulte pour les ulémas de la République !
• Nos écoles publiques ont dû inventer la pédagogie des grands ensembles avec des effectifs avoisinants 100 à 120 élèves par classe, or le plafond recommandé par l’UNESCO est de 50.
6- Oh Mandé Mansa,
Cher maître !dans nos discussions précédentes, je vous avais dédouané, en indexant les « néo-sosso ». Mais comme il m’est difficile d’imaginer l’existence des « néo-sosso » dans le clan des Mandé-mori, je suis dans l‘obligation, cher maître, de reconnaître que notre bilan de 10 ans de gestion du système éducatif et de formation nous est opposable.
Refuser de reconnaître, par quelque artifice intellectuel que ce soit, l’échec de notre gestion collective du système éducatif, risque d’être interpréter comme une imposture inacceptable, à la limite de l’escroquerie intellectuelle et morale.
Vous connaissant, cher maître, je reste convaincu, qu’au cours de votre rentrée académique prochaine, vous plaiderez coupable devant vos pairs. Alors, vos talibés d’hier qui fredonnaient des baït (hommages) à votre honneur, ne chanteront pas faux au cours de votre leçon inaugurale 2010-2011.
Bonne rentrée académique, Karamoko-mansa !
Lemassou FOFANA al-Muqaffa
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ;
Salut à vous, Soundjata, l’enfant de la femme buffle ;
Le digne époux de l’arrière petite fille de Siamofing Bamba, le visiteur des lieux saints ;
Le dompteur de la sirène des lagunes ;
A vous, le protecteur de la veuve et de l’orphelin ;
A vous, l’ami des savants, le défenseur de la foi et de la liberté ;
Je vous salue, Soundjata, vous grâce à qui, la forêt et la savane ne se tourneront pas le dos.
Oh ! Mari Djata, Mandé-Mansa, Dioula Mansa, Bambara-Mansa ! Salut à vous, l’ami des Mandé-mori (les marabouts).
Merci de nous avoir donné la charte de Kurukan Fugan. Cette charte destinée à la fois à la Refondation et à la Renaissance du Mandé.
Merci d’avoir donné une vision autonome du monde à ton peuple. Et pour la mise en œuvre de ce projet commun, vous avez instruit chacun de nous d’agir pour la « bataille de la prospérité ». Chacun avait l’obligation d’être excellent dans son domaine de compétences : « que chaque Mandeka excelle dans un domaine ».
Vous adressant au clan des marabouts (ulémas et savants), vous avez édicté dans l’énoncé n°3 ce qui suit : « les morikanda lolu (les cinq clans de marabouts) sont nos maitres et nos éducateurs en islam. Tout le monde leur doit respect et obéissance ». En affirmant ce principe, vous indiquiez aux Mandeka, l’importance du savoir dans la grande bataille de la prospérité ; n’est ce pas l’homme qui crée la richesse. C’est pourquoi vous avez garanti l’immunité aux clans des marabouts dans l’exercice de leurs fonctions, mais également, vous les avez élevés à la dignité de Mandé-mori.
Convaincu que la réflexion intellectuelle et la production scientifique exigent un environnement de liberté afin de libérer la création, vous, Mandé-mansa, l’ami des savants, avez érigé le respect des « franchises universitaires en axe prioritaire dans votre lutte pour une alternative démocratique ».
A cet effet, vous avez revendiqué la liberté à l’école, dans la classe. Vous avez défié Kaya Maghan (Houphouët-Boigny) dans un de vos cours au Lycée classique d’Abidjan en prenant position dans le conflit Israélo-Palestinien. Cette attitude courageuse vous a valu la reconnaissance de vos pairs qui s’est traduite par une grève pour protester contre la négation de la liberté de pensée. Nous étions dans les années 1970.
Vous avez également revendiqué haut et fort l’autonomie syndicale dans le système éducatif. Les Mandé-mori ont cru en la justesse de votre combat et après moult revendications, nous avons obtenu l’autonomie syndicale sous le parti unique : SYNEPCI, SYNESCI, SYNARES, etc.… tous les ulémas de la République vous ont apporté leur soutien.
Parallèlement à cette bataille pour les libertés, vous avez engagé, oh l’ami des savants, un autre combat pour la prospérité. Dans l’énoncé n°9 du Kurukan Fugan, vous affirmiez : « l’éducation des enfants incombe à l’ensemble de la société. La puissance paternelle appartient en conséquence à tous ». Par cet énoncé, vous réaffirmiez l’exigence du service public de l’éducation, obligation morale pour la société, pouvoir régalien de l’Etat. L’Empire, la République avait une obligation de fournir à tous un service universel de l’éducation et de la formation et nous avons érigé cette ambition en droit fondamental du citoyen. Les syndicats autonomes au cours de leurs assemblées et congrès ont adopté cette grande espérance que vous incarniez. Par la mobilisation exemplaire, les ulémas de la république ont obtenu sous le parti unique, la loi de 1977 sur l’éducation, la multiplication des lycées et collèges, la création d’instituts de recherche et même un cadre institutionnel, le Ministère de la Recherche Scientifique.
