Espoir

Le bon peuple de Côte d’Ivoire retient son souffle. On dirait que les nouvelles vont être bonnes. Il y a longtemps, très longtemps qu’il espère ce que l’on lui annonce à présent. Mais comme ce n’est pas la première fois que ces acteurs majeurs lui font le coup. Expérience oblige, il préfère attendre de voir, sinon de toucher. Hier, le secrétaire général du gouvernement, faisant confiance au signataire, lui a fièrement brandi le décret relatif à la liste électorale signé des mains de celui que vous savez. Même si le signataire n’a pas la réputation de respecter, ni sa propre signature encore moins sa parole, le bon peuple a des raisons de croire que, cette fois-ci, le miracle va se produire. Son petit doigt le lui a dit. Et souvent, ce signe ne le trompe pas. La liste électorale expurgée « d’intrus » sera bientôt affichée. C’est dire que dans quelques semaines, le 31 octobre prochain, pour être plus précis, le bon peuple de Côte d’Ivoire ira aux urnes pour se donner un président de son choix. A y penser, il tremble de joie. Il est très excité. Pour les prochains jours, il pourrait manquer de sommeil. Le refondateur en chef l’a dit à la télé dont il a fait sa maison : le vote aura lieu. Il a même appelé, une fois n’étant pas coutume, les uns et les autres à garder la sérénité et à respecter les résultats sortis des urnes. Comme ils sont nombreux à ne pas lui faire confiance, des suspicions naissent ici et là. L’on se demande alors d’où vient cette brusque sagesse ? Si celui qui ne voulait pas aller à l’élection comme un mouton donne des conseils de ce genre, peut-être qu’il a trouvé la bonne manière d’aller à la compétition. Comme un de ses amis avaient prévenu qu’il (le grand refondateur) n’irait à l’élection que s’il est sûr de la remporter, peut-on croire qu’il a désormais cette certitude lui qui tremblait, il n’y a pas longtemps, à la publication de la liste provisoire ? Si c’est cette idée de victoire qui guide sa récente sortie, il y a fort à parier que les jours qui attendent le bon peuple de Côte d’Ivoire seront encore plus noirs. Car, dans l’état actuel des choses, aucune analyse sérieuse, aucune estimation ne peut le donner vainqueur de la prochaine présidentielle. Son bilan ne plaide pas en sa faveur. Et les perspectives qu’il offre au bon peuple de Côte d’Ivoire sont nulles. L’opposant historique ne peut se proclamer vainqueur non plus. Car il ne lui appartient pas de déclarer les résultats des décomptes des votes. La CEI ne voudra pas perdre cette prérogative au risque de plonger le pays dans une crise encore plus destructrice et plus longue. Ne gâchons pas la joie du bon peuple de Côte d’Ivoire ! Laissons-le savourer le fruit de sa persévérance, de sa patience !

Raoul Mapiéchon