Grâce à votre ténacité, vous avez fait de Kaya Maghan, malgré vous « le héros de l’éducation et de la formation en Afrique ». Ce qui lui a valu un prix décerné par l’UNESCO (institution internationale des ulémas), le prix Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix.
Pour tous ces résultats obtenus, nous, vos talibés de l’université fredonnaient des baït (hommages) pour vos faits de gloire.
Aussi, pendant la clandestinité, entre 1982 et 1990, toute une génération de talibés (doctorants) et leurs maîtres ont soutenu votre projet politique.
Vous comprendrez donc pourquoi, Mari-Djata, qu’en 1990, vous avez obtenu le soutien inconditionnel des marabouts de la République, ils vous ont soutenu parfois, au delà de ce que vous espériez.
Mais cher maître, depuis dix (10) ans que vous avez pris les destinées de notre peuple, quel bilan peut-on faire, honnêtement, à la société Ivoirienne ? Je le dis cher maître, quoi qu’on dise, nous les ulémas, sommes comptables de la gestion de la Refondation. C’est un des nôtres, le savant Mémel Foté qui a théorisé votre projet politique autour du concept de la Refondation ; c’est une équipe d’ulémas que vous avez cooptée dans vos différents gouvernements pour la mise en œuvre du programme de la Refondation. La Refondation est en définitive le « pouvoir des ulémas de la République » (le pouvoir des profs).
Dix ans après, vous avez décidé, à en croire les rumeurs dignes de foi, de nous rendre visite. Et comme vous savez bien le faire, cette visite coïncide avec la rentrée scolaire 2010-2011.
Les divers clans des Mandé-mori, s’activent pour vous recevoir à l’université afin qu’ensemble, nous fassions le bilan de notre gestion du système éducatif Ivoirien durant ses dix années de pouvoir des Profs.
En raison de la courtoisie qui caractérise le monde des ulémas de la République, ils vous accueilleront, drapés dans leurs toges, dans la dignité. Ils n’oseront pas non plus vous porter la contradiction, car vous êtes des leurs : il faut s’abstenir d’humilier publiquement un collègue.
Mais cher maître, leur silence sera lourd, car, ils attendront de vous des réponses à certaines préoccupations majeures.
1- Oh Mari-Djata,
Vos amis, les ulémas attendent que vous leur expliquiez l’instauration de la violence à l’école par vos « jeunes patriotes » ;
Ils attendent que vous leur expliquiez, comment et pourquoi vous avez toléré, parfois encouragé par votre silence que l’école de la République soit une zone de « non droit » à cause du comportement de vos « résistants ».
Par leur silence, ils vous rappelleront que vos enfants, vos protégés se sont illustrés de 2000 à ce jour, par leur propension à la violation permanente des libertés sur les campus, dans les salles de classe, parfois même dans les rues :
A ce propos, toutes les organisations de défense de droit de l’homme et notamment les rapports de Human Rights Watch témoigne de la violence de vos protégés mais aussi de votre bienveillance à leur égard. Pour illustrer cette thèse, je me contenterai de relever quelques faits particulièrement significatifs :
« L’attaque menée par la FESCI qui s'est soldée par la mort d'un des membres fondateurs de l'AGEECI, Habib Dodo » ;
« Les violences perpétrées par la FESCI à l'encontre de membres de l'AGEECI ont atteint un niveau record en 2005, lorsqu'un certain nombre de membres de l'association ont été sauvagement passés à tabac » ;
« Depuis 2002 au moins, la FESCI s'est livrée à des intimidations, et à l'occasion à des violences physiques, sur plusieurs professeurs et enseignants en raison de leurs convictions politiques ou parce qu'ils militaient en faveur de meilleures conditions de travail. En novembre 2007, des membres de la FESCI auraient battu à coups de ceinturons et de gourdins deux professeurs du secondaire qui avaient participé à une grève du corps enseignant »;
« Bien que les racines de certaines pratiques datent d'avant le début de la guerre civile en 2002, depuis que la crise a éclaté, les membres de la FESCI ont affiché une tendance croissante à s'approprier par des moyens criminels les principaux services et infrastructures universitaires et à décider de leur affectation. Les activités auxquelles ils se livrent sont le racket des marchands et chauffeurs de minibus à proximité des complexes universitaires, l'extorsion d'une partie de leurs bourses d'études aux autres étudiants, ainsi que la saisie illégale et la sous-location de chambres dans les résidences universitaires » ;
« Le contrôle exercé par la FESCI sur les résidences lui confère un énorme pouvoir politique et financier. Les étudiants interrogés par Human Rights Watch ont signalé que la FESCI expulse souvent de leurs chambres par la force des étudiants non-FESCI et qu'ensuite, elle loue la chambre à quelqu'un d'autre pour un montant oscillant entre 10 000 et 20 000 francs par lit par mois » ;
« Des Jeunes Patriotes et des membres de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) manifestent devant le palais de justice d'Abidjan le 9 mars 2004 pour protester contre la nomination de nouvelles autorités judiciaires ; Bien que la police ait été postée autour du bâtiment en prévision du mouvement de contestation, les manifestants ont fait irruption dans le bâtiment, passant à tabac plusieurs magistrats ».
2- Oh Mandé-mansa,
Vos amis, les ulémas de la République s’interrogent encore sur l’évolution du système éducatif de votre empire depuis dix (10) ans.
En effet, il leur est difficile d’admettre, oh Mari-Djata, qu’en dix ans d’exercice de pouvoir (« n’est ce pas nous qui avons le bic ? »), nous n’ayons construit:
• aucun lycée ;
• aucun amphithéâtre ;
• aucune école primaire ;
• aucune école maternelle.
Les seuls investissements dans le système éducatif est l’œuvre des mairies et des conseils généraux. Mieux, c’est sous Kaya Maghan (Houphouet Boigny), entre 1990 et 1993, en plein ajustement structurel, qu’il y a eu création de deux universités (Bouaké et Abobo-Adjamé), de deux Unités de Recherche et d’Enseignement Supérieur (Korogho et Daloa, dix grands lycées régionaux, de la réhabilitation d’une cinquantaine de lycées et collèges et du lancement du projet « école BAD ».
3- Oh Mandé-mansa,
Vos amis, les ulémas de la République s’interrogent encore, comment avez-vous pu laisser se dégrader les grands pôles de formation et d’enseignement de haut niveau construits par Kaya Maghan (Houphouët Boigny).
L’INJS, l’ENSPT, l’INSAAC, l’Institut Polytechnique de Yamoussoukro, l’ESIE de Bingerville, l’ENS, etc…ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
4- Oh Mari-Djata,
Vos amis, les ulémas s’interrogent sur la dégradation inacceptable de l’appareil de recherche sous notre pouvoir. Les instituts universitaires, les centres nationaux de recherche ne sont plus que des vestiges de l’histoire glorieuse de l’aire Kaya Maghan (Houphouët Boigny). Et pourtant, nous avons dit que nous pouvons gérer autrement et mieux la Côte d’Ivoire.
On raconte, comble de l’humiliation, qu’en dix ans, nous, chercheurs, avons été incapable de proposer à la nation, un cadre législatif, règlementaire et institutionnel susceptible de donner une impulsion à la Recherche Scientifique : la loi sur la recherche est en souffrance.
5- Oh Mari-Djata, C’est sous notre régime que :
• Le taux d’échec aux examens scolaires a atteint les 80% ;
• Nos meilleurs étudiants ont du mal à faire valider leurs diplômes à l’extérieur ; ils subissent des humiliations dans les universités étrangères où on leur exige des séances de rattrapage ou de mise à niveau méthodologique. Quelle insulte pour les ulémas de la République !
• Nos écoles publiques ont dû inventer la pédagogie des grands ensembles avec des effectifs avoisinants 100 à 120 élèves par classe, or le plafond recommandé par l’UNESCO est de 50.
6- Oh Mandé Mansa,
Cher maître !dans nos discussions précédentes, je vous avais dédouané, en indexant les « néo-sosso ». Mais comme il m’est difficile d’imaginer l’existence des « néo-sosso » dans le clan des Mandé-mori, je suis dans l‘obligation, cher maître, de reconnaître que notre bilan de 10 ans de gestion du système éducatif et de formation nous est opposable.
Refuser de reconnaître, par quelque artifice intellectuel que ce soit, l’échec de notre gestion collective du système éducatif, risque d’être interpréter comme une imposture inacceptable, à la limite de l’escroquerie intellectuelle et morale.
Vous connaissant, cher maître, je reste convaincu, qu’au cours de votre rentrée académique prochaine, vous plaiderez coupable devant vos pairs. Alors, vos talibés d’hier qui fredonnaient des baït (hommages) à votre honneur, ne chanteront pas faux au cours de votre leçon inaugurale 2010-2011.
Bonne rentrée académique, Karamoko-mansa !
Lemassou FOFANA al-Muqaffa